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Bolivie : vers la guerre civile ?
by fab Wednesday, Jun. 08, 2005 at 8:11 PM

La police bolivienne a mis en garde sur de possibles attentats et plus de marches violentes, à l'image de celle des mineurs de mardi.

Le commandant de la Police de Bolivie, David Aramayo, a alerté aujourd'hui de l'existence de supposés plans de groupes qui appellent aux protestations pour les radicaliser et attenter contre des installations militaires et du gouvernement.

Dans des déclarations sur une chaine locale, Aramayo a dit que la Police sait que des leaders de la Fédération des Assemblées de quartiers (Fejuve) de El Alto ont commencé des plans pour augmenter les mobilisations dans les prochaines heures.

"Des groupes de gens qui vont attenter contre les installations militaires et contre d'autres installations gouvernementales se sont préparés. Ils se sont distribués dans la nuit une quantité de 'cachorros' (petites cartouches) de dynamite et cela nous informe qu'ils ne vont pas réaliser de marches pacifiques", a dit Aramayo.

Lundi et hier, des milliers de manifestants ont occupé le centre de La Paz. Mardi, les autorités ont saisis 1 300 cartouches de dynamite et ont arrêté un demi centaine de personnes, accusées de porter des armes et de causer des désordres et des dégâts aux propriétés.

Le chef de la Police bolivienne a qualifié de "très délicate" la situation que vit le pays et a reconnu "tout porte à penser que nous sommes à un pas de la guerre civile", raison pour laquelle il a demandé à l'Eglise Catholique de mener des discussions pour trouver une sortie à la crise.

La mise en garde du chef de la Police coincide avec celle que fit mardi le président sortant, Carlos Mesa, dans un dramatique appel au président du Congrès, Hormando Vaca Díez, pour qu'il renonce à lui succéder et permette des élections anticipées.

Clarin (Argentine), 8 juin 2005



CHOC ENTRE POLICE ET MINEURS : BATAILLE DE DYNAMITE, GAZ ET PIERRES DANS LE CENTRE DE LA PAZ


Hier, depuis le matin, cela a été le tour de la protestaion des mineurs coopérativistes, hommes rudes et frustrés dans un pays qui n'a pas su respecter leur place. Combatifs a mort, ils ont souffert le procesus de privatisations comme peu et dans leurs rangs des centaines de milliers connaissent le chômage. Beaucoup sont descendus avec leurs femmes, beaucoup aussi avec leurs bébés, enveloppés de couvertures matelassées qui à peine laissent entrevoir une joue de visage. Tous ont la tête couverte par des bonnets. Plusieurs portent leur casque sur la tête. y compris de nombreuses femmes.

Ils soutiennent des drapeaux à quatre ou cinq quand ils chantent "Force, force, force, / compagnons/, que la lutte est longue mais nous gagnerons". Ils ont dans les fosses nasales des miettes de papier hygiénique rose, pour éviter l'effet des gaz que la police tire sans interruptions depuis une paire d'heures, en réponse aux explosions des cartouches de dynamite qui se font entendre dans tous les coins des alentours de la Place Murillo (où sont les édifices du pouvoir) et de la Place des Héros.

C'est une photographie étrangère et intense. Ils traînent les pieds et chantent avec une cigarette à la main. "Qu'est-ce que nous voulons ?", crie le leader. "nationalisation!!!", répondent-ils en choeur. "Quand ?" "Maintenant, maintenant, maintenant". Ils marchent en ordre, certains avec des cannes. "Que s'en aillent tous les politiques !" "Qu'ils s'en aillent" est la nouvelle revendication.

Carlos Mesa a renoncé et maintenant la cible des chants les plus sauvages est Hormando Vaca Díez, le président du Sénat, un vieux politique du MIR à qui ils attribuent une longue tradition de corruption. "Mesa à sa maison, Vaca à l'abattoir" (vaca signifit vache en espagnol), ils rient.

Tous les commerces sont fermés, quelques uns, timidement, s'animent à ouvrir quand les marches se terminent. Personne ne porte de cravate, parce que c'est le symbole de la trahison de la grève et celui qui la porte passe un mauvais moment.

"Nationalisation, nous en avons besoin", dit une vendeuse de piles et de caramels. La phrase dédaigneuse d'un entrepreneur de Santa Cruz, le département riche en gaz qui se bat pour son autonomie, résonne alors en off. "Ils veulent avoir un banquet et ne savent pas même s'asseoir à la table" (table en espagnol s'écrit Mesa).

Pendu à plusieurs fenêtres d'un haut édifice, une affiche du MAS avec le visage classique du Che en noir sur fonds rouge invite "jusqu'à la victoire toujours" (hasta la victoria siempre).

Clarin, 8 juin 2005


Traduction : Fab (santelmo@no-log.org)