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6 juin : commémoration ou mystification ?
by Nico Hirtt Saturday, Jun. 05, 2004 at 2:50 PM
nico.hirtt@ecoledemocratique.org

Par leur accumulation et par leur caractère unilatéral, les commémorations du soixantième anniversaire du Débarquement sont en train d’installer, dans la conscience collective des jeunes générations, une vision mythique, mais largement inexacte, concernant le rôle des Etats-Unis dans la victoire sur l’Allemagne nazie.

Par leur accumulation et par leur caractère unilatéral, les commémorations du soixantième anniversaire du Débarquement sont en train d’installer, dans la conscience collective des jeunes générations, une vision mythique, mais largement inexacte, concernant le rôle des Etats-Unis dans la victoire sur l’Allemagne nazie. L’image véhiculée par les innombrables reportages, interviews d’anciens combattants américains, films et documentaires sur le 6 juin, est celle d’un tournant décisif de la guerre. Or, tous les historiens vous le diront : le Reich n’a pas été vaincu sur les plages de Normandie mais bien dans les plaines de Russie.

Rappelons les faits et, surtout, les chiffres.

Quand les Américains et les Britanniques débarquent sur le continent, ils se trouvent face à 56 divisions allemandes, disséminées en France, en Belgique et aux Pays Bas. Au même moment, les soviétiques affrontent 193 divisions, sur un front qui s’étend de la Baltique aux Balkans. La veille du 6 juin, un tiers des soldats survivants de la Wehrmacht ont déjà enduré une blessure au combat. 11% ont été blessés deux fois ou plus. Ces éclopés constituent, aux côtés des contingents de gamins et de soldats très âgés, l’essentiel des troupes cantonnées dans les bunkers du mur de l’Atlantique. Les troupes fraîches, équipées des meilleurs blindés, de l’artillerie lourde et des restes de la Luftwaffe, se battent en Ukraine et en Biélorussie.
Au plus fort de l’offensive en France et au Benelux, les Américains aligneront 94 divisions, les Britanniques 31, les Français 14. Pendant ce temps, ce sont 491 divisions soviétiques qui sont engagées à l’Est.

Mais surtout, au moment du débarquement allié en Normandie, l’Allemagne est déjà virtuellement vaincue. Sur 3,25 millions de soldats allemands tués ou disparus durant la guerre, 2 millions sont tombés entre juin 1941 (invasion de l’URSS) et le débarquement de juin 1944. Moins de 100.000 étaient tombés avant juin 41. Et sur les 1,2 millions de pertes allemandes après le 6 juin 44, les deux tiers se font encore sur le front de l’Est.
La seule bataille de Stalingrad a éliminé (destruction ou capture) deux fois plus de divisions allemandes que l’ensemble des opérations menées à l’Ouest entre le débarquement et la capitulation.
Au total, 85% des pertes militaires allemandes de la deuxième guerre mondiale sont dues à l’Armée Rouge (il en va différemment des pertes civiles allemandes : celles-ci sont, d’abord, le fait des exterminations opérées par les nazis eux-mêmes et, ensuite, le résultat des bombardements massifs de cibles civiles par la RAF et l’USAF).

Le prix payé par les différentes nations est à l’avenant. Dans cette guerre, les Etats Unis ont perdu 400.000 soldats, marins et aviateurs et quelques 6.000 civils (essentiellement des hommes de la marine marchande). Les Soviétiques quant à eux ont subi, selon les sources, 9 à 12 millions de pertes militaires et entre 17 et 20 millions de pertes civiles. On a calculé que 80% des hommes russes nés en 1923 n’ont pas survécu à la Deuxième Guerre Mondiale. De même, les pertes chinoises dans la lutte contre le Japon — qui se chiffrent en millions — sont infiniment plus élevées — et infiniment moins connues — que les pertes américaines.

