En novembre 2001, sous la pression des
pays riches et au nom de «la lutte contre le terrorisme»,
les Etats membres de l'OMC adoptaient un programme de négociations
qui devaient se terminer fin 2004 et qui fut baptisé
«Agenda de Doha pour le Développement.»
En dépit de son intitulé,
aucune décision effectivement favorable aux pays en
développement n'est sortie à ce jour de ces
négociations. Les pays riches entendent imposer leurs
propositions. Ils sont donc restés sourds à des
alternatives plus équilibrées avancées par
les pays en développement. Exaspérés par
l'intransigeance et l'arrogance des Occidentaux , les PVD ont
bloqué les négociations à l'occasion de la
5ème conférence ministérielle, à
Cancun en septembre dernier. Depuis lors de multiples tentatives
de relance ont été tentées par les
gouvernements des pays riches sous la pression constante des
groupes de pression du monde des affaires et de la finance.
Ces efforts se caractérisent à
la fois par des méthodes de prise de décision qui
sont une insulte aux principes démocratiques et qui ne
relèvent que des rapports de force, par des modifications
des concepts et du vocabulaire qui changent la formulation des
propositions, mais laissent la substance intacte, par des
pressions directes sous forme de retrait d'aides comme l'Union
européenne vient d'en infliger au Kenya, un des
porte-parole les plus éloquents des pays africains. Le
texte final, adopté ce 31 juillet, est issu d'une réunion
restreinte d'une trentaine de pays à laquelle seuls les
gouvernements les moins opposés aux propositions
occidentales ont eu le droit de participer, les autres étant
réduits à accepter ou à rejeter le résultat,
forcés ainsi d'endosser la responsabilité de
l'échec.
Le texte adopté, sil précise
quelque peu les termes du programme de Doha dans certains dossiers
auxquels les pays en développement sont sensibles, reporte
surtout son échéance à décembre 2005.
Les précisions apportées
dans le dossier agricole ne sont pas assorties dun calendrier qui
les rendraient crédibles, les modalités arrêtées
pour des négociations en matière d'investissement
limitées à la facilitation des échanges
nécartent pas de l'OMC de possibles négociations sur
les autres questions liées à l'investissement, les
propositions sur le coton ne sont pas juridiquement
contraignantes, les dispositions relatives à l'accès
au marché des produits industriels menacent la survie des
industries dans le Sud. En outre, ces dispositions ont offert
l'occasion aux pays riches d'inclure de nouvelles avancées
dans le processus de mondialisation néolibérale
destructrice de la souveraineté des peuples.
Dans le domaine de l'Accord Général
sur le Commerce des Services (AGCS) des dispositions extrêmement
importantes ont été adoptées qui vont
accélérer le démantèlement des
services publics et la marchandisation globale des activités
de service:
- les 105 pays qui n'ont pas présenté
de listes de services qu'ils sont disposés à
privatiser devront le faire pour mai 2005 ;
-
une évaluation de l'ampleur des privatisations ainsi
«offertes» par chaque pays sera effectuée par
l'OMC à cette échéance ;
-
il sera vérifié si ces «offres»
débouchent sur une véritable ouverture des marchés
et une privatisation substantielle ;
-
il sera vérifié si un «haut niveau de
libéralisation» est atteint, «aucun secteur, ni
aucun mode de fourniture de service n'étant exclu a priori»
- les négociations sur les
législations et réglementations nationales
considérées comme des «obstacles non
nécessaires au commerce» ainsi que sur les
subventions considérées comme «entraînant
des distorsions à la concurrence commerciale» devront
être finalisées.
Une fois de plus, les négociations
commerciales internationales telles quelles sont conduites dans
l'enceinte de l'OMC illustrent la permanence d'une volonté
des Occidentaux de dicter leur loi au monde. Tout le reste relève
d'une rhétorique qui trompe de moins en moins les peuples.
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