arch/ive/ief (2000 - 2005)

LA QUESTION TCHÉTCHÈNE Dix approches pour comprendre (2)
by Patrick Gillard Monday, Feb. 23, 2004 at 10:36 PM
patrickgillard@skynet.be

La chape silencieuse qui recouvre presque tout ce qui a trait à la Tchétchénie est imperméable ; en général, aucune information ne la franchit. Seule, la nouvelle d’un événement à haute charge émotionnelle (attentat, prise d’otages, combat, etc.) digne d’être propagée sur la scène médiatique internationale, peut traverser momentanément ce mur aphone. Mais une fois les décomptes macabres d’un fait spectaculaire de ce type publiés - de préférence photos à l’appui -, le couvercle muet retrouve très vite sa place initiale, et sa fonction première de barrage informationnel.

Le commerce des vivants et ... des morts
Notre méconnaissance de l’importance du problème de «la revente contre rançon des personnes arrêtées lors des opérations de nettoyage» en Tchétchénie, est causée en premier lieu par l’existence d’un mur de silence érigé par les autorités russes sur presque tout ce qui se passe dans la république tchétchène. (23) Mais en dirigeant notre regard, soit vers les prises d’otages spectaculaires, soit en direction d’enlèvements de journalistes ou d’humanitaires occidentaux (24), les médias dominants de nos pays attirent en outre notre attention sur des épiphénomènes qui occultent l’élément essentiel du problème : l’existence d’«une (...) économie, très rentable, [qui] s’est peu à peu développée dans la république [tchétchène] à partir du milieu des années 1990 : celle des prises d’otages».

A côté «des étrangers, auxquels la communauté internationale a accordé plus d’importance», ce trafic humain fait aussi, mais de manière plus discrète, de nombreuses victimes parmi les «Russes (dont des hommes politiques, journalistes, mères de soldats...) et [parmi les] Tchétchènes (personnalités politiques, membres d’ONG, simples civils...)», à tel point qu’ «à la veille de la reprise de la guerre, en 1999, les sources officielles russes évaluaient à 2 000 environ le nombre d’otages détenus». Étant donné le manque de statistiques relatives aux enlèvements, il est intéressant de comparer le chiffre de cette évaluation avec ceux déclarés par une association qui recherche les otages, et selon laquelle «entre 3 et 4.000 civils ont disparus en Tchétchénie depuis le début de la deuxième guerre en 1999» (25).

Les témoignages - comme celui du journaliste Brice Fleutiaux - qui prouvent que des prises d’otages compromettent aussi des personnes ou des groupes qui «combattent effectivement dans les rangs tchétchènes» ne doivent cependant pas masquer le fait, avéré lui aussi, que «cette activité implique [également] beaucoup d’autres groupes, parfois liés aux services spéciaux russes», comme le prouve notamment la troublante révélation d’Anna Politkovskaïa à propos d’un des membres du commando tchétchène du théâtre de Moscou. En tous cas, «les chiffres de ce sinistre commerce pratiqué par les forces russes dépassent de beaucoup les prises d’otages reprochées aux Tchétchènes entre les deux guerres».

L’impact de la guerre sur la société russe
La prise d’otages du théâtre de Moscou, qui s’est terminée dans un inutile bain de sang, coûtant la vie à plus de 160 personnes, preneurs d’otages compris, «a [radicalement] changé la perception de la guerre par la société russe». Très médiatisée, cette tragédie moscovite a littéralement retourné l’opinion publique du pays. En quelques jours, le nombre de personnes favorables aux négociations avec les dirigeants tchétchènes, qui formaient la majorité avant le drame, a été divisé par quatre ; les partisans des pourparlers ne représentant plus que 15% des personnes interrogées au lendemain de la prise d’otages.

Sensible aux «tensions interethniques» à partir du renversement du régime communiste, la Russie est de surcroît confrontée à une montée de xénophobie, depuis la guerre en Tchétchénie. Cette virulente vague raciste s’est focalisée sur les représentants de la petite république caucasienne, surtout au lendemain de la tuerie du théâtre de la Doubrovka, au point d’en faire de véritables ennemis publics. Mais les multiples discriminations, dont sont victimes les Tchétchènes vivant en Russie, s’étendent peu à peu aussi à d’autres populations “étrangères”, créant ainsi les conditions pour un rejet de toute personne présentant «une apparence “non-slave”». Et ce ne sont pas les jeunes soldats russes, qui rentrent complètement brisés de Grozny ou d’ailleurs en Tchétchénie, qui pourront corriger la perception raciste de leurs compatriotes. (26)

Même si elle peut illusoirement contribuer à «la consolidation nationale», «la montée de la xénophobie et de la violence raciste fait [surtout] peser la menace d’une véritable fascisation du pays, d’autant que la Russie doit à cette guerre le renforcement d’un régime policier (...) aggravé par la corruption, et de graves entraves à la liberté d’expression».

