arch/ive/ief (2000 - 2005)

La Chine, le nouveau bouc émissaire des ratés de la politique européenne
by Laurent Duprès Friday, Apr. 29, 2005 at 12:05 AM

Un point de vue à contre courant de ce qui se dit sur la Chine dans le dossier de la concurrence économique.

Il va presque de soi pour un politicien en Europe aujourd’hui, de trouver une parade à la publication hebdomadaire des chiffres du chômage. Hier, les Magrhébins étaient montrés du doigt, puis ce furent les Polonais, les Roumains, les Tziganes, mais devant l’ampleur de la crise, force est de constater qu’un nouveau bouc émissaire s’avère nécessaire. Ce seront les Chinois. Il y a lieu cependant de récuser pareille phraséologie.

Pour avoir séjourné durant quatre missions longues de plusieurs mois chacune, j’ai pu fréquenter ce pays de légende qui fascine les esprits par son étendue et par les efforts de sa population qui n’est sortie qu’en 1949 d’une guerre qui aura duré plus de cent ans, cent ans de malheurs. La Chine d’aujourd’hui menace-t-elle réellement de nous prendre nos emplois ? Je ne le crois pas un instant et ceux qui comme moi, ont connu la chute du Mur de Berlin voilà une bonne quinzaine d’années le confirmeront. Car au fond, où est le véritable scandale ? Oui, les délocalisations font mal, très mal à nos cités industrielles déjà meurtries par la construction d’une Europe qui ne nous appartient de toutes façons pas. Mais qui prend ces décisions ? Les Chinois ? Ben voyons ! Si le textile ne mettait pas les voiles pour l’extrême orient, il serait de toutes façons en route pour l’Inde ou le Mexique. Le patronat européen a parlé. Ne change que la destination. Je ne comprends donc pas l’obstination, l’acharnement des politicards face à un pays qui a tout de même accepté de parapher des clauses iniques à l’Organisation mondiale du Commerce. Car il me faut le souligner : c’est facile de cracher sur ceux qui à la télévision ne peuvent pas se défendre, mais soigneusement, les perroquets de France 2 et de la RTBf cachent que l’implantation des usines occidentales en Chine ont été la cause de dizaines de millions de pertes d’emplois suite à la réforme des entreprises d’Etat en Chine. Les Chinois ne rejettent pas la faute sur nous… Or loin de s’effondrer sous le poids de la responsabilité, le gouvernement chinois se débat dans des programmes de reconversion industrielle.
En visite dans la province de JiangXi, dont le P.I.B. parvient à peine à dépasser celui d’un discrit d’une province côtière, j’ai pu suivre attentivement l’évolution annuelle de plusieurs localités. En quelques mots, le gouvernement ferme les yeux sur le mode de fonctionnement un peu chaotique des nouvelles entreprises, qui résultent de l’union des anciennes coopératives agricoles rurales. Celles-ci font vivre chacune plusieurs dizaines de milliers d’ouvriers, qui se sont reconvertis. Des anciennes usines métallurgiques ont étudié près de PingXiang un nouveau modèle de roulement à bille. Les besoins du marché domestique chinois sont tels que ces entreprises rurales ne se préoccupent que d’exister dans leur zone de départ. Pour eux Shanghaï, Wenzhou ou Hong Kong, c’est encore très loin. Ces usines nous menacent-elles ? L’impression des visiteurs étrangers apparaît assez unanime : ils sont partagés entre un vague sentiement de mépris (sans doute face à la basicité des moyens) et une certaine admiration par rapport au dévouement des Chinois.

