Création du parti surréaliste by Matt Lechien Thursday, May. 13, 2004 at 6:48 PM |
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REPRENONS LES MOTS QUE L’ON NOUS A VOLÉS !
L’objet de cet article est de démontrer de façon limpide que le bon usage des mots peut avoir une incidence directe sur la vie de tous les jours. Et si le délabrement social venait de là ? Et si de mauvaises appellations pouvaient nuire à toutes les tentatives de progrès ? Voilà deux questions qui vont trouver leur réponse et leur solution dans la suite de cet article.
A NE PAS FAIRE :
Remarquez comme les forces progressistes aiment se coller des étiquettes au sens très discutable, et parfois même, à la limite du ridicule. Prenons quelques exemples concrets :
1) Quelqu’un se qualifie de libertaire. Ok. Ça me parait un peu flou, alors j’ouvre mon dictionnaire et je trouve deux définitions. Une pour le nom : «Personne qui revendique une absolue liberté individuelle, au plan politique et social», et une pour l’adjectif : «Personne qui revendique une absolue liberté individuelle et n’admet pas qu’elle soit socialement ou politiquement limitée». C’est décidément bien vague comme programme. Je suis porté à en déduire que le libertaire est un individu égocentrique qui revendique une totale liberté au détriment des autres.
2) Quelqu’un se qualifie d’anarchiste. De but en blanc, ayant une culture politique assez réduite, j’imagine les anars du début du vingtième siècle, tapis dans une ruelle sombre, vêtus d’une grande cape noire et tenant une bombe sous le bras. Mais puisque je suis curieux, je vais rouvrir mon dico : «Anarchisme = Conception politique qui refuse toute contrainte d’une autorité quelconque sur l’individu». Là encore, je trouve ça bien vague. L’utopie d’un monde sans aucune contrainte. Pour que cela puisse se produire, il faudrait que l’on arrive à se dématérialiser. Quitter nos corps physiques qui demandent bien trop de contrainte et laisser voguer nos esprits ici et là au gré du vent. Ah bon, c’est pas possible ? Bon, ben tant pis… Avouez tout de même que se qualifier d’un nom qui signifie le désordre pour prôner l’instauration d’une logique sociale basée sur l’ordre des choses, c’est un peu tordu…
3) Quelqu’un se qualifie d’anarcho-revolutionnaire-truc-bidule-chouette. C’est tellement agressif que je n’ai même pas envie de m’y intéresser. On dirait un mauvais slogan pour une marque de déodorant.
EXPLICATION INTERMÉDIAIRE :
Des personnes qui se qualifient ainsi, j’en connais une bonne tripotée, et pour certains de très longue date. Au fil des dialogues, j’ai pu me rendre compte qu’en fait, ils ne sont pas du tout ce qu’ils disent. Ce sont en réalité de vrais démocrates qui militent pour l’égalité entre tous les individus. On est donc bien loin des étiquettes citées dans la rubrique «à ne pas faire». Mais alors, pourquoi employer ces appellations tapageuses au lieu de mots plus appropriés ? Question de mode, me direz-vous. Peut-être ? Mais la raison la plus flagrante à mes yeux, c’est le vol de mots.
A FAIRE :
Quelqu’un se qualifie de démocrate. A première vue, je trouve ça un peu ringard. Qu’à cela ne tienne, j’ai toujours mon dico sous le coude : «Démocrate = Partisan de la démocratie». Bon, avec ça, je ne suis pas très avancé. Allons donc voir à démocratie : «Forme de régime politique dans lequel la souveraineté appartient à l’ensemble des citoyens». Et ben c’est cool, en voilà un bon programme.
SYNTHÈSE :
Expliqué comme ça, il n’y a rien qui vous choque ?... Sommes-nous réellement en démocratie ? Eh bien non ! Nous sommes dans un pays (et non une république*) où le pouvoir est tenu d’une main de fer dans un gant de velours par une oligarchie qui sert ses propres intérêts – les plus brillants exemples en sont Seillière et Sarko. Et pourtant, malgré cet état de fait, ils en ont plein la bouche de la démocratie nos politiciens véreux. Du fait, ils se font passer pour des démocrates, ce qui relègue les forces progressistes au rang de conspirateurs révolutionnaires aux desseins douteux. Alors s’il vous plait, réapproprions-nous les mots, en commençant par s’appeler par ce que l’on est, c'est-à-dire : des démocrates. Si une majorité de progressistes effectue cette démarche simple, l’ensemble des citoyens verront qu’il y a un gros problème avec les politiques en place. Que ce ne sont pas des démocrates, qu’il faut, soit qu’ils le deviennent, ou alors qu’ils dégagent. Voilà l’enjeu. Voilà ce que peut apporter le bon usage d’un mot. Vous n’êtes toujours pas convaincu ? Voici donc un exemple simple : Comment doit-on appeler la classe politique qui se sent au-dessus des lois (qui de toutes façons protègent plus ses fesses qu’autre chose), qui s’en met plein les fouilles au détriment des autres, qui ignore les préoccupations de ses administrés… bref, qui vit comme bon lui semble en jouissant d’une presque absolue liberté individuelle au plan politique et social, et le tout presque sans contrainte SVP. Alors, relisez bien les définitions données plus haut… Maintenant, dites-moi qui sont les libertaires anarchistes et qui sont les démocrates ?... Eh oui, le capitalisme est une forme d’anarchie ! Et l’anarchisme progressiste est tellement brouillon idéologiquement parlant, qu’il vaut mieux s’en remettre aux bonnes vieilles valeurs de la démocratie qui considèrent que chaque citoyen est égal aux autres et que les décisions collectives sont l’affaire de tous dans l’intérêt du bien commun.
UN DÉBUT DE SOLUTION :
Suite à moult discutions et débats, nous avons décidé de créer le parti surréaliste. Bien évidemment, dans surréaliste… il y a surréalisme. Ne vous inquiétez donc pas, nous n’avons aucune autre ambition que de faire réfléchir un maximum de personnes sur ce que pourrait être un autre monde. Après, chacun fait ce qu’il veut, puisqu’il s’agit bien sûr d’un parti sans leader ni contrainte. Le but étant d’arriver à un mode de pensée cohérent qui puisse influer positivement sur le cours des choses. Et puisque nous sommes dans les définitions, pourquoi le surréalisme plutôt qu’autre chose ? Bonne question à laquelle je vais m’empresser de répondre : Le surréalisme c’est pour dépasser notre propre réalité sociale décidément bien morose, c’est aussi le moteur même de la création dans tous les domaines, c’est une démarche spontanée et gratuite qui laisse à toutes et à tous la possibilité de s’épanouir d’un point de vue individuel et collectif. C’est donc – entre autres – pour toutes ces raisons que le surréalisme peut s’imposer comme le moteur de l’instauration de cette démocratie tant promise, dont ni nous, ni nos ancêtres n’ont réellement vu la couleur. N’hésitez pas à en user et à en abuser, cette conception humaniste de la vie appartient de façon égale à tout un chacun. Il ne vous reste plus qu’à récupérer l’outil et à l’utiliser pour le plus grand bien de la communauté humaine – qui est la seule à être reconnue d’un point de vue surréaliste, bien sûr.
Voilà, maintenant que vous connaissez l’importance des mots, faites-en bon usage et vous verrez qu’il y aura du changement.
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