Ces macabres statistiques n’enlèvent bien évidemment rien au mérite individuel de chacun des soldats américains qui se sont battus sur les plages de Omaha Beach, sur les ponts de Hollande ou dans les forêts des Ardennes. Chaque GI de la Deuxième guerre mondiale mérite autant notre estime et notre admiration que chaque soldat russe, britannique, français, belge, yougoslave ou chinois. Par contre, s’agissant non plus des individus mais des nations, la contribution des Etats Unis à la victoire sur le nazisme est largement inférieure à celle que voudrait faire croire la mythologie du Jour J. Ce mythe, inculqué aux générations précédentes par la formidable machine de propagande que constituait l’industrie cinématographique américaine, se trouve revitalisée aujourd’hui, avec la complicité des gouvernements et des médias européens. Au moment ou l’US-Army s’embourbe dans le Vietnam irakien, on aura du mal à nous faire croire que ce serait le fait du hasard…

Alors, bien que désormais les cours d’histoire de nos élèves se réduisent à l’acquisition de « compétences transversales », il serait peut-être bon, pour une fois, de leur faire « bêtement » mémoriser ces quelques savoirs élémentaires concernant la deuxième guerre mondiale :

• C’est devant Moscou, durant l’hiver 41-42, que l’armée hitlérienne a été arrêtée pour la première fois.
• C’est à Stalingrad, durant l’hiver 42-43, qu’elle a subi sa plus lourde défaite historique.
• C’est à Koursk, en juillet 43, que le noyau dur de sa puissance de feu — les divisions de Pantzers — a été définitivement brisé (500.000 tués et 1000 chars détruits en dix jours de combat !).
• Pendant deux années, Staline a appelé les anglo-américains à ouvrir un deuxième front. En vain.
• Lorsqu’enfin l’Allemagne est vaincue, que les soviétiques foncent vers l’Oder, que la Résistance — souvent communiste — engage des révoltes insurrectionnelles un peu partout en Europe, la bannière étoilée débarque soudain en Normandie…


Nico Hirtt
Enseignant, écrivain (auteur de "L'école prosituée", ed Labor).

quelle vérité? Celle de l'Urss?
by Olivier Saturday, Jun. 05, 2004 at 7:05 PM

Lu dans La Libre:
"Jusqu'à une époque récente, il était de bon ton en ex-URSS de considérer que la victoire avait été acquise sur le front de l'Est, celui de l'Ouest étant tenu pour un simple appoint."

et ta remarque "Mais surtout, au moment du débarquement allié en Normandie, l’Allemagne est déjà virtuellement vaincue."
c'est sans doute parce qu'elle était déjà "virtuellement" vaincu que les Sovietiques ont trainé pour aider une ville en insurrection complète: Varsovie.
Lire la suite sur:
http://www.polishresistance-ak.org/4%20Article%20Fr.htm
comme "Staline interdit l'aide Allié pour Varsovie levant ainsi son masque et révélant brutalement au monde la vraie nature de sa politique envers la Pologne"

Lu sur Indymedia
by Open Publishing Sunday, Jun. 06, 2004 at 10:30 AM

"Au sein de la classe politique occidentale, et du milieu journalistique, il a toujours été de bon ton de considérer que la victoire avait été acquise en Normandie, le front de l'Est étant tenu pour un simple appoint."

Heel wat feiten
by Piet van Regenmortel Sunday, Jun. 06, 2004 at 12:50 PM

Er zijn heel wat feiten, en er kunnen heel wat verhalen mee geschreven worden. Zoals over de verdeling van Polen tussen Hitler en Stalin, in 1939. Over Groot-Brittanië, dat helemaal stond en helemaal alleen stand hield in 1940, terwijl Stalin zich nog veilig achtte door zijn niet-aanvalpact. (En leuke details, over de naar Rusland gevluchte Duitse Communisten, die na in ongenade te zijn gevallen wegens meningsverschillen, werden uitgeleverd aan de Gestapo).
Dat er minder divisies in het Westen stonden, waar een invasie vanuit zee moest wordengestopt, dan in het Oosten, waar een landoorlog bezig was over een veel breder front, mag niet verwonderen.
Vergeet ook niet de materiële steun die de Amerikanen aan de Russen gegeven hebben. Vergeet ook niet de oorlog die Britten en Amerikanen aan het uitvechten waren in de Stille Oceaan, de Britse strijd in Noord-Afrika, de Amerikaanse landing in Sicilië en Italië,...
En die Russische krijgsgevangenen, die na de bevrijding rechtstreeks werden doorgevoerd van Duitse gevangenschap naar Siberië, omdat het feit dat ze gevangen genomen waren bewees dat het verraders waren, heb je die al meegerekend in de dodencijfers?
Ziehier enige feiten die niet lang zullen blijven staan.