La Mondialisation

Alors, comment se fait-il que soudain, nous soyons envahis par autant de déclaration sur la prétendue concurrence déloyale chinoise ? Je me souviens qu’en 1989, lorsquele Mur est tombé, l’Europe ne jurait que par le modèle de « l’économie de marché ». En douter, c’était douter de l’Occident. La Chine, seule à résister face au déferlement de Bush et Gorbatchev, avait pourtant prévenu. Deng XiaoPing affirmait à des visiteurs nippons « qu’il ne craignait pas les sanctions » et que « la Chine saura jouer le jeu du marché mieux que quiconque ». En d’autres termes, je pense que les pays capitalistes doivent avoir l’honnêteté d’avouer que ce sont Chirac, Mitterand, Kohl et tatcher qui imposé au monde (avec Bush Sr.) le modèle aujourd’hui en vigueur. Ce ne sont en aucun cas les Chinois. Puisqu’il paraît que nous vivons dans le modèle de démocratie le plus enviable, je serai intéressé d’entendre Monsieur Di Rupo, président des socialistes belges à ce propos… Qu’ils nous expliquent dans quelle galuère nous ramons depuis plus de quinze ans !

Pour revenir à mon expérience chinoise, j’ai connu dans le JiangXi, des zones rurales où, me dit-on les salaires en vigueur sont encore faibles : 700 RMB pour un ouvrier qualifié (70€). « C’est peu », a été ma première réaction mais mes collègues de l’Université tiennent tout de même à relativiser. C’est déjà sept fois le salaire d’un ouvrier de Shanghaï en 1986 qui était de 100 RMB, c’est près de vingt-huit fois celui d’un ouvrier régional en 1986, qiu était d’environ 25 RMB. Même avec la réévaluation (en fait la baisse puisque en 1986 1US$=3 RMB et depuis 1994, 1 $US = 8.28 RMB), le pouvoir d’achat s’est considérablement élevé, et je dois dire, démocratisé. Ceux qui sur les chaînes de télévision tentent de bousculer la réalité en affirmant que les Chinois triment pour seulement un bol de riz font beaucoup de tort, mais pas aux Chinois. Ces menteurs verreux addressent leur marchandise frelatée à leur propre population et c’est le deuxième enseignement que j’ai pu tirer. Quand les commissaires européens parlent, ils mentent avant tout aux Européens et en réalité, ne parlent à personne d’autre.

En outre, je décèle une teinte de putréfaction dans le discours actuel, que j’appellerai sans remords, un « esprit d’idéologie blanche ». En effet, puisque nous sommes en ce moment sur un site de journalisme alternatif, je crois opportun de rappeler comment les médias du Ministère de l’Intérieur déforment la réalité. A propos de la Chine, nous n’apprenons presque rien, sinon que l’Etat belge (ou n’importe quel autre Etat européen) n’aime pas les Chinois. Pendant des années, le sentiment de supériorité nous a conduit à l’aveuglement, à penser que jamais le milliards trois cent millions de citoyens du tiers monde ne pouvait venir concurrencer les industries qui ont deux cent ans d’expérience ? Non ! En effet, dans l’histoire moderne, ce serait du jamais vu ! Aussi, nous avons toujours du mal à parler de la Chine comme d’un pays à part entière et les (mauvais) journalistes portent une responsabilité immense dans le fait que la génération émergente de nos pays, s’avère incapable de comprendre ce qui est en train de se passer dans cette région du monde, dont tous les économistes commencent à penser qu’il s’agit du poumon économique mondial… Quand le gouvernement français a décidé de vendre au militaires de Taïwan des armes, la chose nous était (et est encore…) présentée comme un acte de défense démocratique. En fait, il s’agissait d’une spéculation sur la possibilité de troubles en Chine, et une anticipation de type colonialiste. Rien que cela. Et que dire des articles de Eric Meyer dans Le Soir qui en 1992 revendiquait « l’indépendance de la province de Canton », ou de Philippe Paquet cherchant à dépasser Stéphane Courtois dans son apostolat, en comptant « cent millions de morts du communisme en Chine ». Cet état d’esprit aujourd’hui fort répandu, qui tente à faire passer la Chine pour un danger s’avère à la fois ridicule et risible, mais aussi – et c’est triste – dangeureux. On n’expliquerait pas de telles campagnes de diffamation antichinoise, que par un conditionnement des esprits à un conflit qui n’est pour l’instant qu’économique.

