Colonialisme / RTBf en débat sur les crimes du roi Leopold-2 by raf Wednesday, May. 05, 2004 at 2:07 PM |
raf@indymedia.be |
Le documentaire 'Roi Blanc' offre une accusation accablante des crimes contre l'humanité commis sous la responsabilité du roi belge Leopold-2 au Congo. Pour nuancer les propos du film, la RTBf offrait (le 8 avril 2004) un podium à des académiciens. Il est intéressant de bien noter les entre-les-lignes des interlocuteurs. Puisque la nostalgie du colonialisme est de retour, on les entendra davantage.
'Roi blanc, caoutchouc rouge, mort noire',
le documentaire de Peter Bate et de PeriscoopProductions, est
conçu comme un procès contre le roi belge Leopold-2 et sa
gestion, de 1895 à 1908, du Congo qu'il considérait comme
sa possession personnelle.
Au procès, des administrateurs coloniaux mais surtout des
activistes des droits de l'homme, tel que Morel et Casement,
témoignent du système colonial belge. Le roi profitait
d'une hausse exorbitante à l'échelle mondiale de la
demande de caoutchouc. Il exigeait des Congolais une production accrue
de cette ressource naturelle et faisait organiser à ce fin un
système d'esclavagisme, qui - d'après les auteurs du film
- a probablement fait 10 millions de morts congolais.
On sait que ce film a suscité une furie de la part de la
monarchie belge, ce qui a poussé la RTBf à "balancer les
propos" en organisant une émission-débat avec des
académiciens. Etaient-ils des témoins "à
décharge"? Voici ce qu'ont dit ces connaisseurs.
* * *
Ginette Kurgan (ULB):
Déjà a partir de 1850, lorsque Léopold
était duc de Brabant, il avait le souci d'embellir et d'enrichir
la patrie. Mais aujourd'hui, le patriotisme n'est plus en vogue. (...)
Le film est habilement monté. Tout est manipulé et
agencé pour répéter le thème: le roi est un
précurseur de Hitler, il a fait fortune sur le dos des noirs.
Jean-Luc Vellut (UCL): Le
roi était en effet un monarche absolue. Mais j'hésite
à dire que le Congo était sa possession personnelle. Il
doit négocier avec d'autres pays et avec l'état belge. En
plus, les Congolais ne sont pas des êtres passifs. (...) Les
atrocités ont eu lieu. Mais la grande faiblesse du film est
qu'il reste silencieux sur le contexte historique de la région.
De 1860 à 1900, elle connaissait une période de violence
extrême, de raids esclavagistes à partir du Soudan, de
l'Angola, de l'Est. Les dix années du caoutchouc sont
situés dans cette période. La même violence existe
en Amazonie, en Bolivie où il y a également une
production de caoutchouc.
Question: Combien de
Belges contrôlaient l'exploitation?
Jean-Luc Vellut (UCL): On
trouve 1500 Européens, dont 200 en Equateur. Tout ce
régime est basé sur quelques postes seulement et quelques
milliers d'Africains. Il faut tenir compte de ce chiffre. (...) Nous
sommes prisonniers de la documentation disponible. Nous ne pouvons pas
chiffrer le nombre de morts. Mais la violence était
répandue comme dans les guerres précédentes. Le
gouvernement parlait même du "domaine de l'horreur".
Question: Les massacres,
se sont-ils répétés?
Barbara Emerson (Oxford):
Non, il s'agit de cas localisés, en Equateur, par des tenants de
concessions, plutôt que par des administrateurs de l'état.
La Belgique n'était pas intéressé, ce
n'était pas une colonie. Alors, la qualité des
employés n'était pas élevée.
Barbara Emerson (Oxford):
Le film surestime les mérites de Morel. Le premier qui a fait
campagne contre le roi était un Belge, Albert Thys en 1890. En
plus, il y avait des missionnaires, des parlementaires. L'explorateur
Stanley avait averti le roi Leopold-2. Le rapport de Casement
était capital. Après ce rapport le gouvernement
britannique a été convaincu. Casement a poussé
Morel dans son action.
Question: Quel
était la responsabilité du roi?
Jean-Luc Vellut (UCL): Il
était responsable, mais il s'agit d'une entreprise mal
tourné et mal prévu par le roi. Peut-on dire qu'il
était responsable mais pas coupable? Etait-il moralement
responsable? Savait-il? Beaucoup lui ont raconté ce qu'il se
passait, il y a eu la commission d'enquête de 1904, et
lui-même, il a édité des circulaires contre les
campagnes (humanitaires). Mais il n'a jamais été au
Congo, tout comme la reine Victoria n'a jamais mis le pied en Inde.
