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André Mordant: "Notre bureau a sous-estimé le mécontentement des travailleurs"
by christophe callewaert Monday, Feb. 07, 2005 at 8:14 PM
christophe@indymedia.be

BRUXELLES -- Le syndicat socialiste FGTB dit non à l'accord interprofessionel. Un interview avec le président de l'FGTB André Mordant.



Est-ce que les employeurs doivent concevoir ce non comme un signal?

"C'est le but. Ce n'est pas un non vers le gouvernement, mais vers les patrons. Et c'est plus sérieux qu'on croit. Le sentiment général est qu'il peut y avoir n'importe quoi dans l'accord, on en a marre qu'on détricote les acquis sociaux. Il y a trop de chômeurs. On veut de l'emploi pour les gens. Et on m'a dit que ce que nous avons négocié, conduit à donner plus de travail à ceux qui en ont déjà, mais pas du tout à ceux qui n'en ont pas."

Est-ce les employeurs sont allé trop loin?

"Pour les travailleurs ils sont allé trop loin. L'attitude patronale est qu'il n'y a rien à discuter avec les travailleurs. Mais les travailleurs, c'est toute leur vie qu'ils mettent dans l'enterprise. C'est un moment charnière, pas seulement en Belgique. On sent la même chose en Allemagne. Le patronat aussi doit se rendre compte qu'on ne peut pas continuer comme ça."

Est-ce que vous avez sous-estimé ce mécontentement?

"Manifestement notre bureau l'a sous-estimé. Nous avons fait un rapport fidèle au bureau. Mais notre bureau n'a pas apprécié exactement la situation de terrain."

Vous avez pu voir le terrain pendant la manifestation à Charleroi.

“Les travailleurs disent simplement: ce chemin-là on ne peut pas le prendre et vous ne devez pas le prendre. Comme nous sommes là pour les servir, on ne le prend pas.”

Vous risquez bien sûr que le débat dans la presse sur les clivages dans le syndicat socialiste recommence.

(rit) “Il faut bien que la presse puisse écrire, ce qu'elle doit écrire. Je n'ai pas de problèmes avec ça. On a une vote qui est très partagée, mais il n'y a pas du tout d'animosité entre les groupes. En titre personel j'aurai préféré qu'il y ait un accord. Mais ce n'est pas le choix des travailleurs et je suis à leur service. Donc il n'y a pas de problème.”

Est-ce vous osez déjà regarder vers le proche avenir?

“Je suppose que le gouvernement ne va pas traîner pour prendre une attitude.”

Et les concertations dans les secteurs?

“Les travailleurs ne seront pas plus d'accord de la faiblesse d'un accord sectoriel par rapport à un accord interprofessionel. Je crains bien que ce soit aussi compliqué.”

Est-ce que le front commun est maintenant affaibli?

“Le front commun n'est pas affaibli. Je ne crois pas qu'on a des divergences. Leur base a dit oui. La nôtre a dit non. Nous n'allons rien faire qui oppose les deux organisations syndicales. Ce n'est pas le but. Au contraire on va devoir se renforcer pour le débat sur la fin de carrière. C'est une projection pour la vie des trente prochaines années. On ne peut pas se permettre de faire une guerre de rouge contre les verts.”

Comment se renfoncer?

“En prenant des positions en commun.”

Et qu'est-ce que vous allez faire pour redonner la confiance à vos membres?

“Les négocations sectorieles vont très vite les mobiliser. Il y en a qui ont plaidé pour des actions, mais les responsables de centrales sont à mon avis moins chaud à ce moment.”