arch/ive/ief (2000 - 2005)

Ecoféminisme: Recherchons pour réhabilitation immédiate:SORCIER(E)S (f/m)
by Kullberg Sacha Wednesday, Apr. 20, 2005 at 9:49 PM

Ecofeminisme: Heksen gezocht - In dit artikel gaat Sacha Kullberg verder op een discussie die eind 2003 in DIOGENE(S) begon naar aanleiding van een debat over prostitutie en media. In haar artikel brengt ze een aantal ecofeministische commentaren op de Westerse samenleving bijeen die fundamenteel zijn in de meest positieve zin van het woord. (jpe)

* Recherchons pour réhabilitation immédiate:SORCIER(E)S (f/m)

Dans son texte 'Hekserij versus prostitutie' ('Sorcellerie versus prostitution') - e-DIOGENE(S) n° 57 (sept. 2003) - J.-P. Everaerts propose un nouveau modèle féminin pour filles en quête d'identificati on: la sorcière en haillons plutôt que le modèle ('porno-à-peine-soft' que télé, publicités, journaux, magazines, 'arts',... vomissent en flots continus. Les sorcières comme modèles; entre la chasse aux sorcières et cette réhabilitation, la boucle serait bouclée...

* Petite histoire d¹une persécution européenne

Un petit tour sur le site http://membres.lycos.fr/chassesorcieres/, peut s'avérer utile pour glaner quelques informations bien concrètes sur les sorcières et leur sort, on y apprend e.a. que:

Les premières 'chasses aux sorcières' débutèrent vers le milieu du 15ème siècle, à la toute fin du Moyen-âge. On peut dater plus précisément la première vague de répression, menée par les tribunaux de l'Inquisition, de 1480 à 1520. Mais la plus intense folie meurtrière eut lieu entre 1580 et 1630, et fut menée par des tribunaux séculiers.

En France, il faudra attendre la fin du 17ème siècle pour que cessent définitivement les poursuites. La dernière sorcière à être condamnée en Europe, Anna Goldi, le fut en 1782 en Suisse.

La persécution toucha plus particulièrement les régions comprises entre la Lorraine et la Westphalie, les Alpes et les évêchés Rhénans. L'Italie, l'Espagne, l'Irlande et l'Angleterre verront nettement moins de bûchers, voire, pour l'Irlande, quasiment pas. Ainsi, l'ensemble des pays britanniques connaîtra environ 1800 exécutions, l'Europe du sud 1300, alors que la France et ses voisins condamneront 2725 personnes .... et la Suisse et les pays germaniques 35 000. Il y aura en tout environ 100 000 procès et 50 000 exécutions. Les victimes furent essentiellement des femmes - environ huit "sorcières" pour un "sorcier".

* Un massacre civilisé ?

Beaucoup de féministes, et tout particulièrement les écoféministes voient en la chasse aux sorcières une condition sans laquelle la société industrielle aurait eu beaucoup plus de difficultés à s'imposer.

Dans l'excellent ouvrage 'L'ECOFEMINISME' de Maria Mies et Vandana Shiva (ed. l'Harmattan, 1998), Maria Mies écrit dans son essai 'Le dilemme de l'homme blanc: en quête de ce qu'il a détruit':

"(...) la chasse aux sorcières en Europe ne fut pas, comme on le suppose habituellement, le résultat d'un Moyen-Age sombre et superstitieux, mais il fut contemporain du début d¹un Age nouveau, de modernité, l'ère des découvertes et des inventions, de la science et de la technologie modernes.

Ce massacre collectif de femmes n'a de parallèle dans aucune des sociétés dites non civilisées en Afrique, en Asie ou en Amérique du Sud. (...) cette orgie de violence fut le fondement sur lequel la science moderne, la médecine, l'économie et l'Etat moderne ont été construits. C'est le grand mérite de Carolyn Merchant (1) d¹avoir démontré le lien direct entre la torture des sorcières et l'avènement de la nouvelle méthode scientifique empirique: la destruction de l'intégrité à la fois du corps féminin et du corps de la nature. Tous deux devaient devenir de simples sources de matières premières pour l'ascension du mode de production capitaliste. Une relation violente semblable fut établie entre les états centraux et les colonies d¹Asie, d'Amérique du Sud et d'Afrique. Ce n'est qu'après avoir tué les sorcières, 'les femmes mauvaises', qu'une nouvelle image de la 'femme bonne' pouvait émerger aux dix-huitième et dix-neuvièmes siècles. Il s'agissait de l'image de la femme insipide, sentimentale, faible, opprimée, une femme dépendant d'un pourvoyeur et de l'Etat.

