SHAPE impénétrable mais un beau succès by Morgane Delaisse Sunday, Apr. 17, 2005 at 9:18 AM |
Vivre l'action comme un "bomb spotter", telle était ma démarche samedi en partant en reportage pour Indymedia.
10h30: rendez-vous dans l'îlot de la Grand Place à Mons. Une trentaine de participants s'y sont regroupés pour le briefing, la signature d'engagement et les dernières consignes. La plupart sont des habitués mais il y a aussi quelques novices. En tout cas, tous sont motivés pour une grande aventure de 5 heures. Cette année encore, les organisateurs insistent sur la non violence. La presse "traditionnelle" est là aussi. "Je crois que c'est la première fois que notre manifestation est aussi médiatisée", me confie une participante.
11h00: les groupes de Mons s'en vont, certains avec une échelle de corde et un tapis. Nous partons en groupe de 4 vers Maisières, lieu de rassemblement pour l'action du SHAPE, et nous continuons notre chemin à pied. Très vite, il faut couper par les bois sous peine d'être déjà arrêtés au milieu de la grand route. Continuant le périple à 3, nous cherchons à nous rapprocher au maximum de la base militaire sans nous faire repérer. La forêt est truffée de combis, l'hélicoptère passe et repasse au-dessus de nos têtes. Plus on s'approche des grillages, plus la menace de l'arrestation se fait sentir! Et oui, à moins de 10 mètres des barbelés, impossible de nous râter.
12h30: tout se passe sur le ton de la rigolade. Les policiers qui nous emmènent sont les premiers à constater la démesure de l'effectif des forces de l'odre aujourd'hui. Ils sont partout; présents à peu près tous les 5 mètres aux alentours de la base. Après fouilles, notre groupe se fait embarquer, direction le centre de détention. Notre arrestation, administrative, devrait rester sans suite juridique.
13h45: arrivée au centre de détention. Trempés, nous attendons les autres manifestants qui arrivent au compte goutte toute l'après-midi. Au total, 150 personnes sont arrêtées pour +/- 1000 policiers et militaires. Fatigués et morts de froid, nous reçevons à manger et à boire et le moral revient. Si l'événement de samedi semblait "peu porteur" selon les termes des policiers, il aura au moins lancé le débat entre citoyens et forces de l'ordre. Une discussion certe pas facile mais pleine de sens à propos de l'arme nucléaire bien sûr, mais aussi de la politique, de l'éducation, de notre rôle de consommateur et d'acteur dans la société... Vison utopiste de certains versus fatalisme d'autres.
16h30: les policiers commencent à libérer les bomb spotters. On nous ramène en car sur la place de Maisières. A 17h00, débriefing et soupe chaude dans la salle l'Union. Organisateurs et participants sont plutôt contents. Tout s'est déroulé sans encombre même si personne n'a réussi à rentrer dans le SHAPE. "Heureusement que beaucoup de jeunes sont présents aujourd'hui, le combat continue pour eux" me soufflera encore une manifestante. Les groupes de Gand, Courtrai, Dixmude et Mons prennent le chemin du retour et c'est avec l'espoir d'un monde pacifique que chacun et rentré chez lui.
Notes: je devais publier des images avec mon article. Pendant la fouille sur le terrain, des policiers ont enlevé les piles de mon appareil photo et elles ne m'ont pas été restituées à la sortie. Je n'ai pu donc prendre de photos pour vous.