De politique migratoire et réfugié(e)s…. by Beno Klee Tuesday, Jul. 05, 2005 at 10:53 PM |
Lettre ouverte contre l’utilisation du terme «politique migratoire » par les organisations de soutien pour les réfugiés et les penseurs et philosphes de gauche s’engagants dans cette lutte…et plaidoyer pour une autre stratégie de communication
Chers amies,
Je suis sûr que les mots suivants ne vont pas plaire à beaucoup d’entre-vous.
Ca fait des années que je suit de près c’est-ce qui se passe autours des sans-papiers. Et souvent j’ai entendu des penseurs de gauche, comme par exemple le philosophe flamant Jaap Kruithof (qui j’admire quand-même) utiliser cette comparaison entre les flux des réfugiés d’aujourd’hui et les flux migratoires de l’histoire récente et ancienne, pour faire accepter ce genre d’évènement, l’ influx der gens désespérées, comme quelque chose de normale, qu’on doit accepter, par ce que c’est de tous les temps.
Samedi passé le CRER lançait une invitation très honorable pour la commération de l’assasinat cruel de Simira Adamu, en lançant l’appel entre autres à une politique migratoire respectueuse des droits fondamentaux de chacun. Un appel sans doute lancé avec des bonnes intentions, et immédiatement signé par des organisations très respectueuses comme la LDH, Le Mrax, le CRER, ou le VAK, et tous ces autres…..
Les mots ils ne sont pas neutres. Les mots « politique migratoire », déguisent l’ ampleur du drame qui se cache derrière le sort des réfugiés. « Politique migratoire », ça cache toute connection avec l’histoire, avec la politique économique, avec la politique étrangère, avec la politique écologique (qui causera des énormes flux de réfugiés dans les décades à venir), avec la politique sociologique, la politique démocratique, qui rendent insuportables les vies pour des centaines de millions d’hommes, femmes et enfants dans les pays de l’Afrique, d’ Asie, de l’Amérique de Sud,…
« Politique migratoire », ça fait abstraction, on se concentre sur c’est-ce qui se passe ici, sans de parler de c’est-ce qui se passait avant, des causes qui ont fait fuir ces hommes et ces femmes. Les réfugiés deviennent des migrants, comme les italiens, les polonais, les espaganols ou les marocains qui venaient ici, il y avait une fois, et qu’on devait « intégrer »… Alors que aujourd’hui, ceux qui viennent souvent ils risquent la mort, l’incarçération, la vie dans l’illégalité humiliante pendant des années… Des migrants ? Ou des réfugiés ?
Ca fait 7 ans que la pauvre Sémira est morte. Et ou on est avec la lutte ? Quelle pouvoir de mobilisation nous avons encore ? Est-ce que la problématique vie sur les universités, chez les jeunes ?
La chasse est ouverte, et presque rien se bouge. Udep s’est créé, c’est bien, mais aussi en France, avec un mouvement très militant, sans le soutien d’une grande partie de la population, rien ne se bouge.
Ajourd’hui encore, 5 juillet 2005, les G5 (les 5 plus grandes pays de l’Europe, cad la France, l’Allemagne, la Grande-Bretagne, l’Italie et l’Espagne) ont décidé de refouler les réfugiés ensembles dans des avions, commençant dans les semaines à venir.
Alors je vous prie d’arrêter de traiter le sujet comme un problème indépendant, je vous prie d’arrêter d’utiliserer des mots faisant abstraction des souvent grandes responsabilités de notres pays dans c’est-ce qui se passe dans les pays d’ou proviennent les réfugiés.
Demander une politque migratoire respectueuse ne suffit pas. Vous devez exiger une politique étrangère différente, une politique économique différente, et que le oueste avoue sans rôle importante dans l’histoire récente de beaucoup de pays, et dès là sa responçabilité énorme vis-a-vis les réfugiés (d’ou la Belgique prend la prétention d’avoir le droit de déporter même un Congolais ?)
Le mouvement pour les réfugiés et le mouvement altermondialiste devrait être une.
Pour les raisons expliqués ici, et pour exprimer mon mécontement avec la stratégie de communication qui a été suivit ces dernières années, qui n’a pas pu mobiliser, ni inspirer, je ne signe pas l’appel qui a été lancé à cette triste occasion.
Beno Klee.
Beno_klee@yahoo.co.uk
Reponse a Beno Klee sur " Poltique migratoire et Refugié(e)s" by CRER Tuesday, Jul. 12, 2005 at 10:28 AM |
Reponse a Beno Klee sur " Poltique migratoire et Refugié(e)s"
Bruxelles, le 12 juillet 2005
Cher Monsieur,
Nous avons bien reçu votre "lettre ouverte". Notre temps étant compté, permettez-nous de vous y répondre de manière très succincte.
De manière générale cependant, votre message ne nous déplaît pas particulièrement, contrairement à ce que vous pensez de nous. Cette manière de penser à notre place est d'ailleurs présente tout au long de votre discours et procède d'un jugement rempli de préjugés, également dans la terminologie que vous choisissez.
Sachez simplement que, après de nombreuses années de militance dans le domaine du respect des droits humains et de la dignité, et dans le cas qui nous occupe, soit celui des étrangers sur notre territoire, nous sommes évidemment tout à fait conscients de l'origine des problèmes et du fait que ceux-ci s'inscrivent dans une politique mondiale globale passée et présente.
D'autre part, vous n'êtes pas sans savoir qu'il existe des groupes politiques comme Attac, des associations de défense de l'environnement comme Greenpeace, des associations de défense du commerce équitable comme Oxfam, etc. qui s'emparent chacun d'un pan de la problématique. Rien n'empêche d'agir et d'adhérer à plusieurs types d'organisations et de former ainsi un contre-courant.
En outre, l'évolution européenne qui se dessine en la matière demande effectivement une mise en commun des énergies, et ceci s'amorce actuellement (syndicats européens, FIDH, et autres). "L'union fait la force".
Pour nous cependant, la question est actuellement délimitée comme suit:
· il y a 7 ans une jeune femme a été assassinée par le bras de l'Etat armé d'un coussin (la symbolique de faire taire les cris de révolte y est contenue),
· les 4 gendarmes qui ont commis ces faits n'ont subi que de très légères condamnations et aucune sanction disciplinaire,
· les expulsions violentes vont croissant,
· les traités et conventions signés par notre pays ne sont pas respectés pas l'Etat,
· des personnes se trouvent près de nous, chez nous, parmi nous, travaillent pour nous, ont leurs enfants dans les écoles avec les nôtres, sont nos voisins, nos connaissances, nos amis,
· ils souffrent de n'être pas reconnus avec la dignité humaine à laquelle chacun a droit,
· ils souffrent de ne pas pouvoir vivre la tête haute,
· ils souffrent de ne pas pouvoir construire leur avenir.
Ces raisons nous suffisent pour continuer notre action et notre combat, avec ou sans vous, en étant certains aussi, que chaque goutte fait gonfler la rivière.
Bien entendu, si vous avez un projet de grande envergure, n'hésitez pas à faire appel à nous, nous serons heureux d'y participer.
P.S. Votre analyse sémantique de "politique migratoire" vous est tout à fait propre.
Ligue de Droits de l'Homme
CRER ( Coordination contre les Rafles , les Expulsions et pour la Regularisation )
CRACPE ( Collectif de Resistance aux Centres pour Etrangers )
UDEP ( Union pour la defense des Sans Papiers )