La course au profit maximum casse nos emplois by Patrick Gillard Friday, May. 20, 2005 at 2:37 PM |
«La Chine menace nos emplois» dénonçait récemment Fa Quix, le directeur général de la Fédération patronale des entreprises textiles belges (Febeltex) dans une carte blanche (Le Soir, 17/5/05) où il remettait à l’honneur le “péril jaune”, de nature économique cette fois.
Ce sont bien entendu l’entrée de la Chine à l’Organisation mondiale du Commerce (OMC) en 2001 et la levée des quotas qui protégeaient les textiles européen et américain jusqu’au 1er janvier 2005 qui lui ont fourni le prétexte pour lancer pareille dénonciation.
Favorable à de nouvelles mesures protectionnistes frappant les importations textiles chinoises, Fa Quix, qui fait abstraction du contexte historique et socio-économique de ce secteur d’activités, ne rappelle pas que le secteur textile belge ne compte plus que quelque 36 000 travailleurs, alors qu’il en occupait trois fois plus en 1973. Oublierait-il que les nombreuses pertes d’emploi des trente dernières années résultent, non de l’arrivée massive de produits textiles chinois sur le marché belge, mais de hausses de productivité dues à l’automatisation mais aussi à l’abandon ou à la délocalisation de secteurs entiers de l’industrie textile.
Soucieux d’incriminer un pays collectiviste, le patron de Febeltex ne mentionne pas davantage que les capitalistes belges, attirés par des salaires quarante ou cinquante fois meilleur marché que chez nous, ont largement contribué au développement de l’industrie textile chinoise notamment par la vente de métiers à tisser (Picanol) et par des investissements dans des usines sino-occidentales à capitaux mixtes.
Lorsqu’il reproche à la Chine de ne pas jouer correctement le jeu en vendant ses produits à des prix “politiques” ou “subsidiés”, Fa Quix feint-il d’oublier que certains produits agricoles européens bénéficient de subventions à ce point élevées qu’ils ruinent des pans entiers de l’agriculture africaine ? Feint-il également d’ignorer la hauteur des marges bénéficiaires qui distinguent pourtant fondamentalement les économies de libre marché de celle d’un pays comme la Chine ?
Toutes ces zones d’ombres du discours de Fa Quix, conscientes ou non, ne mettent-elles pas, par contraste, en lumière l’origine de la menace qui pèse sur nos emplois dans le textile ?
Patrick Gillard
Bruxelles, le 20 mai 2005
Arroseur arrosé? by Nellas Friday, May. 20, 2005 at 9:10 PM |
Sans parler des emplois du textile, que nous risquions de toute façon de perdre pour cause de délocalisations ou de dumping social poussé à l'extrème - et les Chinois n'y sont pour rien - c'est toujours réjouissant de voir les thuriféraires du néo-libéralisme s'empêtrer dans leurs propres contradictions. Et recevoir en pleine gueule les sacro-saintes règles et lois du marché, la fameuse concurrence libre et non faussée, qu'ils ont eux-même contribué à installer. LOL