A
mon arrivée au petit local de la SETCa-BBTK de Fortis-AG je
suis accueilli immédiatement par Karel Meganck (BBTK),
Bruno Purnelle (STECa) en Christiane Van Aster (CNE). " Nos
collègues de la LBC et ACLVB-CGSLB sont en réunion
et donc excusés".
Pour
quelles raisons vous estimez qu'il serait nécessaire de
lancer cette pétition.
En
fait, c'est la directive Bolkestein qui a déclenché
l'initiative. Cela nous a réveillés. Cette directive
montre que le patronat a lancé une offensive en règle
contre nos conditions de travail et la sécurité
sociale qui sont relativement bonnes. Depuis lors, nous sommes
devenus sur le qui-vive. Cet été, juste après
l'élargissement de l'Union européenne avec la
Pologne, entre autres, le patronat a lancé une attaque en
règle sur le terrain: semaine de 40 heures à
Siemens, travailler plus longtemps, flexibilité,
suppression de la prépension, … Timmermans annonçait
clairement la position de la FEB, en faveur de la semaine de 40
heures.
Nous
nous sommes mis d'accord qu'il ne serait pas mal que nous
soumettions la question aussi à notre direction. Chez
Fortis AG nous avons les 35 heures. Nous avons distribué un
tract aux gens et nous avions convenu d'interpeller le patron au
conseil d'entreprise. La réponse nous a inquiétés:
la direction n'a pas voulu se prononcer pour le maintien des 35
heures. Il faut pourtant ajouter qu'elle ne s'est pas prononcée
en faveur des 40 heures non plus.
Nous
estimions que nos dirigeants auraient pu réagir plus
fermement contre une offensive d'une telle ampleur. Et il n'y
avait toujours pas de réaction. C'est ainsi que l'idée
d'une pétition a germé. Nous avons d'abord voulu la
présenter à d'autres délégués
pour que le signal soit clair: " Nous sommes prêts à
défendre nos droits et nos acquis".
Aujourd'hui,
nous allons étendre ce terrain d'action. Nous demandons à
d'autres délégations de l'adopter, sous forme d'un
parrainage, et de la faire circuler dans l'usine. C'est ce que
nous allons faire maintenant à Fortis AG.. Nous sommes
certains que –malgré les discours sur le
vieillissement- il y a beaucoup de gens qui sont prêt à
défendre la prépension et les 35 heures.
Est-ce
que la pétition a déjà eu des effets?
(Karel
ouvre un tiroir et sort un paquet de pétitions remplies.)
Ces signatures viennent surtout de délégués
syndicaux, bien qu'il y ait déjà quelques petites
entreprises qui nous ont envoyé les signatures de 50% du
personnel. Tous ces gens sont prêts à défendre
la prépension et à s'opposer à toute
extension du temps de travail. Nous regrettons toujours que les
responsables des différents syndicats ne réagissent
pas assez fort. C'est pour cette raison que nous avons pris
l'initiative d'élargir le travail avec la pétition:
cela semble une bonne manière pour lancer la discussion.
Prépension,
extension du temps de travail, …est ce que cela concerne
encore les gens?
Tous
les jours les gens nous interrogent. Et je n'exagère pas.
D'abord ce sont les anciens qui s'inquiètent. Beaucoup ont
peur et ne voient pas comment ce serait possible de rester plus
longtemps au travail. Chez les gens c'est différent: la
pension peur eux, ce n'est pas pour demain. Beaucoup d'entre eux
font des heures supplémentaires. On les nomme soit disant
"cadre" et alors ils travaillent comme des dingues parce
qu'on les fait miroiter des promotions. En réalité,
ils travaillent pour une bonne partie gratuitement mais ils ne
semblent pas comprendre cela. C'est seulement après
quelques années qu'ils comprennent qu'on les arnaque et
qu'ils cherchent un autre job. Malgré cela il y a aussi pas
mal de jeunes qui se prononcent contre l'extension du temps de
travail.
Vous
êtes quand-même conscients que tous vos dires vont à
l'encontre de tout ce qu'on raconte dans les médias? En
plus, vous ne pouvez pas nier que le vieillissement devra être
financé d'une façon ou d'une autre.
Nous
nous rendons bien compte qu'on sert aux gens une toute autre
histoire, mais nous constatons également que beaucoup de
gens soutiennent notre pétition et veulent la signer. Nous
ne nions pas non plus que le vieillissement est effectivement un
problème, mais si on commence d'abord à s'en prendre
à la fraude fiscale et la technologie de pointe fiscale on
trouverait bien vite de l'argent pour remédier au
financement du vieillissement. En plus en ce qui concerne la santé
publique, on devrait une fois mettre le doigt sur les cadeaux
plantureux à l'industrie pharmaceutique. Le trou serait
bien vite bouché! Il y a actuellement 600.000 chômeurs.
On devrait d'abord s'occuper de leur procurer un emploi avant de
prendre des mesures pour faire travailler plus longtemps ceux qui
ont déjà un emploi.
Nous
sommes en fait conscients que nous ne parlons pas le même
langage que les patrons. Et que c'est justement pour cette raison
qu'il est nécessaire d'aller à la contre offensive.
C'est justement ce que nous voulons faire avec la pétition.
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