arch/ive/ief (2000 - 2005)

Argentine : procès des assassinats de Dario et Maxi
by fab Thursday, May. 19, 2005 at 9:57 PM

Une bonne quantité de députés devraient défiler -ou au moins présenter des déclarations écrites- en qualité de témoins lors des audiences du procès oral et public qui commence mardi 17 juin où seront jugés les responsables de ce qui est appelé le "Massacre d'Avellaneda" (1) durant lequel furent assassinés les militants du MTD Aníbal Veron Darío Santillán et Maximiliano Kosteki, et où 33 autres manifestants ont été blessés par balles.

Cet évènemement, qui eu lieu le 26 juin 2002, avait mit fin prématurément au gouvernement de Eduardo Duhalde.

L'ouverture du procès dans la localité de Lomas de Zamora (grand Buenos Aires)coïncide avec avec l'étape la plus dure de la dispute interne au Parti Justicialiste (péroniste) entre Nestor Kirchner et Duhalde et son appareil (2).

Cette coïncidence n'est pas purement anecdotique. Kirchner a toujours conservé, comme une carte dans la manche, la possibilté d'impulser -suivant ses convenances, en fonction des relations avec Duhalde- l'investigation des responsabilités politiques et intellectuelles de la répression du d'Avellaneda. Cette investigation est la revendication permanente des familles et des compagnons de Santillan et Kosteki, et des autres organisations qui participèrent de la mobilisation de ce 26
juin (3). Pour eux, la répression et ces morts n'ont pas été le resultat d'"excès" de la part du commissaire de la police de la province, Alfredo Fanchiotti, et des autres six policiers inculpés, mais le fruit d'une décision politique de Duhalde et des principaux ministres de son gouvernement.

Quelques uns de ces ministres sont aujourd'hui députés et figurent parmi les cités à comparaître comme témoins parce que la justice n'a pas avancé sur le thème des responsabilités politiques.

Peu de temps après avoir assumé la présidence, Kirchner avait promit personnellement à Alberto Santillan —père de Darío— la formation d'une commission d'enquête chargée de faire la lumière sur le Massacre, "tombe qui tombe".

Ensuite, lors d'une réunion moins médiatique, le secrétaire général de la Présidence, Oscar Parrilla, a nuancé la promesse : "Si vous descendez du pont —c'est à dire s'il n'y a pas plus de protestations—, il y aura une commission", aurait-il dit à un groupe de représentants de la Veron. La proposition a seulement été acceptée par un des deux secteurs du MTD, celui que conduit Juan Cruz Daffunchio, qui a commencé à réaliser des coupures seulement partielles (4).
L'autre secteur, avec les familles des victimes, n'a pas accepté cette exigence.

Kirchner avait également promis d'ouvrir les archives de la SIDE (services de renseignements), chose que jusqu'à maintenant il n'a pas fait, en raison d'une relation avec le duhaldisme avec lequel, malgré les frictions pour les listes électorales, se maintient l'alliance stratégique originale.

En plus des députés anciens ministres du rein duhaldiste —que les familles espèrent pouvoir inculper dans une autre instance— déclareront également comme témoins des députés de gauche et de centre-gauche qui valident la thèse de l'autorité intellectuelle du gouvernement antérieur. Parmi eux, quelques "transversaux" de Kirchner, comme Miguel Bonasso. Egalement Luis Zamora (Autodétermination et Liberté) et Patricia Walsh (Izquierda Unida), entre autres.


Le Massacre d' Avellaneda a été un élement clef de la politique et de la réalité argentine qui a empêché de supposés plans de continuation au pouvoir de la part de Duhalde. Au début du procès, subsiste l'inconnu au niveau des éventuels effets politiques.

1- voir : <http://www.ainfos.ca/03/jun/ainfos00408.html> (NdT).

2- Eduardo Duhalde, ancien gouverneur de la province de Buenos Aires (la plus peuplée et la plus riche), il maintient une influence très forte sur le l’appareil péroniste dans cette province. Il a été désigné président "de transition" par le parlement, après le soulèvement populaire de décembre 2001. Aujourd'hui, quelques mois avant les élections provinciales d'octobre, il a engagé une lutte ouverte avec
l'actuel gouverneur de la province, Felipe Sola, et une relation mytigée avec Kirchner. (NdT).

3- Depuis le 26 juin 2003, tous les mois (le 26), le MTD Anibal Veron, accompagné par d'autres organisations, coupent le Pont Pueyrredon, à Avellaneda, pour réclamer que les responsables du massacre soient jugés et condamnés. (NdT).

4- En réalité la Coordination Anibal Veron s'est divisée en trois parties, essentiellement pour des raisons de fonctionnement interne et de positionement par rapport à Kirchner. Il y a d'un côté le MTD de Solano (qui se revendique de l'autonomie et de l'horizontalité), de l'autre, un groupe de MTD, dont celui de Florencio Varela (de Daffunchio), qui fonctionne à l'aide d'une sorte de comité central et qui est relativement modéré par rapport au gouvernement et enfin un groupe de MTD, qui fait parti du Front Dario Santillan (avec d'autres organisations afines), qui a adopté l'horizontalité comme fonctionnement tout en en reconnaissant les limites et les difficultés et qui est dans l'opposition au gouvernement de Kirchner (c'est ce groupe qui est la pointe de l'exigence de justice en ce qui concerne les meurtres de Dario et Maxi). (NdT).


Carlos Eichelbaum
Clarin, 16 mai 2005
Traduction : Fab (santelmo@no-log.org)