arch/ive/ief (2000 - 2005)

Perspective historique sur l'Irak / Irak in historisch perpectief
by JCC/RAGe Liege Friday, Mar. 18, 2005 at 6:26 PM

Ce texte est le fruit d'un atelier conscacré à l'Irak donné lors du cinquième week-end du réseau anticapitaliste RAGe-ALN. Nous le diffusons à l'occasion des 2 ans du début de la guerre en Irak

Perspective historiq...
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Voici 2 ans déjà que débutait leur sale guerre en Irak. Deux années qui n’ont permis de trouver aucune arme de destruction massive sur le sol irakien. Mais deux années qui ont fait 100.000 victimes irakiennes (civiles pour l’immense majorité). Deux années d’occupation et d’humiliation. Deux années de régressions sociales et sanitaires.

Lors du dernier week-end du réseau anticapitaliste RAGe-ALN, Joris Dumolyn avait donné un exposé historique sur l’Irak. Comprendre l’histoire de ce pays, c’est comprendre mieux les intentions des protagonistes actuels du conflit et avoir un éclairage très utile sur la sale guerre en cours.

Son exposé a été complété d’informations sur l’actualité irakienne (éclairées par ce regard historique) et un texte intitulé “Perspective historique sur l'Irak” a été réalisé. Vous le trouverez sur plus bas ou:
http://jcc.lautre.net/article.php3?id_article=752

Vous le trouverez également en version NL plus bas ou sur:
http://jcc.lautre.net/article.php3?id_article=753

Tous ces documents sont bien évidemment copy(radical)left. S’ils vous semblent constituer des outils utiles, n’hésitez pas à les utiliser et à les diffuser.

Très prochainement, une brochure reprenant ce texte (FR) légèrement complété sera disponible (prix de l’impression). N’hésitez pas à nous contacter pour la commander.

Salutations pacifistes,

Les JCC/RAGe Liège

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FR

Impérialisme et guerre froide.

Au début du 20ieme siècle, la quasi-entièreté du Moyen-Orient était sous le contrôle de l'Empire Ottoman, en ce compris l'Irak, qui était alors appelé Mésopotamie. Administrativement, l'Irak d'alors était divisé en trois vilayet ou provinces : au sud Bassora (qui comprenait le Koweït), au centre Bagdad et au nord Mossoul. L'Empire Ottoman était à cette époque fortement affaibli, aussi bien sur le plan intérieur avec la lutte entre les constitutionnalistes (les "Jeunes Turcs") et les défenseurs du Sultan, que sur le plan extérieur avec les tentatives répétées des puissances occidentales de grignoter les frontières de l'Empire.

Lorsqu'en 1914 la Première Guerre Mondiale éclata, les Ottomans choisirent le camp des puissances centrales d'Allemagne et d'Autriche-Hongrie. Il s'agissait d'un choix logique, étant donné que les Britanniques soutenaient les Grecs, tandis que les Russes avaient soutenu au 19ieme siècle l'indépendance de la Serbie et de la Roumanie, et en firent de même pour la Bulgarie en 1908. Mais ce choix signifiait également la fin définitive de l'Empire Ottoman et par la même un nouveau souffle de vie pour le nationalisme Arabe. Les Britanniques établirent des contacts avec le "Sharif" de La Mecque (descendant du Prophète) et ses fils Faysal et Abdullah afin de les lever contre les Turcs. Ce travail fut réalisé par Lawrence d'Arabie. In 1917 l'armée britannique atterrit à Um Qasr, d'où elle pouvait faire une percée vers Bassora et Bagdad.

En dépit des promesses faites par les Britanniques au Sharif Hussein et à ses fils concernant l'autonomie des Arabes, ceux-ci signèrent avec les Français l'accord de Sykes-Picot, dans lequel ils se partageaient le Moyen-Orient. Après la victoire, ce partage fut renforcé par l'Accord de Versailles en 1919. Afin de contenter le président américain Woodrow Wilson, ces nouvelles colonies françaises et britanniques devinrent des zones de mandat (c.-à-d. concrètement des colonies qui n'étaient pas appelées des colonies) sous contrôle de la Société des Nations. La France reçut la Syrie et le Liban ; les Britanniques contrôlèrent la Palestine, la Transjordanie (Cisjordanie et Jordanie en ce temps encore unies en un seul royaume) et l'Irak ; et ils placèrent Abdullah sur le trône de Jordanie et Faysal sur celui d'Irak. Le Koweït fut séparé de l'Irak. Les empires coloniaux de la France et de la Grande-Bretagne atteignirent alors leur taille maximale alors même que s'amorçait leur déclin.

Entre temps La Mecque fut conquise par les Saoudiens, défenseurs du Wahhabisme, une interprétation ultra orthodoxe de l'Islam. Ils nommèrent le nouvel état Arabie-Saoudite et recherchèrent un rapprochement avec des Etats-Unis. Les Américains étaient encore à l'époque vus comme un contre-poids anti-impérialiste face aux Européens. Les positions anti-coloniales dans leur Déclaration d'Indépendance étaient source d'inspiration pour les mouvements de libération nationale à travers le monde entier.

Ainsi furent définies pour cette région, dans les années 20 du siècle passé, des frontières contestées par toutes les parties concernées. Les racines des conflits qui suivirent remontent à cette période : la question du Koweït, des prétentions Turques à l'égard des champs pétroliers autour de Mosul, et naturellement le conflit entre Juifs et Palestiniens.

Après la seconde Guerre mondiale, le rôle des Etats Unis sur la scène mondiale fut tout autre. En raison de la guerre froide et suivant la doctrine Truman, les USA se profilèrent en tant que puissance impérialiste. Dans le cadre de l'isolement de l'URSS, des organisations de défense furent misent en place un peu partout : le NATO (OTAN) en Europe, le SEATO en Asie du Sud-Est et le Pacte de Bagdad au Moyen-Orient (en 1955). Les signataires de cet accord étaient l'Irak, la Turquie, l'Iran, le Pakistan et le Royaume Uni. Nasser, l'homme fort des Officiers Libres qui avait mis fin à la monarchie égyptienne deux années auparavant, interpréta cet accord d'une façon bien différente. Il n'y vit pas un isolement de l'URSS, mais une tentative des monarchies conservatrices du monde arabe de contrer sa révolution Pan-Arabique. Il mis dès lors le roi Hussein de Jordanie sous pression de sorte que celui-ci n'osa pas signer cet "accord". La vision de Nasser n'était pas exagérée, en Iran par exemple, les Américains soutinrent le Chah qui destitua son Premier ministre libéral avec l'aide de la CIA tandis que celui-ci voulait nationaliser l'industrie pétrolière. Le Chah dissout le parlement et installa une monarchie absolue. Les EU, jadis exemple de la lutte anti-coloniale, étaient aveuglés par leur lutte anti-communiste et voyaient de l'infiltration russe un peu partout. Ainsi poussèrent-ils Nasser, et avec lui tous les nationalistes Arabes dans le camp de l'Union Soviétique. Dans les années 50, apparu ainsi le lien entre les EU et les monarchies conservatrices du Moyen-Orient, à savoir la Jordanie et l'Iran du Chah. Avec l'autre grande monarchie absolue, l'Arabie Saoudite, les liens étaient déjà très forts depuis des décennies et ils furent encore renforcés par la rivalité entre les Saoudiens et Nasser.

