arch/ive/ief (2000 - 2005)

Plan de fréquence: quand diversité rime avec parts de marché
by Collectif Tuesday, May. 04, 2004 at 9:37 PM

Les "radios libres" ou "radios du troisième type" risquent-elles de disparaître avec le nouveau plan de fréquences de la Communauté française?

Au terme de sept années de déboires juridico-politiques, le gouvernement de la Communauté française a approuvé, le 31 mars dernier, la liste des fréquences FM attribuables aux radios privées francophones: 200 fréquences partagées entre 6 réseaux, 80 fréquences pour des radios indépendantes et 31 pour des radios d'école.

Il s'agit en fait de la première étape d'une procédure qui devrait aboutir, d'ici six mois, à la finalisation d'un plan de fréquence. En établissant celui-ci, la Communauté française assume enfin son rôle de gestionnaire d'une ressource rare: l'espace public radiophonique.
L'accès aux ondes étant limité par des contraintes techniques, le rôle de l'Etat est en effet de le répartir entre une multitude de candidats les plus divers, en fonction de critères censés être objectifs et garantir la pluralité de l'offre radiophonique.

Au terme de cette première étape, le Gouvernement devait donc se contenter d'établir une "coquille vide", constituée de lots de fréquences faisant ensuite l'objet d'un appel d'offre public. Mais, à y regarder de plus près, il apparaît que la coquille n'est vide qu'en apparence…
En effet, les principaux candidats aux fréquences (1) ne doutent plus aujourd'hui des lots qu'ils se verront attribuer au terme d'une procédure qui, pourtant, débute à peine! Bénéficiant de relais politiques privilégiés, ceux-ci ont joué un rôle prépondérant dans l'élaboration de "leur" futur plan; obtenant par exemple la reconduction de fréquences utilisées illégalement depuis des années, voire même des fréquences à bon confort d'écoute retirées à certaines radios "indépendantes".

Pour l'essentiel, tout porte donc à croire que les jeux sont déjà faits. A travers une procédure caricaturale qui s'est résumée à un intense lobbying, le Gouvernement semble avoir taillé un plan sur mesures pour les multinationales de l'audiovisuel.
Ce n'est pas la lecture de la presse de ces dernières semaines qui nous démentira. On a pu y lire très explicitement comment le MR a défendu les intérêts de Bel RTL et de Radio Contact, le PS ceux du réseau Ciel FM de Guy Mathot et Daniel Weekers (Déficom, ex-directeur de Canal + Belgique)...

Les miettes pour les radios indépendantes

Malgré tout, certains réseaux trouvent encore matière à s'indigner et mènent aujourd'hui campagne contre "l'extrême gourmandise" de la RTBF en matière de fréquences. Que leurs inquiétudes soient fondées ou non, venant des principaux groupes qui ont élaboré le plan en sous main, on hésite à qualifier cette démarche de pathétique ou d'indécente.
D'autant plus que le déséquilibre qu'ils dénoncent entre secteur public et réseaux privés semble bien futile au regard de l'inégalité créée dans le plan entre réseaux et radios indépendantes…

En effet, le nouveau plan constitue un très net recul pour les radios indépendantes, dont la situation actuelle est pourtant déjà loin d'être enviable. Alors que certains émetteurs de réseaux sont prévus pour atteindre des puissances dépassant les 10.000 watts, la plupart des fréquences prévues pour les "indépendantes" plafonnent à 100 watts!

Ce sont bien elles, déjà reléguées à des fréquences où le nombre d'émetteurs est plus important et la puissance plus faible, qui feront les frais des marchandages politico-financiers qui ont émaillé la conception du plan de fréquence.

Ce sont encore elles qui devront se partager les miettes d'un festin déjà consommé, où d'aucuns ont encore la velléité s'approprier les rares bonnes fréquences qui leur sont attribuées pour, au mieux, les "échanger" contre de moins bonnes.

Mais, au fait, qu'entend-on par "radios indépendantes"? Cette catégorie "fourre-tout", consacrée par le décret audiovisuel de 1997, rassemble un conglomérat de radios aux réalités difficilement assimilables: radios commerciales locales, radios associatives, universitaires, etc… La seule chose qu'elles ont en commun est la restriction à un seul émetteur!

Radios du troisième type: "privées"... de statut!

Aux premières loges des fréquences menacées, se trouvent les radios du troisième type, dites aussi "associatives", "socio-culturelles" ou "citoyennes". Radios d'expression libre, de création, universitaires, voix des communautés étrangères et autres, elles ont en commun l'audace, la liberté de ton et un mode de fonctionnement participatif. Loin du conformisme induit par la pression des annonceurs et des régies publicitaires…

Pourtant, aucun statut ne différencie ces radios du reste des "indépendantes". Pas de "discrimination positive" pour elles, puisqu'aucun texte légal ne leur reconnaît une quelconque spécificité (2)! Cette absence de reconnaissance pèse lourd pour les radios du troisième type. Par exemple, c'est au même titre que n'importe quelle radio commerciale qu'elles sont redevables de droits d'auteurs et d'interprètes toujours plus conséquents (3). De même, elles n'émargent à aucun dispositif de subventionnement dans le champ de l'Audiovisuel. Et ne peuvent pas prétendre à l'aide d'un autre secteur de la Communauté française, puisqu'avant d'être "non-marchandes" ou "d'éducation permanente", elles sont avant tout considérées comme des "radios", "privées" comme toutes les autres...

