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La lettre Afghane n°7
by Hugues C / Julie C Friday August 22, 2003 at 08:40 PM

« Les voisins solidaires avec les Afghans en danger » (Assemblée des voisins)

C’était un inconnu comme il y en avait des milliers sur le trottoir des villes…
Sa peau couleur du soleil reflétait sans doute la nostalgie d’un pays lointain…
C’était un inconnu et tu le connaissais,
Il n’avait plus de nom
Simplement un sourire dans le vent de ta patrie…

C’est maintenant un inconnu comme la ville en jette par milliers sur le trottoir…
Tout son être ne reflétait plus qu’un appel à la liberté
C’était un inconnu et tu le connaissais,
Il n’avait plus de nom et ne pouvait plus en avoir
Ta patrie a volé son sourire…

C’est un inconnu mais tu l’as vu un jour sur le trottoir de la ville…
Vos regards se sont croisés et vos mains se sont serrées,
Inconnu il est devenu ton voisin
Tu lui as rendu son nom
Comme des frères vous avez souri dans le vent de la patrie…


Un petit mot ...

Et bien, tout est bien qui finit bien comme on dit. Dans toute cette histoire, nous avons la légitime interrogation si nous pouvons avoir confiance en nos institutions. Cette idée fut entre autre librement exprimée par notre voisin Jean-Marie, sur les marches face aux Equatoriens venus là en signe de solidarité. D'autre part, nous avons tenté de livrer bataille à la machine communicationnelle tant publique que gouvernementale. Je crois que nous ne soulignerons jamais suffisamment que nous vivons une époque où la fictionnalisation de la réalité trouve son plein essor. Aussi, à l'instar de Chomsky, nous nous devons de s'éduquer à ce mode de perception, y compris à l'hypocrisie. Jamais nous ne verrons l'entière complexité des choses, et celui qui prétend le savoir s'appelle dieu. Et par ailleurs, les Afghans eux-mêmes n'ont-ils pas évacué les journalistes lors des discussions avec monsieur Monette ? Grâce à la médiation de ce dernier, la démocratie se trouve renforcée et légitimée dans son sens le plus fort. Nous resterons quand-même perplexe face à l'attitude de nos élus. Comment se fait-il qu'un haut fonctionnaire de l'état remplisse un rôle "politique" dans le déblocage d'une évidence telle que la situation afghane ? Le seul moment dans l'histoire de Belgique où des gens de ce rang eurent en charge cette implication fut lors de la fuite du gouvernement à Bordeau durant la deuxième guerre. La question sera donc celle-ci : n'y a-t-il pas eu démission du Politique, au sens actuel du terme. Il ne nous restera comme seule consolation qu'à leur souhaiter de bonnes fins de vacances.

Réac’ à la rédac’


 Lisbonne (12/08/03),
António Loja Neves ALoja@mail.expresso.pt


Avec mon mauvais français, je voudrais bien vous souhaiter a tous des bonnes
victoires, spécialment quand vous entrez dans une forme de lutte si
delicate.

Je vous soutien de tout mon cœur, bien qu'à tous les amis afeghans qui font
déjà la grève de la faim depuis tant de jours pour avoir le simples et
élémentaire droit à la paix, bien précieu que nous avons encore, dans
l'éssentiel, dans nos pays et que nous devons bien savoir partager au même
temps que l'exiger pour tous les pleuples du monde.

Vive la justice et la solidarité!

António


 Israël (12/08/03),
julia galaski galaskijulia@hotmail.com

Bonjour,


Je voudrais vous remercier du fond du cœur pour tout cet engagement, ces
actions de soutien, ces petits gestes et énormes efforts que j'essaie de
suivre le mieux possible de la ou je suis en ce moment.

Je n'ai appris ce qui se passait -pas loin de chez moi en plus-, qu'après
deux semaines du début de la grève. Vu mon départ très tôt le lendemain
matin pour l'Israël -d'ou je vous écris d'ailleurs- je n'ai
malheureusement jusqu'a la, pas pu attribuer a grand chose.