En Irak cependant, où le Pacte de Bagdad avait été signé, le très impopulaire roi Faysal II fut renversé en 1958 et une République fut installée sous la conduite du général Qasim. En 1968 le parti Baath commit un coup d'Etat et le général Al-Bakr devint président. Son neveu Saddam Hussein progressa dans la hiérarchie, de simple organisateur du parti à vice-président, puis finalement il parvint à la plus haute marche du pouvoir en 1979 lorsque Al-Bakr démissionna pour raisons de santé.

Le parti Baath ('renaissance') fut créé peu après la seconde guerre mondiale en Syrie par le chrétien Michel Aflaq et le musulman sunnite Salah al-Din al-Bitar. Son idéologie était un mélange de nationalisme arabe et de socialisme, adapté à la culture arabe. Le parti arriva également au pouvoir en Syrie, mais cela ne fonctionna pas vraiment entre commandements régionaux irakiens et syriens. Aussi bien le président syrien Assad que le parti Baath irakien se voyaient comme les leaders de l'avant-garde de l'état pan-arabique.

Cette lutte pour le leadership du monde arabe s'accéléra à la suite de la défaite humiliante de la coalition arabe (conduite par l'Egypte de Nasser) contre Israël et leurs armes américaines lors de la guerre des 6 jours en 1967. Nasser mourut en 1970 et son successeur Sadat se rendit compte, après une nouvelle défaite en 1973, qu'il ne pourrait jamais regagner le Sinaï à Israël avec les armes russes obsolètes dont il disposait. C'est pourquoi Sadat signa en 1978 avec le président des Etats-Unis Carter et le Premier ministre israélien Begin les accords de Camp David. Sadat reçu pour cet accord de paix toutes les louages de l'Ouest, mais pour le monde musulman la colère était énorme. Avec cette "paix séparée" entre l'Egypte et Israël, les droits des Palestiniens étaient pour beaucoup de musulmans bradés. Sadat fut assassiné en 1981 par les fondamentalistes musulmans du Jihad Islamique, un groupe qui plus tard rejoindra Al Qaeda.

En 1979 le régime du Chah d'Iran tomba et l'Ayatollah Khomeyni arriva au pouvoir. Les EU essayèrent de sauver la vieille administration jusqu'au dernier moment et se discréditèrent complètement aux yeux des clergé chiite et de leurs disciples de la révolution islamiques. Mais la même année, éclata le conflit en Afghanistan dans lequel les EU décidèrent de financer, de former et de fournir des armes aux Mudjahedins sunnites. Osama Bin Laden était un de ces volontaires internationaux qui vinrent soutenir le Jihad afghan.

La crise de la prise d'otage dans l'ambassade américaine de Téhéran, qui débuta en novembre 1979, et au cours de laquelle le personnel américain de l'ambassade fut pris en otage pendant des mois par des étudiants radicaux (qui obtinrent le soutien tacite de Khomeyni), conduisit à la défaite de Carter lors des élections présidentielles de 1980 face à Reagan.

Tous ces développements eurent pour conséquence que Saddam Hussein en septembre 1980 désira utiliser ce contexte pour envahir l'Iran. Il débuta cette première guerre du Golfe, qui dura jusqu'en 1988, pas parce qu'il était un dictateur sanguinaire avec des fantasmes mégalomanes, mais parce qu'il était arrivé à un certain nombre de conclusions rationnelles. Premièrement, il pensait que l'Iran post-révolutionnaire n'offrirait pas beaucoup de résistance. Deuxièmement, il voulait augmenter son territoire afin d'avoir un plus grand accès au Golfe Persique. Et troisièmement, il pensait avoir le soutien de l'Ouest et des Etats du Golfe. Cette dernière conjecture sembla être correcte : Rumsfeld et d'autres vinrent lui serrer la main, les Français lui livrèrent des armes chimiques et l'aidèrent à construire un réacteur nucléaire (qui fut rapidement détruit par Israël) et les Etats du Golfe financèrent ses efforts de guerre contre l'Iran. En particulier, le Koweït et l'Arabie Saoudite financèrent Saddam lors de la guerre'80-'88, et celui-ci se vu encore d'avantage comme le leader du monde arabe. La raison principale pour ce financement des Etats du Golfe était la peur de ces régimes sunnites conservateurs à l'encontre du chiisme de Khomeyni. En Arabie Saoudite et au Bahreïn, il existe une minorité chiite.

Malgré ce soutien, l'Irak ne parvint pas à vaincre l'Iran. Dans les derniers mois de la guerre, Saddam décida de châtier les Kurdes qui collaboraient avec l'Iran : en mars 1988, le village kurde de Halabja fut bombardé avec du gaz toxique, faisant 5000 morts. Ce crime de guerre, comparable à celui de Guernica, ne fut condamné par aucun pays.

Le rôle joué par les EU lors de cette première guerre du Golfe est assez ambigu. D'un coté, ils soutinrent, comme dit précédemment, l'Irak : ils allèrent même si loin lors des 2 dernières années qu'ils attaquèrent eux-mêmes des plate-formes pétrolières et des navires iraniens dans le Golfe Persique. D'un autre coté, il y eut le dénommé « Scandale Iran-Contra » Il s'agissait d'une construction étrange, mise en place sans que le congrès eut été averti, dans laquelle des armes étaient vendues à l'Iran afin de financer avec ces revenus les terroristes Contra et les escadrons de la mort au Nicaragua. Reagan prétendu ne rien savoir, mais le nom de deux autres responsables est connu : le colonel Oliver North et l'ambassadeur d'alors au Honduras, John Negroponte. Ce dernier a été nommé ambassadeur en Irak puis dernièrement directeur du renseignement national (DNI), un nouveau poste qui chapeautera et coordonnera l'ensemble des services de renseignement américains, dont la CIA !