Ce nouvel idéal de féminité, basé sur les femmes de la classe bourgeoise, était nécessaire pour la nouvelle division sexuelle et sociale du travail, la division entre production et reproduction, entre production et consommation, entre travail et vie, sans laquelle le capitalisme n'aurait pu prendre son envol." (p. 167-168)

* La civilisation occidentale, un histoire de colonisations

Dans un autre essai du même livre - "La recherche féministe: science, violence et responsabilité" - M. Mies affirme:

"Les femmes, la nature et les peuples et pays étrangers sont les colonies de l'Homme blanc. Sans leur colonisation, c'est-à-dire la subordination dans le but d¹une appropriation prédatrice (exploitation), la fameuse civilisation occidentale n'existerait pas, ni son paradigme de progrès et ni surtout ses scien ces naturelles et sa technologie (2). (...)

Cette thèse est corroborée par une série de travaux féministes sur l'histoire de la science moderne qui ont mis en pièces le mythe patriarcal d'une science pure prétendument asexuée, objective et impartiale et de l'innocence de ses praticiens, principalement masculins (3).

Carolyn Merchant a démontré de manière particulièrement convaincante dans son livre 'The Death of Nature' (op. cit. 1983) que les sciences modernes, en particulier la mécanique et la physique, sont basées surtout sur la destruction et la subordination de la nature en tant qu'organisme vivant - organis me de fait conçu comme féminin - et qu'à la fin de ce processus la nature n'est plus considéré que comme matière brute morte, disséquée en ses plus petits éléments et ensuite recombinée par le grand ingénieur (blanc) en de nouvelles machines qui obéissent totalement à sa volonté. Merchant montre que cette nouvelle domination de la mère-terre s'accompagna nécessairement de violence.

C'est Francis Bacon - (homme d'Etat et philosophe anglais, Londres 1561-1626, SK) un nouveau père de cette science naturelle - qui a appelé à la subordination, la suppression et même la torture de la nature, pour lui arracher ses secrets, ce qu'on peut mettre en parallèle avec la chasse aux sorcières qui se déroula aussi aux seizième et dix-septième siècles."

* La civilisation occidentale, une histoire de subordinations

En laissant de côté quelques instants le sujet des sorcières pour suivre la réflexion de Maria Mies et Verdana Shiva, nous découvrons avec elles où cette nouvelle logique - inauguré par la chasse aux sorcières - a fini par nous emmener aujourd'hui. Dans le premier chapitre de leur livre - "Pourquoi nous avons écrit ce livre ensemble" - elles expliquent:

Le système mondial du capitalisme patriarcal s'est construit et se maintient par la colonisation de femmes, de peuples 'étrangers' et de leurs terres; et de la nature qu'il détruit graduellement. (...) Nous avons vu que l'impact de désastres et de détériorations écologiques frappait plus durement les femmes que les hommes, et aussi que partout, les femmes étaient les premières à protester contre la destruction de l'environnement. (...) ensemble avec beaucoup de femmes, nous avons commencé à entrevoir le lien étroit entre la relation d¹exploitation et de domination de la nature par l'homme (mise en place par la science moderne réductionniste depuis le 16e siècle) et la relation d'exploitation et d'oppression des femmes par les hommes qui prédomine dans la plupart des sociétés patriarcales, même dans les sociétés modernes industrielles. (...)

(...) le patriarcat capitaliste ou la civilisation 'moderne' est fondée sur une cosmologie et une anthropo logie qui dichotomisent structurellement la réalité, et opposent les deux parties l'une contre l'autre dans un rapport hiérarchique: l'une est toujours considérée comme supérieure, se développant et progres sant toujours au dépens de l'autre. Ainsi, la nature est subordonnée à l'homme, la femme à l'homme, la consommation à la production; et le local au global etc.(...)

Depuis les écrits de Hobbes (1588-1679), la société a été conceptualisée comme une assemblée d'atomes sociaux activés par des intérêts antagonistes. La théorie économique moderne considère l'intérêt personnel comme le stimulant de toute activité économique. Plus tard, Darwin (1809-1882) a 'découvert' un principe semblable dans la nature. En conséquence, les symbioses et les connexions qui entretiennent et maintiennent la vie sont ignorées, l'évolution naturelle et la dynamique sociale sont perçues, toutes deux, comme impulsées par une lutte constante du plus fort contre le plus faible, par une guerre constante.

Une telle vision du monde milite contre la valorisation du potentiel enrichissant de la diversité des vies et des cultures qui est vécue au contraire comme une source de division et une menace. Les tentati ves pour joindre les parties atomisées conduisent uniquement à la standardisation et l'homogénéisati on par élimination de la diversité et des différences qualitatives. (...)

