arch/ive/ief (2000 - 2005)

Les employés de Ford craignent le pire
by Cristina Alvarez Tuesday October 07, 2003 at 11:03 PM
[traduit de l'espagnol par Kh.]

Avec la crise générale de la compagnie américaine Ford, des milliers d‘emplois sont perdus dans le monde entier, notamment aux États-Unis, en Allemagne et en Belgique.


L’équipe de l‘usine Ford Genk en Belgique vient de subir de nombreuses suppressions d'emploi: 3 000 personnes ont perdu leur travail, et beaucoup d’entre elles entrevoient déjà le commencement de la fin d’une des usines européennes de cette compagnie américaine.
Ford Genk 02-10-03
Tout a commencé l’an dernier (même si personne ne l’a vu comme ça à ce moment-là), quand 1 400 employés ont été licenciés et des centaines d’autres, mis à la préretraite à l’âge de 50 ou 52 ans.

Pendant tout l’été, la multinationale américaine avait tenu tous les pays où elle a des usines dans l’incertitude devant les rumeurs de la crise à laquelle la marque était exposée. Bien qu’aux États-Unis, la situation était déjà connue et qu’on s’attendait à des centaines de licenciements et aux restructurations de ces jours-ci, en Europe on était plus tranquille, parce qu’on pensait être le «noyau dur» sur lequel l’entreprise est fondée.

Mais à la fin de l’été, les choses ont commencé à changer et les hypothèses se sont succédées, sans aucune certitude. Jusqu’au mois de septembre dernier, Ford Almussafes à Valence était presque convaincue que le nouveau modèle de Ford Focus irait à l’usine belge. Et les Belges en étaient convaincus eux-mêmes, surtout après que Ford a eu décidé que le modèle Transit (symbole de l’usine Genk pendant des années, et son point fort), serait transféré vers la Turquie. Devant ce changement important dans l’usine, il y avait une restructuration, dans l’attente de la production de nouveaux modèles, qui n'arriveront cependant jamais, puisque la Focus reste finalement à Valence, où elle était déjà fabriquée auparavant.

Gérard Ignoul, secrétaire provincial de la CSC, explique: «J’ai parlé hier avec les responsables de Ford USA, et ils m'ont dit qu’ici la production de voitures leur coûte très cher. Pas seulement à cause des salaires des travailleurs, mais à cause des coûts du maintien de l’usine et des impôts du gouvernement belge. Ford Genk a toujours été l’usine européenne la meilleure en ce qui concerne la production et la grande quantité de pièces produites, mais les coûts y sont plus élevés que dans les autres pays.»
pneus en feu
Quelques travailleurs espagnols de l’entreprise américaine à Genk (ils sont plusieurs centaines au total) commentent: «C’est largement la faute du gouvernement belge, qui ne se soucie pas des entreprises qui sont ici, avec ces impôts élevés. Il y a quelques mois, Philips est parti aussi. Nous ne comprenons pas pourquoi ce n’est pas pris en considération.»

Ce qui est certain, c’est que Ford, autant que les grandes multinationales du monde entier, est en train de transférer beaucoup de ses usines de la «vieille Europe» vers d’autres pays comme les candidats à l’UE, la Chine ou la Turquie, parce que les salaires et les impôts y sont beaucoup plus bas. Ces temps-ci, l’Espagne en a bénéficié, mais il se peut bien qu’elle se trouve dans la même situation dans quelques années: il y aura toujours des pays où l’on produit meilleur marché pour une compétence égale.

Jeudi dernier, les travailleurs de Ford Genk, après avoir appris la décision de la compagnie, se sont réunis aux portes de l’entreprise qui ne fonctionnait plus depuis quelques jours.