(...) Le premier scandale a eu lieu en 1896 avec l'exécution de
Stokes.
Question: Est-ce que le
roi a réagi?
Ginette Kurgan (ULB): Il
a échangé des lettres avec Edmond Van Eetvelde, un
collaborateur qui a été écarté
après, dans lesquels il dit: arrêtez les abus! (...) Ce
qui n'a pas été dit: des consignes ont été
donnés à l'administration que le Congo devait rapporter
de l'argent. Le roi se trouvait au bord de la ruine en 1895, et il
avait investi sa fortune personnelle. Alors, l'administration - tout en
sachant que le roi voulait des profits - dit: oui, il y a des
incidents, mais marginalement. Donc, l'administration est complice et a
privilégié la rentabilité. Et quand la campagne
britannique commence, elle dit: Liverpool est jaloux. Morel travaillait
pour une compagnie dans le port de Liverpool. Un homme de pouvoir
écouté plus facilement ceux qui lui plaisent.
Question: Est-ce que
véritablement des mains ont été coupées?
Jean-Luc Vellut (UCL): La
commission d'enquête de 1904 a minutieusement examiné
cette question. Il y a avait beaucoup de morts et on coupait les mains
comme preuves. Le scandale part de chez les missionnaires protestants
qui connaissaient beaucoup d'actes de barbaries. Mais, les mutilations
n'ont pas été introduits par les Belges. Nous connaissons
des mutilations depuis que nous avons des documents
archéologiques vieux de plus de 1000 ans, ou des Portugais du
17-ème siècle ou des guerres arabes.
Colonialisme by lolo la crevette Thursday, May. 06, 2004 at 11:09 AM |
Quand on visite les serres de Laeken, le cinquantenaire et même le musée de Tervueren, on ne peut s'empêcher de se demander combien de mains il a fallu couper pour financer ces travaux ?
A L'intérieur d'une des arches du cinquantenaire, il y a une plaque "Les Congolais reconnaissants" avec les visages de nos rois (Sauf l'actuel) Cela démontre, que ces mains coupées, aux yeux de nos monarques, n'ont finallement été qu'un détail de l'histoire.
massacres localisés by Mukanda Thursday, May. 06, 2004 at 12:04 PM |
Barbara Emerson prétend que les massacres étaient localisés dans la forêt de l'Equateur. Malheureusement la forêt équatoriale n'est pas aussi localisée que... la Forêt de Soignes...Regarder la forêt congolaise sur une carte permet de visualiser toute l'étendue de ces massacres "localisés"
Esclavagisme arabe by Attila Thursday, May. 06, 2004 at 1:00 PM |
Grâce au film, on a compris que Léopold II a lutté contre l'esclavagisme "arabe" parce qu'il ne supportait pas la concurence...
Si on avait laissé faire ces esclavagistes "arabes" ( d'une violence extrême selon Jean Luc Vellut ), le Congo aurait il connu des massacres d'une telle ampleur ? Il est vraisemblable que l'esclavagisme "léopoldien" aie été pire que l'esclavagisme "arabe" dont il est permis de douter de l'ampleur : Rappelons que les plus grandes communautés de descendants d'esclaves se trouvent de l'autre côté de l'Atlantique et que les arabes n'y sont pour rien.
Léopold II le savait et il n'a pas du se sentir très coupable de critiques émanant du monde anglo saxon...
L'esclavagisme "arabe" a surtout été un excellent prétexte pour envoyer des troupes dans la forêt de l'Equateur.
Du rôle de l'historien by L'intrépide Friday, May. 07, 2004 at 1:30 PM |
Deux réflexions sur deux plans différents.
1°) La question est d'emblée mal posée. Je tiens à faire remarquer que les historiens (qui se sont exprimés sur cette question précise) ne peuvent être ni des témoins à charge ni à décharge. Un témoin est nécessairement présent lors des faits. Accorder à un historien le rôle de "témoin" est juridiquement absurde. En revanche, l'historien peut être sollicité à titre d'expert - ce qui est tout à fait différent.
2°) En qualité d'experts justement, les historiens présents lors de ce débat se sont exprimés sur des points précis qu'ils ont tenté de remettre dans leur contexte. Je ne vois rien dans leurs propos qui ait été susceptible de rendre légitimes les pratiques léopoldiennes de la colonisation.
