arch/ive/ief (2000 - 2005)

Le comportement de l’ONU avant et après l’invasion de 2003
by Hans von Sponeck (traduit par Stop USA) Thursday, Jun. 30, 2005 at 11:01 PM

«la première responsabilité de la catastrophe humanitaire en Irak réside au sein de l’ONU politique, chez ses membres du Conseil de sécurité qui avaient le pouvoir de faire la différence. Le fait que le Conseil n’est pas parvenu à faire la différence sur le plan humanitaire, éthique et juridique constitue un échec bien plus monumental qu’on ne s’en rend compte habituellement.»

Istanboul, 24 juin 2005
World Tribunal on Irak

En discutant de l’implication de l’ONU avant et après l’invasion de 2003 de l’Irak par les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et les autres forces de la coalition, il convient de faire une distinction claire entre les décideurs politiques et les fonctionnaires civils censés appliqués ces mesures, c’est-à-dire entre les gouvernements membres du Conseil de sécurité de l’ONU et le Secrétariat de l’ONU.

Cette distinction établie, il devient vite évident que la première responsabilité de la catastrophe humanitaire en Irak réside au sein de l’ONU politique, chez ses membres du Conseil de sécurité qui avaient le pouvoir de faire la différence. Le fait que le Conseil n’est pas parvenu à faire la différence sur le plan humanitaire, éthique et juridique constitue un échec bien plus monumental qu’on ne s’en rend compte habituellement. Il n’y a pas seulement la trahison à l’égard du peuple irakien, mais également la trahison vis-à-vis de la Charte de l’ONU ainsi que celle vis-à-vis de la conscience internationale.


Pourquoi en est-il ainsi ?


Les dirigeants mondiaux se sont cachés derrière le rideau du Conseil de sécurité de l’ONU afin de préméditer leur trahison avant et après la guerre illégale de 2003.

Il ne peut plus y avoir de doute, les faits sont présents, que les gouvernements américain et britannique ont activement cherché un changement de régime par la force à une époque où l’on voulait faire croire au monde que les lois internationales, les solutions pacifiques au conflit et la protection du peuple irakien faisaient partie de l’approche des gouvernements américain et britannique. Eh bien ! pas du tout. Une fois que la guerre asymétrique fut terminée, il devint également évident aux yeux du public international que ceux qui l’avaient menée, cette guerre, avaient atteint des sommets d’irresponsabilité plus élevés en menant cette guerre sans même de stratégie pour la paix.

L’objectif était de maintenir la mainmise sur l’Irak. On recourut au « désarroi » et à la « tromperie » pour justifier le but de « domination ». Les forces armées de l’Irak furent renvoyées dans leurs foyers. Des fonctionnaires civils furent démis de leurs fonctions sans la moindre preuve qu’ils aient mal agi, tout simplement parce qu’ils avaient appartenu au parti Baath. De nouvelles lois, les lois de l’Autorité de transition (LAT) furent introduites par décret. Ces lois tentaient de recoloniser l’Irak sur le plan économique et institutionnel et de créer une dépendance même dans des secteurs comme l’agriculture, en interdisant les stocks locaux de graines au profit des graines génétiquement modifiées devant être importées des Etats-Unis. La résistance irakienne et le chaos qui s’ensuivirent laissèrent les forces occupantes dans l’impasse et dans la confusion.

Comment le Conseil de sécurité et le Secrétariat de l’ONU réagirent-ils à ces aberrations bilatérales ?

Durant une décennie, le Conseil de sécurité de l’ONU condamna ce que deux membres permanents, les Etats-Unis et la Grande-Bretagne, faisaient pour poursuivre d’abord leur politique d’endiguement de l’Irak et, plus tard, leur programme de remplacement du régime. Cela revenait à rien moins que la bilatéralisation de fait du Conseil de sécurité. La rhétorique des débats sur l’Irak au Conseil même montrait qu’il y avait beaucoup de conscience de la crise humanitaire qui se développait en Irak. Dans un même temps, il y eut une absence aiguë de volonté politique de prendre les mesures adéquates de redressement de cette situation.

Tous les membres du Conseil de sécurité savaient que le lien entre le désarmement et les sanctions économiques complètes signifiait que le peuple irakien allait devoir payer un prix fort en termes de vies humaines et d’indigence pour les actes de son gouvernement. Tous les membres du Conseil de sécurité savaient que l’insuffisance des allocations au programme « pétrole contre vivres » et la paperasserie bureaucratique régissant cette exemption humanitaire réduisaient les chances de survie de nombreux Irakiens. Tous les membres du Conseil de sécurité savaient que le refus par le Conseil de permettre le transfert à la banque centrale irakienne de l’argent liquide nécessaire pour gérer la nation, payer l’enseignement, l’installation d’équipements et la construction d’institutions encourageait l’Irak à accroître les moyens illégaux d’obtenir des liquidités.

