Elections / "L'interdiction a conduit au vote rejet" (E.Rydberg) by raf Monday, Jun. 14, 2004 at 3:42 PM |
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"Le Front National et le Vlaams Blok parlent beaucoup plus aux gens; la politique par contre ne parle plus aux gens". Erik Rydberg n'est pas étonné du résultat de l'extrême droite dans les élections du 13 juin. Pour la réponse/riposte le journaliste, qui investit son énérgie dans le GRESEA (Groupe de Recherche pour une Stratégie Economique Alternative), regarde vers le Sud "qui pourra nous apporter ses analyses".
Erik Rydberg. Ex-journaliste du quotidien Le Matin.
Auteur de: Nom de Code Neufchâteau (Affaire-Dutroux), Banlieue en Flammes
(Racisme) et (avec Vincent Decroly) Principes Elémentaires de la Propagande
Arc-en-ciel. Observateur engagé (au Gresea) de la mondialisation du
"marché libre".
Les élections européennes du 13 juin représentent pour
Erik Rydberg "une sanction des majorités en place", quelles soient
de gauche ou de droite - à part peut-être le PS en Wallonie
ou le parti socialiste en Espagne. Les populations ont exprimé leur
désaveu des politiques suivies c'est-à-dire "le pro-Américanisme
des plus conservateurs", mais aussi une " Convention européenne qui
veut verrouiller une démocratie de marché".
"En Belgique", dit Erik Rydberg, "nous avons vu des campagnes électorales
extrêmement personalisées. Il y a eu un rejet de ça aussi.
On s'est dit: pourquoi votons-nous sinon pour des têtes de gens? Les
partis politiques, de gauche ou de droite, n'ont plus la capacité
de se situer par rapport aux gens. L'extrême-droite par contre, le
Front National ou le Vlaams Blok, parlent beaucoup plus aux gens". Les partis
ont tous déclaré qu'il veulent plus d'Europe, sans demander
aux gens ce que ils veulent eux. Le Blok n'arrive pas à vendre l'Europe,
il vend "plus de Flandre" et les gens comprennent. "Le Vlaams Blok parle
de choses qui concernent les gens. Les autres parlent de choses théoriques,
ou ils disent des choses que les gens n'aiment pas".
Or, d'après Erik Rydberg, les partis politiques devraient oser discuter
non pas avec le Blok mais avec les thèmes du Blok: délinquence,
migration, tous les sujets et casses-têtes que préoccupent vraiment
l'opinion publique.
Interdiction ou débat?
Rydberg n'est pas d'accord avec la thèse selon laquelle l'extrême-droite
apparaît (dans les médias) comme la seule opposition, la seule
alternative radicale restante. "En Wallonie il y plus d'autocensure, on applique
le cordon sanitaire", dit Rydberg. "Je regarde peu la télévision,
je viens de la presse, donc... Mais la presse, je la trouve extrêmement
institutionnelle. De Morgen a évolué vers le VLD, Le Soir est
très proche des forces majeures des grands appareils. Cela aussi,
ça crée un vote rejet".
Il marque son désaccord avec le procès contre (trois asbl du)
Vlaams Blok. "Je crois que cette volonté d'estimer qu'il faut envoyer
au tribunal des gens qui ont des idées non-acceptables et de les interdire,
conduit au rejet. Venant de la presse, je suis pour la liberté d'expression.
Ce proces a été une erreur".
"C'est inquiétant", continue Erik Rydberg. "On va interdire l'expression
des idées qui ne sont pas acceptées. Moi par contre, je suis
convaincu qu'il faut mener le débats. Plus personnes mène encore
le débat. La question européenne par exemple n'est jamais posée:
faut-il avoir une organisation démocratique nationale ou bien faut-il
une Europe fédérale? On ne veut pas ce débat-là.
La question de la guerre sur l'Iraq n'est pas posée. Fait-il privatiser
ou bien nationaliser? La question n'est pas posée. Tout cela crée
le vote de rejet par simplification".
Les questions, qui ne se posent nulle-part doivent être lancées
par des espaces comme Indymedia, dit Erik Rydberg. Il est pourtant plutôt
pessimiste. Il faudra "un époque de recul et peut-être attendre
que les contradictions deviennent plus dûres. Je pense à la
seule superpuissance, les Etats-Unis, dont la dette est en train de croître
rapidement. Je suis assez sceptique sur la capacité humaine de redresser
de telles situations par le volontarisme. Je crois beaucoup plus au Sud,
puisqu'on y fait des analyses beaucoup plus essentielles. Nous devons être
attentifs à ce qui va se passer dans le monde".