La chute du Mur et la fin de la Guerre froide conduisirent à une nouvelle période, qui fut décrite par George Bush (senior) comme un Nouvel Ordre Mondial. Les rapports de force internationaux étaient changés, ainsi que Saddam Hussein allait l'apprendre lorsqu'il annexa le Koweït en août 1990. Il était convaincu que les Etats-Unis toléreraient cela, ainsi que le lui avait affirmé l'ambassadrice américaine en Irak. Mais la peur des Pays du Golfe à l'encontre de l'Irak était grande : en particulier, les Saoudiens craignaient que l'appétit de Saddam pour le pétrole et le pouvoir ne grandisse encore. Ainsi utilisèrent-ils toute leur influence diplomatique aux Etats-Unis afin de convaincre Bush que le Cheik du Koweït devait être aidé à retrouver son trône,

Une grande coalition internationale fut formée. L'OTAN, l'Egypte, la Syrie livrèrent des troupes, la Turquie mis ses bases aériennes à disposition et les Etats du Golfe et le Japon payèrent l'addition. Le chef du commandement américain, Powell, décida après la facile libération du Koweït de ne pas aller plus loin jusqu'à Bagdad. Les EU craignaient sans doute un vide du pouvoir dans la région. Les Chiites dans le sud et les Kurdes dans le nord étaient trop affaiblis pour se révolter contre le régime. Ils étaient soi-disant protégés par les zones « no-fly », mais en réalité Saddam pu mater rapidement la révolte chiite dans le sang sans que les alliés n'interviennent.

Rétroactes de la troisième Guerre du Golfe.

La deuxième Guerre du Golfe, qui était donc en fait la troisième, commença le 19 mars 2003, lorsque le président Bush déclara que l'Irak ne satisfaisait pas aux conditions de la résolution 1441 du Conseil de Sécurité des Nations Unies. Suivant une interprétation très large des EU et de leurs alliés, l'expression « conséquences sérieuses » (se trouvant dans cette résolution) suffisait à rendre leur attaque légale. Cette guerre allait accroître la crédibilité des Nations Unies, du moins c'est ce qu'ils prétendaient.

Les véritables premières actions militaires eurent lieu le 20 mars. Très vite, il fut évident qu'il était à peine question d'une véritable guerre. Le plus grand problème des forces de combat étasuniennes était que leurs lignes d'approvisionnement étaient si étirées par leur rapide marche en avant, qu'il y avait parfois des pénuries au niveau des troupes avancées. Grâce à la supériorité technologique de la coalition, comme les lunettes avec vison nocturne, les projectiles guidés par satellites,… et naturellement leur absolue supériorité aérienne, il apparaissait qu'il s'agirait d'une guerre de courte durée. La seule division de l'armée irakienne dont on pouvait attendre une opposition, la Garde Spéciale Républicaine, fut mise hors circuit par un bombardement aérien décisif pendant une tempête de sable.

Lorsque le 9 avril 2003 la « chute de Saddam » fut mise en scène de façon très symbolique pour les yeux des de la presse mondiale réunie, l'euphorie chez les néo-conservateurs de la Maison Blanche était complète. Les leaders de droite de l'opinion triomphaient : toutes les voix critiques, parmi lesquelles beaucoup à l'ONU qui avaient averti d'un nouveau Vietnam, étaient maintenant, en apparence, rendues silencieuses. Et si certains osaient affirmer qu'il n'était pas vraiment question de citoyens irakiens poussant des cris de joie et accueillant les troupes de la coalition avec des fleurs, la réponse était simple : ils avaient peur. Peur de Saddam avant tout, dont ils craignaient encore le retour. Une fois que l'ancien dictateur serait emprisonné, alors les cœurs et les esprits de la population seraient complètement acquis aux Américains.

Le 1er mai 2003, la fin des combats fut annoncée, lorsque le président Bush prononça son célèbre discours depuis le pont d'un porte-avion. Les conseillers médiatiques du président savent comment ils doivent jouer sur le culte de l'image : l'image du 'commander in chief' héroïque qui atterrit avec un avion de chasse en uniforme militaire, et fait un discours avec son casque sous le bras était en fait le point du départ de la campagne électorale. Suivant les néo-conservateurs, la guerre en Irak n'était pas d'avantage qu'une bataille dans le « guerre globale contre le terrorisme ». Tout comme la guerre du Vietnam, les bombardements sur la Lybie, l'opération Renard du Désert,… cette guerre ne fut jamais officiellement déclarée, ni officiellement achevée.

Lors du second semestre 2003, la situation en Irak sembla se stabiliser progressivement. Lorsque Saddam Hussein fut arrêté, la guerre sembla définitivement gagnée.

Depuis début 2004 cependant, avec l'onde des attentats, enlèvements et violences, on peut se poser la question : la guerre est-elle vraiment finie ? Ou une nouvelle guerre n'a-t-elle pas commencé, plus entre la coalition-US et le parti Baath de Saddam Hussein, mais entre les troupes d'occupation et les rebelles irakiens. Ces rebelles furent d'abord qualifiés de « terroristes étrangers d'Al-Qaeda » ou de Syriens et d'Iraniens infiltrés. Ou bien étaient-ils encore étiquetés comme derniers fidèles de Saddam, principalement dans le dénommé 'Triangle Sunnite' au nord de Bagdad. Il est évident naturellement que ces étiquettes sont difficilement utilisables dans le cas de milices chiites du Mahdi de Moqtada al-Sadr.

Aperçu des acteurs politiques principaux dans l'Irak actuel.

Les leaders kurdes Massoud Barzani (Parti Démocratique du Kurdistan) et Jalal Talabani (Union Patriotique du Kurdistan) « staan er het beste voor = semblent les mieux armés : ils ont un parti derrière eux avec un réseau construit, des membres et des milices effectives (les soit-disant peshmergas).

Un autre acteur important est Ahmad Chalabi (Congrès National Irakien), un chiite laïque qui fut poussé en avant en avant par les USA comme futur président. Lorsqu'il apparu qu'il n'était pas accepté par les médias arabes et l'opinion publique, il dut rapidement abandonner ses ambitions et se montrer heureux avec un siège dans le Gouvernement Provisoire. Un coup supplémentaire pour les américains (qui voyaient déjà en Chalabi le Hamid Karzai irakien), est le fait qu'il apparut qu'il avait été condamné par contumace à 22 ans de prison en Jordanie pour une fraude fiscale de grande ampleur. En mai 2004 le police irakienne et les soldats US envahirent la maison et le bureau de Chalabi. Les EU accusaient leur ex-élu de transmettre des informations secrètes à l'Iran.

Le Premier ministre intérimaire actuel Iyad Alawi (Accord National Irakien), est lui aussi également un chiite laïque qui cependant défend d'abord les intérêts de la plupart des militaires sunnites ex-baasistes. Il était dans les années 70 le responsable de l'Irak au sein de l'Organisation Mondiale de la Santé, avant qu'il ne décide de demeurer à l'étranger afin d'organiser l'opposition avec le CNI de Chalabi.