Ma seule critique concerne l'ampleur du débat : j'ai l'impression que les scientifiques devraient se pencher sérieusement sur la question du "génocide congolais" car nos connaissances sont lacunaires (cf. les inepties qu'on nous raconte sur Léo 1er à l'école: oeuvre de civilisation, d'émancipation, etc.). Cet effort de recherche est d'autant plus nécessaire qu'il viendrait étayer à point nommé les errements d'interprétation qui se manifestent un peu partout par rapport à la "politique coloniale" de Léo 1er. En d'autres termes, il est trop facile de critiquer le caractère "non scientifique" d'un documentaire de journaliste si l'on n'a pas soi-même pris le soin d'affûter ses arguments. Je le vois comme un aveu d'échec implicite de la part des historiens belges. Si l'idée selon laquelle "Léopold 1er = Hitler" se répand dans l'opinion publique, les historiens ne devront s'en prendre qu'à eux-mêmes
Quelle histoire ? by Bola Friday, May. 07, 2004 at 5:48 PM |
Effectivement l'histoire coloniale doit être étudiée mais il faut aussi se demander pourquoi on manque d'experts? Pourquoi l'histoire coloniale a été occultée et remplacée par la progagande coloniale? Tant qu'on se limite à critiquer Léopold II, ce n'est pas si grave car l'Etat Indépendant du congo n' était qu'une propriété privée.
Mais en étudiant l'histoire coloniale on risque d'ouvrir une boite de pandore et de découvrir quelques horreurs qui ne sont pas de la responsabilité de Léopold II, mais bien de celle de l'Etat ou de grandes Compagnies dont certaines, très actives au Congo et très prestigieuses ( Union Minière, Générale de Belgique ) ont changé de nom, comme pour rompre avec un passé colonial dont les aspects sombres ne manqueront pas de choquer les générations futures.
Colonialisme et atrocités by LHOON Monday, May. 10, 2004 at 2:05 PM |
lhoon@lhoon.com |
Il n'est pas question de nier les abus qui se sont produits au Congo sous Leopold II. Il s'agit ici d'instances honteuses et déplorables qui dégarnissent notre oeuvre de civilisation au Congo.
Mais avant de condamner specifiquement la Belgique ou le roi Leopold II, il faut observer les faits de manière globale.
TOUS les pouvoirs coloniaux (anglais, français, hollandais, espagnols,....pour ne pas oublier les américains envers les indiens) se sont fait coupables de multiples atrocités envers les populations indigènes, pratiques qui jadis se justifiaient par une idéologie raciste qui caractérise l'impérialisme colonial.
Pourqoui alors prendre seulement notre roi Leopold comme bouc émissaire? Une analyse de l'actualité des premières années du 20e siècle le montre clairement: il n'est pas aléatoire que la campagne antiléopoldiste émanait de l'Angleterre:
- le fait qu'un petit pays comme la Belgique pouvait mettre main sur une si grande et belle colonie comme le Congo n'a jamais été bien digéré par les autres pouvoirs coloniaux
- l'image de l'Angleterre vis à vis des autres pays avait beaucoup souffert suite à la guerre des Boers, qui était caracterisée par des violations des droits humains par les britanniques (par exemple: l'établissement de "camps de concentration"!)
- voila donc une belle occasion de devier une mauvaise attention pour soi-meme vers un autre pays, en interprétant et en divulguant les faits avec toutes les techniques de la propagande!
crimes excusables ? by Elisabeth Thursday, May. 13, 2004 at 4:38 PM |
Le fait que d'autres aient pu commettre des crimes similaires, n excuse en rien les crimes qui sont imputables a la Belgique. Cest comme si le genocide Juif pouvait etre excuse par le genocide armenien... Cest un non sens
Les seuls a pouvoir nous excuser sont les Congolais a condition de leur demander pardon...
ombre et lumière by yvon Saturday, May. 15, 2004 at 12:02 PM |
Les atrocités commises lors de l'époque coloniale, pour inexcusables qu'elles fussent, n'étaient malheureusement pas considéres comme telles à l'époque mais plutôt comme de simples excès.
Les registres judiciaires des colonies françaises sont riches en cas édifiants (p.ex. des colons noyant le nourisson de leur servante noire au prétexte que ses pleurs les empêchaient de dormir). Ces faits ont pratiquement tous donnés lieu à des acquitements ou des peines ridicules au regard de la gravité des faits.
