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Les USA marquent l'anniversaire d'Hiroshima par une réunion secrète
by (traduction Yannindy) Thursday August 07, 2003 at 02:33 PM
yannindy@yahoo.fr

Environ 150 hauts responsables de l’administration et des firmes d’armement américaines doivent se rencontrer jeudi au centre de commandement stratégique de l’armée, à Omaha (Nebraska). Le contenu des discussions est tout aussi secret que la liste des invités. Mais les observateurs pensent que l’administration Bush est prête à lancer une nouvelle ère nucléaire.

Greg Mello est le directeur du « Los Alamos Study Group », qui fait des recherches sur les laboratoires d’armement. Il a participé à des manifestations au Nebraska, et a tenté de mener une inspection citoyenne de désarmement au Strategic Command Center des Etats-Unis, mais s’est vu refuser l’entrée.


Transcription de l’interview.

Greg Mello : Bonjour

Amy Goodman : Merci d’être parmi nous, Greg. Dites-nous en plus sur cette réunion au stratcom d’Omaha.

Greg Mello :C’est une décision quasi sans précédent de réunir de cette manière autant de décideurs clés du gouvernement et des firmes d’armement pour discuter de la politique nucléaire. Les sujets de cette réunion comprendra des choses comme « Comment présenter la chose au Congrès », ou « De quelle forme d’autorisation avons-nous besoin pour commencer une production d’armes spéciales en petite quantité ? », ou encore « Le complexe militaro-industriel est-il assez souple pour produire ces armes spéciales dans un délai assez court ? », « De quel type d’essais nucléaires avons-nous besoin ». Et bien entendu « De quelles armes nucléaires aurons-nous le plus probablement besoin ? ». Les sujets abordés sont stupéfiants. En plus, j’ai appris hier que les membres du Congrès qui désiraient venir en observateurs ne seront pas autorisés à suivre la réunion. Nous avons donc là une réunion avec des firmes privées et ce qu’on ne peut pas ne pas appeler des idéologues, mais le Congrès n’a aucune possibilité de savoir ce qui va s’y dire.

Amy Goodman : Que signifient les paroles du Pentagone, quand il dit qu’ils veulent développer une classe d’armes nucléaires relativement petites ?

Greg Mello : Cela signifie beaucoup de choses. Plusieures possibilités seront discutées. Le sujet a déjà été abordé dans les années 90. Ces projets ne sont pas vraiment neufs, mais ils ont maintenant des partisans dans l’administration Bush, ce qu’ils n’avaient pas avant. On va parler ici d’armes extrêmement performantes, comme des bombes qui peuvent aller sous terre. On parlera aussi d’armes prétendument anti-agents, qui sont optimisées pour la mission impensable consistant à tenter d’incinérer des armes biologiques ou chimiques. On parlera d’armes à radiations renforcées. Bien entendu, les bombes à neutrons et les projets d’armes à micro-ondes pourraient aussi être mis sur la table. Nous ne connaissons pas toutes ces armes. Mais nous savons qu’elles seront de tous types.

Amy Goodman : Pouvez-vous nous parler de Keith Paine ?

Greg Mello : Keith Paine a écrit un article en 1980. Je crois que le titre était « Pourquoi pas la victoire ? » Il y suggérait que les Etats-Unis devraient être en mesure d’absorber des pertes de 20 millions de morts s’il y avait une guerre nucléaire avec l’Union Soviétique. Ce qui, si vous vous en souvenez, est assez proche de ce que disait Buck Turgidson dans « Docteur Folamour ». Il a été très actif dans certains cercles de réflexion proches du président Bush. Il a été président de l’institut national pour la politique publique (NIP), je crois. Je ne sais pas s’il est actuellement au gouvernement avec Rumsfeld, ou toujours au NIP, je n’ai pas suivi son parcours. Quoi qu’il en soit, ce n’est pas très important, parce que les co-auteurs de cet article de 1980 sont maintenant dans l’administration Bush. Les gens qui étaient en marge des décisions à un certain moment sont maintenant au cœur de celles-ci.

Amy Goodman : Comment avez-vous découvert que cette réunion devait se passer au stratcom ?

Greg Mello : Un document nous est en quelque sorte tombé entre les mains. Nous ne nous vantons pas de la chose, parce que ce n’est pas le genre de document pour lequel vous vous battez pendant un an pour l’obtenir. Il est tombé du ciel. Ce que nous allons faire, c’est tenter de savoir qui participe à cette réunion, quels sont précisément les points qui seront abordés, les documents qui seront discutés, ce qui a été distribué aux participants. Nous voulons aussi connaître les décisions qui auront été prises, et comment ces décisions seront utilisées dans le processus de décision. Mais c’est très difficile à trouver, et une des choses qui le rend encore plus difficile, est la passivité des démocrates face à ces questions. Ils ne s’opposent pas à ce genre de politique nucléaire. De plus, nous ne connaissons pas les atouts que possèdent déjà ceux qui vont réellement développer et tester ces armes.

Amy Goodman : Greg Mello est le directeur du Groupe Los Alamos. Il participe aux manifestations cette semaine devant le stratcom à Omaha (Nebraska) où une réunion qui pourrait lancer le développement d’une nouvelle génération d’armes nucléaires doit avoir lieu.

Pour en savoir plus:

International SOS: SpeakOut at STRATCOM

Democracy now