L’impact de la guerre sur la société tchétchène
Les conséquences des deux guerres ont évidemment été encore plus dramatiques et plus traumatisantes pour les ressortissants tchétchènes, parmi lesquels pas une seule famille n’a été épargnée. Mais à l’image de sa capitale Grozny, généralement dépeinte comme une ville en ruines au milieu desquelles «ce qui surprend [le plus], c’est la vie» (27), la capacité de résistance et d’adaptation de ce peuple du Caucase est telle qu’«il est difficile d’(...) évaluer les effets [de cette décimation] sur la société tchétchène [et ce, d’autant plus] que celle-ci reste mal connue».

La destruction presque totale de l’économie tchétchène a pourtant créé des conditions d’existence invivables, avec un taux chômage qui frôle les 90%. La guerre et l’occupation russes n’ont laissé subsister qu’une économie de survie, où de nombreuses personnes se livrent à des activités liées à la terre, où d’autres exploitent «des miniraffineries de pétrole, dont le nombre se comptait en milliers sur le territoire tchétchène» et où d’autres encore tirent profit du commerce rémunérateur des prises d’otages.

Avec un tel déclin économique, tous les voyants des services sociaux (santé, enseignement,...) sont bien entendu passés au rouge depuis longtemps. Et c’est seulement au prix de la réactivation des liens traditionnels de la solidarité familiale ou clanique que la société tchétchène parvient à résister dans un pareil chaos, au sein duquel la femme et l’islam prennent simultanément, mais pas nécessairement de façon conjointe, de plus en plus d’importance. Toutefois, «l’image d’une société tchétchène soudée autour d’un seul et même projet politique, d’une seule et même pratique religieuse, d’un seul et même rapport à la tradition, est (...) erronée» ; au contraire, de nombreux «facteurs sont la marque d’une population en danger».

Le prétendu “processus de normalisation”
Il ne suffit pas, comme l’a pourtant fait à plusieurs reprises le président Poutine, d’abord en avril 2002, «dans une adresse au Parlement russe, [de déclarer] que “la phase militaire de la guerre [était] terminée”», puis, un an plus tard, dans son message annuel devant la même assemblée, d’annoncer que «le processus de normalisation politique en Tchétchénie [serait] “mené à son terme”» (28), pour que la guerre cesse tout à coup et que la situation en Tchétchénie se “normalise” de façon automatique. «Contrairement aux déclarations de Poutine», affirmaient déjà, en août 2002, les responsables de quatre organisations humanitaires, «la situation est loin de se normaliser». (29) Et depuis cette époque, il ne s’est pratiquement pas passé un mois sans qu’un événement sanglant ne vienne contredire les allégations mensongères de Vladimir Poutine. (30)

A côté de ce mensonge éhonté, Poutine impose aussi aux Tchétchènes une série de consultations “démocratiques”, créatrices d’illusion normalisatrice, qu’il organise comme bon lui semble, au mépris non seulement d’une population locale en grande partie exténuée par la guerre, mais aussi d’une communauté internationale - il est vrai - beaucoup trop conciliante. Le référendum du 23 mars 2003, «censé confirmer l’appartenance “inaliénable” de la Tchétchénie à la Russie» (31), mais que «plusieurs éléments permettent d’affirmer [qu’il] s’est déroulé de façon antidémocratique» (21), constitue la première étape du processus normalisateur que le Kremlin veut imposer à tous. Non moins entachée d’irrégularités, la récente élection présidentielle d’Akhmad Kaydirov, l’ancien mufti de Tchétchénie «devenu [entre-temps] l’homme de Moscou», représente, quant à elle, l’«acte II» de la comédie normalisatrice mise en scène par Moscou. (32)

