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Brussells tribunal, jour 1: Comment créditer le pnac dune visée morale ?
by Aymeric Lehembre Friday, Apr. 16, 2004 at 12:11 AM

Le Brussells Tribunal, sInspire du Tribunal Russell, du philosophe Bertrand Russell, qui avait à son époque posé un jugement sur la guerre du Vietnam. Aujourdhui il sagit de se pencher sur le PNAC, (Project for a New American Century) projet signé par quelques membres du gouvernement de Georges Bush, dont Dick Cheney, Donald Rumsfeld et Jeb Bush (le frère de George W. Bush). Le PNAC, dont les idées ont vu le jour au printemps 1997 prétend renforcer la présence stratégique américaine dans le monde, afin aussi de remédier aux déséquilibres et conflits entre les pays et dassurer une stabilité.

Le Brussells tribunal prétend discuter de la légitimité de ce projet. Parmi les nombreuses questions abordées lors de cette première journée, et en rapport avec le PNAC, citons celles-ci : le PNAC correspond til à une nouvelle politique dintervention américaine, et ne peut-on pas mettre en doute le point de vue moral quil revendique ? Et puis, comment les Etats-Unis peuvent-ils se poser en Souverains garants du bon ordre du monde, et ceci au dam de la communauté internationale, défendue par Samir Amin et Jacques Derrida, (pour ce-dernier, il sagit dun point de vue exprimé notamment dans une interview à Lieven De cauter, initiateur du Tribunal) moyennant des transformations profondes de la manière dont ses institutions fonctionnent.

Les témoins qui ont défilé, comme dans un tribunal classique, ont entre autres choses cherché à montrer la collusion entre le gouvernement Bush et une élite très impliquée dans le secteur industriel, mettant ainsi en valeur les intérêts économiques en jeux dans cette guerre.

Il y a donc eu une intervention de Geoffrey Geuens, auteur de « Tous pouvoirs confondus » et professeur à luniversité de Liège, qui a présenté une longue liste de personnes, signataires du PNAC ou gravitant autour de manière moins déclarée, et manifestement à lorigine de cette intervention américaine en Irak. Parmi eux Bruce Jackson, J.C. Patrick, vice-président exécutif dApple, société dinformatique qui sert aussi les intérêts de la défence, Dick Cheney et sa femme, Paul Wolfowitz et Donald Rumsfeld, ce-dernier lié à « General instruments » et « Gulfstream aérospace ».

John Saxe Fernandez, qui dirige le programme « World today » du centre de recherche de luniversité Nationale autonome de Mexico a de son côté insisté sur la volonté américaine de « mettre en pratique la diplomatie par voie militaire », et sur la dimension apolitique du fonctionnement de cette nouvelle droite américaine, qui na jamais accordé de légitimité à ses opposants, discréditant en cela la politique américaine elle-même. De même le fait que des prémisses dactes terroristes étaient perceptibles avant le 11 septembre et que les américains nont rien fait pour développer des actions de contre-terrorisme est interprété par M. Fernandez comme une volonté dattendre un prétexte significatif pour une intervention massive..

A ces différentes « mises en accusation », la défense, présidée par M.Jim Lobe, conseiller politique et analyste, et par Tom Barry, directeur de lInterhemisphere Resource Center répond quaux Etats-Unis il y a souvent des rapports étroits entre les différentes sphères du pouvoir, en raison dune tradition corporative qui a perduré, mais que ce nest pas pour autant que la politique est dirigée par des intérêts économiques. Cette idée de motifs non strictement économiques à la guerre en Irak et qui fera partie des questions récurrentes au cours de cette première journée, est relayée en partie par M Bricmont, professeur de physique théorique à lUCL, dans la mesure où lui aussi voit des motifs idéologiques à lintervention américaine, à savoir un soutien plus facile de lAmérique à son allié Israèlien. M.Bricmont rappelle à ce titre que ni Bush père ni M.Baker nétaient favorables à cette guerre, alors quils pouvaient tous deux espérer en tirer un profit en termes de pétrole. La défense ajoute aussi que beaucoup de personnalités importantes dans lélaboration du PNAC navaient rien à voir avec les firmes darmes et que par ailleurs certaines dentre elles se sont ouvertement déclarées contre la guerre.

Parmis les autres interventions, citons celle de Sara Flounders, et dAmy Bartholomew, cette dernière cloturant la journée en entamant le débat avec Samir Amin, membre de la Commission, autour de la question de lingérence et de la possibilité de définir une autre politique de gouvernance que celle pratiquée depuis toujours, prônée et assénée unilatéralement par les Etats-Unis. Cette autre politique pourrait selon Amy Bartholomew, trouver de plus grands appuis dans la société civile.

Le Brussels tribunal et la gouvernance
by Elsa Friday, Apr. 16, 2004 at 12:57 PM

Je suis assez surprise par la lecture du dernier paragraphe de ce compte-rendu du Brussels tribunal (cf lien ci-dessous) dans lequel il apparaît que ses membres auto-proclamés (mais c'est leur droit puisqu'il s'agit d'une mise en scène) ne sont pas opposés au concept de gouvernance, concept né dans les écoles de commerce, mais seulement à la gouvernance définie et imposée par la maison blanche.

Brussels tribunal, jour 1 :
http://archive.indymedia.be/news/2004/04/83492.php

Pourtant, qu'elle soit définie par x ou y, la gouvernance est un concept foncièrement anti-démocratique, aux antipodes de celui de la démocratie directe.

Sur la gouvernance :
http://www.monde-diplomatique.fr/2001/06/CASSEN/15272

Sur la démocratie directe :
http://www.demexp.org

Ce fait montre à quel point ceux qui se profilent comme forces vives et contestatrices de notre société, éprouvent énormément de difficultés à se débarrasser des concepts idéologiques qui sont l'essence de l'élite bourgeoise, même bien intentionnée.

Chassez le naturel et il revient au galop.

Cher amiEs d'Indy média ...
by Elsa Saturday, Apr. 17, 2004 at 12:57 AM

J'ai publié ce texte comme article et non comme commentaire. Ceci est un choix personnel et réfléchit. Je vous prie par conséquent de le respecter, et donc de le replacer en article.

Merci,

Elsa.

et aussi ...
by elsa Saturday, Apr. 17, 2004 at 1:22 AM

... j'ose espérer que vous aurez la diligence de placer cet ARTICLE, comme les autres articles relatifs au Brussels Tribunal, dans votre dossier "Start Brussels Tribunal".

Toute organisation qui évite la critique s'éloigne du concept de démocratie (directe, donc).

à Elsa
by cas Cassen Saturday, Apr. 17, 2004 at 2:55 PM

Le tetxe de Cassen est de 2001, il me resemble qu'il est oublié ce qu'il a écrit, il parle avec les forces de governances et condamme les gens qui cassent des fenêtres sur de demonstrations...

quelques éclaircicement s
by yb Tuesday, Apr. 27, 2004 at 12:43 PM

pour nuancer le dernier paragraphe:

le terme gouvernance était peut-^tre pas appropié. l'essentiel des propos de cette fin de journée au tribunal était justement de refuser catégoriquement le concept d'interventionisme sous quelques formes que ce soit. l'histoire démontrant que toutes interventions dans les pays du sud a engendré plus d'avatras que de bénéfices pour ces pays ( colonies,...).

Quelques pistes furent donc proposées, comme celle d'assemblées internationales comme celle de l'onu mais plus délibératrice, où la démocratie universelle ne serait enfin expérimentée