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Irak : un bon miroir pour tous les capitalistes
by Laurent Duprès Wednesday, May. 05, 2004 at 6:57 PM
laurent_dupres@hotmail.com

Ce que nous pouvons lire dans les récentes "révélations" sur les détenu irakiens. Impression depuis Boston, au coeur de la bête capitaliste. Les capitalistes Européens, valent-ils mieux que leurs cousins américains ?

Des images qui en rappellent d'autres. Des descriptions qu'on croirait tout droit sorties des contes d'horreur écrites par un de ces transfuges, un de ces anciens agents secrets, un de ces anciens pseudo-gauchistes qui se confessent sur un passé qu'ils n'ont pas vécu.

Ce que CNN, TNT et Fox News passent en suivi sur les écrans de télévision rappelle douloureusement aux Américains qu'ils ne sont pas supérieurs, que Dieu ne les guide pas encore vers le paradis, ou du moins, que Dieu fait passer un très mauvais moment à ceux qui sont censés apprendre la démocratie aux frais de Goerges WB. Les quotidiens européens se délectent délicieusement de commentaires souvent futiles, et se plaisent à rappeler qu'ils n'ont pas voulu cette guerre et que la guerre en Irak serait "sale". Comme s'il existait des guerres propres. C'est tout dire de ce que la guerre engendre comme réaction : l'impunité, et le rejet de la responsabilité.

Les Européens peuvent ricaner. Enfin ! Car après le fiasco en Yougoslavie et la crise économique, "Le Monde" et "Le Soir" ne trouvent plus guère de sujets assez divertissants et assez gras que pour faire passer la pilule amère de la politique européenne. Néanmoins, nous pouvons douter du franc parler de chacun et il est toujours intéressant de lire les événements en Amérique et de réfléchir sur l'attitude véritable des uns et des autres. Critiquer et commander sont des chasses-gardées dont les perroquets de la presse capitaliste ont le secret. Mais que cache ces sifflements ? Sont-ils si différents de ceux d'outre-atlantique ? Chirac, Blair, et Verhofstadt : si différents de Bush ? Est-ce le divorce avec Marshall et les plans douteux, ou est-ce simplement un réalignement politico-économique après chantage ?

Loin de Bruxelles, capitale de l'eurocapitalisme, voici un petit récit sur ce que pensent les Américains moyens de Boston, ville réputée la plus européenne de ce côté de l'Atlantique.

Comment réfléchit un Américain moyen ? Un Américain moyen n'est pas plus bête qu'un Européen. On aurait tort de caricaturer l'Amérique comme stupide et complètement à la masse. Le mot d'ordre qui vit parmi les petits consommateurs locaux, c'est "touche pas au grisby". En d'autre termes, les Américains ne pensent avant tout qu'à leur compte en banque. Au fond, ils ne sont pas différents de nous, ils ne sont pas débiles. Ce qui saute aux yeux et qui peut hérisser les Européens que nous sommes, réside avant tout dans l'Etat social américain. Loin du vieux contient, les Américains ont grandi dans l'idée, que comme en 1939, les problèmes vivent dans le monde et le monde est loin. L'Amérique, ce n'est pas le monde, c'est une terre promise, c'est un lieu où le rêve est possible et obligatoire, sous peine de terminer sur les bancs des parcs municipaux, près des bouches d'aérations de la gare pas si lointaine du centre ville.

Pour les Américain, le reste du monde est synonyme de tourisme, de bête curieuse. Les agences de voyage proposent par exemple de visiter vingt-cinq villes européennes en vingt jours : il suffit de mitrailler les lieux touristiques à l'appareil numérique. Les "autres", c'est à dire les indigènes qui ne partagent pas la vie rêvée des anges américains, les autres, c'est l'Enfer. L'Enfer, pour le commun des Américain, ne désigne pas ce qui est mal. Il désigne ce qui est inférieur, ce qui sous la norme de vie et où tout est donc permis. Un obsédé sexuel ne peut pas abuser aux Etats-Unis d'un enfant, ou ne peut pas visiter une prostituée au grand jour aux Etats-Unis. Par contre, si cela se passe loin des yeux, le coeur de l'opinion publique n'en sera pas ému. "Cela s'est passé en Enfer", dirait-on.

Les problèmes économiques ne seraient pas un souci pour les Américains, si leur président chéri n'était pas si piètre acteur, derrière ses petits yeux fatigués par la lecture des cartes des pays à conquérir. Comme Dieu protège l'Amérique (God Bless America), la crise ne peut venir que du côté du malin, du mal (the Evil).

La crise économique ? Mais évidemment ! Elle ne peut venir que des pays où les individus volent l'emploi des autres : les Japonais en 1980, le Sud-est asiatique et les Chicanos (les Porto-Ricains, les latinos) en 1990, et aujourd'hui, les Chinois. Il suffisait d'y penser : même l'AFL-CIO, le syndicat américain(au fond, une centrale corporatiste aux méthodes très douteuses), emboîte le pas à Bush, Kerry et consorts pour exiger que les Chinois réévaluent leur monnaie. Si la sécurité diminue dans les quartiers périphériques de Boston, c'est évidemment à cause de la monté des contestations dans le monde qiu constituent un mauvais exemple : le Zimbabwe par exemple, qui encouragerait les Noirs à la révolte. Si le traffic de drogue fleurit, jusque dans les "parties" des clubs fortunés, c'est évidemment à cause des Colombiens, des Cubains, des Mexicains et de tous les autres. Enfin, si nos GI's sont en Irak, c'est pour nous protéger et même le collège enseignant du très relevé Massachusetts Institute of Technology n'esquisse pas la grimace lorsqu'il évoque la possibilité d'attentats nucléaire sur la ville. Il faut dire que Boston compte pas mal de buildings, qui, s'ils ne sont pas si élevés que les défuntes jumelles de New York, constitueraient une belle cible.

