arch/ive/ief (2000 - 2005)

Pour replacer cette "Horse-Parade", tout d'abord un petit rappel sur la "Cows Parade" dont s'inspire à une goutte d'eau près cette "Horse-Parade" de l'été à venir. La Cows Parade a été un concept d'exposition itinérante, conçu en Suisse, parcourant plusieurs villes en Europe (Zurich, Salamanque, Londres, Bruxelles ... et d'autres encore) et même outre-Atlantique (si ma mémoire ne ma fait pas défaut l'expo a aussi été présente à New-York). Le principe est le suivant: la société commerciale suisse met à disposition pour chaque ville quelques 200 vaches, qui peuvent être acquisent pour quelques 2500 euros (pardonnez-moi les approximations, mais c'était du même ordre de grandeur!) par des mécènes et qui seront exposées dans la ville. Ces mécènes-sponsors, entreprises privées (et/ou publiques), aquièrent une (ou plusieurs) vache en question et choisissent un(e)/des artistes pour la/les décorer. Ces vaches sont ensuite disséminées dans la ville, une petite plaquette indiquant le nom du sponsor sur son socle, constituant ainsi un véritable parcours. Cette initiative a évidemment rencontré tout l'enthousiasme de la ville de Bruxelles (et un certain échevin Ecolo chargé de l'urbanisme) vu le potentiel atractif du concept. Drôle et sympa, il va attirer des visiteurs de tous abords qui peuvent venir faire une véritable promenade dans Bruxelles en suivant les différents emplacements de vaches. Ambiance bon enfant avec un public également très familial, tout est au rendez-vous pour donner de Bruxelles une image positive et attrayante.
Maintenant voyons plus en détails certains aspects du projet. Initialement, les emplacements des différentes vaches se localisaient grosso modo sur l'Avenue F. Roosevelt, l'axe de l'Avenue Louise, le centre ville et le site Tour et Taxi. Ces lieux sont tous des lieux prestigieux et de haut standing à Bruxelles. Coïncidence de vouloir les mettre encore plus en valeur et de les rendre encore plus attractifs? Quoi qu'il en soit, la ville a fait entendre sa voix à ce sujet-là en imposant que des quartiers comme à Molenbeek aient aussi droit à leur part de divertissement. Mais la surreprésentation des vaches dans les quartiers initiaux est restée. Concernant les sponsors, il est également intéressant de voir qui étaient-ils. Le principal d'entre eux a été Robelco, entreprise immobilière bien connue et prépondérante dans le paysage urbanistique bruxellois, notament propriétaire de Tour et Taxi. Logique donc que de si nombreuses vaches soient exposées à Tour et Taxi. Je ne vais pas citer tous les sponsors mais juste encore ces deux-ci: les journaux Le Soir et La Libre Belgique. La vache du Soir avait même un nom, Victorine (en référence à Victor Rossel, fondateur du quotidien), dont on pouvait suivre la vie dans l'environnement bruxellois tout au long de l'été dans les pages du journal. On voit donc l'engouement dont ont fait preuve les médias et le parti pris en faveur du projet.
Voilà donc pourquoi sans doute personne (et certainement pas les média) n'ont exposé le concept de manière quelque peu objective et critique. Tout d'abord, ce projet est un concept purement commercial, fruit d'une multinationale (puisque le projet était international!) empochant les deniers de la vente des vaches et ne rendant compte des bénéfices à personne (une estimation grossière est de +- 40 à 50 000 000 d'anciens francs de bénéfices pour l'expo à Bruxelles, i.e. 200 vaches*2500 euros).
Les acteurs intervenant ensuite, par l'achat des vaches, sont des sociétés également commerciales dont le seul souci est de présenter une bonne image en se faisant passer pour un mécène. Elles ne tirent a priori aucune avantage pécunier (en donnent même, en achetant une/des vaches et en payant un(e)/des artistes pour la/les décorer) mais quel coup de publicité en affichant leur nom encadré aux pieds des vaches et en se faisant citer maintes fois dans les médias.
