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Quand la "Science" corrompt les hommes
by Laurent Duprès Tuesday, Apr. 20, 2004 at 4:13 PM

2004 : "On" découvre de l'eau sur Mars, une nouvelle planète. "On" demande des bosseurs dans les laboratoires, mais à bas prix, s'il vous plaît !

C'est la mode du temps. Il y aurait de l'eau sur Mars. Voulez-vous venir jeter un petit coup d'oeil ? Il y a une nouvelle planète dans notre système solaire. J'ai un nom pour elle : la planète "Fric".

Je ne prétend pas être un grand physicien mais je sais encore distinguer un oeuf et un boeuf, je sais encore sentir la présence d'un éléphant dans ma petite maison. Y a-t-il réellement de l'eau sur Mars ? Nul ne le sait réellement. Ce que les sondes mesurent, ce que nous distinguons sur des photographies pour la plupart recoupées et retravaillées à l'aide d'un matériel terrestre pourrait être interprété différemment. Mais il y a une chose dont je peux témoigner sans me tromper.
Les Etats-Unis super libres de l'administrateur directeur maréchal Bush vit une crise sans précédent. A Boston où je réside, nous côtoyons un million d'étudiants, dont un nombre important de boursiers venus de très loin. Des petits Belges en petit nombre, des Français, des Russes, beaucoup de Russes, et encore plus de Chinois, d'Indiens, de Coréens et de Vietnamiens. Tous sont venus pour obtenir un diplôme, puis, travailler à des salaires qui dépendent surtout de notre pays d'origine. Un Belge peut espérer décrocher une bourse non négligeable, et vu le coût de la vie, on ne s'en plaint pas. C'est pas le cas de tout le monde. Sans être méchant, je dirais qu'ici, le salaire décroît inversément avec la pigmentation épidermique.

Depuis trente-six mois, une autorité fédérale américaine fait circuler dans les universités au grand nom (à Boston, c'est Harvard University et Massachusetts Institute of Technology, ainsi que quelques dizaines d'écoles bien moins chères et surtout moins reconnues) une circulaire qui demande aux autorités académiques de repérer les éléments brillants pour les garder autant que faire se peut. C'est que depuis quelques années, les Américains se sont rendus compte que les pays principaux exportateurs de cerveaux humains à très bas prix feraient de la rétension de stock ! Le directeur de Harvard Medical School ne se demande pas pourquoi les Chinois ont envoyé un homme dans l'espace : ils nous ont volé la technologie ! Si les Indiens ont la bombe A, c'est parce qu'ils ont gardé leurs petits secrets sans nous en parler. C'est pas bien, devrions-nous en conclure.

Récemment a eu lieu un colloque à Cambridge (le quartier super intello, où même le Burger King ne fait pas grossir), où les expériences de microgravité effectuées dans l'ISS (la Station Internationale Spatiale) ont été exposées aux chercheurs. Quelle ne fût pas notre stupeur lorsque nous avons appris que les superbes révélations au sujet de l'eau marsienne et des nouvelles planètes du système solaire ont été décrites comme "quelque peu prématurées". En fait, [je cite] "il faut garder l'attention des jeunes à un niveau excitant, pour que cela ne retombe pas. Autrement, plus aucun mécène ne financerait nos projets. Si la vie n'existe pas sur Mars, vous comprenez bien que personne ne fera attention à ce que nous faisons". Traduisez en direct : Nous ne savons rien de l'eau sur Mars. Mais pourquoi le New-York Times en fait ses choux gras ? Pourquoi les journaux "Le Monde" et "Le Soir" suivent sans broncher ?

La recherche coûte cher, paraît-il. Certes, nous coûtons cher. Je comprends que mes amis vietnamiens ou congolais ne peuvent pas revendiquer autant. Je comprends aussi, et je veux faire comprendre, que toute cette délicieuse publicité sur des découvertes incroyables, sont effectivement "incroyables", au sens où il ne faut pas les croire, où il ne faut surtout pas prendre ça pour argent comptant. Ce qu'il faut croire, c'est que l'exploitation des uns et des autres doit servir la "Matrice", le système, et personne d'autre. Si "Le Soir" et "Le Monde" publient tous ce qui pourrait n'être qu'un attrappe-nigaud, c'est qu'en Belgique et en Europe plus généralement, nos gouvernants ont aussi besoin de chaire humaine. Mais à bas prix, s'il vous plaît !

Enfin, si un jour j'avais un droit de parole télévisé, je demanderais un salaire égal pour Belges ou pas. Ca résoudrait tous les problèmes. C'est pas pour disqualifier l'un ou l'autre. Un homme seul est sensible, est faible. Les hommes ensemble sont forts. Quels qu'ils soient.

PhD Laurent Duprès
Harvard Medical School
Grove st, 1
Boston MA 09114
U.S.A.