Les partis chiites jouent également un rôle important. Les deux principaux sont le parti Dawa dont le représentant dans le gouvernement provisoire, Izzedin Salim, a été assassiné le 17 mai 2004, et le SCIRI (Conseil Suprême de la Révolution Islamique en Irak), qui est soutenu par l'Iran. Ayatollah Ali al-Sistani de la fondation chiite modérée Iman al-Khoei apparaît comme le plus important chef religieux chiite mais il ne projette pas de diriger un parti.

Enfin, un nouveau facteur de pouvoir est apparu : le trentenaire Moqtada al-Sadr, petit-fils de Muhammad Baqir al-Sadr, le leader spirituel du parti Dawa qui fut arrêté et pendu par le régime Baath en avril 1980, et le fils du grand ayatollah Muhammad Sadiq al-Sadr, qui fut assassiné par le régime en 1999. Même si le jeune 'hoyat al-islam' n'a pas encore étudié suffisamment pour être lui même ayatollah et certainement pas grand ayatollah, son prestige personnel, tiré de son arbre généalogique est très grand. Al-Sadr appartient, tout comme son père et son grand-père aux 'Sayed', les descendants du Prophète, et peut dès lors prétendre à un même statut que les rois hashemites (les descendants du Sharif Hussein ). Tout cela, couplé à l'histoire sanglante des chiites dans les villes saintes de Najaf et Kerbala, explique l'attitude dans un premier temps assez hésitante des EU à l'encontre de Al-Sadr et de ses milices, la dénommée Armée du Mahdi. Le Mahdi est 'l'Imam Caché', successeur légitime du prophète suivant les chiites..

Et ensuite, il y a encore Saddam lui-même naturellement. Saddam Hussein faisait en son temps de gloire usage un peu partout de son charisme pour s'ériger en Irak et à l'étranger comme le grand leader du monde Arabe. Et il savait comme Bush comment faire avec les médias. Pensons par exemple à l'image de Saddam qui tire avec deux fusils, pour faire taire les rumeurs selon lesquelles il était affaibli par une maladie. Maintenant que sa machine de propagande est arrêtée, sa popularité va baisser. Les images de Saddam subissant une analyse dentaire vont également faire disparaître le mythe de Saddam, tout comme le sont littéralement les statues. Toutefois, il existe encore des Irakiens qui croient en Saddam, certainement à Tikrit et dans le reste du triangle Sunnite. Si la coalition ne parvient pas à stabiliser la situation, une sorte de « Saddam revival » n'est pas à exclure.

La manière misérable dont l'occupation s'enlise, joue naturellement aussi en faveur d'Osama bin Laden, et de son responsable en Irak, Abu Musab al-Zarqawi. Ce dernier est accusé par les USA de toutes les attaques terroristes en Irak. Il est certainement impliqué dans l'horrible décapitation du jeune citoyen américain Nick Berg.

Bin Laden a seulement fait parler de lui lorsqu'il fit une offre de paix, mais il n'est même pas sur que la voix sur l'enregistrement soit la sienne. Mais même si l'on considère que Bin Laden est mort en Afghanistan, le terrorisme islamique est renforcé par la façon dont la Coalition a laissé dérailler l'occupation. Les attaques qui peuvent être attribuées à Al Qaeda avec une grande probabilité, furent caractérisée par une barbarie excessive et le fait de ne pas avoir épargner la population civile irakienne.

Analyse de la situation actuelle et perspectives.

Le 19 mars 2005, on « fêtera » les deux ans de l'invasion de l'Irak par la coalition menée par les Etats-Unis. Ainsi que l'avait prédit de nombreuses personnes, le conflit s'enlise. D'un coté, la résistance armée à l'occupation se poursuit et se renforce. Elle est estimée aujourd'hui à plusieurs centaines de milliers de personnes et il est important de noter que les terroristes islamistes représentent une minorité de cette résistance même si leurs actions sanglantes (attentats et enlèvements) sont les plus relayées par les médias occidentaux. De l'autre, les exactions des militaires se multiplient. Il y a bien évidemment le très médiatique et très révélateur cas de la prison d'Abou Ghraïb mais ce sont au quotidien des dizaines d'agressions et d'humiliations qui sont subies par la population irakienne faisant croître toujours plus l'acrimonie à l'égard des forces d'occupation et renforçant la résistance mais aussi la cause des fondamentalistes religieux.

L'embargo de l'ONU et ensuite l'occupation de la coalition US ont eu et ont encore des conséquences dramatiques au niveau sanitaire. Les civiles sont très durement touchés. Depuis le début de l'embargo onusien, l'espérance de vie a chuté pour les hommes de 61 ans à 46 ans et pour les femmes de 64,5 ans à 57 ans. La mortalité infantile est passée de 23 pour mille en 1990, à 92 pour mille en 1995 et 120 pour mille en 1997. Selon la très sérieuse revue britannique médicale the Lancet, on dénombre par ailleurs depuis le début du conflit plus de 100.000 morts Irakiens dont 85% sont directement dus aux bombardements de l'armée US.

Fin janvier 2005, des élections ont été organisées par les forces d'occupation et les personnes qu'elles ont mis au pouvoir. Elles l'ont été dans des conditions très peu démocratiques. Seulement la moitié des Irakiens ont été invités à voter et le cœur sunnite de l'Irak n'a quasi pas voté. Dans la ville rebelle de Samarra par exemple, seuls 1.400 des 200.000 habitants sont allés voter. A peine 20 observateurs internationaux ont pu contrôler l'absence de fraudes pour tout le territoire irakien (pour quelques 2400 lors des dernières élections en Ukraine) et les grandes chaînes de télévision n'ont été autorisées à filmer que devant 5 bureaux de vote pour tout le territoire irakien. Enfin, par « soucis de sécurité », le nom de nombreux candidats n'avait même pas été rendu public et ceux qui ont voté ne savait souvent ni pour qui, ni même pour quel programme ils votaient.

Le résultat des élections révèle un important clivage régional du vote (kurdes, chiites, sunnites) ainsi que le poids électoral des fondamentalistes islamiques (principalement chiites). Déjà plusieurs partis réclament la mise en place de la Charia. Quelle va être la réaction de la coalition venue « installer la démocratie » face à cette radicalisation religieuse ?

Les Etats-Unis tentent aujourd'hui de rallier à leur « cause anti-terroriste » les opposants à la guerre en Irak : les pays de la « vieille Europe », les Nations-Unies, la Russie,… Les démarches diplomatiques s'accélèrent sans toutefois que l'administration Bush ne renonce véritablement à l'unilatéralisme qui caractérise sa politique étrangère. On pourrait dire de façon provocatrice que les Etats-Unis, à travers les démarches actuelles, proposent aux opposants à l'invasion de l'Irak de partager une part du gâteau en échange d'une part des morts dans cette poudrière. Mais le gouvernement Bush compte bien conserver la main-mise économique (et politique) sur le « réservoir de pétrole » que constitue l'Irak. Il verrait d'un bon œil une implication de l'OTAN en Irak. Les autres pays auront-ils le courage et l'intégrité de refuser ce troc ?

