arch/ive/ief (2000 - 2005)

Equateur : récit des événements
by fab Friday, Apr. 22, 2005 at 1:56 AM

Alors qu'en une du quotidien argentin Pagina12 est reproduit une photo du palais présidentiel équatorien avec un hélicoptère dans les airs, sous le titre "Un autre hélicoptère" (en référence à la fuite de l'ex président argentin De la Rua en décembre 2001) et fait état d'"au moins 4 morts" (http://www.pagina12.com.ar/tapa.php), la quotidien Clarin fait un point de la situation.

Le nouveau président a nommé son cabinet et a ratifié la dollarisation. Cependant, l'OEA et les Etats Unis ne l'ont pas encore reconnu. Gutierrez est toujours réfugié dans l'ambassade brésilienne à Quito.


Malgré que dans les rues de Quito et des principales villes d'Equateur il y a eu moins de protestations, l'incertitude politique en Equateur continue au premier jour de Alfredo Palacio comme président en remplacement de l'ex colonel Luci Gutierrez, qui a du abandonner son poste après une violente rebellion populaire et son abandon par les Forces Armées.

Aujourd'hui. l'Organisation des Etats Américains (OEA) a suspendu -au moins jusqu'à demain- la session de son conseil permanent en raison de la situation en Equateur, au milieu des doutes sur la constitutionalité de la destitution de Gutiérrez.

Palacio a nommé aujourd'hui des ministres non affiliés aux partis politiques (1), a proposé une assemblée constituante (2) et a suspendu la négociation du Traité de Libre Commerce (TLC) avec les Etats Unis.

(...)

Le nouveau ministre de l'Economie a affirmé que la dollarisation se maintiendra. Ses déclarations ont un peu calmé les secteurs productifs et industriels locaux. Pour le ministre, la dollarisation est parvenu à donner de la stabilité à l'économie (3) et d'en sortir serait "un recul".

La majorité des milliers de personnes qui hier ont été les acteurs de la violente journée sont rentrés la nuit dernière chez eux et seulement des dizaines ont continué les protestations durant la nuit et la matinée aux portes de la résidence de l'ambassadeur du Brésil à Quito et devant l'ambassade du Brésil où s'est réfugié Gutiérrez.

L'ambassade du Brésil est en train d'analyser la demande d'asile politique sollicitée par Gutiérrez, qui "craint pour sa vie".

Gutiérrez a abandonné hier en hélicoptère le siège présidentiel, peu de temps après que l'Armée lui ait retiré son soutien et après la démission du commandant de la Police. Les militaires ont abandonné Gutiérrez un jour après qu'un photographe chilien soit mort d'un arrêt cardiaque en raison des gaz lancés par la police.

De plus, une femme qui était arrivée à Quito pour soutenir Gutiérrez est morte en descendant du bus, écrasée par un camion de l'armée qui passait par là. La troisième victime est un jeune qui était au second étage du ministère de Bien Etre Social (sic) et qui est tombé quand l'édifice a commencé à prendre feu.

Palacio a passé ses premières heures comme président dans l'édifice du Centre Inter-américain d'Etudes Supérieures de Communication pour l'Amérique Latine (Ciespal) où une majorité de députés a destitué Gutiérrez pour "abandon de poste". Ensuite il s'est rendu au Ministère de la Défense et a parlé de convoquer une consultation populaire et une assemblée constituante "dans le cadre constitutionnel et de la légalité".

Le Parti Roldosista Equatorien (PRE), de l'ex président Abdalá Bucaram, a assuré que celui ci est retourné au Panama aujourd'hui même (4). Emilio Espinoza, haut dirigeant du PRE, a confirmé que l'ex président "était maintenant au Panama" et qu'il avait décidé de retourner dans ce pays parce qu'il "craint une persécution politique" en Equateur (sic).

Bucaram était exilé au Panama durant les huit dernières années et a pu revenir en Equateur après l'annulation des procès pour corruption ouverts contre lui.

Pour sa part, la Maison Blanche n'a pas voulu préciser si les Etats Unis reconnaissait le nouveau président Palacio et a appelé "tous les équatoriens à s'unir pour résoudre le problème de manière pacifique".

La Colombie a réagit prudemment, la ministre des Affaires Etrangères a manifesté que son pays a toujours eu une excellente relation avec son voisin "que nous voulons maintenir", vu que "nous soutenons la démocratie et l'Etat de droit" (5).

Les gouvernements du Brésil et du Vénézuéla –avec la Colombie- ont offert leurs bons offices pour dépasser la crise politique équatorienne au sein de la OEA. Et la Conférence Episcopale Equatorienne a annoncé son soutien au gouvernement de Palacio.

NOTES DU TRADUCTEUR

1- Comme Mesa en Bolivie en 2003, c'est une manoeuvre qui vise à calmer les masses qui demandent qu'"ils s'en aillent tous" (que se vayan todos) (NdT)

2- Comme en Bolivie en 2003, toujours pas réalisée (NdT)

3- Comme en Argentine dans les années 90, on a vu ce que cela a donné (NdT)

4- Une des raisons qui ont déclenché la rebellion populaire était le fait que la Cour Suprême de Justice avait annulé toutes les inculpations de corruption contre Bucaram, ex président renversé également par la population, qui était donc rentré de son exil panaméen. Hier des sources faisaient état d'un mandat d'arrêt contre lui. (NdT)

5- Gutierrez est un allié de la Colombie dans la lutte contre la drogue et les guerillas colombiennes, il a autorisé l'installation de bases militaires des Etats Unis en Equateur, ce qui ne passe pas dans l'opinion équatorienne qui demande le retrait de ces bases. (NdT)

Clarin (Argentine), 21 avril 2005, 18h