arch/ive/ief (2000 - 2005)

Fin décembre 2003, Monsieur Enrique Baron-Crespo, ex-syndicaliste, ex-président du Parlement européen, et actuel président du groupe socialiste, a pris l’initative de proposer au Parlement européen d’inviter en grande pompe au Parlement européen le président de Colombie, M. Alvaro Uribe Velez.
Président d’extrême-droite de Colombie, Monsieur Alvaro Uribe Velez (surnommé AUV vu son appui permanent aux AUC, principal groupe paramilitaire de Colombie) a basé la politique de son gouvernement sur l’impunité des violations des droits de l’homme (toutes les enquêtes concernant les militaires ont été liquidées), sur l’extension de la guerre (paysans-soldats, un million d’informateurs) et sur la liquidation du mouvement social. Ainsi en 2002, selon la CISL, sur 312 syndicalistes assassinés dans le monde, 280 le furent en Colombie. Chaque année, sous le gouvernement de M. Uribe, 300.000 paysans de plus sont expulsés de leurs terres par les groupes paramilitaires. Ils sont déjà trois millions de paysans et indiens ainsi déplacés dans le pays, par les groupes paramiltaires (massacres, terreur…) et à avoir dû abandonner leurs terres pour laisser la place aux méga-projets d’investisseurs nationaux et internationaux.
Bien sûr que Monsieur Uribe ne punit pas ses amis paramilitaires à cause des massacres qu’ils commettent. Il vient de les remercier en leur proposant un programme de réinsertion sociale, assorti d’une amnistie pour leurs crimes. Il faut dire qu’ils l’ont bien aidé pour son élection et qu’ils furent les premiers, juste avant l’UE à le féliciter lors de son élection.
L’UE continue du reste à appuyer M. Uribe, bien qu’elle lui ait demandé d’appliquer les 24 recommandations des Nations-Unies sur les droits de l’homme, qu’il n’en a appliqué aucune et qu’il vient de faire approuver un « statut antiterroriste » qui donne un pouvoir judiciaire à l’armée, ce qui tout à fait contraire aux recommandations.

Par ailleurs Monsieur Uribe est le principal allié de Bush dans la guerre en Irak, et il a demandé d’intensifier l’intervention de l’armée américaine dans son pays et dans la région. La guerre en Colombie commence à déstabiliser les frontières de ses voisins, l’Equateur et le Venezuela. Monsieur Uribe est aussi le meilleur allié de Bush pour la promotion de la libre-échange des Amériques, le fameux ALCA aujourd’hui contesté par Lula, Chavez et Kichner.

C’est donc ce grand démocrate que M. Barón-Crespo a pris l’initiative d’inviter officiellement au Parlement européen à Strasbourg, le 10 février prochain (et non pas Lula, ou Chavez, ou Kischner, pensez-vous). Seul petit problème, il y a eu des protestation de nombreux mouvements sociaux, organisations des droits de l’homme, et même une majorité de députés socialistes se sont finalement opposés à l’invitation. Qu’à cela ne tienne, le président du parti socialiste a adopté l’attitude jésuitique de s’abstenir au moment du vote confirmant l’invitation, permettant ainsi à la droite, minoritaire (PPE et UEN), de confirmer l’invitation, malgré l’opposition de 4 groupes politiques : la Gauche Unitaire Européenne (GUE/NGL), les Verts, les Libéraux et l’EDD (Europe des Démocrates et des Différences).
Monsieur Barón a justifié sa décision dans le journal El Tiempo, en argumentant que M.Uribe a été élu (Haider aussi, dans un pays où on n’extermine pas l’opposition, et il n’a, lui, pas de sang sur les mains) et qu’il souhaitait parler de lutte anti-terroriste (avec le pire terroriste de l’Amérique latine ?)

Pour tout démocrate, la présence de M. Uribe en Europe se justifie, certes, mais seulement dans le box des accusés d’un tribunal national ou international pour répondre de crimes contre l’humanité.

Monsieur Barón-Crespo, lui, ancien syndicaliste, est aujourd’hui le grand allié d’un exterminateur des mouvements sociaux colombiens et un grand promoteur de la guerre, et vient à Mumbai participer au Forum Parlementaire Mondial, et se pavaner à la réunion du mouvement des mouvements,le FSM.
Il y sera sans doute comme un cheveu dans la soupe….

Paul-Emile Dupret
Mumbai, 16 janvier 2004-01-16

Annexe :

Extrait du rapport de la réunion du Parlement européen lors de laquelle M. Barón a fait son édifiante proposition.

Réunion de la Conférence des présidents du mercredi 17 décembre 2003 - Strasbourg


RELEVÉ DES DÉCISIONS


2ème PARTIE (17 décembre 2003)

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6. Visite officielle de M. URIBE VELEZ, Président de la République de Colombie

La Conférence des présidents

- prend acte d'une intervention de M. BARÓN CRESPO, président du groupe parlementaire PSE, qui propose une visite officielle de M. Alvaro URIBE VELEZ, président de la République de Colombie, au Parlement européen en février 2004 ;

- approuve, en principe, cette proposition, et charge le Président d'effectuer les démarches nécessaires et de déterminer les modalités de cette visite.