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NL

Imperialisme en de Koude Oorlog

In het begin van de 20ste eeuw viel bijna het volledige Midden-Oosten onder het bestuur van het Ottomaanse Rijk, inclusief het huidige Irak, dat toen Mesopotamië werd genoemd. Administratief was het latere Irak opgedeeld in drie vilayet of provincies : het zuidelijke Basra (met inbegrip van Koeweit), in het centrum Bagdad en in het noorden Mosul. Het Ottomaanse Rijk was in die tijd enorm verzwakt, zowel intern door de strijd tussen constitutionalisten (de 'Jonge Turken' ) en voorstanders van de Sultan, als extern door de voortdurende pogingen van de westerse mogendheden om aan de randen van het rijk te knabbelen.

Toen in 1914 de Eerste Wereldoorlog uitbrak kozen de Ottomanen de zijde van de Centrale Mogendheden Duitsland en Oostenrijk-Hongarije. Dit was een logische keuze, aangezien de Britten de Grieken steunden, terwijl de Russen in de 19de eeuw de onafhankelijkheid van Servië en Roemenië hadden bewerkstelligd en in 1908 voor de Bulgaren hetzelfde deden. Maar deze keuze zou het definitieve einde van het Ottomaanse Rijk betekenen en daardoor het Arabisch nationalisme nieuw leven inblazen. De Britten zochten contact met de Sharif van Mekka (afstammeling van de Profeet) en zijn zonen Faysal en Abdullah om hen tot een opstand tegen de Turken aan te zetten. Dit was het werk van Lawrence of Arabia. In 1917 landde het Britse leger in Um Qasr, waarna het vlug kon doorstoten naar Basra en Bagdad.

Ondanks de beloften die de Britten hadden gedaan aan Sharif Hoessein en zijn zonen inzake Arabisch zelfbestuur, tekenden de Britten met de Fransen het Sykes-Picot verdrag, waarin ze het Midden-Oosten onder zichzelf verdeelden. Na de overwinning werd deze verdeling bekrachtigd door het Verdrag van Versailles in 1919. Om de tegensputterende Amerikaanse president Woodrow Wilson tegemoet te komen werden de nieuwe Britse en Franse kolonies 'mandaatgebieden' onder toezicht van de Volkenbond. Frankrijk verkreeg Syrië en Libanon. De Britten controleerden Palestina, Transjordanië en Irak ; en zij plaatsten Abdullah op de Jordaanse troon en Faysal op de Iraakse. Koeweit werd van Irak afgesplitst. Zo bereikten de koloniale imperia van Frankrijk en Groot-Brittannië hun maximale grootte op een moment dat ze eigenlijk al in verval waren.

Ondertussen werd Mekka veroverd door de Saudi's, aanhangers van het Wahabisme, een streng orthodoxe interpretatie van de Islam. Ze noemden hun nieuwe land Saudi-Arabië en zochten toenadering tot de VS. De Amerikanen werden in die tijd nog gezien als een anti-imperialistisch tegengewicht tegenover de Europeanen. De anti-koloniale stellingen in hun Declaration of Independence waren een inspiratiebron voor nationale bevrijdingsbewegingen in de hele wereld.

Zo kwamen in de jaren '20 van de vorige eeuw de huidige grenzen van de regio tot stand, door alle betrokken partijen betwist. De wortels van veel latere conflicten liggen in deze periode : de kwestie Koeweit, de Turkse claim op de olievelden rond Mosul, en natuurlijk ook het Palestijns-joods conflict.

Na de Tweede Wereldoorlog werd de rol van de V.S. op het wereldtoneel totaal anders. Door het uitbreken van de Koude Oorlog en als gevolg van de Truman-doctrine vormden de VS zich om tot een imperialistische grootmacht. In het kader van de containment van de USSR werden overal defensieverdragen opgericht : in Europa de NATO, in Zuidoost-Azië de SEATO en in het Midden-Oosten het Bagdad-pact (in 1955). De ondertekenaars van dit verdrag waren Irak, Turkije, Iran, Pakistan en het Verenigd Koninkrijk. Nasser, de sterke man van de Vrije Officieren die twee jaar daarvoor de Egyptische monarchie ten val hadden gebracht, interpreteerde dit verdrag echter op een andere manier. Hij zag het niet als containment van de USSR, maar als een poging van de conservatieve Arabische monarchieën om zijn Pan-Arabische Revolutie in te dammen. Hij zette dan ook de Jordaanse koning Hoessein zodanig onder druk dat deze niet durfde te tekenen. Nassers perceptie was niet zo vergezocht : in Iran bijvoorbeeld steunden de Amerikanen de Sjah, die met de hulp van de CIA zijn liberaal-nationalistische premier afzette, toen deze de olie-industrie wilde nationaliseren. Vervolgens ontbond de Sjah het parlement en installeerde een absolute monarchie. De VS, ooit nog het lichtend voorbeeld van de anti-koloniale strijd, waren zo verblind door hun anti-communisme dat ze overal Russische infiltratie zagen. Zo dreven ze Nasser, en met hem alle Arabisch-nationalisten in het kamp van de Sovjetunie. In de jaren '50 onstond zo de band tussen de VS en de conservatieve monarchieën van het midden-Oosten, met name Jordanië en het Iran van de Sjah. Met die andere grote absolute monarchie, Saudi-Arabië, waren de banden al decennia lang zeer hecht en dit werd enkel versterkt door de rivaliteit tussen de Saudi's en Nasser.

In Irak echter, waar het Bagdad Pact was ondertekend, werd al in 1958 de zeer onpopulaire koning Faysal II afgezet en een republiek geïnstalleerd onder de leiding van generaal Qasim. In 1968 pleegde de Baa'th-partij een staatsgreep en generaal Al-Bakr werd president. Zijn neef Saddam Hoessein werkte zich op van partijorganisator tot vice-president, en in 1979 kreeg hij de volledige macht, toen Al-Bakr om gezondheidsredenen aftrad.

De Baa'th-partij ('renaissance') werd opgericht kort na WOII in Syrië door de christen Michel Aflaq en de soeni-moslim Salah al-Din al-Bitar. De ideologie was een mengeling van Arabisch-nationalisme en socialisme, aangepast aan de Arabische cultuur. In Syrië kwam de Baa'th ook aan de macht, maar het boterde niet echt tussen het Iraakse en het Syrische 'Regionale Commando'. Zowel de Syrische president Assad als de Iraakse Baa'th-partij zagen zichzelf als de voorhoede van een Pan-Arabisch rijk.

