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Sommet européen: une stratégie de séduction?
by Morgane Delaisse Thursday, Mar. 24, 2005 at 5:10 PM

Ces 22 et 23 mars, les chefs d'État et du gouvernement se sont rassemblés pour un Sommet de printemps à Bruxelles. Pour eux, ce fût l'occasion de s'attarder à la directive Bolkestein et à la stratégie de Lisbonne, larement contestées notamment lors de l'Euro-manif du 19 mars à Bruxelles

A qui profite la révision?
Ces deux jours de discussions ont permi d'aboutir à un accord de révision complète de la directive Bolkestein. Jacques Chirac a exercé une pression forte pour modifier ce texte et fût rapidement suivi par ses collègues. Les dirigeants ont mis en avant le respect de l'Europe sociale. Les droits sociaux originaux seront respectés dans chaque pays; pas question d'un nivellement par le bas. Nos sociétés sont et doivent rester des modèles en matière de droits sociaux nationaux. Mais derrière ses promesses, le couplet sur la libéralisation des services a été de nouveau entonné.

Les syndicats saluent cet engagement mais sans vraiment savoir ce que sera le nouveau texte. Selon Roland Dewulf de la CSC “Bolkestein donnait une mauvaise image de l'Europe. La mobilisation du 19 a montré que la pression syndicale de masse est utile. Ce sont les 70 000 manifestants qui ont permi ce succès et, je l'espère, la victoire d'une Europe sociale.” La FGTB tient à rester prudente car “le terme relecture en profondeur nous paraît peu clair”. Selon Jean-François Macour “Nous ne pourrons nous contenter que d'une modification fondamentale. Seul l'avenir nous dira si le Conseil européen tiendra ses engagements mais nous restons vigileants. Notre première revendication est d'exclure de cette directive les services publics au sens large.”

Bien sûr, la correction de la proposition Bolkestein n'est pas vide de sens. Avec cet argument, le Président français entend bien récupérer des voix positives pour le référendum du 29 mai sur le Traité constitutionnel européen. À ce sujet, les 25 membres de l'Union sont d'accord: tous ont à perdre si le "non" l'emportait. Et Jacques Chirac bien plus s'il désire se présenter aux élections de son 3ème mandat.

Ce seront aux États de prendre des décisions
Le Sommet avait également pour objectif de faire le bilan du processus de Lisbonne dont l'ambition principale était de faire du marché européen l'économie la plus dynamique et la plus compétitive. Cinq ans plus tard, force est de constater que les avancées sont lamentables. C'est le grand regret des chefs d'États et des syndicats. Ces derniers mettent en avant le nombre toujours trop élévé de jeunes et de femmes au chômage et le fait que l'on n'investit toujours pas assez dans la formation ni la recherche au développement. De plus, le taux de croissance n'a jamais atteint les 3% espérés.

La stratégie sera simplifiée en se centrant sur l'économie. Pour les syndicats de la FGTB, cela ne constitue pas une avancée puisque “pour nous, l'Europe ne peut se construire que sur base de trois pilliers fondamentaux: le social, l'environnement et l'économique.” Chaque État membre établira son plan d'actions national, avec une évaluation tous les trois ans. A moyen terme, c'est donc plus responsabilisant au niveaux des États.