Ni subventions, ni recettes publicitaires, ni tarifs préférentiels... Et pourtant, elles existent!
Les radios du troisième type continuent leur travail de défrichage, de médiation, d'expérimentation et de formation. Ouvertes à l'expression de catégories de la population qui ne sont pas ou peu représentées dans les médias traditionels, elles se substituent à la mission du service public quant à son obligation de diversité.

Une vision entrepreneuriale

A l'instar de la politique culturelle, on dit souvent qu'il n'y a pas de politique de l'audiovisuel en Communauté française. En réalité, il semble bien qu'il en existe une. En déroulant le tapis rouge aux grands groupes médiatiques, en négligeant les radios indépendantes et en niant la spécificité des radios du troisième type, la Communauté française dessine une vision entrepreneuriale du paysage radiophonique où seuls prévalent les critères économiques: rentabilité, professionalisation, parts de marché...

Ainsi s'annonce la procédure d'appel d'offre. C'est désormais au Conseil Supérieur de l'Audiovisuel (CSA), une instance chargée de garantir une "diversité du paysage radiophonique et un équilibre entre les différents types de radios, au travers de l'offre musicale, culturelle et d'information", qu'il revient d'examiner les offres déposées par les radios puis de procéder, enfin, à l'attribution des fréquences. Le CSA réussira-t-il à s'affranchir des préférences gouvernementales pour tracer les contours d'un plan de fréquence réellement équilibré par le biais d'une procédure transparente?

Quant à la prochaine majorité gouvernementale, aura-t-elle la clairvoyance de réintégrer la dimension culturelle dans le paysage des radios privées en sortant les radios du troisième type de la précarité?

C'est aussi un peu à nous tous d'en décider...

(1) Les 6 grands réseaux sont destinés, par ordre décroissant, à Bel RTL, Contact, Ciel FM, Nostalgie, NRJ et Fun.
(2) "Plan de fréquences : les radios associatives tirent la sonnette d'alarme", carte blanche parue dans Le Soir du 17 Avril 1999.
(3) De plus, la répartition des droits facturés aux radios associatives par les sociétés d'auteurs et d'interprètes ne tient pas compte de la spécificité de la programmation des radios associatives. Au final, les artistes dont elles diffusent les oeuvres ne sont pas ceux qui en bénéficient puisqu'il s'agit essentiellement d'artistes encore peu connus.
(4) En 1997, le décret prévoyait bien une vague priorité dans l'attribution des fréquences à des radios "indépendantes à vocation culturelle", ce qui constituait pour les optimistes un semblant de début de reconnaissance. Mais même cette allusion a disparu, en 2003, suite à une réforme du Ministre Richard Miller.

Signataires:
Atelier de création sonore radiophonique
OSR, Soignies
Radio Air Libre, Bruxelles
Radio Campus, Bruxelles
Radio Hellena, Louvain-la-Neuve
Radio Panik, Bruxelles
Radio Universitaire Namuroise, Namur
Radio UMH, Mons
Radioswap.net, réseau d'échanges de programmes
Tam Tam Radio, Eghezée
etc...

How the destroyed FM Brussel back in 1986
by Ryujin Tuesday, May. 11, 2004 at 3:47 AM

Back in 1986-97 or so the Belgian governement applied a new directive on free radio broadcasters: the Brussels region independent radio broadcasters had to choose and decide if they were either French or Flemish (Dutch) speaking radio stations. So succefull but also very alternative (and with very few or nearly no commercials) radio stations such as the original FM-Brussel (not the new one which just have 'stolen' the name but not the vibe nor have original members...) would became divided from the inside: indeed FM-Brussel represented the cross cultural specification of a city like Brussels on the air, programs were proposed sometimes in French, sometimes in Dutch (mainly in Flemish) but then the Belgian governement decided that all Brussels region broadcasters had to choose or Flemish or French but NOT both on the same station !!! (maybe jalous of the succesfull independent which also toped-up by the public choice 3 years on a row on Humo's pop-polls back then... ; and on top of it the govenement newly made-up FM station 'Studio Brussel' just placed itself nearby the FM Brussel fm-frequency,
imitating FM-Brussel style to bring even more confusion to listeners ...
When you know that a few years after that, the same governement gave subsidies to filmakers and visual artists for representing or expressing in their arts the cross cultural aspect of living brussel ! What an hypocrisy when they applied such directives that took off broadcasters which naturaly and spontaneously expressed that cross cultural aspect.