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CARREFOUR, N°1 des OGM... et de la répression des citoyens.
by [Cage] Monday, Dec. 20, 2004 at 8:52 PM

Quatre citoyens arrêtés pour avoir tenté d'informer les consommateurs sur la politique du groupe Carrefour en matière d'OGM.

Ce samedi 18/12 à 14h30, quatre participants du CAGE (Collectif d'Action GénEthique) ont été emmenés par la police, à la demande de Marc Sala, gérant du CARREFOUR de l'avenue des Olympiades à Evere. Cette privation de liberté, qui a duré 4 heures et entraîné l'intervention de six voitures de patrouille de la zone de police d'Evere, a constitué la seule réponse de Carrefour à une action d'information que nous menions à l'adresse de ses clients sur le risque de présence d'ingrédients génétiquement manipulés dans de nombreux produits de la gamme "N°1".

Pour rappel, depuis 1999, à la suite des actions de diverses associations, Carrefour s'était publiquement engagé à éliminer les ingrédients OGM des produits de ses marques propres. Le 26 novembre dernier, une huile de friture contenant du soja OGM est découverte par Nature et Progrès dans une grande surface du groupe, vendue sous la marque "N°1", la gamme "premier prix" de Carrefour.

Pourtant, "officiellement, la politique de Carrefour n'a pas changé : (...) le groupe Carrefour a décidé de tout mettre en oeuvre pour éliminer les organismes génétiquement modifiés (OGM) de ses produits à marque propre" [Le Soir, 27/11/04.] Concrètement, Carrefour a pris les mesures suivantes: "Une clause a été explicitement inscrite au cahier des charges des produits sur l'absence d'OGM, un certificat du fabricant d'aliment est demandé par lot au fournisseur et des plans de contrôles sont mis en place." [http://www.carrefourbelgium.be/Devdogm.cfm?lang=fr]

"La marque «nº1 » sous laquelle est commercialisée l'huile incriminée ne serait-elle pas propre à Carrefour ? Si, reconnaît Geneviève Bruynseels, porte-parole du groupe en Belgique. Mais à la différence des marques Carrefour, GB ou Bio, nous ne maîtrisons pas le processus de fabrication de « nº1 ». Cette marque fait l'objet d'appels d'offres extérieurs." [Le Soir, 27/11/04.]

Geneviève Bruynseels joue sur les mots, expliquant que les produits "N°1" sont bien commercialisés comme marque propre mais ne sont souvent pas fabriqués par Carrefour, et que "en fonction des sources d'approvisionnement [en produits finis], nous essayons de trouver des produits sans OGM, mais [qu']il faut savoir qu'ils reviennent plus cher" [La Capitale, 27/11/2004.]

La même: "Nous nous sommes engagés à bannir les OGM sur tous les articles dont nous maîtrisons le cahier des charges(...). Mais en ce qui concerne la marque N°1, nous n'achetons que le produit fini. Nous ne pouvons donc contrôler l'ensemble des étapes de production." [La Libre, 26/11/04.]

En d'autres mots : Carrefour accepte les OGM lorsqu'ils sont bon marché. La réalité à ce niveau est extrêmement claire : l'huile transgénique "N°1" coûte au consommateur 1 euro 59 cents la bouteille, alors qu'il lui en coûtera plus de 3 euros pour acheter une huile équivalente non étiquetée "OGM", vendue dans le même rayon. Ce qui représente une différence sensible pour nombre de clients à faibles revenus. Bouteille après bouteille, Carrefour brade ainsi la sécurité sanitaire de milliers de familles modestes.

Trois semaines après la révélation de ce procédé, Carrefour a beaucoup communiqué... mais n'a pas bougé d'un pouce. Pire : Mme Bruynzeel déclarait le 13 décembre qu'il restait 5000 litres en rayons. Roland Vaxelaire, président du Conseil d'administration de Carrefour Belgium, avouait de son côté que le groupe comptait attendre l'écoulement des stocks pour envisager de remplacer l'huile de soja OGM par de l'huile de colza non OGM.

Pour les produits "N°1", ni cahier des charges, ni certificat, ni plan de contrôle, seul le prix compte. Les produits de cette gamme, contenant comme ingrédients du soja, du colza ou du maïs et étant fabriqués en dehors de Carrefour, sont susceptible de contenir des OGM. C'est notamment le cas des :

  • Huile de maïs [producteur : Huilor, filiale bon marché de Lesieur, qui étiquete en France son huile de soja comme étant "OGM"]
  • Mayo (mayonnaise au citron) [contient de l'huile de colza - producteur : Vleminck X NV]
  • Sauce andalouse [contient de l'huile de colza et de l'amidon de maïs - producteur : Didden]
  • Epinards hachés à la crème [contient de l'huile végétale - producteur : ARDO]
  • Cornflakes - toutes variétés "N°1" [contient du maïs et de la lécithine - producteur : H&J Brüggen KG]
Face à une telle stratégie du fait accompli, l'action menée par le CAGE visait à appuyer deux demandes à Carrefour :
  1. qu'il cesse de liquider ses invendus et qu'il retire immédiatement de ses rayons la totalité des huiles aux OGM, en arrêtant de "jouer la montre";
  2. qu'il prenne enfin les mesures permettant d'aboutir à l'élimination des OGM dans ses magasins, et ce explicitement dans le cas de la gamme "N°1"
En attendant, le CAGE continuera à marquer son refus des OGM à l'aide d'un étiquetage approprié sur les produits de la marque N°1 susceptible de contenir des OGM.

Le CAGE

Pour interpeller Carrefour:
Geneviève Bruynseels
Porte-parole Carrefour Belgium
Tél.: 32 2 729 18 14.
e-mail: geneviève.bruynseels@gb.be