Deze strijd om het leiderschap van de Arabische wereld kwam in een stroomversnelling terecht na de smadelijke nederlaag van de Arabische coalitie (onder leiding van het Egypte van Nasser) tegen Iraël en hun Amerikaanse wapens tijdens de Zesdaagse oorlog van 1967. Nasser stierf in 1970 en zijn opvolger Sadat besefte, na opnieuw een nederlaag in 1973, dat hij met zijn verouderde Russische wapens nooit de Sinaï zou terugwinnen van Israël. Daarom ondertekende Sadat in 1978 met VS-president Carter en de Israëlische premier Begin het Camp David-akkoord. Voor dit vredesverdrag kreeg Sadat alle lof van het Westen, maar in de moslimwereld was de woede enorm. Door deze 'separate peace' tussen Egypte en Israël werden in de ogen van veel moslims de rechten van de Palestijnen verkwanseld. Sadat werd dan ook vermoord in 1981 door moslimfundamentalisten van de Islamitische Jihad, een groepering die zich later bij Al Qaeda zou aansluiten.

In 1979 viel het regime van de Sjah in Iran en kwam Ayatollah Khomeini aan de macht. De VS hadden tot op het laatste moment het oude bewind trachtten te redden, en diskrediteerden zich zo compleet tegenover de sjiïetische clerus en hun revolutionair-islamitische volgelingen. Maar in hetzelfde jaar viel de Sovjetunie Afghanistan binnen, waardoor de VS besloten om de soennitische mujahedin te financieren, op te leiden en van wapens te voorzien. Osama Bin Laden was één van deze internationale vrijwilligers die de Afghaanse Jihad kwamen steunen.

De gijzelingscrisis in de VS-ambassade in Teheran, die begon in november 1979, waarbij het Amerikaanse ambassadepersoneel maandenlang gegijzeld werden door 'radicale studenten' (die de stilzwijgende steun van Khomeini kregen), leidde tot de nederlaag van Carter bij de presidentsverkiezingen van 1980 tegen Reagan.

Al deze ontwikkelingen zorgden ervoor dat Saddam Hoessein in september 1980 van het moment gebruik wilde maken om Iran binnen te vallen. Hij begon deze eerste Golfoorlog, die tot 1988 zou duren, niet omdat hij een bloeddorstige dictator was met megalomane fantasieën, maar omdat hij tot een paar rationele conclusies was gekomen. Ten eerste ging hij ervan uit dat het post-revolutionaire Iran niet veel tegenstand zou bieden. Ten tweede wilde hij gebiedsuitbreiding om een grotere toegang tot de Perzische Golf te verkrijgen. En ten derde rekende hij op de steun van zowel het Westen als van de Golfstaten. Dit laatste bleek terecht te zijn : Rumsfeld en anderen kwamen zijn hand schudden, de Fransen leverden hem chemische wapens en hielpen hem om een nucleaire reactor te bouwen (die prompt door de Israëli's werd platgebombardeerd) en de Golfstaten financierden zijn oorlogsinspanningen tegen Iran. Vooral Koeweit en Saudi-Arabië betaalden Saddam tijdens de oorlog '80-'88, waardoor deze zichzelf nog meer als de leider van de Arabische wereld zag. De voornaamste reden dat de Golfstaten betaalden was de angst die deze conservatieve soennische regimes hadden voor het revolutionair sjiïsme van Khomeini. In Saudi-Arabië en Bahrein is er een sjiïetische minderheid.

Ondanks deze steun slaagde Irak er niet in om Iran te verslaan. In de laatste maanden van de oorlog besloot Saddam om de Koerden, die met Iran samenwerkten, te straffen : in maart 1988 werd het Koerdische dorp Halabja met gifgas bestookt, waarbij 5000 doden vielen. Deze oorlogsmisdaad, vergelijkbaar met Guernica, werd door geen enkel land veroordeeld. De rol die de VS speelden in deze eerste Golfoorlog is nogal ambigu. Enerzijds steunden ze, zoals gezegd, Irak : ze gingen zelfs zover dat ze in de laatste 2 jaar eigenhandig Iraanse booreilanden en schepen in de Perzische Golf aanvielen. Aan de andere kant was er echter het zogenaamde 'Iran-Contra-schandaal'. Dit was een vreemde constructie, opgezet zonder dat het Congress op de hoogte was, waarbij wapens verkocht werden aan Iran om met de opbrengst de Contra-terroristen en doodseskaders in Nicaragua te financieren. Reagan beweerde van niets te weten, maar van twee andere verantwoordelijken zijn de namen gekend : kolonel Oliver North en toenmalig ambassadeur in Honduras, John Negroponte. Deze laatste wordt benoemd tot ambassadeur in Irak en recentelijk « directeur du renseignement national (DNI), un nouveau poste qui chapeautera et coordonnera l'ensemble des services de renseignement américains, dont la CIA = NL ? »

De val van de Muur en het einde van de Koude Oorlog leidde een nieuw tijdperk in, dat door George Bush (senior) werd beschreven als een New World Order. De geo-politieke machtsverhoudingen waren ingrijpend gewijzigd, zoals Saddam zou ondervinden toen hij in augustus 1990 Koeweit annexeerde. Hij was ervan overtuigd dat de VS deze zet zouden tolereren, zoals hem ook gezegd was door de VS-ambassedrice in Irak. Maar de angst van de Golfstaten voor Irak was groot : vooral de Saudi's vreesden dat Saddams honger naar olie en macht steeds groter zou worden. Daarom gebruikten de Golfstaten al hun diplomatieke invloed in de VS om Bush te overtuigen dat de Sjeik van Koeweit opnieuw op zijn troon moest worden geholpen. Er werd een grote internationale coalitie gevormd. De NAVO, Egypte en Syrië leverden troepen, Turkije stelde zijn luchtmachtbasissen ter beschikking en de Golfstaten en Japan betaalden de rekening. De Amerikaanse stafchef Powell besloot om na de gemakkelijke bevrijding van Koeweit niet verder op te rukken tot in Bagdad. Waarschijnlijk vreesden de VS voor een machtsvacuüm in de regio. De sjiïeten in het zuiden en de Koerden in het noorden werden aangemoedigd om in opstand te komen tegen het regime. Ze werden zogenaamd beschermd door de no-fly zones, maar in de realiteit kon Saddam de sjiïetische revolte al vlug bloedig inderdrukken, zonder dat de geallieerden tussenbeide kwamen.

Retroacten van de Derde Golfoorlog.