Le contrôle de l’information et la désinformation
«Le recensement de la population d’octobre 2002» - opération préalable nécessaire au lancement du «processus politique» normalisateur - apporte au gouvernement russe des «résultats stupéfiants pour la Tchétchénie [qui tombent] à pic : 1 080 000 habitants comptabilisés, soit le double des estimations des organisations humanitaires (et des fonctionnaires russes eux-mêmes), et un chiffre bien supérieur à la population avant les deux guerres». (33)

Pour parvenir à un tel degré de désinformation, il faut reconnaître que, même s’il ne possède plus les grands médias du pays (34), l’État russe exerce encore un réel contrôle sur l’information, «via tout un arsenal répressif», qui s’est encore renforcé au lendemain de la prise d’otages du théâtre de Moscou. Aux sanctions de la première heure (fermeture, menace de fermeture, privation d’antenne, réprimande, etc.) qui visent surtout de petits médias indépendants et quelques journalistes trop audacieux (35), succède, «moins d’une semaine après la crise des otages», le vote d’une «loi limitant fortement la liberté des médias d’informer le public sur les opérations antiterroristes». Cet acte législatif sera suivi encore, quelques jours plus tard, par l’envoi à tous les rédacteurs en chef d’un «bréviaire de l’autocensure», rédigé par les services du ministère de l’Information.

Considérée aussi comme un renforcement des mesures de contrôle déjà existantes, cette «mise au pas des médias» avait également pour but «de cacher les horreurs de la guerre en Tchétchénie» au grand public. Il faut savoir qu’en l’absence d’accès libre au théâtre des opérations militaires, les journalistes ne peuvent que participer à «ces voyages de presse strictement encadrés par les services (...) [du] chargé de la communication pour la Tchétchénie auprès du président de la Fédération russe» ; ceux-là mêmes qui délivrent aussi les «cartes d’accréditation, introduites en 1999, sans lesquelles il est devenu “illégal” de travailler en Tchétchénie».

Si la plupart des reporters, toutes nationalités confondues, se plient aux règles strictes édictées par le Kremlin pour couvrir la guerre tchétchène, la journaliste Anna Politkovskaïa fait cependant figure d’exception. (36) La «correspondante de la “Novaïa Gazeta” reste[rait] la seule journaliste russe à travailler directement en Tchétchénie». En tout cas, l’esprit critique et la liberté de ton dont elle fait preuve dans ses articles, notamment à l’égard de la politique menée par le président Poutine en Tchétchénie, constituent un véritable rempart face à la propagande des autorités moscovites, qui réduit la république caucasienne à un foyer de banditisme et de terrorisme.

Le silence complice de l’Union européenne et de la communauté internationale
Qu’il semble éloigné le temps où «le sommet des chefs d’État de l’Union européenne à Helsinki menaçait la Russie de sanctions», au lendemain d’un ultimatum qui risquait d’anéantir la population de la capitale tchétchène ! On croit également rêver lorsqu’on lit que «l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe (APCE) [a un jour voté] une résolution dans laquelle elle déplor[ait] la “destruction totale et gratuite de la ville de Grozny”, et suspend[ait] le droit de vote de la délégation russe»! Pourtant, ces deux mesures européennes ne datent respectivement que du 10 décembre 1999 et du 6 avril 2000. Suite à la première menace, «Moscou [leva] son ultimatum, mais pas le siège de Grozny, qui tombera finalement début février 2000». Quant à la seconde sanction, elle «n’aura aucune conséquence pour la Russie» qui se verra d’ailleurs restituer son droit de vote, dès janvier 2001, alors que l’évolution de la situation sur le terrain en Tchétchénie ne le justifiait nullement.

Quand on pense qu’aujourd’hui, l’Europe risque de sacrifier la Tchétchénie et ses habitants «sur l’autel des bonnes relations avec la Russie», force est constater que la position des dirigeants européens s’est beaucoup altérée en quelques années, passant d’un soutien relativement actif à la cause tchétchène, inscrit, il est vrai, dans le cadre plus large de la défense des droits de l’homme, à un silence de plus en plus complice et dévastateur. Sans justifier cette lâche modification de cap, plusieurs événements récents permettent néanmoins de comprendre les raisons du changement d’attitude de l’Europe par rapport à la question tchétchène. Le passage progressif d’une guerre locale de haute intensité (de fin 1999 à début 2000) à un conflit de basse intensité fournit déjà un premier élément d’explication. Ce glissement sur le terrain militaire aura pour corollaire une raréfaction proportionnelle des informations relatives à la Tchétchénie dans les médias de masse. Une sérieuse diminution informationnelle donc, que les attentats du 11 septembre 2001 et ses conséquences en termes de guerre au terrorisme international - seconds facteurs à prendre en compte pour saisir la modification de la position de l’Europe par rapport à la question tchétchène - aggraveront ensuite durablement.