Quelle aubaine également pour des entreprises telles que Robelco pouvant mettre en valeur des sites leur appartenant et ainsi jouer pleinement le jeu de la spéculation immobilière. Rappelons que cette société immobilière a certaines ambitions claires sur notre ville, avide de plue-value foncière et misant sur la construction de bureaux au détriment ... des logements (On connaît la chanson à Bruxelles...!). A part cet aspect purement mercantile, on peut encore se poser la question du rôle des médias. Leurs discours sur l'indépendance journalistique (en particulier ces derniers jours!) sont bien beaux mais comment peut-on affirmer vouloir être indépendant et objectif dans son travail en prenant parti pour un projet dans lequel on retrouve ses intérêts ... commerciaux. Coup de pub, image de marque positive ... qui n'ont qu'un seul et même objectif de ... profit en augmentant ses ventes bien évidemment! Mais la cerise sur le gâteau vient lors de la vente aux enchères des vaches. En effet, à la fin de l'exposition, une certaine partie des vaches sont mises en vente aux enchères au profit d'associations caritatives. Outre son aspect culturel, le projet se donne aussi une vocation sociale. Sauf que si l'on regarde aussi de plus près, les bénéfices de cet "artifice" augmentant l'image positive du projet ne sont pas totalement redistribués aux associations: quelques 25% pour la société des droits suisses, 25% pour la société organisatrice de la mise aux enchères (société de marketing spécialisée dans l'organisation d'évenements), 25% pour le propriétaire-mécène de chaque vache vendue et ... plus que 25%, 1/4 du total donc, pour les associations caritatives! Voilà donc une belle preuve de mécenat! A noter que la rémunération des artistes ayant décoré les vaches n'est stipulée nulle part (et n'a jamais été publiée).
L'adhésion au concept 'Art on Cows" a été totale et personne n'a osé remettre en cause le bien fondé de l'initiative. Elle s'est fait passée pour un projet à prétention culturelle et sociale, attractif, sympathique, drôle, divertissant mais n'était autre qu'une instrumentalisation par une séries d'acteurs commerciaux ayant des intérêts particuliers dans une seule logique de publicité et de profit. Le public a été complètement dupe, grâce entre-autres au discours des médias. Les artistes ont prêté leurs talents pour le profit de sociétés mercantiles, et peut-être même pas le leur. Peut-on d'ailleurs appeler ça de l'art? La ville de Bruxelles n'a été que le sponsor du profit privé, n'a rien reçu en contrepartie, et alimenté indirectement le poids des acteurs et leur contrôle sur les individus et notre environnement bruxellois.
Il est dès lors malheureux de constater à nouveau le même engouement apparaissant pour la "Horse Parade". Celle-ci n'est plus organisée par une société étrangère, mais directement par Robelco! Et dans le cadre des 175 ans de la Belgique, histoire de créer encore plus l'adhésion générale! Le public pourra même participer et être "acteur" de l'expo en pouvant élire trois de leurs chevaux les plus appréciés, que les propriétaires seront "invités" à mettre à la vente aux enchères. Bien sûr, une vente aux enchères est à nouveau organisée dont seule la moitié (20%+33%) des bénéfices sera reversée à des projets/associations à vocation sociale. Le solde revenant au "mécène" et à la société organisatrice de l'événement! Autre moyen déployé pour provoquer l'assentiment général: participation des enfants en offrant dix chevaux à décorer par dix écoles belges. A noter également: sur chaque plaquette indiquant le sponsor de chaque cheval sera acollé le nom de Robelco en tant que mécène principal! Le coup de pub sera total cette fois-ci et évidemment on peut déjà voir les critiques envers des acteurs comme Robelco ignorées sous prétexte de sponsor culturel et social. Autre détail: le prix moyen des chevaux: 4500 euros! Et hors TVA de 21%! Il n'est pas à douter que les comptes de l'exposition seront publiés de manière transparente pour que l'on sache qui empoche combien et comment! Il est fort à parier également que la ville de Bruxelles mette le site de l'expo (le Cinquantenaire) à disposition pour ... pas grand chose. Mais restons en aux faits par souci d'objectivité. La liste des sponsors: il y en a déjà pour 187 chevaux, dont ... Robelco, le Gouvernement wallon, la Police Fédérale, le Fonds Prince Philippe, Sécuritas, ING, les médias etc. On le voit éjà tout le monde se presse pour soutenir le projet. Tout cela est remarquablement bien ficellé et orchestré par Robelco, qui parvient déjà à faire l'assentiment général. D'ici quelques jours on nous vantera les mérites de l'exposition partout dans les médias. Alors contre cette manipulation:

