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[Interview Guy Vansinoy, MAS] "Les petits partis victimes d’une double discrimination
by Georges Alves Wednesday, Jun. 02, 2004 at 3:05 PM

« Nous subissons déjà une discrimination du fait que nous devons récolter des milliers de signatures pour pouvoir déposer des listes, et nous subissons une deuxième discrimination en ayant pas accès aux médias ». C’est ce qui ressort de notre entretien téléphonique avec Guy Vansinoy, chef de fil de MAS, (Mouvement pour une Alternative Socialiste) dans l’optique des élections européennes et régionales du 13 juin prochain.

Comment réagissez-vous au fait que votre parti n’ait pas accès au médias de service public ?

Guy Vansinoy : On trouve ça, évidemment, très injuste. En principe, une radio et une télévision comme la RTBF a une mission de service public à remplir… et d’office, elle considère qu’il y a deux catégories de partis : les grands partis, ceux qui sont représentés au parlement et les petits partis qui ne sont pas représentés. Alors, nous devons déjà subir une discrimination du fait que nous devons récolter des milliers de signatures pour pouvoir déposer des listes, et nous subissons une deuxième discrimination en ayant pas accès aux médias ou très peu - accès d’une façon symbolique -. C’est-à-dire qu’on aura droit à quarante secondes dans le journal télévisé pour toute la campagne et un reportage de deux minutes qui passe après 23 heures. C’est une deuxième discrimination alors que des élections n’ont pas eu lieu. En principe, avant les élections, tous les partis doivent être égaux.

Vos chances de remporter ne serait-ce un siège sont quasi-nulles, pourquoi tenez-vous vraiment à participer à ces élections ?

G.V. : Les petits partis ont des difficultés d’avoir des sièges parce que les partis en place ont instauré un seuil de 5% pour avoir des élus. C’est-à-dire qu’à 4,9% alors que, par exemple, à Bruxelles avec 2%, précédemment, on pouvait avoir un élu à l’Assemblée régionale. Ceci dit, nous pensons qu’il est important de participer à une campagne électorale parce qu’en période électorale, beaucoup de gens sont malgré tout plus réceptifs aux idées politiques et aux idées neuves et, participer à une campagne électorale, c’est également avoir une tribune.

N’estimez-vous pas qu’il vaudrait mieux, pour l’électeur, de voter pour un parti comme Ecolo, PS ou MR… Un vote pour un parti comme le vôtre, n’est-ce pas une voix d’avance perdue ?

G.V. : En tant que parti, nous nous plaçons dans le camp du mouvement ouvrier … le camp de travailleurs. Et si on regarde l’histoire de la Belgique, en fait, les grandes conquêtes sociales ont eu lieu, non pas grâce à une majorité parlementaire, mais grâce à un rapport de force dans la société, dans la rue, dans les entreprises et au niveau international. Un exemple : la journée de 8 heures et le droit de vote ont été conquis après la première guerre mondiale alors que le partis socialiste n’était pas au gouvernement. Mais il y avait une peur de la bourgeoisie, notamment, face à la révolution russe et au fait qu’il y avait des troubles en Allemagne où la révolution avait également éclaté... On a vite lâché des acquis. Donc, la participation à un gouvernement n’est pas automatiquement la garantie d’avoir des acquis sociaux.

Quels sont les points les plus importants que vous mettez en avant dans votre programme ?

G.V. : Dans cette campagne, nous avons un message à faire passer. Ce que nous sommes candidats aux élections européennes : l’Europe qui se met en place est une Europe anti-sociale, rien n’est prévu au niveau social. Il n’y a pas un salaire minimum interprofessionnel garanti au niveau européen ; il n’y a pas de limite à la durée du travail. On va donc vers une guerre sociale : contre les travailleurs du privé où il y aura des fermetures, des délocalisations… [Une guerre sociale :] contre les travailleurs du public où on va donc privatiser de nombreux services publics et également, une guerre sociale contre les acquis sociaux. Et face à ça, nous avons un message à faire passer… ce qu’il faut résister, nous appelons les travailleurs à résister avec des syndicats dans les entreprises, avec des comités de chômeurs et, deuxièmement, il faut donner un prolongement politique à cette résistance. Parce que les quatre partis traditionnels – je range les Ecolo dans les quatre partis traditionnels et de ceux qui ont participé au pouvoir – aucun de ces partis ne défend les intérêt du monde du travail. Il faut un prolongement politique, il faut un nouveau parti du monde du travail dont nous entendons être une des composantes. Nous ne serons pas la seule, il y en aura d’autres… Mais il faut absolument faire passer ce message : les partis au pouvoir ne sont plus le relais des revendications et de la défense des droits du monde du travail.

Comment les électeurs peuvent-ils se renseigner sur votre programme sans passer par des médias de service public?

G.V. : Les médias officiels sont une chose, une autre façon est le travail sur le terrain. Par exemple, il fallait collecter 5.000 signatures ; nous en avons collectées 7.000. Je parle du côté francophone, autant du côté flamand, puisque nous présentons également une liste en Flandre. Mais pour obtenir 7.000 signatures, nous avons discuté avec 15 à 20.000 personnes. Ne fut-ce qu’à ce moment là. Nous continuons à discuter dans les fils de chômage, aux portes des entreprises - sur le terrain – et dans les quartiers et ça, c’est une façon importante également parce que ça permet de discuter directement avec la population.