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Appel à la manifestation à Liège le 18/02
by Siboney Friday, Feb. 13, 2004 at 6:28 PM

Manifestation contre le décret Dupuis et pour le refinancement de l'enseignement le 18/02 à Liège.

Nouvelle manif à Liège le 18/02.

On entend actuellement beaucoup parler du décret Dupuis et des réactions qu’il suscite. Rédigé sans réelle consultation des étudiants, il pose de graves problèmes.
Sans développer, les nombreuses critiques concernent la création des académies (pôles d’enseignement ne défendant pas un quelconque projet pédagogique ou culturel mais ayant pour but de procéder à des « effort de concentration »…), le manque de moyens pour soutenir les réformes, la dispariton de certaines passerelles, la mobilité obligatoire (qui créera un fossé financier pour certaines études et réduira donc l’accés démocratique aux études), la formation des écoles doctorales(qui vont diminuer les champs de recherche),…
Malgré tous ces problèmes, la Ministre s’obstine à faire passer son texte le plus vite possible (l’article sur Bologne et sa petite interview dans « Le Soir » du mardi 03/02 sont éloquents) : elle le présente aux parlementaires mercredi 18/02 ! C’est pourquoi une maniestation est organisée à cette date (le texte ne sera normalement pas voté immédiatement mais cela reste possible).
Le rassemblement aura lieu à 13h place Saint Lambert et soutiendra trois grandes revendications : REPORT, PRISE EN CONSIDERATION DES REMARQUES ETUDIANTES (particulièrement à propos des académies et des passerelles) et REFINANCEMENT.
Les points du report et du refinancement sont argumentés dans les articles ci-dessous (parus dans le journal étudiant de l'ulg).

Report.

Plusieurs raisons importantes nous poussent à réclamer un report du décret à la prochaine législature.

Premièrement, comme la plupart des Hautes Ecoles, nous ne sommes pas prêts. En effet, les conseils de faculté finissent seulement de réaménager les cursus pour le baccalauréat, sans savoir de quoi seront constituées les maîtrises. En plus du fait que c’est problématique au point de vue pédagogique, cela permet d’esquiver certaines questions essentielles comme le passage de 4 à 5 ans (inévitable d’après les professeurs) et surtout son financement (pas prévu dans le décret) .
Deuxièmement, la manière dont le décret a été rédigé est tout à fait inacceptable : malgré leurs demandes, les représentants étudiants n’ont été ni informés ni consultés quant à la rédaction du texte. Ce qui explique pourquoi ce décret pose tant de problèmes à la condition étudiante.
Remarquons également que la ministre est en poste depuis trois ans et demi, qu’elle a sorti son décret il y a 5 mois seulement et qu’elle l’a depuis modifié à 4 reprises… Le débat aurait dû être lancé bien plus tôt.
Par ailleurs, si ce décret passe cette année, la Belgique aura un an D’AVANCE sur le programme de la déclaration de Bologne. En clair, la seule raison de faire passer ce texte cette année est la volonté de Madame Dupuis de boucler son mandat par un texte « portant son nom » (ce sont ses mots). Cette volonté, habituelle en politique, est parfaitement compréhensible mais dans ce cas-ci tout à fait déplacée. En effet, ce décret modifie en profondeur et pour des dizaines d’années l’enseignement supérieur en Communauté Française. Face à des enjeux d’une telle importance, nous ne pouvons pas nous permettre de laisser passer un texte bâclé et rédigé sans les principaux concernés (étudiants ET profs).

Malgré toutes ces remarques et un avis sévère du Conseil d’Etat ( "atteinte à la liberté d’enseignement et à la liberté d’association des universités", "absence de concertations",…) Madame la Ministre s’obstine et a fait passer son texte au gouvernement mercredi 5 février!!! Il est actuellement au Parlement et sera présenté aux députés le 18 février (qui normalement discuterons le texte mais la possibilité existe qu’ils le votent à cette date).
C’est inacceptable et contraire à tout principe démocratique ! Nous devons faire entendre notre voix pour que le point de vue des étudiants soit enfin pris en compte. Nous devons nous mobiliser en nombre pour que l’ensemble des politiciens, toujours plus réceptifs en période préélectorale, prenne conscience de la nécessité de réfléchir calmement à ce décret et à ses conséquences futures.