BOYCOTT de la HORSE-PARADE!!!!

sabotage !!! les vaches s'en rappellent encore

"«Nous sommes prêts pour le débat!»
G.M. et N.S. (St)
Mis en ligne le 15/07/2003
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«Art on Cows»: une vache volée et d'autres vandalisées.
Un ou plusieurs groupes, commandités ou non, les attaquent. Les organisateurs appellent au débat.




BELGA

S' ils continuent leurs actions, qu'ils le fassent à visage découvert!», s'exclamaient les organisateurs de l'exposition «Art on Cows Brussels 2003» lors d'une conférence de presse. Depuis le 21 juin, 187 vaches «pas comme les autres» ont investi Bruxelles, broutant paisiblement le macadam, bercées par le bruit de la circulation et scrutées par des passants intrigués. Jusqu'à ce que lundi dernier, leur quiétude soit troublée: une des leurs, Deci-Bella, parrainée par Fortis, a disparu. Elle se promenait tranquillement le long des allées du Parc Royal quand des inconnus ont décidé de l'éloigner de son troupeau. Précédemment, cinq autres vaches s'étaient déjà «perdues». Toutes furent néanmoins vite retrouvées. Pour Deci-Bella, c'est une autre affaire qui, après une semaine, devient «inquiétante».


Les organisateurs insistent: « C'est un acte gratuit et dégradant. De plus, cette vache ne pourra plus être mise en vente au profit d'oeuvres caritatives». En effet, en plus de vouloir rendre Bruxelles plus belle, gaie et ludique, «Art on Cows» prévoit de vendre certaines de ces vaches aux enchères, afin de reverser les fonds à des oeuvres de bienfaisance.


Ce n'est pas tout: une opération organisée a aussi été lancée, visant à arracher systématiquement les plaquettes d'identification des vaches qui reprenent leur nom, celui de l'artiste et du sponsor / mécène. Derniers faits mais pas des moindres: des taggeurs et des vandales s'en sont également pris aux bovidés.


Appel au débat


Aux arguments des détracteurs du projet, Nathalie Saverys, responsable de la communication pour «Art on Cows», répond: «Nous sommes prêts pour le débat. Lorsqu'on nous accuse d'agir dans un but commercial et de ne pas faire de l'art, ce n'est pas l'objet de la question. On voulait simplement réaliser un événement créatif et ludique, accessible à tous ». Philippe _Caufriez, jeune artiste, rétorque: «Je suis contre la pollution visuelle. On fait croire au public que les plasticiens ont du travail et que les politiques mettent l'art à la portée de tous. Bref, on fait croire au quidam que l'art et l'artiste sont encouragés alors qu'il n'en est rien. Les quelques vrais artistes qui ont décoré les vaches sont très mal payés par rapport à l'inventeur du concept et aux organisateurs. Pourquoi toujours mélanger l'art et le social? Est-ce qu'on oblige un avocat, un journaliste ou un médecin à donner un pourcentage de son travail à des oeuvres sociales?»


Ce qui semble déranger, c'est l'aspect commercial du projet: «C'est de la pub déguisée et pas du mécénat. On a beaucoup plus parlé des banques ou des commerces qui ont acheté les vaches que des artistes qui les ont peintes. Ceux-ci ne pouvaient d'ailleurs pas faire ce qu'ils voulaient, d'où le caractère «con-vivial» de l'événement. Il faut veiller à ne pas choquer le consommateur qui doit être de bonne humeur pour consommer», ajoute Philippe Caufriez.


Du côté des sponsors, les avis sont partagés quant aux retombées économiques. Pour le magasin de jouets Serneels, place Stéphanie, l'action semble porter ses fruits. D'après Brigitte Serneels, la situation de leur vache - proximité du magasin - joue en leur faveur. Xavier Deswaes, porte-parole chez Fortis, explique, lui, que leur participation représente un intérêt commercial tout en leur permettant de prendre part à la réalisation d'un projet culturel. Enfin, pour Cédric Legein, responsable au «Pain Quotidien», ce n'est pas de la publicité mais un clin d'oeil.


Mais que fait la police?


D'après Nathalie Saverys, «la police bruxelloise est moins présente dans les rues qu'à New York ou à Luxembourg - deux villes qui ont également accueilli l'exposition (NdlR). Aujourd'hui, Sécuris, société chargée de la protection et de la surveillance des vaches, travaille en collaboration avec la police». «Art on Cows», outre le renforcement des patrouilles Sécuris, a aussi mis en place plusieurs services. Sur Internet, le «Cow Search» propose aux visiteurs de télécharger un avis de recherche de la vache Deci-Bella afin de diffuser son image. Plus concrètement, pour les vaches endommagées, un «Cow Hospital» a été inauguré par Robelco, parrain de l'exposition, dans la gare Maritime de Tour et Taxis. Cet hôpital très spécial remet gratuitement sur pattes, et en 24 heures, les sculptures accidentées. Enfin, une «Cleaning and Repair Team», équipe de nettoyage vêtue d'une tenue reconnaissable, sera désormais seule habilitée à effectuer des «actes techniques» sur les vaches.«Art on Cows» lance un avis : «A partir de maintenant, ce n'est plus eux qui nous cherchent, mais nous qui les recherchons. »


© La Libre Belgique 2003"