Le soutient aux militaires en place à Taiwan est allucinant. Ce sont eux qui ont mis en place la junte militaire en Birmanie. Nous en sommes presque à manifester pour et contre un régime ! En lui vendant des armes, nous jetons de l’huile sur le feu d’un brasier que les Etats-Unis alimentent. Que dirions-nous si la Chine se retournait et livrait des armes aux mouvements basques, bretons et corses ? Il n’est pas du tout question de savoir qui a raison, mais de foutre la pais aux autres. L’Europe n’a pas sauvé la Yougoslavie, elle l’a enfoncée. L’Europe n’a pas sauvé l’Irak, elle négocie sa mise à mort pendant son agonie.
Aujourd’hui, l’existence de la Chine est une réalité, qu’il faut accepter. La Chine ne vole aucun marché. Elle vient simplement briser le vieux rêve néo-colonial de la France et de ses soi-disant partenaires européens. La Chine n’est pas la Côte d’Ivoire. On ne peut pas y imposer quoi que ce soit. Il faut lui parler, il faut commencer par admettre que nous ne sommes pas le Centre du monde, ni une référence ou un modèle à suivre.
Quand Charlène Barshefsky a signé en décembre 1999 l’accord avec la Chine à l’OMC, les commentaires de l’époque méritent aujourd’hui d’être lus et relus. Ils annonçaient un cataclisme, un catastrophe pour la Chine. Même le savant Monde diplomatique y prévoyait successivement la récession, la dévaluation (trois reprises), la dépression, la réévaluation (deux reprises) et l’inflation, le tout devant être courronné par la chute finale. Heureusement pour les Chinois, Roland Lew ne sait toujours pas distinguer sa main droite de son pied gauche (dommage pour les étudiants de l’Université Libre)… En 1997 déjà, un institut chinois annexe à l’Académie des Sciences de Chine, avait prévu la mise sur pied de programmes de recherche très ambitieux. Si j’en crois les affirmations de l’administration Clinton, les USA tenaient à conquérir le marché chinois dans quatre domaines bien spécifiques : les télécommunications, les hautes technologies, l’agriculture et les services (y compris Internet, banques, assurances, soins de santé et pensions).

Le bilan après seulement six années peu glorieuses et combien de guerres et de morts demeure édifiant. Non seulement la Chine a conservé comme prévu sa maîtrise des industries « traditionnelles » dont le textile, mais elle a montré une capacité impressionante dans des domaines de pointe. En 2000, elle lançait le CCDMA, version chinoise de l’UMTS (Europe) et du TDMA (USA) pour la troisième génération des mobilophones. Autant dire que cela explique en une phrase pourquoi UMTS si prometteur en 1999, s’est soudainement efforndrée, sous l’effet d’annonce chinois. A nouveau, la spéculation capitaliste sur un marché qui ne nous appartient pas à mis à plat un pan de l’industrie !
Je pourrais encore m’étendre sur d’autres secteurs, sur l’agriculture ou l’acier et l’automobile. Assurément, je pense que nous arions beaucoup à apprendre de ce qui se fait ailleurs. Je voudrais tout de même attirer votre attention, en définitive, sur le fait que nous devons changer notre manière de conceptualiser le monde.

Dire que un autre monde est possible ne suffit pas. C’est même faible. Quinze après la chute du Mur, le système capitaliste est entré dans une phase d’aggravation de sa crise structurelle. Le système ne sait pas et ne saura pas nourrir les bouches des populations à qui il a pourtant promis monts et merveilles. La Chine n’est pas un ennemi. C’est un pays du tiers monde, comme l’Inde, le Brésil ou le Congo, mais qui avance vers un nouveau stade de développement. Ce sont la classe politicienne ne nos pays qu’il fautmettre en cause. Ces gens n’ont rien su proposer en quinze années, que misère, paupérisation et guerres. Il n’y a pas de nouvelle économie, il n’y a pas solution miracle, qu’elle soit européenne ou mondiale. Non, il y a une nécessité d’avouer un échec profond, et corollairement d’une remise en question de l’avenir. La société de demain ne sera pas attribuée, nous devrons encore la conquérir. Les revendications de la Révolution françaises, dont nous pouvons rester fiers, doivent aujourd’hui revenir à l’ordre du jour : fin des privilèges, fin des monopoles dus au mode de production injuste. Pour une vraie séparation des pouvoirs. Pour une planification des besoins populaires, pour une politique par et pour le peuple. Faire ça, ce serait déjà un grand pas en avant.