Tous les membres du Conseil de sécurité savaient que l’installation de deux zones interdites de survol à l’intérieur de l’Irak n’avait pas grand-chose à voir avec la protection de groupes ethniques et religieux mais beaucoup avec la déstabilisation. Tous les membres du Conseil de sécurité étaient conscients qu’à la suite de l’opération « Renard du Désert », en décembre 1988, les gouvernements américain et britannique, en donnant à leurs pilotes des règles moins strictes d’engagement, utilisaient l’espace aérien irakien comme terrain d’entraînement et qu’en fin de compte, c’était censé préparer la guerre. Le Conseil de sécurité avait accès aux rapports concernant les frappes aériennes lorsque ces rapports étaient préparés par l’ONU à Bagdad et, par conséquent, tous les membres du Conseil de sécurité étaient au courant de la destruction de vies et de biens civils. Pourtant, le Conseil de sécurité ne débattit jamais de l’illégalité des zones interdites de survol pour protester auprès de deux de ses membres de ce qu’ils maintenaient ces zones sans mandat des Nations unies.

Tout ceci était bien connu.

A de rares exceptions, les membres du Conseil de sécurité permirent à ce dernier de devenir un outil pratique pour la poursuite des politiques bilatérales. Il y avait une grande expérience au sein du Conseil à propos du danger d’utilisation abusive des résolutions de consensus, comme l’avait prouvé l’application des résolutions 687 (1991) et 1284 (1999) par les gouvernements américain et britannique. Cela ne dissuada pas les membres du Conseil de continuer sur leur lancée par une autre résolution de consensus, la 1441 (2002). La grande probabilité d’utilisation abusive, par des membres individuels du Conseil, de dispositions telles que les « violations matérielles » et les « conséquences graves » pour justifier une invasion militaire auraient dû empêcher l’adoption d’une telle résolution.

Le Secrétariat de l’ONU fut d’accord lorsque les Etats-Unis et la Grande-Bretagne, deux membres fondateurs de l’ONU, insistèrent au Conseil de sécurité sur un régime de sanctions économiques qui provoquait une tragédie humaine. Le secrétariat de l’ONU demeura muet quand ces mêmes gouvernements se séparèrent de la communauté internationale pour préparer unilatéralement une invasion illégale de l’Irak. Le Secrétariat de l’ONU ne réagit même pas au moment critique où les fondements mêmes de l’institution furent menacés. Le Dr Hans Blix, responsables des inspecteurs en armements de l’ONU, avait rapporté des progrès en vérifiant l’absence d’ADM en Irak et il plaida en faveur de délais supplémentaires pour mener à bien le processus d’inspection. Le Secrétariat de l’ONU aurait dû utiliser cela pour affronter les deux gouvernements à propos de leurs plans de guerre, mais il choisit de ne pas le faire. En mars 2003, sans la moindre protestation, le Secrétariat de l’ONU rappela ses inspecteurs en armements.

Le Secrétariat de l’ONU n’aurait pu empêcher la décision prévue de longue date d’aller en guerre. La simple gravité de la violation des lois internationales par deux pays membres et la mise sur la touche d’une institution mondiale créée pour empêcher les guerres représentaient un défi à l’utilité civile de l’ONU consistant à prouver que, finalement, la conscience était supérieure à l’obéissance.

Depuis l’invasion illégale de l’Irak, il n’y a pas eu un seul débat au sein du Conseil de sécurité à propos du mépris fondamental par les forces de la coalition envers les conventions existantes instaurées pour faire en sorte que les armées d’occupation agissaient en conformité avec les Conventions de La Haye et de Genève vis-à-vis desquelles elles sont engagées. Le pillage et l’incendie du musée national et de la bibliothèque nationale, le saccage de sites archéologiques et le traitement humiliant infligé aux civils par les forces armées américaines, ne provoquèrent pas de protestations au Conseil de sécurité. Celui-ci observa avec impuissance quand l’âme et la culture de l’Irak furent attaquées. La détention de personnages politiques durant des périodes indéterminées et la brutalité et le sadisme inimaginables avec lesquels les détenus étaient traités, et pas seulement à Abou Ghraïb et Camp Bucca, mais également dans d’autres prisons, n’effleurèrent même pas les soucis du Conseil de sécurité. La destruction par pilonnage de villes comme Fallujah, Tel Afar et Al Qaim ne troubla même pas le Conseil de sécurité ni n’aboutit à des réunions d’urgence. Il n’y eut pas de protestations au Conseil quand l’administrateur de la CPA Paul Bremer et d’autres officiels de cette même CPA représentèrent un Irak prétendument libéré et souverain lors d’importantes réunions internationales telles que le Forum économique mondial d’Amman et l’OMC à Genève. Le Conseil de sécurité ne prit nullement note de ce que l’assignation en Irak d’un rapporteur des droits de l’homme fut abruptement interrompue et supprimée par la Commission des Droits de l’Homme de l’ONU, à Genève, et ce, dans la foulée de la guerre illégale. Le Conseil de sécurité fut d’accord, en 2003, pour que se poursuivent les paiements effectués par la Commission des Compensations de l’ONU, même si, plus tôt, elle avait été d’accord pour interrompre le traitement des réclamations.

Le Conseil de sécurité ne joua pas un rôle important ni dans les préparatifs d’une administration intérimaire irakienne ni dans les élections, mais il finit par succomber sous la lourde insistance des Etats-Unis pour décider des détails de tout le processus.