Et je suis d'autant plus reconnaissante pour tous ces mails qui m'adviennent
de l'assemblée, des mails qui chacun de sa façon, anecdote ou Information,
me permettent de suivre ce qui se passe, d'être plus proche. Certes, cela ne
correspond en aucun cas a ce que vous êtes en train de vivre
réellement, mais cela n'a pas empêché douleur et difficulté, mais avant tout
enthousiasme et humanitarisme, de me parvenir jusqu'ici.

Merci.

Permettez-moi de transmettre a tous ceux qui en ce moment sont en train de
s'engager, de qu'elle manière qu'il soit, mon profond respect et soutien, ne
soit-ce que moral.


Ayez courage!


Julia

Morceau de bravoure


 15/08/03
BroC broc@swing.be

Bonjour,

La version médiatique (pour sauver l'honneur ministériel ou pour "amadouer
les masses"?) étant en voie de diffusion, il me semble plus qu'important de
donner le plus largement possible un autre son de cloche.

Voici donc ma version depuis ma présence à la manif des équatoriens. Elle
est très incomplète car je ne m'attendais pas à une telle désinformation et
n'ai donc pas pris de notes. Reste mes souvenirs imprécis et j'invite chacun
à les préciser.

Il y a aussi deux articles en néérlandais sur Indymedia :

http://archive.indymedia.be/news/2003/08/71793.php

http://archive.indymedia.be/news/2003/08/71794.php

J'ai été à la manif à Bxl ce jour*. Nous étions environs 300 et avec un
encadrement policier performant et sympathique pour dégager la voirie à
notre approche (3 voitures, 1 vélo et le responsableŠ en roller!)

Arrivé à l'église Sainte-Croix, nous découvrons les portes closes et
quelques voisins sur les marches qui nous annoncent que les afghans sont
déjà rentrés chez eux.

Un peu plus tard ce sera l'avocate des afghans qui présentera publiquement
cette grande victoire :
En effet l'accord conclu grâce à la médiation de Monsieur Monette, médiateur
fédéral, est structurel (ce qui veut dire qu'il n'est pas un accord
particulier pour les afghans mais sera valable pour tous à l'avenir.)

L'avocate à énoncé en 5 points les résultats de l'accord :

* la régularisation sera acceptée d'office pour toutes les familles avec
enfants scolarisés dont la procédure à été engagée il y a plus de 3 ans
(4 ans pour les autres). (Il s'agit donc bien de régularisations
individuelles et non pas collective comme les afghans le souhaitaient
au départ);
* la situation de l'Afghanistan sera évaluée début 2004 (ensuite tous les
6 mois) par le Ministre de l'Intérieur en collaboration avec le
Ministre des Affaires étrangères, etŠ (je ne me souviens plus bien) et
sur avis non plus seulement du CGRA mais aussi d'ONG;
* à tous ceux qui ne seraient pas régularisés d'office (donc avec un
ordre de quitter le territoire non-applicable au vu de la situation du
pays d'origine), leur sera délivré un permis de travail;
* Un recours pourra dorénavant être fait auprès du médiateur fédéral (je
ne me souviens plus précisément dans quel cadre);
* enfin, le médiateur fédéral est ammené à étudier (et intervenir dessus,
si je ne me trompe pas) le fonctionnement tant du CGRA (Commissariat
Général aux Réfugiés et Apatrides) que de l'OE (Office des Étrangers)
vu qu'il y apparait de graves dysfonctionnements quand à leur rôle!

Voilà. Donc vu d'ici l'issue de la grève de la faim des afghans semble très
largement positive pour eux-mêmes mais également pour tous les demandeurs
d'asile en Belgique. À cela peut s'ajouter le travail qui se poursuit par
l'assemblée des voisins pour "parrainer" les afghans afin de ne pas perdre
les contacts humains mais aussi afin que toute information sur l'évolution
de chaque situation puisse circuler au mieux.

Bien sûr les actions encore à mener ne manquent pas. Ceci n'est pas une fin
de dynamique, peut-être même le contraire.

