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Liege : Les sinistrés sans papiers ont disparu...
by CRER Thursday, Dec. 30, 2004 at 10:46 AM

LIEGE

Les sinistrés ont disparu...

La Ville de Liège avait relogé les sinistrés au parc Astrid. En attendant de leur trouver un toit. Mais ces personnes en séjour illégal se sont volatilisées de peur d'être expulsées.

Q uelques jours après l'incendie qui avait ravagé, le 26 novembre, une demi-douzaine de maisons de la rue Lamarck, dans le quartier Saint-Léonard, la Ville de Liège s'était engagée, par la voix de son bourgmestre, Willy Demeyer, à trouver un toit pour les personnes sinistrées. En fait, elle n'a pas eu à le faire : celles-ci ont d'un coup disparu, évanouies dans la nature...

Le 26 novembre, donc, un incendie s'était déclaré, tôt le matin, au rez-de-chaussée d'un immeuble de la rue Lamarck, avant de s'étendre au pâté de maisons.

D'après le service social de la Ville, une soixantaine de personnes, dont aucune n'a été blessée, vivaient dans ces appartements. Seules trente-huit d'entre elles ont été officiellement recensées et relogées par l'urgence sociale, dans un premier temps à l'auberge Simenon, ensuite au parc Astrid, à Coronmeuse, réquisitionné par les autorités communales.

À la question de savoir ce que sont devenus ces gens, on est surpris d'apprendre qu'ils avaient déjà quitté le parc Astrid le 7 décembre. Pour aller où ? Eux seuls le savent. À l'exception de trois personnes hébergées chez un particulier et de trois autres qui occupent un appartement du Logis social de Grivegnée, les pensionnaires du parc Astrid ont plié bagage ; ils ont averti le service social de leur départ mais sans laisser d'adresse où les joindre...

C'est que ces démunis, des familles roumaines en situation irrégulière, et ayant perdu dans l'incendie le peu qu'elles possédaient, avaient le choix entre la peste ou le choléra. Soit rester et courir le risque de recevoir la visite de l'Office des étrangers - partant, de se retrouver au centre fermé de Vottem, voire d'être expulsés. Soit partir pour on ne sait où. Ils se sont résignés au moins mauvais, à leurs yeux : la fuite.

Si le service social de la Ville a fait son boulot, peut-on en dire autant du politique ? Le 2 décembre, le bourgmestre Willy Demeyer déclarait : Il ne nous appartient pas de juger qui est ou n'est pas en séjour illégal. Il existe des procédures pour cela que nous n'allons ni accélérer ni freiner. Notre problème est humanitaire : il s'agit de personnes qui demandent un toit. Force est de constater que ni le problème humanitaire ni celui du séjour illégal n'ont été réglés. En les « chassant » - qu'espérait-on qu'ils fissent après leur avoir envoyé un agent de police pour les mettre en garde ? -, on a déplacé le problème. Ces familles sont allées vivre ailleurs, en situation irrégulière et fort probablement dans la même précarité. Jusqu'au prochain incendie
EDDY LAMBERT - 28.12.2004, 06:00 le soir région