6 juin : commémoration ou mystification ?
by kif Monday, Jun. 07, 2004 at 11:37 AM

C'est hallucinant ce qu'on peut lire comme conneries sur certains sites alternatifs que ce soit celui-ci ou indymedia paris. Ce petit texte de Nico Hirtt est à ce propos assez sensationel dans le genre, "j'enfonce des portes ouvertes en dénoncant un infâme complot impérialiste". Bienvenu au révisionisme minute qui sous prétexte d'avoir avancé quelques chiffres exacts (le fait que l'URSS ait payé les plus lourdes pertes humaines durant le conflit est indiscutable) tire des conclusions idéologiques tout à fait nauséabondes.

Car enfin, on oublie d'avancer quelques autres faits:

- Depuis la rencontre de Téhéran en 1943, l'URSS implore les autres alliés d'ouvrir un front à l'Ouest. Sans ce front, il est bien difficile de dire aujourd'hui ce qui se serait passé même si une victoire finale nazie après la débâcle de Stalingrad semble à exclure.

- On peut se souvenir du fameux pacte germano-soviétique de 1939 dans lequel Hitler et Staline s'étaient partagé la Pologne (les troupes soviétiques remettant aux nazis pour signe de bonne volonté un grand nombre de resistants communistes allemands sur le pont de Brest-Litovsk). Sans nouveau front à l'Ouest en 1944, les Allemands auraient peut-être pu envisagé un cessez-le-feu à l'est leur permettant de garder sous son joug toute l'Europe de l'ouest laissant momentanément l'est sous domination stalinienne.

- si au contraire, la guerre avait continué sans front de l'ouest, elle aurait encore été plus longue et bien plus meurtrière et elle se serait sans doute terminée par une occupation stalinienne de l'entièreté du continent, ce qui à mon avis n'aurait pas dérangé Nico Hirtt mais qui aurait définitivement tué tout l'héritage démocratique de nos contrées.

Mais aujourd'hui, l'ère du temps est à l'anti-américanisme primaire. Le diable yankee, responsable de tous les malheurs du monde, est un danger équivalent à l'hitlérisme et au stalinisme. Ces obèses amerloques nous ont imposé leur coca-cola, leurs hamburgers et leur musique de nègre alors que nous on rêvait de pinard, de baguettes, de Maurice Chevalier et de quelques escapades en Sibérie. Ils nous ont conditionné à croire qu'ils nous avaient libérés du nazisme pour pouvoir continuer à l'aise toutes leurs exactions. Ils contrôlent tout, la presse, notre éducation, même nos manuels d'histoire. Et nous, évidemment, on marche à fond. Heureusement que des gens comme Nico Hirtt dénoncent avec tant de verve mais surtout avec une grande méthodologie d'historien ce complot permanent.

Merci et bravo

kif le ventilateur
by athenis Monday, Jun. 07, 2004 at 5:13 PM

kif (11h37) écrit :

1. que l'auteur : " tire des conclusions idéologiques tout à fait nauséabondes "

--> Je ne vois aucune conclusion idéologique dans l'article.

2. que l'article "dénonce un infâme complot impérialiste"

--> Je ne vois dans l'article aucune référence à un "complot impérialiste"

Sur la théorie du complot
by athenis Monday, Jun. 07, 2004 at 5:28 PM

Il n'est pas besoin que des hommes habillés de noir se réunissent en secret dans une cave pour qu'il y ait action produisant les mêmes effets qu'un complot. Il suffit que des gens partagent certains intérêts. Pour maximiser leur intérêt ils vont individuellement élaborer une ou des stratégies et les réaliser. Il n'est pas nécessaire que ces personnes se connaissent, ni même qu'elles soient informées de l'existance des autres "comploteurs".

