Bolivie : entretien avec Jaime Solares (COB) by fab Friday, May. 27, 2005 at 7:04 AM |
“Dire que si surgit un Chavez, je le soutiendrait, ce n'est armer aucun coup d'Etat”, avance le secrétaire de la Centrale Ouvrière Bolivienne (COB), Jaime Solares, accusé ces derniers jours de conspirer en faveur d'une sortie civico-militaire. Le nouvel éloignement avec Evo Morales a été évident durant l'assemblée populaire de lundi dernier, quand le leader du MAS a ressorti l'accusation autour du passé paramilitaire de Solares dans les mines d'Huanuni. Aujourd'hui, la Centrale ouvrière n'est plus la "puissante COB", articulatrice du mouvement populaire, mais son leader conserve le discours ouvrièriste radical du passé. Ce sont quelques uns des jugements, émis lors de l'entretien avec Pagina/12 dans les bureaux de la COB, tandis que Solares, gérait au téléphone la libération du conseiller de El Alto, Roberto de la Cruz.
– Jaime Solares est en train d'inciter à un coup d'Etat comme le signalent plusieurs articles journalistiques ?
– C'est faux ; comme aujourd'hui la COB n'est pas avec le gouvernement, ils inventent ces choses. Mais ils faudrait démontrer avec leurs services de renseignement, avec les services de l'ambassade (des Etats Unis) que je suis en train de conspirer, dire avec qui je me suis réuni, quand, où. Le gouvernement sait où je bouge. Ils m'accusent parce qu'aujourd'hui la COB est révolutionnaire.
– Mais vous vous êtes référé aux "militaires patriotes".
– Il peut y avoir de bons et des mauvais journalistes, de même pour les policiers et les militaires. J'ai dit que s' il y avait un militaire patriote comme Hugo Chavez, je le soutiendrais. Mais ce n'est pas préparer un coup d'Etat. Qui donne des bisous à Chavez si ce n'est Eo Morales ? Juan José Torres (militaire nationaliste renversé par Banzer en 1971) a été un "général du peuple", Alfredo Ovando a nationalisé le pétrole 1969 avec (le leader socialiste) Marcelo Quiroga Santa Cruz comme ministre des Mines et du Pétrole. Dans la révolution de 1952, Seleme s'est retourné, a donné des armes et a rendu possible le triomphe révolutionnaire. Alors je ne sais pas de quoi on m'accuse.
– Pourquoi vous êtes-vous à nouveau distancié de Evo Morales ?
– Evo veut l'Assemblée Constituante et le peuble la nationalisation (des hydrocarbures). Il peut y avoir Constituante avec cette classe dominante et ce président ? Evo défend son camp parce qu'il veut être président en 2007. Nous demandons la fermeture du Parlement et que Mesa s'en aille. Ensuite le peuple décidera, comme en 1952. Le peuple dit aujourd'hui : "Ni Hormando Vaca Díez (président du Parlement) ni Mesa”.
– Quel est votre pronostique pour les prochains jours ?
– Le gouvernement est prêt à tomber. Il s'est condamné lui-même en se transformant en gérant des transnationales et ne pas faire les changements que demande le peuple.
Pablo Stefanoni
Pagina/12, 25 mai 2005