arch/ive/ief (2000 - 2005)

stop aux rafles en région liégeoise !
by CRACPE Friday, Apr. 15, 2005 at 4:04 PM

Le CRACPE dénonce les arrestations de sans-papiers opérées à Liège ce lundi sous prétexte de la lutte contre les "marchands de sommeil".

Ce lundi 11 avril, pas moins de 180 policiers accompagnaient des agents du service de logement de la Région wallonne, du service d'hygiène de la Ville, du service d'incendie, et de l'Office des Etrangers afin d'investir 7 immeubles de la Cour Saint-Remacle à Liège. Objectif officiel et communiqué aux médias: la lutte contre les "marchands de sommeil" qui louent des logements insalubres, exploitant leurs occupants.

Au fil des jours, les informations se recoupent et nous amènent à dénoncer une opération qui a en fait  comme conséquence principale l'arrestation de personnes en séjour illégal et la privation de logement pour des personnes ("légales" ou "illégales"...) qui vivent dans la précarité.

En effet, il s'avère qu'une  partie des logements perquisitionnés ne sont pas des logements insalubres, mais des logements accessibles à moindre coût à des personnes qui n'ont pas d'autre choix. D'autre part, 24 personnes en séjour illégal ont été interpellées.  Toutes ont reçu un ordre de quitter le territoire et plusieurs ont été emmenées dans différents centres fermés pour étrangers en vue de leur expulsion:  centre 127 bis , centre fermé de Vottem, centre fermé de Bruges. Au 127bis, c'est une famille albanaise avec deux petits enfants nés en Belgique qui a été incarcérée avec expulsion programmée pour ce mercredi. L'expulsion n'a pas eu lieu, grâce aux démarches de l'avocat de la famille: plusieurs recours étaient toujours pendants pour leur droit au séjour!

 

Il nous semble clair qu'une opération ayant pour but le contrôle de la salubrité des logements et la lutte contre les "marchands de sommeil" ne nécessite aucunement la présence de 180 policiers et de l'Office des Etrangers. Leur présence montre clairement un tout autre objectif: la recherche de personnes en séjour illégal en vue de leur expulsion, autrement dit une véritable "rafle", opérée  en collaboration avec les autorités communales!

 

Le CRACPE souhaite bien sûr que l'on poursuive les "marchands de sommeil". Avec d'autres associations, il revendique le droit à un logement décent pour tous. Mais nous n'acceptons pas qu'au nom de la lutte contre des exploiteurs, ce soit les victimes qui sont pénalisées. Lors de la première opération de ce genre, dans le quartier Ste Marguerite, le 14 mars,  on avait proposé aux victimes une aide dans le cadre des dispositions légales contre la traite des êtres humains. Un peu d'humanité donc cette fois là, sans doute pour faire accepter ce type d'opérations... Aujourd'hui, les victimes sont renvoyées purement et simplement aux persécutions et à la misère de leurs pays d'origine.

 

Ces personnes vivent pour la plupart en Belgique depuis plusieurs années, leurs enfants fréquentent nos écoles. Leur séjour n'est pas régularisé à cause d'une politique de plus en plus restrictive qui limite l'accès au séjour en Belgique. Pourtant ce sont des pans entiers de notre économie qui profitent de leur travail "clandestin" comme en témoigne le récent rapport de la cellule "Traite des êtres humains" du Centre pour l'égalité des chances (voir la presse ce 14 avril) : agriculture, petites entreprises textiles et autres, HORECA, construction. Hypocrisie d'une politique gouvernementale qui en  refusant l'accès au séjour et en ne délivrant pas de permis de travail soutient cette exploitation clandestine.

 

Pour les milliers de personnes en séjour illégal en Belgique, victimes des "marchands de sommeil" et des patrons de réseaux de travail clandestin, nous pensons que plus que jamais un autre choix politique s'impose,  LA REGULARISATION!  Le CRACPE s'associe dans cette revendication à l'UDEP, Union de défense des sans papiers qui existe aujourd'hui à Liège,Verviers et Bruxelles.