arch/ive/ief (2000 - 2005)

Bolivie : La Paz paralysée
by fab Tuesday, May. 31, 2005 at 2:42 AM

Des milliers de manifestants ont recommencé à se rassembler face au Congrès. Pendant ce temps, le président a accusé des groupes minoritaires de "proposer un coup d'État".

Le président de la Bolivie, Carlos Mesa, a dénoncé aujourd'hui des plans de putschistes dans des secteurs minoritaires des groupes organisateurs des protestations pour forcer le Congrès à convoquer à une Assemblée Constituante et demander la nationalisation du gaz. La dénonciation a coïncidé avec une augmentation des mobilisations à La Paz.

Le centre de la ville a été de nouveau occupé aujourd'hui par des milliers de professeurs, de paysans, de commercants, de mineurs et d'étudiants, qui de manière pacifique ont interrompu la circulation et ont obligé la fermeture des commerces et d'autres établissements. Malgré le fait que les autorités n'ont pas diffusé de chiffres officiels sur le nombre de manifestants, la mobilisation a été la plus grande depuis le début de cette nouvelle vague de protestations dans le pays.

Une multitude a occupé l'avenue El Prado, la principale de La Paz, ainsi que les rues qui entourent la place Murillo, où l'édifice se trouve le Parlement et le Palais du Gouvernement, qui a été défendu par les forces de l'ordre. Tandis que la ville voisine de El Alto, d'où sont descendus des milliers de manifestants, la grève générale a bouché les accès à La Paz et les sorties par route vers le reste du pays, a informé le chef départemental de la Police, Hernan Jaimes.

De plus, un groupe de maîtres ruraux a coupé le trafic sur la route qui unit La Paz avec le centre, le sud et l'orient, à la hauteur de la localité de Caracollo, à 199 kilomètres. Dans le reste du pays les activités se sont développées normalement.
La recrudescence des protestations a pour but de faire pression sur le pouvoir législatif, qui demain reprendra ses séances pour discuter de la convocation d'un référendum sur les autonomies régionales, demandé par les leaders de la région prospère de Santa Cruz, dans l'orient du pays, et l'élection d'une Assemblée Constituante, exigée par les manifestants.

Dans un acte public réalisé en hommage à un régiment de l'Armée, Mesa a dénoncé que parmi les secteurs mobilisés existent des "groupes minoritaires" et des "leaders irresponsables" qui cherchent "à déstabiliser" le Gouvernement et la démocratie avec une tactique pour empêcher le parlement de se réunir.

"La fermeture du Parlement national est un coup d'État, il n'existe pas de démocratie sans Parlement et n'importe quelle personne, institution ou représentant du pouvoir qui décide la fermeture du Congrès de fait est en train de réaliser un coup d'État", a déclaré le président.

En réponse aux déclarations de Carlos Mesa, Evo Morales, député du Mouvement au Socialisme (MAS) et leader des agriculteurs producteurs de coca, a qualifié la dénonciation comme un "manque de respect" vis à vis des mouvements indigènes, sociaux et syndicaux. Morales, un des promoteurs des protestations, a accusé Mesa de "se démarquer des revendications du peuple bolivien" en faveur des secteurs conservateurs du pays.

Le président du parlement, Hormando Vaca Díez, s'est montré confiant en ce que la session parlementaire prévue pour demain mardi se réalisera normalement, malgré les mobilisations.

Clarin, 30 mai 2005, 15h00