De 'Tweede Golfoorlog', die dus eigenlijk de derde is, begon op 19 maart 2003, toen president Bush verklaarde dat Irak niet aan de voorwaarden van VN-Veiligheidsraadresolutie 1441 voldeed. Volgens de nogal ruime interpretatie door de VS en hun bondgenoten van het begrip 'serious consequences' was hun aanvalsdaad niet illegaal. Deze oorlog zou de geloofwaardigheid van de Verenigde Naties juist versterken, althans zo beweerden zij.

De eerste echte militaire acties begonnen op 20 maart. Al vlug werd duidelijk dat er van een echte oorlog amper sprake was. Het grootste probleem van de VS-strijdmachten was dat hun bevoorradingslijnen zo uitgestrekt waren door de te snelle opmars, dat er soms tekorten waren bij de verst vooruitgeschoven troepen. Dankzij de superieure militaire technologie van de coalitie, zoals nachtkijkers, satteliet-geleide projectielen, … en natuurlijk hun absoluut luchtoverwicht, leek het een korte oorlog te zullen worden. Het enige onderdeel van het Iraakse leger waar enige tegenstand van te verwachten viel, de Speciale Republikeinse Garde, werd tijdens een zandstorm uitgeschakeld door een beslissend luchtbombardement.

Toen op 9 april 2003 de 'val van Saddam' op zeer symbolische wijze werd geënsceneerd voor het oog van de verzamelde wereldpers, was de euforie bij de neo-conservatieven in het Witte Huis compleet. Rechtse opinion leaders triomfeerden : alle kritische stemmen, waarvan vele in de VS gewaarschuwd hadden voor een 'nieuw Vietnam', waren nu definitief het zwijgen opgelegd, zo leek het. En als sommigen het waagden te opperen dat er toch geen sprake was van juichende Irakese burgers die de coalitietroepen op bloemen onthaalden, dan was het antwoord simpel : ze waren bang. Bang voor Saddam vooral, wiens terugkeer ze nog steeds vreesden. Als dus de voormalige Iraakse dictator gevangen zou worden genomen, dan zouden de 'hearts and minds' van de bevolking helemaal voor de Amerikanen gewonnen zijn.

Op 1 mei 2003 werd het einde van de gevechten afgekondigd, toen president Bush zijn beroemde speech op het dek van een vliegdekschip gaf. De media-adviseurs van de president weten hoe ze moeten inspelen op de beeldcultuur : het beeld van de heldhaftige 'commander in chief', die met een straaljager landt en in militair uniform, met zijn helm onder de arm een toespraak houdt, was het startschot voor de verkiezingscampagne. Volgens de neo-conservatieven was de oorlog tegen Irak echter niet meer dan een veldslag in 'the Global War on Terror'. Net als de Vietnam-oorlog, de bombardementen op Lybië, Operation Desert Fox,… werd ook deze oorlog nooit officieel verklaard, en evenmin officieel beëindigd.

In de tweede helft van 2003 leek de situatie in Irak geleidelijk te stabiliseren. Toen op 13 december Saddam Hoessein werd gearresteerd, scheen de oorlog definitief gewonnen. Sinds het voorjaar van 2004 echter, met de golf van aanslagen, ontvoeringen en geweld, kan men de vraag stellen : is de oorlog wel gedaan ? Of is er een nieuwe oorlog begonnen, niet langer tussen de VS-coalitie en de Baath-partij van Saddam Hoessein, maar tussen de bezettingstroepen en Iraakse rebellen ? Die rebellen werden eerst 'buitenlandse al-Qaeda-terroristen' genoemd, of Syrische en Iraanse infiltranten. Ofwel werden ze als de laatste Saddam-getrouwen bestempeld, vooral in de zogeheten 'Soennitische Driehoek' ten noorden van Bagdad. Het is natuurlijk duidelijk dat deze etiketten moeilijk bruikbaar zijn in het geval van de sjiietische Mahdi-milities van Moqtada al-Sadr.

De voornaamste politieke actoren van post-Saddam Irak.

De Koerdische leiders Massoud Barzani ( Koerdische Democratische Partij ) en Jalal Talabani ( Patriottische Unie van Koerdistan ) staan er het beste voor : ze hebben een partij achter zich staan met een uitgebouwd netwerk, effectieve leden en milities ( de zogenaamde peshmerga's).

Een andere belangrijke actor is Ahmad Chalabi ( Iraaks Nationaal Congres ), een seculiere sjiiet die door de VS naar voor werd geschoven als toekomstige president. Toen echter bleek dat hij niet werd aanvaard door de Arabische media en de publieke opinie, moest hij deze ambities al vlug opbergen en stelde hij zich tevreden met een zitje in de Voorlopige Bestuursraad. Een bijkomende opdoffer voor de Amerikanen (die in Chalabi al een Iraakse Hamid Karzai hadden gezien), was het feit dat hij in Jordanië bij verstek veroordeeld bleek te zijn tot 22 jaar dwangarbeid wegens grootschalige fraude. In mei 2004 zijn Iraakse politietroepen samen met VS-soldaten binnengevallen in Chalabi's woning en kantoor. De VS beschuldigen hun voormalige uitverkorene van het doorspelen van geheime informatie aan Iran.

De huidige interim-premier Iyad Alawi (Iraqi National Accord), is zelf eveneens een seculiere sjiïet, die echter vooral de belangen van de (meestal) soennitische ex-Baa'th militairen verdedigt. Hij was in de jaren '70 de vertegenwoordiger van Irak in de World Health Organization, voor hij besloot in het buitenland te blijven om daar de oppositie te organiseren, samen met het INC van Chalabi.

Ook de sjiietische partijen werpen een groot gewicht in de schaal. De twee belangrijkste zijn de Da'wa partij, van wie de vertegenwoordiger in de Voorlopige Raad, Izzedin Salim, op 17 mei 2004 door een aanslag om het leven kwam, en de SCIRI (Supreme Council for the Islamic Revolution in Iraq), die gesteund wordt door Iran. Ayatollah Ali al-Sistani van de 'gematigd'- sjiietische Iman al-Khoei Foundation geldt als de belangrijkste religieuze leider van de sjiïeten, maar hij is niet van plan om een partij op te richten.

Ten slotte is er een nieuwe machtsfactor opgedoken : de dertigjarige Moqtada al-Sadr, kleinzoon van Muhammad Baqir al-Sadr, de spirituele leider van de Da'wa-partij die in april 1980 door het Baath-regime werd gearresteerd en opgehangen, en de zoon van grootayatollah Muhammad Sadiq al-Sadr, die in 1999 door het regime werd vermoord. Hoewel de jonge 'hoyat al-islam' nog niet lang genoeg heeft gestudeerd om zich ayatollah, laat staan grootayatollah, te kunnen noemen, is het persoonlijk prestige dat voorkomt uit zijn stamboom zeer groot. Al-Sadr behoort, net als zijn vader en grootvader, tot de 'Sayed', de nakomelingen van de Profeet, en kan zo een gelijkaardige status claimen als de Hashemitische koningen (de afstammelingen van Sharif Hoessein). Dit alles, gekoppeld aan de bloedige sjiietische geschiedenis vol martelaren in de heilige steden Najaf en Kerbala, verklaart de aanvankelijk nogal aarzelende houding van de VS tegenover al-Sadr en zijn milities, het zogeheten Leger van de Mahdi. De Mahdi is 'the Hidden Iman', volgens de sjiieten de legitieme opvolger van de Profeet.

