arch/ive/ief (2000 - 2005)

Tuer Chávez ?
by Ignacio Ramonet Friday, Mar. 25, 2005 at 1:23 PM

Roger Noriega, le sous-secrétaire de l'Etat nord-américain pour l'Amérique latine, a déclaré le 13 février dernier, sur la chaîne CNN en espagnol, que l'acquisition par le gouvernement du président du Venezuela Hugo Chávez, d'un lot de 100 mille fusils d'assaut AK-47 et de 40 hélicoptères auprès de la Russie « est un motif de grande préoccupation pour nos alliés en Amérique latine, ainsi que pour le peuple vénézuélien ». Il a ajouté : « le réarmement du Venezuela est très préoccupant ». En janvier déjà, la nouvelle secrétaire d'Etat, Condoleeza Rice, avait accusé Hugo Chavez d'exercer « une influence déstabilisatrice en Amérique latine ». Et le président Bush lui-même, en décembre 2004, avait insisté sur le fait que ces achats d'armes « devraient être un motif de préoccupation pour les Vénézuéliens ».


Le Venezuela, l'un des principaux fournisseurs d'hydrocarbures des Etats-Unis, a démenti d'avoir engagé une course à l'armement, et a rappelé que Washington refuse de lui vendre les pièces pour ses avions de chasse F-16, ce pourquoi Caracas pense à acheter des avions Mig à la Russie, et des Toucan au Brésil.

Mais cette nouvelle offensive verbale confirme la volonté étasunienne d'attaquer le président Chavez. Sa nette victoire électorale au référendum révocatoire du 15 août 2004 a démontré qu'il compte sur l'appui majoritaire des citoyens. Chose qui s'est reproduite lors des élections régionales du mois d'octobre dernier. Aucune manoeuvre sale, ni même la tentative de coup d'Etat d'avril 2002 appuyée par Washington, n'est parvenue à freiner le projet de transformation sociale, dans un cadre de démocratie et de liberté, qu'est en train de mettre en place Hugo Chavez. Et sa réussite personnelle, au Forum social de Porto Alegre, où plus de quinze mille jeunes enthousiastes ont acclamé son discours, l'a transformé en la figure de proue de toute la gauche latino-américaine.

Raison plus que suffisante pour que les faucons de Washington accentuent leurs pressions contre lui. Ils n'ont pas encore placé le Venezuela parmi les « six bastions de la tyrannie mondiale », mais l'on voit bien qu'il est déjà en tête de la liste d'attente. Et même s'ils ne s'aventurent pas encore à utiliser contre Caracas l'argument maintenant classique de posséder « des armes de destruction massive », on voit déjà comment ils sont en train d'essayer de transformer, par le biais d'une offensive de propagande médiatique, un lot d'armes légères en un « danger pour la sécurité de l'hémisphère »...
Il faut craindre que la prochaine étape soit le crime d'Etat, l'assassinat d'Hugo Chavez. Le vice-président vénézuélien, José Vicente Rangel a montré des photographies qui prouvent l'existence à Homestead, en Floride, d'un camp d'entraînement de paramilitaires destinés à s'infiltrer au Venezuela, et qui agissent sans être inquiétés par les autorités étasuniennes. Certains de ces terroristes agissent déjà en territoire vénézuélien. La preuve : le 2 mai de l'année dernière, a été arrêté dans les environs de Caracas un groupe de 91 paramilitaires colombiens, liés à la CIA, dont l'objectif principal était de tuer Chavez. Le chef du groupe, José Ernesto Ayala Amado « commandant Lucas » a admis, selon ses propres aveux, que sa mission consistait à « couper la tête de Chavez ».

