Bolivie : 60 % des routes bloquées by fab Thursday, Jun. 02, 2005 at 7:45 PM |
D'intenses blocages de routes -on parle de 60 pour cent du réseau- et un Parlement qui n'a pas pu ouvrir de session ont marqué la journée d'hier en Bolivie.
Les conflits sociaux se sont étendus hier dans tout le pays tandis que le Parlement continuait à être lieu de discussions entre chefs de groupes parlementaires et d'accusations de "conspiration" contre son président, le sénateur cruceño Hormando Vaca Díez. Les parlementaires ont donc à nouveau échoué pour trouver une sortie de crise. "Il est nécessaire de parvenir à des accords pour unifier le référendum sur les autonomies régionales avec l'Assemblée Constituante", a remarqué hier soir Evo Morales, alors qu'il a accusé à Vaca Diez de promouvoir une session parlementaire sans consentements préalables pour finir "par manoeuvrer en faveur du référendum et contre la Constituante". "Il a déjà réussi à approuver une fois l'immunité pour les troupes nord-américaines, il est un maître des manoeuvres", a dénoncé le leader du MAS.
Bien qu'hier c'était une journée plus tranquille dans La Paz (après celle de lundi qui a vu la plus grande mobilisation depuis le début du mouvement), la grève civique continue à El Alto auxquels se sont joints les blocages paysans dans le département de Tarija, y compris les accès vers le Chaco et vers la frontière avec l'Argentine. Les routes de l'Altiplano ont aussi présenté plusieurs points de blocage, ce qui maintenait le siège du gouvernement virtuellement isolé -par terre- du reste du pays. Aggravant les tensions ethniques et sociales, une marche paysanne qui a essayé de entrer dans la ville de Santa Cruz -en soutien à l'Assemblée Constituante et contre le référendum promu par le comité civique de Santa Cruz- a été repoussée par la fascisante Union de la Jeunesse Cruceñiste, au cri de "Autonomie". "Les jeunes cruceñistes étaient armés et ils nous ont frappés", a dénoncé le dirigeant paysan cruceño Benigno Vargas, en référence aux affrontements qui ont fait six blessés. Cependant, les organisations indigènes des "terres basses" (y compris Santa Cruz) ont émis un document pour réclamer l'approbation immédiate de l'Assemblée Constituante et en repoussant les demandes des autonomistes du Comité Civique "parce qu'ils répondent aux intérêts des loges patronales qui veulent diviser le pays". A Cochabamba des blocages de routes ont été enregistrés dans tous ses accès, avec l'exception de la route qui l'unit à Santa Cruz. Pour sa part, lors d'une discussion chaude, la Fédération des Assemblées de Quartiers de El Alto a de nouveau refusé l'appel au dialogue du dialogue et a décidé de maintenir et de radicaliser la grève civique, y compris avec la "prise de l'aéroport international", une mesure difficile à mettre en place. La suspension, la nuit, des blocages alteños a évité le désapprovisionnement de La Paz, comme cela éatit arrivé en octobre 2003 durant la guerre du gaz. Selon le responsable de la gérance de maintenance, Carlos Ferreira, 60 % des routes du pays sont bloquées. Le gouvernement des États-Unis a dit hier être préoccupé par la crise politique que la Bolivie vit et qu'il espère que le sujet sera discuté lors de l'assemblée générale de l'OEA (Organisation des Etats Américains) qui aura lieu la semaine prochaine en Floride. "Nous sommes en contact avec le gouvernement et avec des leaders en Bolivie, nous sommes aussi en contact avec d'autres nations qui sont très intéressées et préocuppées par la situation là-bas", a signalé le porte-parole du Département d'Etat, Richard Boucher, selon l'AFP. "Nous avons décidé de continuer à travailler dans la recherche de consentement et de ne pas aller directement au vote et 'brûler' la session", a dit le controversé Vaca Diez au milieu de fortes critiques des secteurs sociaux à l'attitude du Parlement (qui devait se réunir lundi dernier mais qui en l'absence de quorum n'a pas sessioné), ce qui a déplacé provisoirement les regards vers les parlementaires et donné une légère respiration à Carlos Mesa, transformé en une sorte d'observateur de la crise. Cependant, cela n'a pas évité que plus de secteurs -spécialement emprésariaux- demandent que l'ancien journaliste donne un pas de côté.
Pablo Stefanoni
Pagina/12, 02 juin 2005