Le mur du silence commence à s'effriter by Milliyet Thursday, Feb. 26, 2004 at 10:47 PM |
tayadkomite@hotmail.com |
Liberté pour Serkan Aydogan !
La détermination de TAYAD
et des prisonniers politiques commence à porter ses fruits.
Le mur de la
censure commence à s’effriter peu à peu. En effet, le quotidien turc à gros
tirage Milliyet, vient de publier un article concernant Serkan Aydogan,
un ex-détenu souffrant du syndrome de Wernicke-Korsakoff. Les autorités ont
décidé de le reprendre pour qu’il purge le reste de sa peine. Mais Serkan est
réduit à l’état d’un enfant de 5 ans et ne se souvient plus de rien, si ce n’est
de sa grève de la faim…
Tayad Komite
Article
paru dans le quotidien Milliyet
du 26 février 2004
'Je me souviens! J’avais
participé à l’action'
Malgré son syndrome de Wernicke-Korsakoff,
une maladie déclarée 'incurable', il a été mis sous les verrous. Son action a
pris fin il y a bien longtemps mais voilà qu’à peine réincarcéré, il se lance à
nouveau dans le jeûne de la mort. Son jeûne, c’est la seule chose dont il se
souvient...
On n’en guérit pas
Murat Emre,
professeur et médecin en neurologie à la faculté de médecine de l’université
d’Istanbul rappelle qu’il est impossible de guérir du syndrome de Wernicke
Korsakoff. Il explique ce syndrome par « une lésion cérébrale qui apparaît en
cas d’alcoolisme ou de famine prolongée doublée d’une carence vitaminique. » Et
de conclure : Certains de ces malades peuvent guérir de leurs troubles de l’
équilibre mais ils gardent définitivement des dégâts au niveau de la mémoire.
Une fois la maladie contractée, il est impossible d’en guérir. »
Lien vers
l’article :
http://www.milliyet.com.tr/2004/02/26/yasam/yas02.html
Belma Akçura
Durant sa
captivité, Serkan Aydogan, 28 ans, fut atteint du syndrome de Wernicke
Korsakoff. Pour cette raison, il fut mis en liberté conditionnelle et par trois
fois, la poursuite de sa peine a été ajournée en raison de l’incurabilité de sa
maladie. Aydogan se souvient de son passé mais sa mémoire n’enregistre pas le
présent. Il se souvient juste de son jeûne de la mort. Il vient d’être
réincarcéré. Ce qui l’a amené à reprendre son jeûne.
Aydogan est
l’aîné parmi trois frères. Au milieu des années 1990, au domicile familial, dans
le quartier de Þiþli, il aimait raconter ses idéaux à ses frères. Aujourd’hui,
ils se souviennent : « Je serai ingénieur en bâtiment. C’est sûr!...
disait-il sans cesse. »
Dans sa
dernière année du lycée, ses idéaux changent. Il s’intéresse désormais aux
activités des organisations clandestines. Son père remarque ce changement,
envoie son fils au service militaire et l’interdit de passer ses examens
d’entrée à l’université.
Aujourd’hui, son
père, Ismail Aydogan regrette sa décision : « J’ai sans doute fait le plus grand
tort à Serkan en l’empêchant de poursuivre ses études. Serkan est quelqu’un
d’extrêmement joyeux et honnête. Un jour, les policiers sont venus le
chercher... ».
Accusé
« d’appartenir à l’organisation DHKP/C » et d’avoir « suspendu un calicot »,
Serkan Aydogan est condamné à 16,5 ans de prison ferme. Incarcéré en 1999, il
ressort en 2001 en raison de son jeûne de la mort. A son entrée, il pesait 75
kilos mais à sa sortie, il nen faisait plus que 43. Diagnostiqué comme souffrant
d’une maladie 'incurable', il fut remis à sa famille. Avec sa mémoire en moins.
C’est sa mère qui le
nourrissait
Sa peine fut
ajournée par 3 trois fois. Pendant deux ans et demi, c’est sa famille qui
s’occupa de lui. Le père Aydogan raconte : « Sa mère le nourrissait comme s’il
était un enfant. Il ne sortait pas de la maison, ni de son lit. De temps en
temps, il m’accompagnait au marché. Il ne parlait avec personne. Il riait tout
seul, sans nous en dire la raison. »
Malgré
l’incurabilité attestée de sa maladie, Aydogan est aujourd’hui de nouveau en
prison et d’après sa famille, il ne se souvient même pas de ses deux années et
demi passées en liberté. En ce moment, il poursuit son jeûne de la mort en
disant : « Quand est-ce que le jeûne de la mort s’est terminé ? Arrêtez de me
faire marcher ».
Sur base du
rapport du collège spécialisé du Conseil de la Médecine légale, sa peine a été
ajournée mais comme il a été repris sans qu’il y ait la moindre amélioration de
sa santé, le 12 février dernier, ses avocats, Maître Mihriban Kirdök et Maître
Mehmet Ali Kirdök ont introduit une plainte auprès de la Cour européenne des
droits de l’homme (CEDH).
Maître Mihriban
Kýrdök dit ne plus dormir la nuit depuis qu’elle a vu l’état de Serkan Aydogan
en prison. Elle explique : « ce jeune homme peut à tout moment perdre la vie en
prison ». Le père Aydogan quant à lui, s’est adressé de son propre chef, à la
Cour européenne des droits de l’homme pour « violation du droit à la vie » et
pour « traitements inhumains ».