arch/ive/ief (2000 - 2005)

Argentine : "M. le président, je vous écris une lettre..."
by fab Friday, Dec. 24, 2004 at 11:18 PM
santelmo@no-log.org

Lettre ouverte au président des familles de Darío Santillán y Maximiliano Kosteki, qui réclament la justice pour leurs assassinats.

M. le Président de la Nation
Dr. Néstor Kirchner

A la veille de la fin d'année, à quasi 30 mois des assassinats de Maxi et Darío lors du "Massacre du Pont Pueyrredón” le 26 juin 2002, nous avons toujours les mains vides en ce qui concerne notre exigence de justice, pour eux et pour les blessés de cette journée.

Les véritables responsables politiques et intellectuels du Massacre, à commencer par l'ex président Duhalde et l'actuel gouverneur de la Province de Buenos Aires, Felipe Solá, avec ceux qui furent fonctionnaires de Sécurité ont été récompensés par des nouvelles charges. Nous constatons qu'il se prépare une opération d'impunité, assis sur le banc des accusés seulement quelques auteurs matériels et avec la date du procès en suspens.

M. le Président : je vous écrit comme homme mais aussi comme père d'un fils exemplaire, qui pour avoir été conséquent avec lui-même, a finit par donner sa vie. Je ne permet pas que vous m'ayez utilisé et utilisé la mort de mon fils avec des fausses promesses de nous aider à trouver la justice. Darío était un grand militant, et avec ses jeunes 21 ans, il a consacré toute sa courte vie à rechercher ce que tous devrions rechercher : une société plus juste, la dignité, la vérité et surtout se défaire de tout égoïsme, sentant comme il disait "toute injustice comme la sienne".

M. le Président : comme soeur de Maxi, avec Alberto et des milliers de compagnons et organisations qui nous accompagnent dans ce combat, je dénonce l'opération d'impunité qui est en train de se monter depuis le pouvoir politique et la justice au sujet du "Massacre d'Avellaneda", en inculpant les victimes de cette journée et en couvrant les véritables coupables. Si les balles de l'Etat argentin ne les avaient pas abattus, peut-être leur fatidique destin serait la prison comme pour les plus de 30 compagnons qui le sont aujourd'hui dans le pays.

Au lieu de rendre des hommages et de jouer les martyres, nous préférons continuer le chemin de Darío et Maxi: celui de la lutte -dans les quartiers, dans les barrages de routes, avec les travailleurs- contre l'impunité, la faim, la misère et le chômage qui s'approfondissent dans notre pays. C'est le meilleur hommage que nous voulons leur faire. Celui qu'ils auraient préféré, parce que pour cela ils donnèrent leurs vies.

Au prochain réveillon de la nouvelle année, au moment où les familles argentines lèvent leurs coupes, nous n'allons pas compter avec votre présence à notre table familial. Sans doute, une blessure qui ne se fermera jamais en nous parce que personne ne va nous rendre nos êtres chers. Cependant, M. le président, Darío et Maxi continuent à être vivants dans notre lutte pour la justice, jusqu'à ce que leurs véritables assassins, les responsables intellectuels et politiques du massacre du 26 juin, terminent où ils devraient être : derrière les barreaux.


Alberto Santillán (Père Darío)
Vanina Kosteki (Soeur de Maxi)