arch/ive/ief (2000 - 2005)

Manifestation solidarité
by Tamassint Friday, Jun. 03, 2005 at 11:59 PM

Rassemblement de solidarité avec les victimes de la repression à TAMASSINT dans la région de AL HOCEIMA au MAROC. Samedi 04/06/05 à 13h30 Palce Jean Rey




Communiqué du CMA sur les violentes répressions à Tamassint
Date 28/5/2005 1:02:17 | Sujet : Rif


Depuis le séisme du 24 février 2004 qui a sévèrement frappé la province
d'Alhocema dans la région du Rif (nord du Maroc), des centaines de familles,
notamment dans les zones rurales, vivent à ce jour, dans le plus grand
dénuement, sous des tentes légères non adaptées à la rigueur des
conditions climatiques de la montagne, exposées aux intempéries et aux plus
dures conditions de vie. Pourtant l'aide humanitaire internationale a été
massive et les promesses gouvernementales n'ont pas manqué.
Cette situation d'extrême précarité qui perdure et le sentiment d'abandon
qui en a résulté, ont poussé les sinistrés à protester pacifiquement à
maintes reprises afin d'exiger des autorités locales et nationales une
contribution publique conséquente pour les aider à reconstruire leurs
habitations, ce qui allégerait leur calvaire. Mais leurs appels de détresse
répétés n'ont trouvé aucun véritable écho auprès des autorités
marocaines.

C'est pour rappeler cette pénible réalité et pour interpeller les plus hauts
responsables gouvernementaux sur leurs responsabilités et leurs engagements non
tenus, que l'association des citoyens de Tamassint, créée pour défendre les
intérêts des sinistrés du séisme, a décidé d'une marche populaire prévue
pour le 19 mai 2005, de la localité de Tamassint vers la wilaya d'Alhocema (40
km). Mais dès l'annonce de la nouvelle, les forces de l'ordre ont procédé à
l'arrestation de trois responsables de cette association (Moatassim El
Ghalbzouri, Salim Ghallit et Mohamed Aberkan, âgé de 70 ans) qui seront
jugés le 26 mai 2005 par le tribunal d'Alhocema. En même temps, d'importantes
forces de police ont été déployées, créant un climat de tension et de peur
dans la région.

Devant l'arbitraire de cette incarcération et malgré les intimidations, les
citoyens de Tamassint ont maintenu leur initiative de marcher vers Alhocema le
19 mai pour réclamer leurs droits légitimes et exiger la libération de leurs
camarades. La marche a démarré avec plus de 10 000 manifestants et après une
dizaine de kilomètres, elle fut brutalement stoppée par d'imposantes forces
de sécurité qui se sont violemment attaquées aux manifestants, les frappant
sauvagement et les poursuivant jusque dans la montagne. Les forces au sol ont
été appuyées par des hélicoptères qui ont lancé des bombes lacrymogènes
sur la population. Une vingtaine de personnes ont été arrêtées et plusieurs
dizaines d'autres ont été blessées, dont des enfants.

Cette répression aussi sauvage que disproportionnée a rappelé aux
populations locales la sinistre période Hassanienne durant laquelle le Rif a
connu une des périodes les plus noires de son histoire, faite de crimes, de
persécutions et de marginalisation économique et sociale. C'est d'ailleurs ce
qui a provoqué il y a quelques jours, le rejet par la population rifaine de la
mascarade organisée par l'Instance Equité et Réconciliation (IER) qui
consistait à auditionner et à indemniser quelques victimes du régime de
Hassan-II, feignant d'oublier que c'est toute la région qui a subit
l'exclusion, les violences et les privations pendant un demi siècle.

Le Congrès Mondial Amazigh exprime toute sa sympathie et sa solidarité avec
les victimes de l'agression policière de Tamassint et appelle l'ensemble du
mouvement amazigh tant au Maroc qu'à l'échelle internationale à manifester
d'une manière ou d'une autre, son soutien actif aux populations rifaines
meurtries.

Le CMA alerte également les ONG spécialisées dans la défense des droits
humains ainsi que les instances compétentes des Nations Unies,
particulièrement les organes de surveillance de l'application des conventions
et traités internationaux, concernant notamment la lutte contre les
arrestations et les détentions arbitraires et la protection des personnes
contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou
dégradants.

Aux côtés des populations et de l'ensemble du mouvement citoyen amazigh de la
région du Rif, le CMA exige:

a.. la libération immédiate et sans conditions de tous les détenus de
Tamassint,
b.. la prise en charge par l'Etat des blessés de Tamassint,
c.. l'arrêt de toute forme de répression et d'intimidation,
d.. le jugement et la sanction exemplaire des gendarmes et policiers, auteurs
et responsables de l'agression contre les marcheurs pacifiques de Tamassint,
e.. la prise en charge totale des revendications légitimes des populations
sinistrées,
f.. la mise en ouvre d'un vaste plan de rattrapage économique de cette
région délaissée.




Paris, le 24 mai 2005

Le Bureau du CMA



Congrès Mondial Amazigh

BP 60 - 75861 Paris cedex 18