C'est pourquoi je suis tout à fait d'accord avec ce paragraphe de l'article :

"Ces macabres statistiques n’enlèvent bien évidemment rien au mérite individuel de chacun des soldats américains qui se sont battus sur les plages de Omaha Beach, sur les ponts de Hollande ou dans les forêts des Ardennes. Chaque GI de la Deuxième guerre mondiale mérite autant notre estime et notre admiration que chaque soldat russe, britannique, français, belge, yougoslave ou chinois. Par contre, s’agissant non plus des individus mais des nations, la contribution des Etats Unis à la victoire sur le nazisme est largement inférieure à celle que voudrait faire croire la mythologie du Jour J. Ce mythe, inculqué aux générations précédentes par la formidable machine de propagande que constituait l’industrie cinématographique américaine, se trouve revitalisée aujourd’hui, avec la complicité des gouvernements et des médias européens."

Réponse à Piet et à Pif
by Nico Hirtt Monday, Jun. 07, 2004 at 10:30 PM

Le texte de Piet van Regenmortel ne contient, me semble-t-il, aucun élément venant infirmer mes informations et mon analyse.
Je ne partage pas son jugement unilatéral sur le pacte de non-agression germano-soviétique, parce qu’il ne prend pas en compte les conditions qui ont amené les Soviétiques à conclure ce pacte, à savoir la trahison de Munich et le refus du pacte de défense mutuelle que l’URSS avait proposé précédemment aux Français, Anglais et Polonais. Mais quoi qu’il en soit, quel que soit le jugement que l’on porte sur le pacte germano-soviétique, cela ne change rien à la question : « qui a vaincu l’Allemagne ? ». J’ajouterais pourtant ceci : sans le pacte germano-soviétique, on peut supposer raisonnablement qu'Hitler aurait attaqué l’URSS dans la foulée de la Pologne. Ses chances de victoire auraient, dans ce cas, été beaucoup plus grandes. A l’Est comme à l’Ouest.
L’aide matérielle américaine à l’URSS fut réelle : une quarantaine de millions de tonnes d’armes, de munitions et de nourriture ce n’est pas rien. Mais cela ne représente malgré tout qu’un très petit pourcentage du matériel et des fournitures qui furent engagés sur le front de l’Est. Précisions que les armes, avions et chars produits par les Soviétiques eux-mêmes étaient de très haut niveau, surtout à partir de Stalingrad (comme l’a montré notamment la bataille de Koursk).
Enfin, l’épisode des prisonniers russes arrêtés semble malheureusement exact (même si les conditions et les chiffres exacts restent très controversés). Mais à nouveau, je ne comprends pas ce qu’il change aux faits relatifs à l’effort de guerre comparé des Soviétiques et des Américains.

Quant au texte du courageux qui se cache derrière le pseudonyme Kif, l’incapacité intellectuelle où il se trouve de dépasser le niveau de l’insulte en dit assez sur la profondeur de sa pensée. Avant même de corriger son orthographe pénible, Kik devrait apprendre à lire. Que Staline « implorait » les autres alliés d’ouvrir un deuxième front, je l’écris aussi. Cependant, il ne le demandait pas depuis 1943 comme l’écrit monsieur Kip, mais depuis l’offensive allemande sur Stalingrad en été 1942.
Kitch ne remarque pas la contradiction logique totale entre le fait, d’une part, de souligner la demande d’une intervention américaine de la part de Staline et celui, d’autre part, de sous-entendre que ce dernier aurait eu des visées sur l’Europe occidentale. Si les Américains étaient intervenus plus tôt en Europe, c’est eux qui auraient libéré l’Europe de l’Est, mais en payant un prix beaucoup plus lourd. Ils ont préféré laisser l’URSS se saigner à blanc et faire le sale boulot.
Flik dérape dans la politique-fiction pure quand il imagine une Allemagne signant un cessez-le feu à l’Est ! D’abord parce que l’occupation de la Pologne, de l’Ukraine, de la Biélorussie et des Etats Baltes étaient les principaux objectifs de guerre du Reich. L’occupation de la France et de la Belgique n’étaient que des moyens pour s’assurer d’avoir les mains libres à l’Est. Ensuite parce que l’URSS n’était nullement demandeuse de ce cessez-le-feu dès lors qu’elle était de plus en plus victorieuse sur le terrain.