Toute cette dialectique aux relents de racisme (en fait de ségrégation économique) peut faire sourire. Cependant, nous pourrions douter fortement, que les gouvernements européens valent mieux. Par des raisonnements "simples" - qui se basent en réalité sur une logique très efficace de terreur latente puisque les Américains confient assez facilement à leurs meilleurs amis craindre autant les terroristes que les coups foireux de leurs propres services secrets - le gouvernement américain est parvenu à faire avaler des revendications exorbitantes, comme l'embargo contre Cuba, la partition de la Yougoslavie puis de la Serbie, la guerre du golfe absolument nécessaire, la réévaluation de la monnaie chinoise, l'envoi de troupes en Antarctique ainsi que le port obligatoire de sandales dans les aéroports à défaut de contrôle renforcé. Par des raisonnements tout aussi simples, les gouvernants européens enfilent ici à New York et à Boston, leur gilet kaki, pour répéter toutes ces renvdications....

Un bon exemple : La Yougoslavie

La Yougoslavie est un très bon exemple. Nous ne devrions pas oublier ce qu'y s'est déroulé en 1999. L'OTAN, lié de près aux Américains (sous Bill Clinton et non Bush !) s'est arrogé le droit d'aggression contre un pays souverain contre l'avis des Nations Unies. En réalité, cette jurisprudence suffit amplement aux Américains à justifier leur intervention au moyen orient et non sans raison. Vu que l'Europe a soutenu sans faille l'aggression dans les Balkans sans l'ONU, pourquoi l'Amérique ne peut-elle pas intervenir en Irak de la même manière (en y rajoutant un peu de sauce humanitaire, droits de l'homme, de la femme, des animaux, du pacifisme, de la démocratie, des reporters sans aucune frontière et amnesty internationale pour les salauds de grande envergure). De la même manière, l'Europe condamne Cuba, qui serait un grand danger pour la démocratie dans le monde, avec ses onze millions de traîtres. De la même manière, l'Europe condmane le Zimbabwe, qui oppresse la minorité démocratique qui devrait avoir le droit de ne pas payer d'impôts. De la même manière, l'Europe condmane l'Iran pour une sombre histoire de centrale nucléaire que les Français n'ont pas pu vendre. De la même manière, l'Europe exige la réévaluation de la monnaie chinoise. Et de la même manière, l'Europe, avec ses moyens et son expérience héritée du passé glorieux de safari humain, envoie des mercenaires jusqu'aux Comores pour fomenter des coups d'Etat. Comme au bon vieux temps.

Et enfin, au petit matin, comme le confiait Napoléon, on n'est pas foutus de se réveiller encore plus salauds que les autres. Que des gouvernements violent les droits élémentaires de la personne humaine est une chose. Cela ne justifie en rien les atrocités auxquelles nous assistons, et auxquelles nous n'avons pas assistées mais que nous assistons par notre silence.

Le Congo est meurtri par cinq ans de guerre et il se trouve un ramassi de ministres en Belgique pour nier l'implication belge dans le meurtre de millions de Congolais. Evoquer et invoquer les diables, hurler aux petits Hitler ou aux Staline en puissance dès que les petits se révoltent, tous les soirs à la télévision, délirer sur des crimes d'ailleurs qui ont existé ou pas (ce qui est souvent le cas), n'aidera pas à résoudre les grandes controverses du temps présent.

Les élections du treize juin, n'apporteront rien de bien concret. Nous avons accepté par notre silence de réduire notre droit d'expression à sa forme la plus élémentaire : le crayon symbolique. Tu dis "oui", tu dis "non" mais tu paies. Plus nous votons, plus nous payons. Plus nous voterons, plus nous travaillerons pour les patrons. Ce qui devrait être remis à l'odre du jour, ce sont des revendications somme tout assez banales et anciennes, celles des lumières : fin des privilèges et des monopoles. Les bénéfices à ceux qui les créent.

Enfin, lire les événements en Irak doivent nous amener à réfléchir sur ce que nous faisons et laissons faire. Si la guerre nous déchire le coeur, elle déchire des populations entières. Et l'Europe n'a pas le droit de se sentir à l'écart, car cette guerre, l'Europe l'a permise, au même titre que les Etats-Unis de Bush et Clinton.

PhD Laurent Duprès
Haravard Medical School
Boston MA 09114
USA

PS : A propos des élections (et je sais qu'il s'agit d'un sujet qui tend à crisper les esprits mais il s'agit d'une problématique trop importante), je ne peux pas m'empêcher de souligner mon admiration pour ceux qui se battent contre le système et qui montrent concrètement qu'une autre Belgique (commençons par notre propre jardin) est possible et viable ; à ce titre, je dois souligner l'activité d'une organisation qu'il m'a été donnée de découvrir sur le net, c'est le PTB. (http://www.ptb.be) Nul ne peut nier l'effort incroyable de ses médecins, de ses avocats et de son organisation politique. Je le cite car je pense qu'avant d'accéder au pouvoir, les partis politiques devraient avoir fait la preuve de leur engagement et cela, sans le denier publique. Je crois qu'en dehors du PTB, aucun ne répond à cette norme élémentaire.