arch/ive/ief (2000 - 2005)

Haïti: le pays célèbre le bicentenaire de son indépendance sur fond de crise politique
by Juan Carlos Galindo Thursday, Feb. 12, 2004 at 4:46 PM

Le 1 janvier, Haiti a célèbré son bicentenaire en tant que république independante. Il existait cependant peu de motifs pour célébrer quoi que ce soit.

Le pays se trouve dans une situation d'agonie, au bord du désastre, au milieu d'une crise politique aux conséquences imprévisibles, subissant une situation économique et sociale misérable. Commencées en septembre dans le Nord de l'île, les manifestations contre le régime de Jean Bertrand ARISTIDE sont arrivées maintenant à la capitale, Port-au-Prince. Le 5 décembre, des milices pro gouvernementales ont dispersé par les armes une concentration pacifique à la faculté des sciences sociales. Depuis lors, la situation n'a cessé d'empirer : la derniere manifestation a eu lieu dans les rues de la capitale, le lundi 22 décembre, et s'est soldée par un bilan de 2 mort et de dizaines de blessés. L'opposition et la société civile, à chaque fois plus soudées contre l'ennemi commun, sont disposées à chasser un régime acculé par la corruption et la misère.

Soumise à une crise économique permanente, disposant de moyens limités et toujours dilapidés par une élite corrompue, cette petite république -qui partage l'île Espagnola avec la République Dominicaine- est devenue le pays le plus pauvre d'Amérique. L'espérance de vie ne dépasse pas les 50 ans et plus de 70% des habitants vivent en dessous du seuil de pauvreté. La moitié de la population est analphabète. Selon les Nations unies, quasi 4 millions de personnes , sur un total de 8 millions, ont besoin d'une aide humanitaire pour survivre. La déforestation, l'une des plus rapides du monde, use les rares ressources du pays. Dans le même temps, le trafic de drogue a créé un industrie nationale à laquelle participe tout les pouvoirs publics en place, et qui a transformé Haïti en une plaque tournante de la distribution vers le juteux marché des Etats-Unis. En plus, le pays recense plus de 60% de tous les cas de sida enregistrés par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) dans les Caraibes. Entre 1980 et 2001, plus de 300.000 Haitiens sont morts, victimes de cette maladie.

Maintenant, à la crise économique et sociale s'ajoute la crise politique. La carrière hasardeuse d'Aristide se trouve dans une phase particulierement délicate. Cependant , tout au long de son vaste périple, le "curé des bas-quartiers", (surnom par lequel Aristide était connu), a démontré une étonnante capacité de survie. Aux élections présidentielles du 16 décembre 1990, les 1ères vraies élections démocratiques en 187 ans d'existence pour Haïti en tant qu'Etat indépendant, Aristide a remporté 67,5% des voix, reflet de son immense popularité parmi les couches les plus défavorisees. De cette facon, Haïti mettait un terme à 3 décennies de pouvoir militaire et essayait de dépasser l'héritage du dictateur sanguinaire Duvallier, qui gouverna de 1957 à 1986. Cependant, 8 mois seulement après, Raul Cedras accèdait à la présidence du pays après un sanglant coup d'état. Aristide se réfugia aux Etats-Unis et ne renonça pas au pouvoir. En 1994, 20.000 soldats pour la plupart des Etats-Unis, placèrent à nouveau Aristide à la tête du gouvernement. Le Président et son organisation politique Lavalas (qui signifie « avalanche en créole »), gagnèrent les élections législatives de 1995 (dénoncées comme frauduleuses et boycottées par l'opposition). Les élections présidentielles de 2000, au cours desquelles Aristide recueillit 91% des voix, eurent lieu dans un climat de protestation de l'opposition à cause de l'évident manque de garanties pour la démocratie.

Depuis son retour au pouvoir en 1994, Aristide a emmené le pays sur la voie de la récession économique et de l'isolement international. Toutes les promesses de développement annoncées en 1990 sont restées lettres mortes. L'opposition, provenant en grande partie des rangs de Lavalas, a été durement réprimee. Les rues, contrôlées par des milices de gamins armés par le régime, ont cessé depuis longtemps d'être des endroits sûrs et habitables.

Les groupes d'opposition et la société civile, organisés autour de "l'initiative 184", poursuivent les manifestations et la pression pacifique, auxquels le régime répond par les balles. Cependant, divisée et excessivement décimée par la répression et le manque de moyens , sa force réelle ne reflète pas son grand pouvoir de revendication et de protestation.

Devant l'extrême gravité de la situation, des membres importants du gouvernement d'Aristide, dont 3 ministres et l'ambassadeur en République dominicaine, ont démissionné. L'isolement externe et interne du gouvernement va en s'accentuant à chaque instant. Autrefois exemple de liberté, le pays est au bord de l'effondrement. Un pays qui a conquis l'indépendance il y a maintenant 2 siècles, après une guerre contre la toute puissante armée napoléonienne. Une guerre pour éviter de réinstaurer l'esclavage dans l'île, une guerre au nom de la liberté et du progrès. Ces moments-là, aujourd'hui, sont très loins pour Haiti.

Traduction : Andrée Palol, pour RISAL (http://risal.collectifs.net/).

Source : Agencia de Información Solidaria, 24-12-03.

Some background and a dissenting view from Kevin Pina
by Olivier Bertoe Thursday, Feb. 12, 2004 at 5:55 PM
lowercase_first_name@colimacon.net

Kevin Pina - Haiti's Cracked Screen: Lavalas Under Siege While the Poor get Poorer

PORT-AU-PRINCE, Haiti

Money is power and power is money. The Bush administration buys and sells
political constituencies every day in pursuit of world domination. Haiti, which
recently celebrated its bicentennial as the world's first black republic, is
not otherworldly or immune from purchase. Softening the ground for the
transaction is the corporate media that blatantly acquiesce to the U.S. State
Department's campaign to denigrate the rights and humanity of Haiti's poor
black majority. There is no other way to describe their current campaign to
portray the opposition in Haiti as the new "freedom fighters" of the
hemisphere, out to topple the repressive dictatorship of President
Jean-Bertrand Aristide.

George Bush's earlier attempt to destroy the popular government of the poor in
Venezuela only expanded his learning curve in Haiti. The conclusions to both
these stories are not yet written.

The Washington-forged opposition grows lighter in color and more brazen with
each passing day, while former Haitian military leaders prance hand in hand
with Haiti's traditional economic elite, intellectuals and artists. The poor
black majority, who cannot read or write and continue to support the
constitutional government of President Aristide, has been deliberately made
indescribably poorer in an effort to force them to turn against their own
interests.

...continued on http://www.blackcommentator.com/73/73_haiti_pina.html