La raison du meilleur est la raison du plus fort

Demain, G.W. Bush, empereur grotesque de l’ordre néo-libéral, sera à Bruxelles. Le prophète du régime d’accumulation flexible qui s’annonce pour mille ans si nous n’y prenons pas garde, nous gratifiera de sa bouffonne visite. Mais a-t-on le choix ? L’héroïsme de la vieille Europe, tout symbolique qu’il était, s’est définitivement achevé. C’est vers un rétablissement des relations que l’on s’achemine. Un réchauffement des rapports. Comme celui de la planète, après la non-ratification du protocole de Kyoto. On assiste également à un grand retournement de l’opinion et tout particulièrement de celui de la presse et de sa versatilité proverbiale. Si les imbéciles ne changent pas d’avis, seul les idiots en changent tous le temps. Ce grand basculement montre et démontre, à ceux qui ne l’avaient pas vu, que tout cela n’avait été que farce : une résistance de façade, artificielle et spectaculaire. La veille Europe rentre à nouveau dans les rangs. D’autant qu’un populisme new look et polymorphe est de retour dans nos contrées (Sarkozy, Berlusconi…) et il partage mutatis mutandis les mêmes options idéologiques. La raison du plus fort , une fois encore, est toujours la meilleure. Le nouveau partage du monde semble avoir été intégré, et de longue date, par les élites d’Europe. Il semble que cela soit pour notre continent une disposition naturelle. Mais que peut-on être après plus de cinquante années de mimétisme ? Rappelez-vous cette sainte trinité : frigo, télévision et voiture; et vous saurez que nous sommes des américains de synthèse.
Une fois encore le pornographe de Washington va se servir de la mystique de la démocratie et de la religion des droits de l’homme (et de la femme ) comme cache-sexe à la barbarie qui s’annonce (en Iran, en Syrie…). Qu’ont-ils amené à l’Irak si ce n’est le chaos et la désolation ? Quel est le nombre exacte de morts civils en Irak ? Et qu’a-t-il rapporté au monde arabo-musulman, aux frontières de l’Europe, qui vainement tente de persister dans son être dans la convulsion et le déchirement. Dont l’islamisme n’est qu’un symptôme.
Est-ce cela la démocratie ou est-ce simplement un cynisme de plus.De la démocratie en Amérique parlons-en . La population carcérale la plus étendue du monde, une éthnicisation des rapport sociaux, une prolifération du discours sécuritaire, une fuite en avant perpétuel dans le divertissement et la technologie déréalisante… Si la démocratie moderne est né est né aux Etats-Unis, il ne fait pas de doute qu’elle y expire aujourd’hui devant nos yeux. Les boniments des barnums du Pentagone : femme à barbe, général Tom Pouce, ou frères siamois de la communication ne pourront cacher bien longtemps que l’Irak est une colonie pénitentiaire, un laboratoire à ciel ouvert qui prélude de la barbarie à venir. Une horreur toute postmoderne dont nous avons été les témoins. Tous les Goebbels de Washington et tous leurs bobards remasterisés ne pourront occulter indéfiniment que Fallouja fut le dernière avatar du Ghetto de Varsovie. Etre européen aujourd’hui, c’est être le complice de cela ?

Jamal comme X

arch/ive/ief (2000 - 2005)