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[L'autre 11 septembre] Les dernières heures de Salvador Allende
by Fidel Castro Wednesday September 03, 2003 at 01:04 PM

Le 28 septembre 1973, Fidel Castro témoigne des dernières heures du président Allende sur la Place de la Révolution à La Havane.

«Jamais un fusil ne fut empoigné par des mains si héroïques d'un président constitutionnel légitime de son peuple. Si chaque travailleur et chaque paysan avait tenu un fusil comme celui-ci dans ses mains, il n'y aurait pas eu de coup fasciste»

Fidel Castro, Cuba, novembre 1973

«La sonnerie du téléphone retentit à 6h 20 du matin à la résidence du Président Allende () pour l'avertir qu'un coup d'État était déclenché. Il alerta ses gardes du corps et décida de se rendre au Palais présidentiel de la Moneda pour défendre, à son poste, le gouvernement de l'Unité populaire. Le président et son escorte, composée de 23 gardes du corps armés de fusils automatiques, de deux mitrailleuses de 30 mm et de 3 bazookas, arrivèrent au palais à bord de quatre voitures à 7h 30 du matin.

Fusil en main, le président pénétra par l'entrée principale du palais. La Moneda était, comme toujours, gardée par des carabiniers.

Une fois à l'intérieur, Allende réunit sa suite pour l'informer de la gravité de la situation et de sa résolution de se battre jusqu'à la mort pour défendre le gouvernement constitutionnel et légal du Chili contre le coup d'État fasciste. Il analysa toutes les possibilités et prit les premières dispositions concernant la défense de La Moneda.

Allende, en une heure, s'adressa trois fois au peuple par la voie des ondes, proclamant sa résolution de se défendre jusqu'au bout.

A 8h 15, un porte-parole de la junte fasciste proposa au président de se rendre, de renoncer à son poste en lui promettant un avion pour quitter le pays avec sa famille et ses collaborateurs. Le président refusa en disant que les «généraux félons ne savent pas ce que c'est qu'être un homme d'honneur ».

Vers 9h 15, on se mit à tirer sur le palais présidentiel. Des unités d'infanterie, près de deux cents hommes au total, se lancèrent à l'attaque par les rues attenantes à la place de la Constitution. Une quarantaine d'hommes, au maximum, défendaient La Moneda. S. Allende ordonna de riposter et fit partir le premier coup de feu lui-même. L'infanterie recula, subissant de nombreuses pertes.

Les fascistes engagèrent alors les tanks dans le combat. Plusieurs d'entre eux apparurent place de la Constitution. Plusieurs canons en position place de la Constitution ouvrirent également le feu sur le palais. S. Allende dirigeait personnellement la défense, passant d'une position à l'autre. L'âpre bataille dura près d'une heure. Les fascistes ne réussirent pas à avancer d'un seul pouce.[]

A bout de munitions

L'attaque aérienne commença vers 12 heures. Les premières roquettes explosèrent dans le palais. Les attaques se succédaient, le palais était secoué par les explosions. Une âcre fumée envahissait tout.

La bataille durait depuis presque trois heures. Les défenseurs étaient à bout de munitions. Le président ordonna alors d'enfoncer la porte du dépôt d'armes de la garnison des carabiniers. Les armes ayant été distribuées, Allende ordonna à tous d'occuper leurs postes et, s'armant lui-même, dit: «Ainsi s'écrit la première page de cette histoire! Mon peuple et l'Amérique écriront le reste!»

Entre-temps, les fascistes avaient réussi à s'emparer du rez-de-chaussée, mais les défenseurs, retranchés au premier, continuaient à repousser leurs attaques. Vers 14h seulement, les assaillants réussirent à pénétrer au premier. Salvador Allende se barricada avec plusieurs camarades dans la Salle rouge. Il fut atteint d'une balle au ventre en essayant de barrer l'entrée aux fascistes. S'appuyant sur une chaise, il continua à tirer sur les assaillants. Une deuxième balle le frappa à la poitrine et il s'effondra. On s'acharna sur son cadavre, le criblant de balles.

Jamais la force brutale ne s'est heurtée à une telle résistance

Comprenant que le président était mort, ses gardes du corps se lancèrent dans une contre-attaque et obligèrent les fascistes à reculer. Puis ils transportèrent le corps de Salvador Allende dans son bureau, l'installèrent dans le fauteuil présidentiel, le ceignirent de l'écharpe présidentielle et l'enveloppèrent dans le drapeau chilien.

Salvador Allende a été ferme et résolu en tenant sa promesse de mourir en défendant la cause du peuple. Sa force d'âme, ses talents d'organisateur, son héroïsme personnel sont étonnants. Pas un président n'a accompli un tel exploit sur ce continent. Bien souvent, de nobles élans ont été étouffés par la force brutale, mais jamais encore cette force brutale ne s'est heurtée à une telle résistance de la part d'un homme dévoué à une idée et dont l'arme avait toujours été la parole.

Salvador Allende a démontré davantage de dignité, davantage d'honneur, davantage de valeur et davantage d'héroïsme que tous les militaires fascistes ensemble. Son geste de grandeur incomparable, a descendu pour toujours dans l'ignominie Pinochet et ses complices.

Combien il était juste et prémonitoire que nous ayons offert ce fusil au président. [En 1971, Fidel Castro avait offert à Salvador Allende le fusil avec lequel il s'est battu le 11 septembre 1973]. Jamais un fusil ne fut empoigné par des mains si héroïques d'un président constitutionnel légitime de son peuple! Et, jamais un fusil ne défendit mieux la cause des humbles, la cause des travailleurs et des paysans chiliens! Et, si chaque travailleur et chaque paysan avait tenu un fusil comme celui-ci dans ses mains, il n'y aurait pas eu de coup fasciste!

Telle est la grande leçon, à retenir par les révolutionnaires, des événements chiliens.»

un commentaire, un
by stan Wednesday September 03, 2003 at 01:30 PM

cela apporte beaucoup à notre compréhension du monde. merci.
enfin de l'information indépendante.

Jour de deuil
by Manon - France Thursday September 11, 2003 at 07:27 PM
iracema@wanadoo.fr

J'étais très jeune lors de la mort du Président ALLENDE mais je me souviens avoir eu peur pour ce qu'il allait advenir du peuple. La terreur qu'a fait régner Pinochet & la junte n'avait aucune mesure avec ce que j'avais pressenti.
Et en ce 11 septembre 2003 je pense encore à cet homme qui voulait changer l'Avenir.
Manon

Le héros souillé.
by friedrich weinmann Friday September 12, 2003 at 03:51 PM

Hélas, il existe encore des gens pour souiller la mémoir e Salvator Allende. Une nouvelle mouvance (est-ce une secte?)ultra néo-libérale est particulièrement virulente et ne rechigne pas à recourir au mensonge le plus grossier.
http://archive.indymedia.be/news/2003/09/73062.php