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Kosovo : Pourquoi pouvons-nous affirmer que la MINUK n'a pas failli
by Laurent Duprès Wednesday, May. 26, 2004 at 3:40 AM
laurent_dupres@hotmail.com

Pourquoi pouvons-nous dire que la mission de l'ONU au Kosovo n'a-t-elle pas failli. Cinq après la guerre, j'affirme même qu'elle remplit sa mission...

Cinq après la guerre, le Kosovo et le sort de celles et ceux qui y habitent n'intéresse plus les journalistes qui naguère pleuraient devant les écrans en suppliant l'OTAN d'intervenir. Aujourd'hui, l'OTAN s'occupe des Afghans, comme l'affirme le gros-plein-de-fric, Louis Michel.
Cinq après, il demeure "encore" quatre-vingt mille Serbes et probablement quelques autres milliers de non-Albanais. L'ethnicisation du Kosovo a bien eu lieu, l'OTAN avait raison. Sans doute, y a-t-il eu confusion sur la nature de ce qu'on aimait appeler le "nettoyage ethnique". Et comme après chaque conflit, quelques journalistes ont trouvé bon de lancer eux-mêmes quelque fausse autocritique, par ailleurs très légère pour enjamber plus facilement les reproches inévitables que suscite encore une guerre que personne n'a plus encouragé qu'eux, les animateurs "neutres" qui sont sensés ne parler qu'au nom de l'information objective.

Que les tensions ethniques ne font qu'empirer, que le commerce au grand jour de la drogue, des armes et de la prostitution ait fleuri n'effleure que peu une opinion publique à bout de souffle et dont le bout du nez souffre de se voir systématiquement mené par l'avidité du pouvoir capitaliste.

Aujourd'hui, je ne m'étonne que d'un fait. La MINUK affirme qu'elle a failli. A quel sujet pourrait-elle avoir failli ? La pacification ? Elle n'a jamais figuré dans aucun plan de l'OTAN. La diversité culturelle ? Milosevic en était certainement plus partisan que l'OTAN. C'est dire... La paix ? Elle ne rapporte rien économiquement.

La MINUK a-t-elle failli ? Elle n'a pas pu, vu qu'elle n'était que le paravant d'une politique que nous finançons avec nos impôts. L'OTAN, comme l'Union Européenne dans sa forme actuelle n'a été que le fruit de la volonté de quelques uns, d'une oligarchie qui n'a jamais vraiment coupé ses liens avec les (anciens ?) fascistes et qui a trouvé dans le chef des Etats-Unis un protecteur, non pas contre le danger rouge, mais contre leur propre peuple.

Il me semble essentiel de faire passer le message que la MINUK a justement complètement rempli sa mission. Une mission de désinformation, d'intoxication, comme ce fut le cas en Irak, en Somalie, en Haïti et ailleurs. Il demeure essentiel de conscientiser l'opinion publique que Bush ne vit pas seul dans la folie des grandeurs du système : il possède, c'est vrai, un cercle d'amis proches, les Blair, Ben Laden, le Roi Fahd, Sharon et un fan-club d'états fantoches. Ce dont la majeure partie de l'opinion publique ignore, ou ne veut pas admettre, c'est que Bush possède aussi des rivaux, dont les objectifs ne diffèrent des siens que d'une touche nuancée : ils veulent disputer à Bush la couronne du Roi des Rois, ils veulent s'approprier la même chose que Bush, avec d'autres moyens. Ces gens ne sont pas des inconnus : ce sont Chirac, Schoeder, avec leur amis belges du PS-MR-cDh-Ecolo qui ont aussi voté les crédits de guerre; et qui ont aussi menti à l'opinion publique.

Je me souviens bien des débats de la RTBf, avec le représentant de l'UCK, invité à balafrer la vérité aux cris insultants de "fascistes" en face de l'ambassadeur yougoslave. Je me souviens des sénateurs Destexhe et Lizin surfant sur les mensonges de l'OTAN pour se tailler un profil électoral. Que disent aujourd'hui ces gens ? Rien ? Pas sûr. Chaque jour, vous pouvez lire dans la presse la liste des pays qui doivent suivre l'Irak et la Yougoslavie dans la destruction. Au premier rang, un pays qui collectionne les insultes et les faux rapports, la Chine. Curieusement, comme aux Etats-Unis, l'Europe qui prétend refuser l'unilatéralisme de Bush, emboîte le pas à tous les mensonges les plus grossiers (on pourrait critiquer la Chine sur bon nombre de sujets, mais je dois dire après examen minutieux que tout ce que je lis dans la presse n'est rien d'autre qu'une propagande de guerre bien ficelée). Ensuite, viennent la Russie, Cuba et le Vénézuéla. La Corée du Nord, la Syrie et l'Iran, champions de l'axe du mal ne s'avèrent être que des étapes vers ce qui apparaît comme la recolonisation du monde.

Avec un bémol : le monde avance vers une catastrophe, celle d'un conflit nucléaire. On en parle pas, pas trop en tous cas. L'opinion dort, "la MINUK au Kosovo a failli", mais il faut penser que "c'est l'intention qui compte".

Avec quinze années d'hégémonie capitaliste, il nous faut pourtant dire : Non, la MINUK n'a pas failli. Non, le Kosovo n'est pas un accident ni un incident. Non, la classe politique est coupable car elle savait. Non, ce n'est pas Milosevic le pire criminel. C'est notre propre système. Voter pour les partis "traditionnels", c'est voter une nouvelle guerre. Pensons-y ce treize Juin.

Laurent Duprès
Harvard Medical School
Boston MA 02114
U.S.A.