Dans les manuels d’histoire des Nations unies, le traitement du conflit irakien par le Conseil de sécurité sera décrit comme un échec massif de toute responsabilité de contrôle.

Les livres d’histoire devraient également mentionner que la voix du peuple remplaça le Conseil de sécurité de l’ONU en tant que conscience internationale. Cette voix ne doit pas fléchir dans ses réclamations disant que les gouvernements américain et britannique, bilatéralement, en tant qu’administrations nationales, et multilatéralement, en tant que membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU, ont des comptes à rendre à leurs peuples respectifs et à la communauté mondiale pour leurs exactions contre l’Irak, avant, pendant et après cette guerre illégale.

C’est un crime dans de nombreux pays que de quitter la scène d’un accident sans venir en aide aux victimes. Cela s’applique également à la responsabilité de la communauté internationale dans l’aide aux victimes irakiennes. La conscience, la compassion et un sentiment de responsabilité sont de puissantes raisons pour qu’elle reste impliquée. Il doit y avoir implication à deux niveaux : sur le plan de l’Irak et sur celui des réformes de l’ONU.

Les dirigeants politiques insistent pour que nous regardions vers l’avant. Nous devons le faire, effectivement. Cependant, le fait de regarder vers l’avant n’a de légitimité que lorsque c’est lié à la responsabilité du passé. Ceci s’applique aux nations, aux communautés, aux individus – à tout le monde et en particulier à ceux qui détiennent le pouvoir. Le tout prochain procès de l’ancien président de l’Irak, Saddam Hussein, reconnaît cette responsabilité pour ses anciens crimes commis contre son peuple. La même chose s’applique aux crimes contre l’humanité commis par ceux qui ont maintenu des sanctions économiques avec un total mépris pour les pertes humaines, qui ont mené une guerre silencieuse dans les zones interdites au survol, qui ont envahi l’Irak, qui ont brutalisé, mutilé, torturé et tué ses ressortissants. Le banc des accusés de la salle du tribunal pour l’Irak doit avoir bien plus d’un siège ! La loi et la justice, et il faut insister sur ce fait, ne s’adressent pas qu’aux seuls perdants.

Il y a des milliers de pères, mères et enfants irakiens anonymes qui ont été les victimes de l’incapacité d’avoir empêché la guerre et la destruction en Irak. Puissent-ils nous rappeler avec insistance notre responsabilité afin de garder ce débat bien vivant au moins jusqu’au moment où l’on aura établi les termes de cette responsabilité.

En résumé, l’Irak reste « une affaire non terminée » pour le mouvement international en faveur de la paix et les citoyens responsables de partout. Le défi consiste à s’attaquer à trois problèmes :

1.Les Nations unies ont été incapables d’empêcher des sanctions économiques injustes, une guerre illégale et un carnage durant l’occupation.

Cela signifie qu’à court terme, le mouvement en faveur de la paix doit persévérer dans ses exigences pour que les responsables soient traînés devant la justice. Il ne faut pas oublier que ce qui a été commis au nom de la « liberté », de la « démocratie » et des « droits de l’homme » représente une mascarade de ce que veulent dire « liberté », « démocratie » et « droits de l’homme ».

A moyen terme, le mouvement en faveur de la paix doit contribuer énergiquement au débat sur les réformes de l’ONU visant à créer une structure qui sera protégée contre les utilisations abusives. Cela implique beaucoup plus que l’élargissement du Conseil de sécurité.

2.Le mouvement international en faveur de la paix, lui aussi, a été incapable d’empêcher des sanctions économiques injustes et une guerre illégale.

A court terme, le mouvement en faveur de la paix devrait considérer ceci comme une importante opportunité de mener à bien un survol autocritique des raisons pour lesquelles cet échec s’est produit et des facteurs qui ont contribué à cet échec.

Les dangers guettant à l’horizon politique et socio-économique sont effrayants. La réaction du mouvement en faveur de la paix, à moyen terme, doit être de laisser les batailles de terrain et les ambitions institutionnelles ou personnelles de côté pour favoriser de façon significative des réponses mieux organisées aux crises internationales. Seule une implication combinée et une stratégie unitaire présentent quelque chance de faire une différence.

3.En tant qu’individus comprenant et chérissant la culture morale de la Charte de l’ONU, croyant en la paix et la justice pour tous, horrifiés par ce qui s’est passé en Irak avant, pendant et après la guerre illégale, nous devons avant tout travailler sur nous-mêmes pour nous équiper en vue des tâches qui nous attendent. Outre cette obligation, nous devons rester, pour reprendre les termes de Dag Hammarskjoeld, le second secrétaire de l’ONU, « conscients de la réalité du mal et de la tragédie de la vie individuelle et conscients également de l’exigence de ce que la vie soit menée avec décence ».

Traduit par Jean-Marie Flémal pour Stop USA

No UN complicity with Bush' war crimes
by AmigaPhil Friday, Jul. 01, 2005 at 12:47 AM

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by AmigaPhil Friday, Jul. 01, 2005 at 12:48 AM

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