Laurent Duprès
Harvard Medical School
Boston, MA 02114
U.S.A.

La Chine n'est plus un pays socialiste
by Sortir de l'Europe Saturday, Apr. 30, 2005 at 1:28 PM

Ne mélangeons pas tout! La Chine a cessé d'être un pays socialiste et l'exploitation des travailleurs y est mille fois pire que chez nous. Cette "nouvelle Chine" se trouve de plus en plus dans les mains de l'impérialisme anglo-US et sa politique économique, ce sont très largement "nos propres" patrons qui la réalisent avec une façade "chinoise" de circonstance. Quant à l'argent, c'est celui de "nos" financiers. Et par conséquent, IL N'Y A EU AUCUN ECHEC DEL'UNION EUROPEENE: le dumping social chinois a été organisé par elle, par l'OMC et par Bush.

Chine, dumping social et mensonges institutionnels
by Sortir de l'Europe (France) Saturday, Apr. 30, 2005 at 5:31 PM

Voici un post que nous pensions avoir mis mais que nous n'arrivons plus à retrouver. Nos excuses s'il y a doublon.


Chine, dumping social et mensonges institutionnels

Ou comment faire dire à une affaire le contraire de ce qu'elle signifie vraiment. Le gouvernement, le monde politique et les médias cherchent à présenter l'Union Européenne comme un rempart contre le dumping social. En réalité, c'est tout le contraire car : a) le projet de Constitution, de même que les traités existants et ceux signés par l'Union Européenne, constituent de véritables apologies de la "liberté du commerce", la "liberté des prestations", etc... ; b) la notion de dumping admise au sein de l'Union Européenne ne présente aucun rapport avec le dumping social réel.


Pendant que la presse nous bombarde d'injonctions et déclarations de prétendues "sommités" pour le OUI, et que le gouvernement cherche à nous faire croire que l'Union Européenne va nous sauver du dumping social, on peut lire dans une dépêche AFP :

" mercredi 27 avril 2005, 11h53
Textile chinois : la France veut vérifier s'il n'y a pas "dumping"

PARIS (AFP) - Le ministre français de l'Economie Thierry Breton a déclaré mercredi qu'il fallait "vérifier" si les importations de textile chinois ne constituaient pas du "dumping"... "

(fin de citation)

et Thierry Breton revient encore à la charge pour nous dire que s'il y avait en Europe en Président élu avec la nouvelle Constitution, ça irait plus vite, etc... Il nous en met plein la vue sur le rôle prétendument protecteur de l'Union Européenne, tout en reconnaissant que si les négociations avec la Chine échouent, "nous appliquerons précisément la loi de l'Organisation mondiale du commerce (OMC)" et que "depuis quatre ans, quand la Chine est entrée dans l'OMC, tout le monde savait effectivement que les quotas seraient libérés" le 1er janvier 2005 (source : dépêche AP du 27 avril).

Plusieurs dépêches et articles rappellent également qu'il y a dix ans que la France et l' "Europe" ont signé l'accord sur les textiles et vêtements (ATV) de 1995 qui prévoyait déjà l'ouverture totale de ce marché.

Que de mensonges et de mystifications, de la part de "nos" décideurs !

