arch/ive/ief (2000 - 2005)

L'attaque a été d'une grande violence ce mercredi matin . A 6 heures, les portes du centre ont volé en éclats. Tout a été retourné ; les télévisions et les ordinateurs détruits et 19 personnes arrêtées. Dans les journaux et à la télévision, la police se vante d'avoir "démantelé une cellule clandestine" et d'avoir arrêté "19 membres d'une organisation illégale" ! Or ces organisations sont parfaitement légale et tout à fait reconnue par l'Etat turc, quant au bureau d'édition, il était enregistré depuis longtemps auprès de la sûreté d'état ... Alors pourquoi cette attaque et surtout pourquoi la presse se rend-t-elle complice de ces attaques contre des associations démocratiques ?
Eh bien parce que le 6 novembre dernier, comme tous les 6 novembre depuis 1981, les manifestations étudiantes étaient énormes dans tout le pays et tellement impressionnantes qu'on en a même parlé chez nous ! Les étudiants manifestent contre le YÖK (haut conseil de l'éducation) cette instance militaire placée au dessus de tout établissement scolaire, de l'école primaire à l'université, et qui décide quel livre sera lu, ce qui est juste d'étudier et de penser ! Le YÖK a été mis en place par l'armée après le dernier coup d'état militaire du 12 septembre 1980 ... il fallait au yeux des militaires éviter à tous prix que les jeunes se remettent à penser de manière révolutionnaire comme cela avait été le cas dans les années 70. Ainsi cette année n'a pas dérogé à la règle et a vu les étudiants sortir en masse dans les rues. Or, les associations qui jouent le rôle de fer de lance des manifestations contre le YÖK sont précisément celles qui ont été attaquées par la police ce 10 novembre ! Il s'agit du Gençlik Dernekleri Federasyonu (fédération des associations étudiantes) et de Istanbul Gençlik Dernegi (association stanbouliote de la jeunesse) ! Encore une nouvelle preuve s'il en fallait , que la Turquie ne se démocratise pas, tout au plus, elle passe une couche de peinture sur la pourriture qui compose ses institutions. Le YÖK n'est qu'un exemple parmis tant d'autres: il n'existe pas une seule parcelle de la société turque qui ne soit pas dirigée par les militaires. La torture est toujours appliquée par la police et dans les prisons . Depuis 1980 des milliers de personnes ont été assassinées, emprisonnées ou ont simplement "disparu" . Aujourd'hui, à l'heure ou la Turquie négocie son entrée dans l'UE il faut nous y opposer !!! Non pas sur des critères racistes, comme le fait le Vlaams Blok , mais sur des critères démocratiques ... si la Turquie entre dans l'UE, ce serait comme donner raison aux militaires, les absoudre des crimes commis depuis 24 ans maintenant ! Non la Turquie n'est pas démocratique, ne respecte pas les droits de l'homme, les gesticulations du Premier ministre Recep Tayyip Erdogan ne sont que de la poudre aux yeux.

La Population ne veut pas d'UE (n'en déplaise à ATTAC, qui demande une nouvelle constitution plutôt que la déconstruction de l'UE). Les abstentionnistes sont d'ailleurs devenuEs majoritaires depuis les élections européennes de 1999, et leur pourcentage s'est encore accru lors des élections de 2004, ce qui rend les institutions européennes illégitimes au regard du principe démocratique. Il est d'ailleurs assez significatif que les politiciens et les journalistes salariés évitent généralement d'évoquer l'abstentionnisme en tant que choix politique (par exemple, de rejet du régime représentatif, et de son remplacement par la démocratie directe). Ils le décrivent plutôt comme de la paresse ou de l'incivisme.

Je suis bien d'accord avec toi , l'UE n'incarne pas plus la démocratie que les Pinochets turcs !

La question n'est donc pas de "mériter" l'adhésion à l'Europe.
Ole, tu as raison de dire: "Aujourd'hui, à l'heure ou la Turquie négocie son entrée dans l'UE il faut nous y opposer !!! Non pas sur des critères racistes, comme le fait le Vlaams Blok , mais sur des critères démocratiques ".
Mais je crois qu'il faille ajouter: "et sur des critères anti-impérialistes".
Car il ne fait aucun doute que l'intégration de la Turquie va renforcer le pôle US au sein de l'Europe. Et même si l'axe Paris-Berlin parvenait à remorquer la Turquie pour son propre compte au détriment des Etats-Unis, la présence même, au sein de l'Europe, d'un pays ultra-libéral et répressif comme la Turquie va accélérer la régression sociale et approfondir le déficit démocratique tant en Europe qu'en Turquie suite à un processus de nivellement par le bas.
Voilà pourquoi, à mon sens, dans le débat sur l'intégration de la Turquie, tant les progressistes turcs qu'européens doivent en même temps dénoncer l'UE (avec ou sans la Turquie) en tant qu'appareil économique, judiciaire, policier et militaire de plus en plus agressif à l'égard des travailleurs et des forces démocratiques.
Les analyses et les remarques d'Ole et de François sont correctes dans la mesure où elles se complètent.
Salut à tous.