BroC


Echo des groupes des voisins

 Hugues corriat_h@swing.be


Le groupe animation enfants

Durant l'occupation de l'église, des voisins se sont mis d'accord très rapidement pour s'occuper des enfants. Griet Van Meulder (?) a pris en main la coordination des divers animateurs qui se sont proposés. Nous l'avons rencontrée pour qu'elle nous en dise un peu plus. Il est sans doute un des groupes qui contribua discrètement mais non moins efficacement que les autres au bien être des grévistes dans leur résistance à l'expulsion.
Durant une Assemblée, un voisin avait soulevé une opposition à la présence des enfants, trouvant que celle-ci était inadaptée (voire indécente) à la situation. Et d'en appeler le service de la Protection de l'Enfance. Face à cet argument, Griet réagit : " Chaque enfant avait la liberté de refuser de rester dans l'église. Vers la fin, d'ailleurs, plusieurs avaient quitté les lieux et avaient été confiés à des connaissances parmi la communauté afghane. D'autre part, les enfants en bas âge n'ont pas souffert des conditions et se trouvaient mieux avec leur mère qu'avec qui que ce soit d'autre. Enfin, parmi les plus âgés, une bonne part était consciente des enjeux que les adultes revendiquaient et à ce titre, voulait se solidariser en affirmant leur présence."
En tout et pour tout, près de 60 personnes se sont présentées. Elles ont offert soit une aide à l'animation soit des projets d'animation. Parmi ces voisins, certains étaient des professionnels. Les enfants ont eu droit à un vaste programme d'occupation : initiation au jeu d'échecs, activités corporelles en plaine de jeux, ateliers de réalisation vidéo, atelier théâtral, peinture, musique, football, danse ... . Toutes ces animations n'avaient rien d'improvisé. Les animateurs venaient avec le matériel nécessaire pour en assurer la qualité. Face à cet élan volontaire, Griet en reste tout étonnée : "A chaque Assemblée, il me suffisait de signaler les besoins pour que quelqu'un se propose. En plus, d'autres personnes étaient au courant via la site web d'Indymedia et me contactaient." Ce brassage de bénévoles a en outre permis des rencontres fructueuses. Ainsi Olivier Richard et Baudouin Dejaar (de la maison de la créativité AMALIA) étaient tous deux fort heureux de partager cette expérience, et de combiner leur savoir-faire. Ou bien Caroline, conteuse, déguisée en sorcière, put se faire comprendre des enfants grâce à Jeroen qui traduisait. Par deux fois, une projection cinéma a eu également lieu avec pour affiche : Kirikou et la Sorcière , Shrek. Ces séances furent organisées dans l'église même et on peut dire que les adultes en ont indirectement bénéficié.
La provenance des animateurs est des 4 coins de la Belgique : Courtrai, Gand, Aalst, Halle, et bien sûr, Bruxelles. On n'estimera jamais assez leur travail qui permit aux enfants de vivre cette période difficile avec un peu plus de sérénité même si, nous dit Griet : "vers la fin, les enfants étaient plus fragile, la tension augmentait et il se pouvait que certains se mettent à pleurer sans raison apparente".
Des ateliers ont permis de laisser des souvenirs de tout ceci. Jan Busselen et Linde Moriau (avec une forte équipe : Peter, Didier, Lore, Amin, Jeroen, Gosie) ont recueilli des témoignages vidéos des enfants. Ce sont eux qui les réalisèrent. D'autres ont demandé des dessins pour une adresse au Roi. Tout ce matériel devrait être exposé lors de notre banquet en septembre. Afin de renforcer ce bref reportage, la Lettre Afghane invite tous les lecteurs concernés par ce groupe à partager leur expérience en écrivant leur propre témoignage (via le forum ou directement dans ma boîte).