Je voudrais surtout qu’on lise ce qui est écrit dans mon texte. Je n’écris pas que le débarquement du 6 juin fut une mauvaise chose. J’écris qu’il est arrivé beaucoup trop tard. Je n’écris pas que les « boys » n’auraient pas de mérite, j’écris que le matraquage médiatique de ces derniers jours forge une vision unilatérale de l’histoire.
Je suis enseignant. Pour m’assurer que je ne fantasmais pas, j’ai interrogé ce lundi 7 juin les 25 élèves d’une classe de 5e secondaire. A la question « qui a vaincu l’Allemagne durant la deuxième guerre mondiale », 25 répondent « les USA », 19 ajoutent « et l’Angleterre », 9 complètent « et la France ». Un seul cite l’URSS. A la deuxième question « quelle fut la plus grande bataille de la deuxième guerre mondiale », tous répondent « le débarquement du 6 juin ». Quand je leur apprends que la bataille de Stalingrad a permis de détruire dix fois plus d’unités allemandes et de faire dix fois plus de prisonniers que toutes la campagne de Normandie, 65% avouent qu’ils n’ont jamais entendu parler de Stalingrad. Les autres connaissaient seulement le nom du film « Stalingrad » pour l’avoir aperçu à la vidéothèque…

Inderdaad
by Piet van Regenmortel Tuesday, Jun. 08, 2004 at 9:17 AM

Je hebt volkomen gelijk dat de bevolking in Oost-Europa en Ruslan veel meer heeft geleden, en dat Russische soldaten veel langer en harder hebben moeten vechten. Je hebt ook gelijk dat het aandeel van de oorlog aan het Oostfront veel te vaak over het hoofd wordt gezien. Mijn reactie was eigenlijk eerder gericht tegen iets wat jij niet hebt gedaan, maar wat wel vaak door anderen wordt gedaan. Het gaat er mij om dat het lijden van miljoenen mensen onmiskenbaar is, en dat het verschrikkelijk is om dat lijden te misbruiken om het toenmalige Russische regime enig moreel krediet te geven. Dat regime heeft uitvoerig bewezen geen moer te geven om het lot van zijn onderdanen. Maar nogmaals, wat betreft de feiten waarover je het hebt, heb je gelijk.

Kif Kif
by Kif Tuesday, Jun. 08, 2004 at 11:50 AM

Cher Professeur Hirtt,

Malgré votre réponse pleine de bon sens, je n'arrive toujours pas à percer cette étrange logique qui pour faire reconnaitre les mérites et les souffrances indiscutables de l'armée rouge et du peuple russe dans son ensemble a besoin de minimiser au maximum le role des autres alliés dans la victoire contre les forces de l'axe. Je continue à y voir une vision idéologique du monde pour le moins dépassée. Que des jeunes actuellement ne connaissent rien des batailles de Leningrad, de Stalingrad ou de Kourks n'est pas plus étonnant que cela. Beaucoup, comme le disait fort justement Desproges, sont persuadés que Himmler est le nouveau gardien du Bayern de Munich. Ce que je trouve scandaleux dans votre démarche, c'est de mettre cette inculture ambiante sur le compte d'un soi-disant "mythe du débarquement de Normandie". C'est tellement déplacé et indécent.

La contribution des anglo-saxons dans la victoire sur le nazisme ne se discute pas, que ce soit par les campagnes d'Afrique du Nord ou par la libération de l'Italie, de la France et d'une grande partie de l'Europe. Il ne faut pas oublier non plus la bataille dite d'Angleterre où la RAF, en infériorité numérique, en préservant l'inviolabilité du Royaume-Uni, a évité en 1940 que l'Europe dans son ensemble ne soit partagée entre les 2 dictatures les plus sanglantes du 20ème siècle. La dette de nos pays envers cette armée anglaise diminuée est d'ailleurs assez énorme. Les Etats-Uni ont soutenu logistiquement l'Angleterre bien avant Pearl Harbour et l'armée US a largement contribué à la libération de l'Europe malgré la guerre sanglante qu'elle menait dans le Pacifique.

Maintenant, le fait que les alliés aient retardé le débarquement jusqu'en juin 44 est probablement du à une multitudes de facteurs organisationels visant à minimiser au maximum, ce qui est plus que normal, leurs pertes. D'un point de vue politique, par contre, il était essentiel pour les alliés de libérer l'Europe le plus à l'est possible, objectif très louable pour le démocrate que je suis. Peut-etre qu'un débarquement en 42 ou en 43 aurait diminué les pertes russes mais l'interet stratégique des anglo-saxons aurait été en définitive renforcé. Je vois donc dans ce retard bien plus un souci de minimiser leurs pertes qu'une décision cynique visant à maximiser les pertes russes.