D'abord, force est de constater que les accords de commerce qui permettent à la Chine de submerger l'Europe de ses produits, fabriqués très largement avec des capitaux occidentaux et résultant de nombreuses délocalisations, datent de 1995 et les pays concernés disposaient d'un délai de dix ans pour s'y préparer. "La France" ("nos" capitalistes) s'y est effectivement préparée en délocalisant son industrie. Chirac, Raffarin et le reste font soudain semblant de découvrir la soupe à l'ail. C'est de la comédie pure et simple.

Ensuite, il convient de préciser que la notion officielle "européenne" de dumping n'a rien à voir avec celle que peut en avoir le citoyen de base. Pour nous, exporter dans un autre pays mettant à profit de très bas salaires locaux, c'est du dumping dès lors que ces salaires sont très inférieurs à ceux pratiqués dans le pays importateur. Mais les "élites" pensent différement. Pour l'Union Européenne, il y a dumping uniquement si le pays exportateur fabrique des produits avec des conditions salariales et sociales inférieures à ce que prévoient SES PROPRES lois et règlements, et s'il exporte à des prix plus bas que ceux de son propre marché. On peut même lire, à l'adresse :

http://www.industrie.gouv.fr/pratique/conseil/dumping/sp_dump1.htm

la "définition de la notion générale de dumping selon l'Union Européenne et l'OMC" suivante :

" Un produit est considéré comme faisant l'objet d'un dumping lorsque son prix à l'exportation vers la Communauté est inférieur au prix comparable, pratiqué au cours d'opérations commerciales normales, pour le produit similaire dans le pays exportateur. "

Comme en Chine le salaire moyen officiel est de 0.5 dollar de l'heure et le salaire minimum encore plus bas, tout ce que peut exiger l'Union Européenne de la Chine est qu'elle s'en tienne à ces très maigres salaires et aux prix des produits concernés pratiqués en Chine. Par conséquent, le dumping réel continuera de plus belle quoi qu'advienne. A noter d'ailleurs que dans la déifinition purement commerciale que fournit le Ministère de l'Industrie, il n'est même pas question des salaires pratiqués.

Enfin, de nombreux rapports indiquent depuis des années que les patrons chinois ne respectent guère les dispositions de leur propre gouvernement en matière de travail. Ce n'est pas un scoop. Le gouvernement français le sait très bien depuis des années, et ça ne l'a jamais ému outre mesure... Ces démarches de dernière minute sont clairement électoralistes et sans aucune portée significative.

Et pourquoi la France ne peut-elle pas prendre de son propre chef des mesures pour se protéger contre le dumping social ? C'est précisément parce que son appartenance à l'Union Européenne et à l'OMC l'en empêche.

SANCTIONNONS LA DEMAGOGIE ELECTORALE ET LES MANIPULATIONS GROSSIERES DES POLITICIENS FAUTEURS DU OUI !

SORTONS DE L'EUROPE, SORTONS DE L'OMC !

Sortir de l'Europe (France)
sortirdeleurope@free.fr
sortirdeleurope.free.fr

L'UE a organisé sa propre perte
by Laurent Duprès Sunday, May. 01, 2005 at 4:39 AM

Bonjour,

je ne partage pas du tout votre avis. A la lecture des articles concernant les accords entre la Chine et l'OMC, je pense que n'importe quel observateur pourra conclure en toute indépendance à des clauses totalement en défaveur de la Chine, qui n'obtient même pas le statut équivalent à celui des pays du tiers monde.
Il n'est pas question ici de dissserter pour savoir si la Chine est socialiste, car il nous faudrait encore polémiquer sur la signification de ce mot sans cesse utilisé par le P"S", très libéral.

Le "dumping social" est un oxymore vide de sens. La nature unique du "dumping" est économique. Par ailleurs, personne ne s'est jamais plaint d'une concurrence déloyale des Congolais qui travaille pour moins d'un Euro par mois pour des travaux exténuants : parce qu'ils ne concurrence par l'Union Européenne ? Probablement. Le "dumping social" est un argument eurocentriste, il est à rejeter.
Les Chinois ont vu leur pouvoir d'achat augmenter considérablement, c'est un fait qui demeure indéniable et confirmé par tous les organismes, quels qu'ils soient.

