kurdes: trouver une solution avant le drame by Morgane Delaisse Thursday, Apr. 21, 2005 at 5:28 PM |
Depuis le 29 mars, 33 kurdes sont en grève de la faim. Mais le Ministre de l'Intérieur, silencieux au début, clame aujourd'hui son incompétence. A ce train-là, on voit mal comment la situation va aboutir.
Le 29 mars dernier, 33 kurdes ont entammé une grève de la faim, principalement à l'église des Minimes, à Bruxelles, mais aussi au Petit Château, à Yvoir et à La Louvière pour demander aux autorités belges de prendre en compte leur demande d'asile. Ces personnnes ont du fuir la Turquie en raison de graves persécutions contre leur peuple et pensaient trouver en Belgique protection et reconnaissance. Après de nombreuses démarches, leurs demandes d'asile sont toujours restées sans réponse. La grève de la faim était pour eux, le dernier espoir de se faire entendre.
Comment a évolué leur situation depuis ce jour? Du côté des médias, leur action commence à prendre de l'ampleur et le public ne reste pas indifférent à la détresse de ces hommes et femmes. Les associations d'aide aux réfugiés ainsi que l'assemblée des voisins leurs apportent soutien et conseils. Par contre, le Ministère des Affaires intérieures est resté muet concernant cette manifestation et n'a jamais répondu aux lettres ni aux demandes de rendez-vous. Interpellé par les journalistes, le Minsitre Patrick Dewael s'est contenté de répeter “qu'il refusait de négocier sous la pression”.
Dimanche 17 avril, un mouvement de soutien en face de l'église a rassemblé grèvistes, public, associations, quelques journalistes et députés. Ce fût l'occasion de faire le point, rappeler les réalités juridiques et proposer de nouvelles solutions. La souffrance des kurdes a été mise en avant ainsi que leur plus grand souhait de trouver un terrain d'entente. Lundi et mardi, certains parlementaires sont venus leur rendre visite et ont essayé de proposer des alternatives. En effet, Joëlle Milquet (CDH) a plaidé pour qu'un médiateur soit désigné le plus rapidement possible. “Nous recevons des nouvelles fréquemment des cabinets CDH et PS. Ils nous promettent d'essayer d'intervenir auprès du Ministre de l'Intérieur mais les choses n'avancent pas ou très peu. On attend.” Selon Huseyin Udal, le porte-parole des grèvistes “il est temps de prendre en main ce problème.”
Aujourd'hui, 24ème jour, les kurdes sont épuisés. Leur état de santé devient préoccupant, voire alarmant pour certains. “Personnellement, je commence à avoir peur pour ces gens, a déclaré Huseyin Udal, plusieurs personnes ont été hospitalisées mais ne recevoient pas de traitement. Les médecins leurs disent, si vous voulez rester, vous mangez, sinon, on ne peut pas vous soigner.” S'ils continuent, les dommages causés à leurs corps pourraient être irréversibles et certains même, risquent leur vies.
Questionné cet après-midi en séance plénière de la Chambre par trois femmes députés (Talbia Belhouari PS, Zoe Genot ECOLO et Joëlle Milquet CDH) Patrick Dewael a soutenu et confirmé sa position quant à cette situation. Selon le Ministre, le problème de ces kurdes “ne relève pas de sa compétence, mais bien de celle des instances indépendantes chargées d'octroyer le statut de réfugié en Belgique. Il est donc impossible d'entammer des négociations, même avec un médiateur”. Dewael a également souligné que “dans un Etat de droit, la grève de la faim était inacceptable comme moyen de pression. Il ne peut pas passer outre les instances compétentes en lesquelles il garde une confiance totale”. Sur le plan juridique, certains ont reconnu qu'il avait raison.
Un peu restrictif le Ministre? Bien sûr, le problème ne se limite pas uniquement à la question de la justice. On peut donc soulever l'insensibilité du Ministre face à une situation humanitaire urgente de toute une communauté. Dans l'état actuel des choses, on voit mal comment tout ceci va évoluer sans devenir dramatique.