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Racisme et colonialisme : la fable de l’Inca et de l’Arabe
by Monsieur Y Thursday, Apr. 14, 2005 at 2:16 AM

J’écris cette petit fable pour exprimer mon écoeurement face au racisme ambiant qui règne en Europe de l’Ouest.



Supposons un moment que l’Empire Inca se soit tellement développé et étendu qu’il ait pu envoyer de par les mers de nombreux vaisseaux afin d’explorer les autres continents. Soutenu largement par des dirigeants religieux locaux avides de pouvoir, d’argent et d’influence sur toujours plus de sujets, ils débarquent en Europe de l ‘Ouest, se mettent à dénigrer les systèmes socio-politiques qui y règnent, largement basé sur une culture ancestrale qui aura fourni notamment une échelle numérique utilisée par de nombreuses régions du monde, ainsi que des dirigeants très intelligents.

De par leur supériorité militaire, économique et numérique, mais aussi sans scrupules aucun comparé aux dirigeants locaux, ils se mettent à subvertir toute la région et à progressivement administrer sous des formes de protectorat notamment de grands territoires englobant la Belgique, la France, l’Espagne, les Pays-Bas, l’Allemagne, la Suisse et l’Italie. Les populations sont progressivement réduites en esclavage, et produisent tout ce qu’il faut à l’économie Inca et sont ainsi transportés à travers l’Atlantique vers l’Amérique du Sud, où les dirigeants locaux sont particulièrement fiers de leur culture, de leur domination en enseignant que « Notre Empire est si bon et apporte la prospérité en Europe Occidentale.

L’Empire Inca commence à se morceler progressivement et de nombreuses guerres internes dévastent l’Amérique du Sud. Des tribus autoritaires s’attaquent aux plus tolérantes et ces dernières font appel aux peuples colonisés pour empêcher qu’un « Empire Inca de 1000 ans » s’établisse en Amérique du Sud, avec l’appui des dirigeants religieux qui avaient voulu convertir les peuples colonisés à leur croyance.
Les tribus tolérantes gagnent la guerre, mais elles demandent aux peuples colonisés d’Europe de venir « aider à la reconstruction ». C’est ainsi que les chefs de ces tribus décident progressivement de créer un Espace Politique et Economique « de prospérité » où les immigrants venus d’Europe travaillent dans des conditions épouvantables, alors que les patrons s’allient avec les dirigeants pour renforcer cet état de fait. Pendant ce temps, les colonies d’Europe se libèrent progressivement du joug Inca, mais sont rapidement rétablis dans une relation de dépendance économique, politique et militaire. Quelques Etats particulièrement obscurantistes décident de poursuivent la politique colonialiste de l’Empire Inca, car dirigés par des personnes de la même origine idéologique et se réunissant régulièrement pour discuter de la ressource essentielle de la région : l’or. Des guerres éclatent au sein de toute la région, les habitants sont largement dégoûtés par les politiques alignées sur celle de l’Empire Inca, et voient leur économie trop tournée vers l’Amérique du Sud, au lieu de voir l’or et d’autres pans de l’économie nationale administrés par des dirigeants plus soucieux de leur population.

Alors que l’Empire Inca continue de subvertir les derniers pays peu enclins à suivre leur politique, les populations immigrées d’Amérique du Sud se révoltent ponctuellement dans les grandes villes, parfois de concert avec des mouvements pacifistes et anti-impérialistes que les dirigeants accuseront de faire dans l’anti-Inca primaire. Les Européens immigrés se retrouveront de plus en plus parqués dans des ghettos car « trop gênants » et trop peu soucieux de s’intégrer. Des agressions ont lieu, bien souvent parce que les Européens ne supportent plus le racisme ambiant et les discriminations dont ils font preuve, notamment dans le monde du travail, mais globalement dans la vie de tous les jours. De braves gens n’hésitent pas à essayer de comprendre ce qu’il se passe, et en concluent que les Européens immigrés n’acceptent d’avoir travaillé (ou leurs parents) pour la reconstruction du continent Inca que les Sud-Américains ont eux-mêmes détruits, et puis de se voir de plus en plus rejetés par les habitants de la région pour les quelques agressions dont l’origine est bien souvent la tension résultant de la géopolitique actuelle.
Malheureusement pour les populations immigrées, un petit groupe issu de la même région a décidé de s’attaquer aux intérêts des Incas en Amérique du Sud et ailleurs, car ne supportant plus l’occupation Inca en Europe. Ce groupe est bien souvent composé de riches notables n’ayant aucune sensibilité sociale et réellement anti-impérialiste, mais tente de récupérer les jeunes Européens dans leur « croisade ». Les Latinos dénoncent cette réaction et n’hésitent pas à assimiler tous les Européens à ce groupe en prenant des décisions qui ne font que renforcer les tensions, tout en ne stoppant pas l’occupation, et en la prolongeant par des moyens hypocrites tels que la tolérance, la laïcité, la démocratie, les droits de l’homme.

Je doute très fort que les Européens auraient aimé vivre tout cela, et peut-être que la comparaison entre cette fiction et la réalité du monde Arabe n’est pas parfaite, mais j’écris cette petit fable pour exprimer mon écoeurement face au racisme ambiant qui règne en Europe de l’Ouest. On peut ne pas aimer être agressé, mais trop peu de gens comprennent encore maintenant que les populations Arabes sont largement dégoûtées de ce qu’il se passe dans le Monde Arabe, toutes les guerres et les discours islamophobes (notamment autour du terrorisme et du voile) et qu’il y a bien importation en Europe des évènements qui se déroulent au Moyen-Orient. Ces tensions résultent avant tout du mépris qu’il y a pour les populations Arabes, mais aussi et surtout pour l’éternelle subversion qui se déroule dans cette partie du monde. Il est malheureusement encore bien compliqué pour les Européens de comprendre que les populations Arabes immigrées qui vivent dans nos régions voient ce qu’il se passe là-bas et ne peuvent plus supporter l’inaction ou même la collaboration de nos gouvernements, et la mauvaise réaction de nos populations qui n’y voient qu’une « bande de terroristes prêts à mettre tout à feu et à sang » alors qu’ils ne veulent qu’une chose : qu’on les laisse en paix. Tant qu’on n’aura pas compris cela, il sera impossible de sortir du cercle vicieux dans lequel nous sommes. Ne nous laissons pas impressionner par les gens qui nous parlent tout le temps de terrorisme. Celui-ci était beaucoup moins présent dans les années 70 alors que le Monde Arabe souffrait déjà beaucoup. Nous savons tous que ce sont les Administrations américaines des années 70, 80 et 90 qui ont aidé le terrorisme à se développer, notamment pour contrer « la menace soviétique ». Une lecture plus lucide de l’histoire et de l’actualité nous aidera à mieux comprendre le sentiment et le ressentiment du monde Arabe face à l’Occident et nous fera rejeter les mauvaises réactions racistes que trop de gens ont encore l’habitude de prôner.