Voir un complet entre la Chine et les Etats-Unis s'avère osé. Au moment où la crise économique s'affirme de plus en plus aigüe, les Etats-Unis ne cessent d'accroître leur arsenal militaire, juridique et politique avec un dessein ouvertement antichinois. Au pays de Bush père et fils, les quotas illégaux sont imposés uniquement envers la population d'origine chinoise dans les universités, dans l'administration, dans l'immigration. Les produits chinois sont frappés de quotas depuis la fin du XIXe siècle, notamment dans la sauce de soja, le jingseng, les plantes médicinales et les champignons. Les quotas contre le textile chinois sont quant à eux tout à fait illégaux et violent des lois que les Américains ont eux-même imposés à l'OMC.
Devant la fuite en avant de la politique américaine qui ne sait plus quel pays dévaliser, les hommes d'affaires de Taiwan ont pressé leur représentant politique, Lien Chan président du parti nationaliste chinois en Chine afin de mener des pourparlers historiques pour faire face à l'aggressivité américaine. Il s'agit d'une première en cinquante-sept années !

Enfin, mon opinion est que les Européens ont tout à perdre dans la continuation du délire actuel, qui va pousser les cinq sixième de 350 millions de personnes dans la précarité - et la mendicité pour les plus pauvres. Quand Chirac, verhofstadt & Co prétendent vouloir se dresser contre l'Amérique, nous devrions comprendre qu'ils caressent à nouveau des rêves coloniaux, avec l'érection de super-conglomérats européens. Dans le transport aérien, seules Air France, British Airways et Lufthansa survivront. Toutes les autres compagnies seront rangées dans des voies de garage. Il en va de même pour les transports ferroviaires, l'énergie électrique ou l'automobile. Dans pareil cas de figure, combien de Renault Vilvoorde avons-nous encore à subir ? Qui prend ce genre de décisions ? Certainement pas nous ! Et puis, pour être francs, cela n'a strictement rien avoir avec la politique menée par les Chinois !!

Laurent Duprès
FruitStreet, 30
Boston MA02114
U.S.A.

Mais quelle "perte" de l'UE???
by Sortir de l'Europe Sunday, May. 01, 2005 at 9:59 AM

D'abord, dans l'Union Européenne il y a des CLASSES SOCIALES. Les financiers, les grands industriels... se portent très bien. Ce sont les travailleurs qui vont de plus en plus mal. Je ne vois pas pourquoi vous parlez de "perte" de l'Union Européenne, alors qu'avec la dépression qu'on nous prépare et les bénéfices sans précédent que les financiers pourront amasser "grâce à" la ruine généralisée des travailleurs, ils pourront mettre en place une armée plus grosse que celle de Bush. Pas pour concurrencer les USA, mais pour "travailler" avec eux.

Quant à la Chine, si vous trouvez qu'un SMIC autour de 0.4 dollars par heure et des journées de travail exténuantes pour pouvoir vivre, c'est mieux qu'il y a trente ans du temps de Mao Zedong, je vous laisse la responsabilité de cette affirmation. Cette industrialisation chinoise est un véritable esclavage, lorsqu'on regarde salaires, horaires... En Chine, comme en Europe, ce sont les patrons et les nomenklaturas qui prospèrent, mais pas les autres.

Le dumping social est une réalité, et c'est simple à définir même si ses modalités sont nombreuses. Globalement, toute forme de concurrence de la main d'oeuvre imposée et organisée, qui tend à faire diminuer les salaires et avantages acquis des travailleurs, relève du dumping.

Dans le domaine commercial, il y a dumping social lorsque des produits sont massivement exportés vers le marché d'autres pays, dans un contexte de prétendu "marché libre", mettant à profit de très bas salaires et des conditions sociales très inférieures à ceux des pays importateurs. C'est ce que font la Chine, l'Inde, le Brésil... avec des capitaux occidentaux délocalisés. Une autre forme de dumping, directement dans le marché du travil, consiste à offrir des "prestations" dans un pays en embauchant des travailleurs dans des conditions très inférieures au droit du travail de ce pays. C'est ce que permettra de faire, en toute légalité, la Constitution Européenne et que prévoient également les accords de l'OMC. Ce ne sont que deux exemples.