Depuis la chute de Grozny et plus encore à partir du 11/9, les dirigeants de l’Europe et de la communauté internationale feignent de croire en silence au processus de normalisation vanté par Moscou, malgré l’existence de nombreux signes contradictoires, comme, par exemple, le «rapport très critique [de] la Haut Commissaire aux droits de l’homme des Nations unies, Mary Robinson», qui a été établi au début de l’année 2000, mais qui restera sans suite.

L’absence de communiqué commun, à la clôture du sommet Union européenne-Russie de novembre 2002, pour éviter «toute mention de la Tchétchénie dans les documents» finaux, et le retrait, à partir du 31 décembre 2002, des observateurs de l’OSCE, seuls témoins extérieurs officiels présents sur place, facilitent beaucoup la “tâche” du président Poutine en Tchétchénie. Même le contenu du communiqué final du récent sommet UE-Russie de Saint-Pétersbourg, dont «chaque mot (...) a été âprement négocié» (37), et la résolution du Parlement européen de juillet 2003, assortie d’aucune sanction (38), ne remettent pas en cause le soutien silencieux apporté par les dirigeants européens à M. Poutine.

Faut-il en conclure que les dirigeants occidentaux sont prêts aujourd’hui à sacrifier le peuple tchétchène sur l’autel des bonnes relations avec la Russie et au nom de la prétendue lutte commune contre le terrorisme mondial, alors que l’isolement, dans lequel la communauté internationale - Europe en tête - confine les Tchétchènes, a tendance justement à jeter leurs dirigeants les plus modérés dans les bras des islamistes ? N’aurait-on pas toutes les raisons de craindre que ce soit effectivement le choix cynique opéré par nos responsables politiques, lorsqu’on voit une personnalité aussi informée que le ministre belge des Affaires étrangères, Louis Michel, apporter sans hésitation «son soutien au “processus politique” initié par le président russe Vladimir Poutine dans la république russe de Tchétchénie, à l’issue d’une rencontre avec son homologue russe Igor Ivanov» ? (39). Et de même, lorsqu’on entend, dans le cadre des récents événements du métro moscovite, «des gouvernements [occidentaux], dont la présidence européenne, exprimer d’emblée leur solidarité avec “les autorités russes” [, pas avec familles des victimes,] sans attendre une revendication crédible ou les résultats d’une enquête» (40).

Patrick Gillard, historien
Bruxelles, le 23 février 2004

NOTES

(22) Paul KLEBNIKOV, «op. cit.», p. 339.

(23) «Les rançons demandées pour le “rachat” des corps» représentent l’«aspect le plus macabre de ce marché».

(24) On pense notamment au jeune journaliste français, Brice Fleutiaux, qui s’est donné la mort le 24 avril 2001, peu de temps après sa libération, survenue en juin 2000, au terme de huit mois d’emprisonnement en Tchétchénie. Pour connaître les conditions de sa détention, lire : Brice FLEUTIAUX, «Otage en Tchétchénie», Paris, Robert Laffont, 2001, 335 p.

(25) AFP, «Tchétchénie : jusqu’à 4.000 civils “disparus”», dans «Le Soir», Me 29/10/03, p. 8.

(26) Faute de témoignages directs, on peut se faire une assez bonne idée de l’état de délabrement physique et mental dans lequel les soldats russes rentraient au pays en 1995, à partir du portrait du jeune Youri Lazarevski, héros de la pièce «Chaos debout», écrite par la dramaturge Véronique Olmi et qui a donné lieu à d’inoubliables représentations au théâtre “Le Public” à Bruxelles. Cf. Véronique OLMI, «Les Nuits sans lune» ; «Chaos debout», Paris, L’Arche, 1997, p. 63-117.

(27) Gwenn ROCHE, «loc. cit.», p. 14.