A l’étage supérieur…


 (12 /08/03 )
"Patsy" cheyenne.guevara@skynet.be

Je suis une habitante d'Ixelles et Belge.
La grève de la faim des réfugiés Afghans n'est pas du chantage mais un acte ultime face au désespoir.
Il n'est pas pensable de renvoyer les réfugiés en Afghanistan ou la seule certitude est la mort.
Il n'y a pas de sécurité dans ce pays.
Ce pays est en ruine.
La situation pour les femmes n'est pas différente que sous les Talibans qui règnent toujours dans beaucoup de régions
Même le site officiel du gouvernement le reconnaît.
Il faut régulariser les réfugiés Afghans pour qu'ils aient un réel avenir avec leurs enfants.
Leur donner l'aumône d'un sursis est indigne d'une démocratie.
Je n'ai rien à faire avec une Europe Forteresse qui exclue tout ce qui ne se compte pas en Euros ou en Dollars.


Voici la réponse du cabinet Dewael!
C'est évident que nous ne comprenons rien, nous sommes un pauvre peuple d'abrutis

 Patrick Dewael

Cher Monsieur,

Chère Madame,

Vous êtes manifestement mal informé(e).

Contrairement à ce que vous affirmez dans votre lettre, la grande majorité des Afghans dispose de la possibilité d’introduire un recours suspensif auprès d’un tribunal
administratif. En outre, tous les Afghans qui sont engagés dans la procédure d’asile depuis au moins 3 ans (familles avec enfants scolarisés) ou 4 ans (personnes
seules et couples sans enfants) sans avoir reçu de décision exécutoire peuvent demander une régularisation individuelle. J’ai également décidé que les Afghans ayant
introduit une demande d’asile avant le 1er janvier 2003 peuvent rester jusqu’à mars 2004 (personnes seules et couples sans enfants) ou juillet 2004 (familles avec
enfants scolarisés).

Je précise par ailleurs que jamais 1 100 ordres de quitter le territoire n’ont été délivrés.

Au début de 2004, j’évaluerai de nouveau la situation humanitaire et sécuritaire en Afghanistan, en concertation avec mes collègues européens. A ce moment-là, je
prendrai de nouveau une décision concernant les possibilités de séjour des Afghans concernés.

Le Haut Commissariat pour les Réfugiés de l’ONU estime en outre que la position de la Belgique en la matière est très raisonnable et généreuse.

Je maintiens qu’il est inacceptable de mener une grève de la faim dans un Etat de droit et un pays démocratique. Qu’on le veuille ou non, il s’agit là d’un moyen de
chantage. Que penseriez-vous si demain un justiciable qui est en désaccord avec une décision de justice entame une grève de la faim au lieu d’attendre les résultats
de son recours ? Dans cette optique, tout un chacun pourra se faire justice soi-même et notre société en serait paralysée.

Les grévistes de la faim afghans ont choisi eux-mêmes d’utiliser ce moyen. Ils sont par conséquent responsables des suites de leurs actes.

Je vous prie de croire, Cher Monsieur, Chère Madame, à l’assurance de mes salutations distinguées.

Patrick DEWAEL

Vice-Premier Ministre

Ministre de l’Intérieur


En accord avec ta lettre, Patsy, nous nous relions à tes mots…c’est pourquoi la lettre Afghane a retrouvé dans son grenier un petit texte en réponse…


Réponse des Voisins de l'église Sainte Croix au Ministre de l'Intérieur Dewael du Pays nommé Belgique

 Guillaume Apollinaire


Plus criminel que Barrabas
Cornu comme les mauvais anges
Quel Belzébuth es-tu là-bas
Nourri d'immondice et de fange
Nous n'irons pas à tes sabbats

Poisson pourri de Salonique
Long collier des sommeils affreux
D'yeux arrachés à coup de pique
Ta mère fit un pet foireux
Et tu naquis de sa colique

Bourreau de Podolie Amant
Des plaies des ulcères des croûtes
Groin de cochon cul de jument
Tes richesses garde-les toutes
Pour payer tes médicaments


(tiré de 'Réponse des cosaques zaporogues au Sultan de Constantinople' in Alcools de Guillaume Apollinaire)


Rendez-vous

Un banquet sera organisé dans le courant du mois de septembre…

bien à vous chers voisins,
Hugues et Julie.