arch/ive/ief (2000 - 2005)

FSE 2004: constitution européenne et réfugiés
by Le Roij Chedia Monday, Nov. 15, 2004 at 6:26 PM
C_leroij@hotmail.com

Cette année le Forum social européen s'est tenu à Londres. Parmis les sujets abordés, celui de la constitution européenne divise. Celui des réfugiés a été moins traité mais reste très préoccupant. Rapports de quelques séminaires.

Forum social européen 2004

Le troisième forum social européen a eu lieu à Londres du 15 au 17 octobre. Le lieu (parce que cher) et les frais d’inscription au Forum (30 euros) ont été critiqués par beaucoup. Ils estiment en effet que cette année, le Forum a exclu du débat une partie de la population (faute de moyens). Sur le choix du lieu, Eric Toussaint, un des belges membres du conseil international du Forum social mondial, s’explique en soulignant leur volonté d’enraciner le processus du Forum social mondial dans les pays anglo-saxons.
Quoi qu’il en soit, le FSE fut un succès et c’est des milliers de personnes qui ont dû choisir entre les différents lieux de conférences dont le principal : l’Alexandra Palace. Dur choix aussi quand une trentaine de plénières, séminaires ou ateliers se partagent la même plage horaire (de deux heures en général). Parmi les nombreux sujets, quelques uns étaient assez récurrents, comme l’Irak, la Palestine, les Etats-Unis, le G8, la constitution européenne…

Constitution européenne : pour ou contre ?

La constitution européenne est l’un des sujets qui a le plus divisé au FSE. Dans le camps du « pour » on retrouve certains socialistes ou syndicats, mais ils semble que les partisans du contre soient plus nombreux (Attac, le Forum social belge,…). Les opposants à l’adoption de la constitution européenne s’accordent en général dans leur analyse. D’abord, en ce qui concerne sa conception, ils reprochent à la Convention européenne de ne pas avoir consulté la Société Civile ainsi que la quasi inexistence de débat dans certains pays et le peu de consultation populaire.
Quand certains partisans tel le CGIL (syndicat italien) critiquent la constitution en elle-même mais espèrent l’améliorer une fois adoptée, les opposants leur répondent que pour la modifier, il faut un vote à l’unanimité des 25 Etats membres !
Quant aux droits civiques et sociaux : les pays membres s’engagent à améliorer progressivement leurs capacités militaires, à rester aux ordres de l’Otan et l’Union approuve les attaques préventives. Les dispositifs de contrôle et de répression sont renforcés au nom de la lutte contre le terrorisme sans que jamais ce terme ne soit défini.
D’autre part, le texte égalise les droits sociaux des européens sur la base des pays les moins protégés. Ainsi, des droits fondamentaux comme le droit à la santé, au logement ou à un salaire suffisant n’y figurent pas. Comme le souligne le forum social belge, le texte approuve l’exploitation des mineurs en ne leur assurant aucune protection. Les services publics seront privatisés librement par les gouvernements et les multinationales reçoivent l’impunité car le texte leur permet de délocaliser…
Quant aux capitaux, ils circuleront librement interdisant ainsi l’application d’une taxe Tobin. Fidèle à l’OMC, l’Union, abandonne les énergies alternatives au profit du « marché de l’énergie ». Et la Banque centrale européenne voit son rôle politique central renforcé.
Et puis enfin, seuls 13 gouvernements seront représentés pour chaque législature au parlement européen. Ce dernier voit d’ailleurs ses pouvoirs très limités. N’oublions pas la référence à l’héritage religieux de l’Europe qui pourrait choquer plus d’un laïque.
Pourtant, les partisans de l’adoption de la constitution européenne souligne le besoin d’avoir une force politique pour faire contrepoids aux Etats-Unis (c’est un argument qui revient souvent au FSE) et rappellent aussi que refuser le texte, c’est revenir au Traité de Nice ce qui est pire. Ils semblent penser qu’un million de signatures de citoyens européens, suffira à modifier la constitution et estiment risqué de recommencer un nouveau texte qui pourrait être pire.
En tout cas, si tout le monde n’est pas d’accord quant à son adoption, les critiques se rejoignent et s’accordent pour dire que la constitution européenne consacre 40 ans de libéralisme, voir 15ans de néolibéralisme. On s’accorde aussi pour penser que quoi qu’il en soit, l’avis de la population ne semble pas avoir beaucoup de poids.

A qui profite l’immigration ?

C’est un sujet peu abordé au FSE et pourtant on en parle beaucoup en Europe. L’Europe est-elle cette forteresse que l’on dénonce ? Oui et non, en tout cas n’oublions pas que les réfugiés ne viennent pas de leur plein gré. Mais pour comprendre notre rôle dans l’immigration, il faut rappeler ses causes. D’abord, il y a la guerre dont nous sommes complices, que nous la provoquions (Afghanistan, Irak) ou que nous fournissions les armes ; vient ensuite la politique néolibérale imposée aux pays du Sud à travers les PAS (plan d’ajustement structurel) du FMI et de la Banque mondiale. Qui dit PAS dit privatisation et surexploitation des ressources naturelles de ces pays. Ce qui amène une troisième cause : le changement climatique qui rend la vie impossible dans certaines régions. La liste n’est pas exhaustive, mais ce qui frappe c’est notre responsabilité dans la « pauvreté » (au sens occidental du terme) des pays du Sud.
Alors oui, certains essaient de rejoindre l’Europe, mais ceux qui ne meurent pas dans des embarcations surchargées en Méditerranée sont vite déçus. Beaucoup sont refoulés dans d’autres pays hors Europe, beaucoup sont enfermés dans des camps et beaucoup passe dans la clandestinité. Etre dans la clandestinité cela signifie travailler sans sécurité pendant des durées inhumaines et à la merci de son patron.
Quant à ceux qui parviennent à obtenir un permis de séjour, l’exemple de l’Irlande est assez illustratif : Ils sont placés dans des sortes de HLM à une famille par pièce parfois. Ils reçoivent en général 20% en moins du salaire moyen et leurs droits sociaux politiques sont réduits.
Alors, à qui profite l’immigration ? Au capital et aux employeurs.

Quelques critiques à propos du FSE

Il est dommage, quand on vient vous parler de la déforestation, de constater l’immense gaspillage de papier au FSE (le tapis de l’Alexandra Palace avait disparu sous les tracts). Et puis ça fait sourire (jaune) de constater que la seule nourriture qu'on propose aux alentours du FSE soit de la malbouffe (hamburgers, coca…).
Quant aux conférences elles-mêmes, elles manquaient souvent de profondeur mais cela devrait changer dés l’année prochaine selon les organisateurs. Quant aux interprètes, ils avaient parfois du mal à suivre mais on ne peut que les remercier quant on sait qu’ils se sont offert bénévolement ainsi que des centaines d’autres personnes, venant de toute l’Europe se sont impliqués bénévolement à la réussite du Forum. Car quoi qu’on en dise, le forum est une réussite. Un véritable mouvement international contre le néolibéralisme se forme et les politiques ne pourront pas toujours nous ignorer. Progressivement nous nous constituons en force politique.