(28) AFP, «”Normaliser” la Tchétchénie», mis en ligne le 17/5/03, http://www.lalibre.be/article.phtml?id=10&subid=91&art_id=116757. Le président Poutine a également profité de son passage au journal télévisé de TF1, le 11 février 2003, pour rappeler que le processus de normalisation politique était en cours. Cf. Gwenn ROCHE, «loc. cit.», p. 14.

(29) P[aul] V[AUTE], «Contrairement aux déclarations de Poutine, la situation est loin de se normaliser», dans «Le Soir», Me 14 et Je 15/8/02, p. 8.

(30) Exemples : AFP, «Attentat sanglant contre des “collaborateurs”», dans «La Libre Belgique», Ve 4/4/03, p. 14 ; Boris TOUMANOV, «Défis à répétition contre Moscou en Tchétchénie», dans «La Libre Belgique», Je 15/5/03, p. 8 ; Id., «Un festival rock, cible du terrorisme», dans «La Libre Belgique», Lu 7/7/03, p. 8 ; REUTERS, «Intenses combats en Tchétchénie», mis en ligne le 21/8/03, http://www.lalibre.be/article.phtml?id=10&subid=91&art_id=129449. Cf. aussi supra note 3.

(31) D’après AFP, «Des doutes sur la participation au référendum. Poutine “clôt” le dossier tchétchène», dans «Le Soir», Ma 25/3/03, p. 7.

(32) Benjamin QUÉNELLE, «Normalisation tchétchène, acte II» et «L’ancien mufti est devenu l’homme de Moscou», dans «Le Soir», Je 25/9/03, p. 11 ; Id., «Akhmad Kadyrov» et «Comédie électorale pour un fantoche», dans «Le Soir», Lu 6/10/03, p. 2 et 8 ; LE GROUPE HELSINKI DE MOSCOU, «Ce sont des élections de la honte», dans «La Libre Belgique», Je 9/10/03, p. 7.

(33) «Ainsi, au jour du référendum, les quelque 500 000 “âmes mortes” pourraient bien voter et réaliser les voeux du Kremlin». Cf. aussi supra note 14.

(34) S’il est exact que «la Russie de Vladimir Poutine semble définitivement décidée à abandonner tout principe d’appropriation collective des moyens de production et d’information», il n’en demeure pas moins vrai que l’État russe exerce un pouvoir sur «la chaîne de télévision privée NTV (...) contrôlée depuis avril 2001 par le consortium énergique Gazprom OAO» dans lequel la part de capital étatique s’élève à quelque 38%. Cf. Geoffrey GEUENS, «Tous pouvoirs confondus. Etat, Capital et Médias à l’ère de la mondialisation», Anvers, EPO, 2003, p. 309-310. Les «Novye Izvestia» pensent même que «le pouvoir [russe] s’est fixé comme but (...) de prendre le contrôle total des médias».

(35) Même la chaîne NTV fut sanctionnée pour avoir interviewé un des membres du commando. Mais «fin janvier 2002 [déjà], le gouvernement [russe] fermait la dernière chaîne de télévision indépendante, TV-6, propriété du sulfureux Boris Berezovski».

(36) Son travail journalistique a été récompensé par plusieurs prix internationaux. Elle est aussi l’auteure de deux livres parus en français ; le dernier est tout récent : Anna POLITKOVSKAÏA, «Tchétchénie, le déshonneur russe», Paris, Buchet/Chastel, 2003, 189 p. Parmi les journalistes téméraires, il faut aussi mentionner Anne NIVAT, correspondante de plusieurs quotidiens dont le journal “Le Soir”, qui a couvert cette sale guerre de septembre 1999 à février 2000. Cf. Anne NIVAT, «Chienne de guerre», Paris, Fayard, 2000.

(37) D’après AFP, «La question tchétchène à l’épreuve de la realpolitik européenne», mis en ligne le 1/6/03 http://www.lalibre.be/article.phtml?id=10&subid=91&art_id=118849.

(38) AFP, «Moscou accusé de crimes de guerre par Strasbourg», mis en ligne le 4/7/03, http://www.lalibre.be/article.phtml?id=10&subid=91&art_id=123414.

(39) AFP, «Louis Michel soutient Poutine en Tchétchénie», mis en ligne le 11/7/03, http://www.lalibre.be/article.phtml?id=10&subid=91&art_id=124424.

(40) Philippe PAQUET, «loc.cit.».