En parlant de cynisme, je n'ai pas vu dans votre réponse une quelconque allusion au pacte germano-soviétique de 1939. Sans vouloir à nouveau rentrer dans la fiction, il y a fort à parier que sans celui-ci, la folie meurtrière nazie voulant au plus vite précipiter l'Europe dans la guerre aurait été retardée et la guerre, inévitable avec Hitler au pouvoir en Allemagne, aurait eu un tout autre visage et la barbarie nazie aurait sans doute eu bien plus de difficultés à s'étendre à l'est (je pense notamment au sacrifice horrible de la Pologne que ce pacte a entériné).

La foi inébranlable que Staline a d'ailleurs eu dans ce pacte jusqu'en juin 41 (contre l'évidence meme de la folie idéologique nazie de l'espace vital à l'est) l'a empeché de croire Churchill lorsque celui-ci le prévenait d'une attaque allemande d'envergure en préparation. Mais bon, le souci de préserver sa population n'a pas toujours été la préoccupation majeure du petit père des peuples. Ca se saurait.

Sur ce, cher Professeur Hirtt, je vous laisse.

Kif, un admirateur.

kif kif rectificatif.
by kif Tuesday, Jun. 08, 2004 at 5:03 PM

Cher Professeur Hirtt,

En vous relisant, je me suis rendu compte que contrairement à ma première impression vous aviez bien mentionné dans votre réponse le pacte nazi-sovietique de 1939. L'analyse que vous en faites et la vraie fiction que vous tirez de son absence éventuelle m'ont probablement fait penser que vous ne l'abordiez pas. Je m'excuse pour cette méprise.

Faut quand même oser justifier aujourd'hui cet infâme pacte qui a sacrifié la Pologne et les résistants communistes allemands qui avaient trouvé refuge à Moscou. Ce pacte a en outre repoussé à plus tard le passage des combattants communistes dans la résistance, enfin ceux qui suivaient strictement les ordres de Moscou. Autant le pacifisme béat de Munich a sacrifié la Tchécoslovaquie, autant ce pacte qui a assuré à l'allemagne d'immenses réserves de matières premières (blé, etc.), a précipité la guerre au mépris des "sous-hommes" polonais (peuple qui a eu depuis d'autres griefs a présenter à l'Union Soviétique). Sans ce pacte, il eut été impensable qu'Hitler attaque si tôt la Pologne. Dois-je rappeler que la guerre a commencé en septembre 1939 et non en juin 41. Ces 2 années ont donc permis à l'Allemagne de mettre à genoux la Pologne, en la partageant avec l'URSS et d'y préparer les exterminations à venir (même si Wansee ne date que de janvier 42, l'occupation de la pologne s'est avérée primordiale dans l'accomplissement total de la barabarie nazie) et de commencer la guerre sur un seul front ce qui a précipité la défaite française et le retrait britannique. Le déshonneur de Munich est sans commune mesure avec l'infâmie de ce pacte. Le minimiser comme vous le faites est une hallucinante relecture de l'histoire. Ce pacte a en outre permis aux nazis d'organiser l'opération barbarossa et leur grande guerre idéologique contre les judéo-bolchéviques. Dire comme vous, que sans lui, l'attaque de la Pologne et de l'URSS auraient été encore plus rapides et plus faciles sont contraires à toutes les recherches historiques objectives sur le sujet.D'un autre côté, loin de moi l'idée de remettre en question le fait que la grande guerre patriotique soviétique a grandement aidé à sauver l'Europe et que, oui, l'URSS a gagné cette guerre (entre 2 maux, je préfère celui-là au nazisme qui est, bien entendu, le seul responsable de la guerre) aux côtés des anglais et des américains (à ce titre les combattants russes méritent dans nos mémoires une place aussi grande que ceux d'omaha beach). Il ne faut cependant pas oublier que le grand cynisme de Molotov et de Staline s'est exercé au mépris total de l'être humain.