Il faut chenger de point de vue
by Laurent Duprès Sunday, May. 01, 2005 at 12:29 PM

Bonjour,
j'ai lu avec attention ce que vous avez écrit.

Je pense ne pas avoir connu de société sans classes sociales depuis très longtemps : la dernière en date est probablement la société segmentée des Indiens apaches... C'est dire. Même la Chine de Mao ZeDong a été une société où la lutte des classes a demeuré essentielle. Autrement il faudra expliquer contre quoi et qui étaient orientées la Révolution culturelle et les différents mouvements insufflés par les masses populaires et leurs dirigeants.

Oui, vous avez raison de dire que le patronat européen a joué et a perdu en rapport comparé sur l'Histoire devant des pays émergeants. Cela reste assez relatif. Mais la classe ouvrière dans les différents pays européens également. Cette dernière a d'autant plus souffert que ses dirigeants ont pour la plupart trahi sa cause ou n'ont pas su voir et concrétiser des luttes pour arracher des acquis ou faire basculer des tendance évidentes.
Par exemple, en Belgique, le P"S" dirige totalement la FGTB, hors mis des sections de base où s'expriment une démocratie qui ne tient que par une lutte quotidienne et acharnée de délégués pour leur majorité, formés par des communistes du PTB. Dans pareille situation, je dois dire qu'en effet, la cause des travailleurs ne peut que se précariser pour le moment, à moins d'un renversement du rapport de force qui existe. Si dans une confédération syndicale, cela venait à se produire, il s'agirait d'une première en Belgique.

A propos de la Chine de Mao, je ne partage pas votre avis. J'apprécie et approuve dans les grandes lignes les décisions historiques de la révolution chinoise. Néanmoins, il faut remarquer que les réformes de 1978 ont apportées un mieux vivre évident. N'ayant jamais reçu (surtout de la part de pays plus développés) de soutien dans sa politique avant-gardiste, le parti communiste chinois a effectué une translation dans sa politique que je juge très pragmatique. Aujourd'hui, la paysannerie ne paie plus de taxes. Les principaux axes de la construction de la Chine tournent autour de projets de l'apport d'eau excédentaire du Sud vers le Nord désetrtique. C'est à mon sens inédit et remarquable. La construction de voies ferroviaires et autoroutières a désenclavé ces dix dernières près d'un quart des Chinois, sans parler de l'électrification toujours en route.

Bien sûr, il y a beaucoup de problèmes qui surgissent, et je suis d'accord pour dire qu'on n'avait pas vu autant d'inégalités sociales depuis longtemps. Néanmoins, la classe ouvrière en Chine continue de progresser (et ne régresse pas comme dans la plupart du reste du monde) : mais plus lentement qu'une nouvelle bourgeoisie. Cela est tout à fait vrai. Mais pourquoi en faire un casus belli, alors que la fracture sociale touche le monde entier ?? Abattons notre propre bourgeoisie d'abord ! Soyons conséquents !

Enfin, je ne crois pas au "dumping social", ni à son pendant du protectionnisme. C'est bien l'Union européenne qui a hurlé en 1989 pour obtenir le "libre march", à commencer par l'Eurpoe de l'Est. Je crois que les Roumains et autres Polonais ont vite déchanté parce qu'ils ne contrôlent plus rien de ce qiu se produit.
Le cas de la Chine est sensiblement différent, et sans doute ^pour les Chinois devrions-nous nous réjouir du fait que la bourgeoisie ne cesse de les attaquer : la vigueur économique et une certaine réussite politique n'y est pas pour rien.


Amicalement.
Laurent Duprès
Harvard Medical School
Fruitstreet, 30
Boston MA02114
U.S.A.