(...) la science et la technologie patriarcales ne se sont développées qu'après que ces femmes (les sorcières) aient été assassinées, détruisant en même temps leurs connaissances, leurs sagesse et leur relation étroite avec la nature. "(p.15-30)



* La science: une barrière arbitraire entre le 'spécialiste' et le 'non spécialiste'

Dans le deuxième chapitre - "Réductionnisme et Régénération, une crise en science" - Vandana Shiva (elle-même physicienne nucléaire) poursuit:

"La science moderne est présentée comme universelle, comme un système de connaissance neutre par rapport aux valeurs, qui par la logique de sa méthode prétend arriver à des conclusions objectives sur la vie, l'univers et à peu près tout. Ce courant dominant de la science moderne, le paradigme réductionniste ou mécanique, est une projection spécifique de l'homme occidental qui trouve son origine au cours des quinzième et dix-septièmes siècles où il est célébré avec enthousiasme comme Révolution scientifique. Récemment, cependant, des études (4) tiers-mondistes et féministes ont commencé à révéler que ce système dominant a émergé comme force libératrice, non pas pour l'humanité toute entière (bien qu'il se légitime lui-même en terme de bénéfices universels pour tous), mais comme une projection occidentale, masculinisante et patriarcale qui implique nécessairement l¹assujettissement à la fois de la nature et des femmes.

La caractéristique essentielle de cette domination et de cet assujettissement est la barrière arbitraire entre la 'connaissance' (le spécialiste) et 'l'ignorance' (le non spécialiste). Cette barrière fonctionne avec efficacité pour exclure du domaine scientifique la prise en considération de certaines questions vitales se rapportant à l'objet de la science, ou à certaines formes de connaissances non-spécialisées. (...)
Je caractérise la tradition épistémologique particulière de la 'révolution scientifique' du patriarcat occidental moderne comme 'réductionniste' pour les raisons suivantes:

1) elle réduit la capacité des êtres humains à connaître la nature en excluant tant les autres 'connais sants' que d¹autres moyens de connaissance;

et 2) en manipulant la nature comme une matière inerte et fragmentée, elle réduit sa capacité de régénération et de renouvellement. (...)

(...) le réductionnisme est une réponse aux besoins d¹une forme particulière d'économie et d'organisa tion politique. (...)

Le capitalisme commercial est basé sur une production spécialisée de marchandises, c'est pourquoi il exige l'uniformité dans la production, et l'usage uni-fonctionnel des ressources naturelles. Ainsi le réductionnisme réduit des écosystèmes complexes à un composé unique, et un composé unique à une fonction unique. De plus il permet de manipuler l'écosystème de manière à maximaliser la fonction unique, le composé unique. (...) la forêt est réduite à du bois commercialisable, et le bois à de la fibre cellulosique pour l¹industrie de la pulpe et du papier. Les ressources des forêts, de la terre et les ressources génétiques sont alors manipulées pour augmenter la production de pâte à papier à partir du bois. (...) La sylviculture 'scientifique' et le 'développement' des forêts violent et détruisent ainsi la vie et la diversité de l'écosystème. Et dans ce sens le réductionnisme scientifique est à la racine de la crise écologique grandissante (...).

La métaphore réductionniste et mécaniste crée simultanément la mesure de la valeur et les instru ments de l'annihilation de ce qu'elle considère sans valeur. Elle crée la possibilité de coloniser et de contrôler ce qui est libre et auto-générateur. Le développement technologique passe de ce qu'il a déjà transformé et épuisé à ce qui est encore demeuré vierge.

C'est dans ce sens que la semence et le corps des femmes, en tant que sièges du pouvoir régénéra teur sont, aux yeux du patriarcat capitaliste, parmi les dernières colonies (2). Ces sièges de régénérati on créatives sont transformés en sites 'passifs' où l'expert 'produit' et ajoute de la valeur. La nature, les femmes et les peuples non blancs procurent simplement le matériau 'brut'. (...)

La rupture des cycles naturels de croissance devient la source de croissance du capital parce que le principe qui sous-tend la collecte de données pour les comptabilités nationales, comme l'a souligné Marilyn Waring (5), consiste à exclure les données relatives à la production quand le producteur est en même temps le consommateur.

'L'activation' de ce qui a été, ou de ce qui est interprété comme 'passif' dans la perception patriarcale, devient alors l'étape la plus significative dans le renouvellement de la vie. Surmonter son aliénation envers les rythmes de la natures et les cycles de renouvellement et y participer consciemment devient la source la plus importante de cette activation. (...)