Dans les files de l'opposition, on pousse au choix du magnicide. Le 25 juillet 2004, en plein débat sur le référendum révocatoire, l'ex-président Carlos Andrés Pérez, dans un entretien publié dans El Nacional, journal de Caracas, n'a pas hésité à avouer : « Je travaille pour renverser Chavez. La violence nous permettra de le renverser. Chavez doit mourir comme un chien ».
Un autre opposant, Orlando Urdaneta, le 25 octobre 2004, sur la chaîne 22 de Miami, a donné l'ordre, en direct, aux siens de passer à l'acte : "L'unique solution pour le Venezuela est d'éliminer Chavez : une personne avec un fusil et une mire télescopique, et c'est bon ».
Le récent assassinat du procureur Danilo Anderson est la preuve qu'il ne s'agit pas que de mots. Et que des faucons de l'envergure de Georges W. Bush, Condoleezza Rice et Roger Noriega reprennent maintenant, à leur tour, ces menaces est un signe indéniable que le projet de tuer Chavez est en marche. Il est temps de le dénoncer pour les dissuader de le mener à bien. Dans le cas contraire, par les veines ouvertes de l'Amérique latine, couleraient à nouveau des rivières de sang.

Traduction : Isabelle Dos Reis,
pour RISAL (http://risal.collectifs.net).




le venezuela nécessite un soutien international
by rendem Sunday, Mar. 27, 2005 at 4:27 PM

La situation du Venezuela et de son président Chavez est en effet très préoccupante. Alors que l'opposition interne semble s'être affaiblie et disloquée ensuite du referendum révocatoire, la pression extérieure, elle, reprend vigueur. Les constats évoqués dans l'article de M. Ramonet en attestent. (Lire notamment l'article de M. Lemoine, "Menaces sur le président vénézuélien", à l'adresse suivante: http://www.monde-diplomatique.fr/index/pays/venezuela)

Maintenant que Chavez radicalise dans une certaine mesure son discours et sa politique sociale, les menaces sont graves; n'a-t-on rien appris de l'histoire? On pense évidemment au Chili, mais également à la tentative de coup d'Etat d'avril 2002, toutes deux orchestrées ou à tout le moins appuyées par les Etats-Unis, dont les visées impérialistes ne sont plus à prouver.

Nous devons appeler à un soutien international au président Chavez, relais du moteur, si pas d'un mouvement de réforme ou de révolution en Amérique latine, d'un modèle social alternatif et nourisseur d'espoirs.

N'oublions pas que la démocratie n'est jamais qu'un acquis fragile et sans cesse soumis aux appétits voraces du marché et de ses promotteurs.

Soutien mondial à Chavez
by Nellas Thursday, Mar. 31, 2005 at 12:53 PM

Entièrement d'accord. Peut-être qu'une publicité maximale autour de ces menaces, leur donner le plus de bruit et de diffusion possible, fera reculer les assassins... peut-être.

Il serait facile aussi de contrer la grossière propagande étasunienne : ils clament haut et fort vouloir défendre la démocratie et la liberté partout dans le monde. Quoi de plus démocratique que l'élection de Chavez, porté au pouvoir deux fois de suite par une incontestable majorité, lui! A opposer aux accusations de fraudes répétées déposées par des citoyens de Floride et de l'Ohio, suite à l'élection de G.W. Bush (source : http://www.michaelmoore.com).

Si les dirigeants étasuniens prétendent défendre la démocratie, qu'ils commencent par respecter le verdict des urnes. Mais ils n'ont probablement pas le courage d'affronter leur véritable visage, celui de la cupidité, de la violence, de l'abus de pouvoir, mais surtout du mensonge. Mensonge aussi arrogant et nauséeux que ceux des dictatures du 20e siècle, hitlérienne et stalinienne (pour ne citer que les plus évidentes). Mensonge qui s'étale jusqu'à l'écoeurement, jour après jour après jour, sur tous nos médias.

Traitons-les de ce qu'ils sont : des menteurs. Braquons un maximum de lumière sur leurs manigances. Et soutenons sans faille et sans répit les hommes comme Chavez et leurs initiatives constructives et porteuses d'espoir non seulement pour l'Amérique du sud, mais pour le monde entier.