J. L.


Refinancement.
Bien que le décret prévoie un refinancement des universités, c’est une des principales revendications du mouvement étudiant. Pourquoi ?

Commençons par nous demander à quoi est destiné le refinancement prévu. Madame Dupuis a été très claire à ce sujet lors d’une interview pour Z-Hebdo : « … le refinancement des universités est destiné à l’amélioration des infrastructures et à des mesures d’aide à la réussite. Pour financer Bologne, les universités vont faire de gros efforts de concentration. » On pourrait parler longuement des conséquences concrètes de ces « efforts de concentration » mais nous allons ici principalement retenir que le refinancement n’est pas prévu pour soutenir les réformes du décret.
Or ces réformes - allongement de 4 à 5 ans, mise en place des académies et écoles doctorales- nécessitent de l’argent. S’il n’y a pas de refinancement nous nous trouvons face à 2 « solutions ».
Soit on laisse tomber cette idée de refinancement, donc on garde le même budget et on fait plus. Pas besoin de grande démonstration pour prouver que la qualité de l’enseignement baissera (au plus grand désavantage des étudiants).
Soit on trouve de l’argent ailleurs : sur le dos des étudiants (en réduisant les services qui leur sont destinés : bibliothèques, encadrements pédagogiques et autres) ou dans le secteur privé. Ce dernier point ayant pour conséquences la diminution de l’autonomie de la recherche (qui jusqu’à présent permettait le développement de la société dans son ensemble) et la conception d’un enseignement devant être « rentable », « compétitif » ou encore « en phase avec le monde économique ».
Ces différentes « solutions » nous semblent inacceptables pour les étudiants mais aussi pour tout citoyen belge soucieux de l’enseignement. C’est pourquoi un refinancement particulier est NECESSAIRE pour accompagner ces réformes et éviter ainsi de renforcer le développement des dérives (trop) rapidement décrites ci-dessus.

De manière plus générale, nous dénonçons également la situation précaire de l’enseignement. Dans le supérieur, le nombre d’étudiants a doublé ces 20 dernières années sans que le financement soit augmenté. Ce qui fait que nous entendons parler un peu partout de « fusions », d’ «économies d’échelle », …
Nous devons avoir conscience que ces « efforts de concentration » que veulent nous imposer certains politiciens résultent de leur CHOIX POLITIQUE de sous-financer l’enseignement.
A ce sujet, l’exemple de l’Angleterre doit nous ouvrir les yeux : les différents gouvernements anglais ont fait le choix de ne pas refinancer l’enseignement pendant de longues années et il y a quelques semaines Tony Blair a annoncé que, vu l’état déplorable de l’enseignement, les universités pouvaient augmenter le prix du minerval jusque 4500 euros…
C’est exactement le processus dans lequel nous sommes en Belgique. Regardons les Conservatoires de Liége et Bruxelles qui ont tous 2 fermé au mois de novembre, les étudiants ont été mis à la rue du jour au lendemain. Pour quels motifs ? « Locaux insalubres et dangereux »… Or des locaux ne deviennent pas insalubres en quelques mois, il a fallu de longues années de sous-financement pour arriver à ce résultat…
Et derrière ce sous-financement chronique, il y a un choix politique de refuser le refinancement. Et un choix politique, c’est tout à fait modifiable.
Donc si nous voulons éviter ce genre de dérives, si nous voulons défendre un enseignement de qualité et accessible au plus grand nombre… Et bien, il nous reste 4 mois avant les élections pour le faire comprendre aux politiciens…
A commencer par la manif du mercredi 18/02 à Liège.

J. L.