Cette recherche et cette expérience d'interdépendance et d'intégrité sont la base pour créer une science et une connaissance qui entretiennent les systèmes durables de la nature plutôt que de les violer.' (p. 37-49)

Il y a du boulot pour les sorcières et sorciers !

Sacha Kullberg

(1) "The Death of Nature, Women and the Scientific Revolution", Harper & Row, San Francisco, 1983)
(2) Mies M., Werlhof C. & Bennholdt Thomsen, "Frauen, die Letzte Kolonie", Rororo Technik un Politik, n° 20, Rowohlt Verlag, Reinbek, 1983. (Version anglaise: "Women, The Last Colony", Zed Books, Londres, 1988)
(3) - Griffin, "Women and Nature: The Roaring Inside Her": Harper Colophon Books, New York, 1978. - Merchant Carolyn, op. cit. 1983 - Fox Keller Evelyn, "Reflections on Gender and Science", Yale University Press, New Haven, CT 1985.
(4) Alvares Claude, "Decolonizing History", The Other India Book Store, Goa, 1992
(5) Waring, M., "If Women Counted", Harper & Row, 1989; réédité sous le titre "Counting for Nothing - What Men Value and What Women Are Worth", University of Toronto Press Incorporated, 1999.

religion et philosophie
by Dominique Thursday, Apr. 21, 2005 at 12:36 AM

Texte très intéressant qui comporte de nombreux parallèles avec l'évolution de la religion et de la philosophie en occident.

Åke Ohlmarks et Berndt Gustafsson dans "Svenskarnas religion" décrivent l'évolution de la religion depuis la fin des glaciations jusqu'à nos jours. L'époque de l'Antiquité correspond à une révolution, celle de l'apparition simultanée du patriarchisme, des religions de domination, de l'esclavage et de la guerre organisée (dont le but premier était de se fournir en esclaves).

Cette transition des religions de la fécondation aux religions de domination se marquât par le passage dans la société du matriarcat au patriarcat. Ce passage s'accompagna par une chute sans précédent du status des femmes dans la société qui se retrouvèrent réduites au rang d'accessoires de harem. Leur vengeance fut l'apparition dans l'histoire d'un nouveau personnage: le cocu.

Une nouvelle philosophie apparut également, philosophie dont Platon fut l'architecte et sur laquelle repose presque toute la pensée occidentale actuelle.
Il adoptât le dogme de l'opposition de l'ordre et du chaos comme base de sa philosophie. quelques siècles plus tard ce dogme devînt, dans la bible, celui de l'immuable conflit du bien et du mal.

Ces dogmes quasi identiques permirent deux choses:
1) une hiérarchie entre dieu, l'ordre ou le bien absolu, le reste de la création ou chaos ou mal, et l'homme au milieu..

Cette première hiérarchie permet à elle seule de comprendre l'origine du mépris occidental pour l'environnement, lequel n'est intéressant que quand nous pouvons en tirer quelque chose, de préférance un gain matériel.

2) une hiérarchie entre les êtres humains dont certains se retrouvèrent plus près des dieux que les autres. Plus égaux que les autres disait l'ami Coluche.

La femme elle se retrouvât à peu près au rang du cochon.

La première démocratie de l'histoire, Athêne, était en fait une olygarchie esclavagiste. Les démocraties à l'occidentales ne sont pas mieux. Rien que le fait que la faim et la malnutrition tue chaque année 30 à 40 milions de personnes alors que d'après l'ONU (PNUD) il y a assez à manger pour tous suffit pour condamner un système qui permet ainsi que la nourriture disponible reste l'apannage des riches qui préferre la jeter plutôt qu'en faire profiter les pauvres gens.

Et s'il n'y avait que la bouffe qu'ils ne partageaient pas.

Le principal point commun de la grèce antique seule véritable civilisation qui excluait toutes les autres pour mieux les asservir et nos démocraties occidentales et le racisme.

Ce racisme est contenu en germe dans les deux hiérarchies exposées ci-dessus. Il en découle un manque total de respect pour tout ce qui est considéré comme inférieur, que ce soit l'environnement, symbolisé par le chaos, ou de l'autre, éloigné du seul vrai dieu.

Ce sentiment d'éloignement de l'autre est renforcé par la certitude d'appartenir à la seule véritable civilisation qui elle aussi exclu toutes les autres.

Il était en effet tout autant insoutenable moralement de prendre hier son égal comme esclave que cela l'est aujourd'hui de bombarder son égal pour lui piquer ses richesses. Dans les deux cas il faut commencer par le rabaisser.

Le procédé est le même avec la femme. Son corps symbolise le péché, tout chrétien vous le dira et il semble que cela soit la même chose avec l'Islam d'aujourd'hui.