Mon propos n'est pas d'excuser les responsables belges parce qu'ils n'étaient pas les seuls à avoir de telles pratiques mais bien d'essayer de faire comprendre qu'il est très malvenus de porter des jugements lapidaires avec des mentalités actuelles sur des évènements d'hier.
Compte tenu du "politiquement correct" qui règne actuellement, ce n'est toutefois pas surprenant.
Mais ces faits regrettables montés en épingle ne doivent pas occulter qu'il y eu dans l'aventure coloniale européenne une vraie volonté de développer à tous les niveaux les territoires colonisés.
Contrairement à la colonisation purement économique de type américain ou purement idéologique de la défunte URSS, il n'y avait pas QUE (bien sûr il fallait de la rentabilité) la recherche d'intérêts matériels dans la colonisation entreprise par les démocraties européennes.
Toutes les grandes entreprises comportent leur part de ténèbres mais se focaliser sur celles-ci ne relève pas de l'objectivité historique mais d'un choix idéologique qui' à ce titre, est parfaitement discutable.
Congo post Leopold II by Arthur Friday, May. 28, 2004 at 6:48 PM |
Il n'y a pas que Leopold II...
Visitez http://www.cobelco.org, site historique sur le Congo englobant la période 1910-1945
Colonialisme débat RTBF by Liza Thursday, Jul. 22, 2004 at 10:43 PM |
Renseignements : Bibl. Minist.Affaires étrangères à Bruxelles. Selon "Mouvement géograph." (journal), au Congo : 1886, 254 Européens dont 46 Belges; 1895, 1076 Eur.dont 691 B; 1901, 2204 Eur.dont 1318 B. Commis.d'Enqu. a constaté qu'aucun blanc n'a coupé de main. Collecte CTC, contrainte? Rien n'est plus faux, tous les indig. employés par l'Etat sont engagés par contrat dont les clauses ont été scrupul.observées. Les indig.n'ont pas été dépouillés de l'usage de leur terre, au contraire, ils ont appris à les cultiver et en tirer profit pour eux.
Alors quoi? Il faudrait lire les archives anglaises et notamment celles des missions protestantes. On ne les cite jamais, pourquoi? A lire également : Léopold II Fondateur d'Empire - du Lt. Liebrechts.
Esclavagisme arabe by Liza Thursday, Jul. 22, 2004 at 10:52 PM |
p.152 Livre de Bernard Lugan : Afrique l'Hist.à l'endroit
''Durant des semaines, Livingstone croisa en effet les caravanes venant d'Afrique centrale. En 1869, ce sont celles du Maniéma qu'il rencontra, avec leurs centaines de captifs enchaînés portant des défenses d'éléphant.
A l'arrière, les femmes et les enfants suivaient. A intervalles plus ou moins réguliers, les fouets claquaient, déchirant les dos nus : ''Le sang coule en horribles flots! Je suis accablé, écoeuré par tout ce sang humain…'' écrit Livingstone.
Colisters (The last days of Slavery) rapporte une discussion entre un chef de caravane et un voyageur européen :
''Tous ces esclaves vont-ils à Zanzibar? La plupart d'entre eux. Avez-vous perdu de nombreux esclaves en cours de route ? Oui, plusieurs sont morts de faim!" Y-a-t-il eu des fuyards ? Non, ils sont trop bien gardés. Seuls, ceux qui sont possédés du diable essaient de s'évader. Ils ne pourraient aller nulle part s'ils s'enfuyaient. Que faites-vous quand ils sont trop malades pour marcher? Ils sont abattus, car si nous n'agissons pas de cette façon, les autres se prétendraient également malades pour n'avoir pas à porter leurs charges. Nous, nous ne laissons jamais un esclave vivant le long de la route. Ils savent tous que c'est la règle. Je vois des femmes porter non seulement un enfant dans le dos, mais en plus une pointe d'ivoire ou un autre fardeau sur la tête. Que faites-vous quand elles sont trop faibles pour porter à la fois enfant et ivoire? Qui porte l'ivoire ? La femme! Nous ne pouvons abandonner le précieux ivoire sur la route. Nous tuons l'enfant d'un coup d'épée, ce qui fait que leur charge est allégée. La règle : l'ivoire d'abord l'enfant ensuite''.
Forêt Equateur by Liza Thursday, Jul. 22, 2004 at 10:59 PM |
Dans lefilm il est question de la région forestière de la province de l'Equateur