Bien que la réponse ait été beaucoup moins positive qu’on avait espéré, il y a eu pendant toute la journée un va-et-vient du personnel de l’entreprise et d’autres personnes, par solidarité. «Il est vrai que nous nous attendions à plus de gens, si on considère qu’il y a 9 000 travailleurs de l’usine de Ford et des milliers d’employés supplémentaires dans des entreprises qui travaillent pour celle-ci, en produisant des pièces par exemple», commente un travailleur espagnol qui préfère ne pas dire son nom. Aucun des travailleurs qui donnait son opinion ne voulait dire son nom, «au cas où...»

Tous se demandent si cette réduction aussi rigoureuse d'effectifs sera quelque chose de ponctuel ou si elle ira plus loin et reflète le début de quelque chose à laquelle personne ne veut en fait penser. «Ce n’est pas juste», commente une ouvrière italienne, «toute ma famille vit de cette usine, mon mari et mon fils travaillent ici. Et il en est de même pour tout le monde dans la région. Après, ça va continuer toujours comme ça. Cela laisse présager la fin. Et le pire, je crois, c’est que c'est pour des raisons politiques.»
Ford Genk, lundi 7 octobre 2003
Cette phrase a été une des plus répétées pendant toute la journée qui a suivi l'annonce des licenciements, à commencer par Gérard Ignoul, qui la considère comme le motif principal. «Je crois qu’il y a des raisons politiques derrière tout cela. Je crois que ce n'est pas par hasard si les pays soutenant les États-Unis ont fait des bénéfices (l‘Angleterre, l’Espagne ou la Turquie), tandis que d'autres tel que l’Allemagne ou la Belgique n'en ont pas faits.»

Le dirigeant syndicaliste mentionne des usines telles que celle de Southampton, en Angleterre, qui produit exactement le même nombre de pièces que celle de Genk, mais avec 20% d’ouvriers en plus, ce qui signifie des coûts supérieurs. Et en ce qui concerne l’Espagne et la Turquie, c'est parce qu’on leur a cédé la production de plusieurs modèles destinés à l‘origine à l’Allemagne (qui a perdu 1 700 emplois) et à la Belgique (qui en a perdu 3 000).

Jeudi, une réunion syndicale s'est tenue pour voir les mesures à prendre pour exercer de la pression et pour essayer de changer la décision prise. «Nous voulons causer beaucoup de tort à Ford, mais à Ford comme entreprise, pas aux ouvriers. Tant que les choses ne changeront pas peu à peu, notre attitude ne changera pas non plus», assurait-on du côté du syndicat.

C'est lundi, au commencement de la nouvelle semaine de travail chez Ford Genk, qu'on devait commencer à savoir qui va quitter l’usine et qui va rester. Jeudi dernier, il n’y avait que des conjectures, on parlait de supprimer l‘équipe de nuit, peut-être parmi les ouvriers les plus âgés ou parmi ceux qui se sont absentés du travail le plus grand nombre de jours. Mais ce qui est certain, c’est que l’emploi de personne n’est sûr actuellement, et les gens envisagent des solutions possibles et incertaines pour le cas où ils feraient partie des licenciés, ou pour si Ford Genk ferme un jour.

Les prochains jours, on verra comment les syndicats vont agir et quelle sera la position du gouvernement belge eu égard à l'assurance de l’entreprise américaine qui affirme qu’«il n’y a plus de solution.»


Article original:
Los empleados de Ford se temen lo peor by Cristina Alvarez
Traduction Kh.
Photos Han Soete

battez-vous !
by Anne Friday October 10, 2003 at 10:07 AM

encore 3000 emplois en moins...

ou sont les 200.000 emplois promit par Verhofstadt ??

C'est tout vu!
by le râleur Monday October 13, 2003 at 10:07 AM

C'est tout vu!
Cristina écrit : <<Les prochains jours, on verra comment les syndicats vont agir et quelle sera la position du gouvernement belge eu égard à l'assurance de l’entreprise américaine qui affirme qu’«il n’y a plus de solution.» >>
Remember Renault, Sabena, Cockerill...
Ne faites aucune confiance en ces gens. Dirigez vous-même votre lutte et exigez des actes concrets du gouvernement. Vous avez un point d'appui : les élections de 2004.