En dan is er ook nog Saddam zelf, natuurlijk. Saddam Hoessein maakte in zijn glorietijd volop gebruik van zijn charisma om zich in Irak en daarbuiten op te werpen als dé grote leider van de Arabische wereld. En net als Bush wist hij om te gaan met de media. Denken we bijvoorbeeld aan het beeld van Saddam die met twee geweren schiet, om zo de geruchten te ontkrachten dat hij door ziekte verzwakt zou zijn. Nu zijn propagandamachine is stilgevallen, zal zijn populariteit wel zijn aangetast. Ook de beelden van de bebaarde Saddam die een tandartsonderzoek ondergaat zal de mythe 'Saddam' wel hebben onderuitgehaald, net als de letterlijke val van zijn standbeelden. Toch zijn er nog Iraki's die in Saddam geloven, zeker in Tikrit en de rest van de sunni triangle. Indien men er niet in slaagt om er de situatie te stabiliseren, dan valt een soort Saddam-revival niet uit te sluiten.

De rampzalige manier waarop de bezetting is misgelopen, speelt natuurlijk ook in de kaart van Osama bin Laden, en zijn vertegenwoordiger in Irak, Abu Musab al-Zarqawi. Deze laatste wordt door de VS beschuldigd van zowat alle terreuraanslagen in Irak. Hij is zeker betrokken bij de gruwelijke onthoofding van de jonge Amerikaanse burger Nick Berg. Bin Laden heeft enkel van zich laten horen toen hij de EU een 'vredesaanbod' deed, maar het is niet zeker of het wel zijn stem is op de tape. Maar zelfs als men zou aannemen dat Bin Laden in Afghanistan is gestorven, dan nog is het islamistisch terrorisme versterkt door de wijze waarop de Coalitie de bezetting hebben laten ontsporen. Die aanslagen die met grote waarschijnlijkheid aan Al Qaeda kunnen worden toegeschreven, worden gekenmerkt door excessieve wreedheid en het niet ontzien van de Iraakse burgerbevolking.

Alle heil wordt nu verwacht van een nieuwe resolutie van de Verenigde Naties. Persoonlijk vrees ik echter dat de Iraki's niet onder de indruk zullen zijn van een oplossing waarbij de VS-militairen een blauwe muts opzetten.

Analyse van de huidige situatie en perspectieven.

Op 19 maart 2005 « vierde » men twee jaar invasie van Irak door de coalitie geleid door de VS. Zoals talloze mensen hadden voorspeld is het conflict vastgelopen. Enerzijds gaat het gewapend verzet tegen de bezetting verder en versterkt het zich. Het wordt vandaag geschat op verschillende duizenden mensen en het is belangrijk vast te stellen dat de islamistische terroristen slechts een minderheid van dit verzet uitmaken, zelfs als hun bloedige acties (aanslagen en ontvoeringen) het meest worden opgevoerd in de media. Anderzijds neemt het machtsmisbruik door de militairen toe. Er is natuurlijk het zeer gemediatiseerde en revelerende geval van de gevangenis van Abu Ghraib, maar er zijn dagelijks tientallen agressies en vernederingen die door de Iraakse bevolking moeten verdragen worden. Dit doet de bitterheid tegenover de bezettingstroepen toenemen, waardoor het verzet groeit maar ook de zaak van de religieuze fundamentalisten.

Het VN-embargo en daarna de bezetting door de VS-coalitie hebben dramatische gevolgen gehad op het vlak van gezondheid en hebben dat nog steeds. De burgers worden er zeer hard door geraakt. Sinds het begin van het embargo is de levensverwachting gedaald van 61 tot 46 jaar voor mannen en van 64,5 tot 57 jaar voor vrouwen. De zuigelingenmortaliteit is gestegen van 23 promille in 1990 naar 120 promille in 1997. Volgens het ernstige Britse wetenschappelijke tijdschrift The Lancet werden er sinds het begin van het conflict meer dan 100 000 Iraakse doden geteld, van wie 85% rechtstreeks het gevolg zijn van de bombardementen van het Amerikaanse leger.

Eind januari 2005 werden er verkiezingen georganiseerd door de bezettingstroepen en door de mensen die zij aan de macht hebben geholpen. Deze hebben plaatsgevonden in zeer weinig democratische omstandigheden. Slechts de helft van de Irakezen werden gevraagd om te stemmen en in het sunnitische hart van Irak werd bijna niet gestemd. In de opstandige stad Samarra bijvoorbeeld, zijn slechts 1400 van de 200 000 bewoners gaan stemmen. Amper 40 internationale observatoren hebben de afwezigheid van fraude kunnen controleren voor het gehele grondgebied van Irak (in vergelijking met ongeveer 2400 in de laatste verkiezingen in de Oekraïene). De grote TV-zenders mochten slechts voor 5 stembureaus filmen. Tenslotte werden « uit veiligheidsoverwegingen » de namen van vele kandidaten zelfs niet openbaar gemaakt. Wie gestemd heeft, wist vaak zelfs niet voor wie of voor welk programma ze stemden.

Het resultaat van de verkiezingen toont een belangrijke regionale kloof aan van de stemmen (koerden, sjiieten, soennieten), en ook het electorale gewicht van de islamistische groepen (voornamelijk de sjiieten). Verschillende partijen eisen al de invoering van de Sjaria. Wat zal de reactie zijn van de coalitie die gekomen is « om de democratie in te voeren » tegenover deze religieuze radicalisering ?

De VS proberen vandaag de opposanten tegen de oorlog in Irak aan hun « antiterroristische zaak » te verbinden. De landen van het « oude Europa », de VN, Rusland... De diplomatieke stappen worden opgedreven zonder dat de regering Bush evenwel het unilateralisme van haar buitenlandse politiek afzweert. Om het provocatorisch te stellen zou men kunnen zeggen dat de VS met hun huidige diplomatische manoeuvres de tegenstanders voorstellen om de koek te verdelen in ruil voor een deel van de doden in dit kruitvat. Maar de regering Bush rekent erop de economische (en politieke) dominantie te behouden over het « oliereservoir » dat Irak is. Ze zouden de deelname van de NAVO in Irak toejuichen. Zullen de andere landen de moed hebben deze ruilhandel geheel te verwerpen ?