Sud Presse: 'Al-Qaida remporte les élections'

> [Une réponse publiée dans le journal: ]
>
> "En réponse à M. Duchenne, de Charleroi, qui titre: "Votre titre,
> insultes déguisées". Bien sûr que Al-Quaïda a eu la peau de José
> Maria Aznar, bien sûr que Al-Quaïda remporte les élections (...)
> Al-Quaïda sait manipuler les élections grâce au terrorisme, ne
> nous voilons pas la face. Ce n'est pas insultant pour les
> Espagnols de dire qu'ils ont voté la peur au ventre! Nous
> attendons d'être informés, nous le sommes.
> J'espère, moi, que ce soit disant excès ne sera pas corrigé.
> Pourquoi? En nous embobinant avec des mots sucrés? Nous, c'est la
> vérité que nous attendons."

En réponse à madame Jacqueline D. de Baudour.

Bon, je dois admettre que ma lettre à la rédaction était un peu
pauvre en arguments. Je l'ai écrite rapidement, avec l'élan de mon
indignation. Mon expérience des médias me pousse à croire que les
messages adressés à la presse ou la TV ont souvent moins de chance
d'être pris en considération s'ils sont longs et détaillés.
Vous remarquerez d'ailleurs que l'espace "dialogue" réservé aux
lecteurs est assez limité.

Juste après l'envoi de mon premier message, j'ajoutais ceci:
"Le peuple espagnol n'a pas voté POUR Al-Qaïda (sic),
il a voté contre les MENSONGES de José Maria Aznar."
(Mais cette remarque n'a pas été intégrée au texte initial publié
dans le journal.)
Et au rédacteur en chef, je répondais:
"C'est bien le titre que je critique (le 'Al-Qaïda remporte les
élections'); la première chose que le lecteur voit en feuilletant
votre journal, et la seule chose qu'il retiendra s'il ne lit pas
l'article."
(Remarque: le titre donné à ma lettre n'est pas de moi.)

A mon humble avis, les appréciations et interpretations personnelles
n'ont pas leur place dans un article d'information où le récit des
FAITS, aussi fidèle et complet que possible, est attendu. Des zones
sont clairement identifiées dans un journal pour les analyses et
opinions, telles que l'éditorial, la rubrique "Fantasio", "L'avis du
journaliste xxx", ...etc. Sans ces repères clairement définis, et
sans rectification des éventuelles débordements, quels seront alors
les "gardes-fous" qui nous garantiront que c'est bien la réalité qui
nous est rapportée ?

Je ne prétends pas bien connaître la population espagnole, mais les
quelques échanges que j'ai pu avoir avec nombre d'entre-eux me
laissent penser qu'elle est humble, lucide, respectueuse aussi.
Je ne peux pas croire que x millions d'espagnols, qui ont vécu
l'époque franquiste, qui ont connus d'autres attentats terroristes,
sont allés voter par intimidation, "la peur au ventre", sous la
pression d'Al-Qaïda. Prétendre cela sans arguments probants est
faire injure à l'intelligence des électeurs.
Vous devriez savoir qu'une large majorité des espagnols était
opposée à l'envoi de troupes militaires en Irak; vous devriez
également savoir qu'ils ont manifesté nombreux leur désaccord
avec le gouvernement en ce qui concerne le mensonge soutenu par
José Maria Aznar à propos des armes de destruction massive.
Vous ne devriez pas ignorer que l'Espagne a été profondément choquée
par ce qu'elle a perçu comme un mensonge de plus de Aznar face
à son insistance à imputer les attentats à l'ETA.

Je persiste et je signe: le titre choisi par le journal est un
dérapage parce qu'il ne résume pas l'article et ne correspond pas
à la réalité des faits. Si nous ne réagissons pas aux dérives,
quelle vérité pouvons nous espérer ?

Avez-vous une idée claire de l'incidence dans l'Histoire des
mensonges et demi-vérités relayés par les médias à l'opinion publique ?
Les journalistes exercent un métier influent qui demande une
responsabilité conséquente. De grâce, encourageons-les dans le
bon sens.

Philippe Duchenne
Charleroi.

PS: Le sensationalisme et la démagogie nuisent à la qualité de
l'information et à la perception des réalités. :)

arch/ive/ief (2000 - 2005)