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Ici on ne mange pas, une témoignage
by Karine Birgé, citoyenne Friday, Apr. 22, 2005 at 5:02 PM

J’ai rencontré un des grévistes en décembre 2004. Aujourd’hui, mardi 20 avril 2005, je ne le reconnais pas. Il a perdu 18kg. Il est livide, les yeux rouges. Il pleure. Avant il me faisait rire. Je ne ris plus. Il ne se lève presque plus.

ICI ON NE MANGE PAS. Depuis 23 jours, rien. Et je ne peux pas l'oublier, qu 'ici, on ne mange pas:
Les grévistes maigrissent chaque jour.
Ils disparaissent.
Les joues se creusent, les regards se vident, les êtres se décomposent.
Les corps parlent, ils souffrent, décharnés, faibles.
Je vois une immense fatigue, des moments d'absences, des mains nouées sur le ventre, des femmes gémissent, trop mal au ventre, certains n'arrivent plus à boire, le corps rejette l'eau, ils vomissent, des malaises, des yeux secs, la douleur, la tristesse.
Merde.
23 jours, j’ai peur.
C'est une grève étouffée.
Ici on meurt pour vivre dans un monde sourd et aveugle.
Une grève isolée.
Ils sont seuls au monde dans une détresse totale.
Ils ont vraiment peur de mourir maintenant.
Je crois qu’ils ne sentent plus la faim, mais ils ont des regards étranges...
On dirait que l'homme qui a la force d'endurer cette souffrance ne renonce pas.
La grève de la faim est un acte de désespoir absolu.
Nous ne pouvons pas nier leurs souffrances.
Ils doivent être entendu!!
Cette situation est intolérable.

Belle Europe !!!
Que quelque chose arrive, s’il vous plaît !
Bruxelles vit comme toujours, rien ne s’arrête.
Ici on meurt et le monde avance.
Mais la grève de la faim porte un visage humain, des visages.
Ces Hommes sont déracinés, sans terre, sans maison, sans argent.

23 jours …
« Manquons-nous de rapports officiels sur la situation des kurdes turcs ou iraniens ? »
???
« Un chantage ? »
???
Traverser cet état extrême :
se faire mourir ou risquer de porter à vie de graves séquelles corporelles et psychiques, c’est déjà trop de preuves.

Réagissons